Philip Henry Sheridan
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
PHILIP HENRY SHERIDAN
« Little Phil »
6 mars 1831 – 5 août 1888
Insigne de Major Général de l’armée de l’Union.
Insigne de Général de l’armée (porté du 1er juin au 5 août 1888, date de sa mort prématurée).
SOMMAIRE
Philip Henry Sheridan est un officier de carrière de l’armée américaine et un général de l’armée de l’Union, pendant la guerre civile américaine.
La carrière de Sheridan se distingue par son accession rapide au grade de major-général, et par sa collaboration étroite avec le lieutenant-général Ulysses S. Grant. Celui-ci le transfèrera du commandement d’une division d’infanterie du théâtre occidental pour le placer à la tête du corps de cavalerie de l’Armée du Potomac, sur le front est.
En 1864, il bat les forces confédérées dans la vallée de Shenandoah, puis ravage toutes les infrastructures économiques de la vallée. Sheridan fait ainsi usage, pour la
première fois dans cette guerre totale, de la tactique militaire dite : de la « terre brûlée ». Cet événement sera nommé par ses habitants « The Burning ».
En 1865, à la tête de sa cavalerie Sheridan poursuit le général Robert E. Lee, et contribue à le forcer à sa reddition au palais de justice d’Appomattox (le 9 avril 1865).
Après la guerre, il sera nommé gouverneur militaire du cinquième district militaire (Texas et Louisiane), chargé de la Reconstruction.
NAISSANCE & FAMILLE
Philip Henry Sheridan naît à Albany, dans l’Etat de New York, le 6 mars 1831. Il meurt le 5 août 1888 dans le Comté de Bristol, dans l’État du Massachusetts.
Il était le troisième enfant d’une fratrie de six. Ses parents, John et Mary Meenagh Sheridan, étaient des immigrants irlandais originaires de la ville de Beagh (paroisse de Killinkere, dans le comté de Cavan), en Irlande.
On n’est pas vraiment certain du lieu de sa naissance. Il a lui-même donné différentes dates et lieux de naissance sur divers documents.
Selon une source locale, ce serait un voisin des Sheridan, un nommé Smith, qui aurait amené la famille à Drogheda, d’où ils auraient embarqué pour Liverpool, puis pour l’Amérique.
À la maison familiale de Killinkere, on trouve une plaque commémorant le lieu de naissance du général Philip Sheridan.
Phil Sheridan était un homme de petite taille ; il ne mesurait qu’un mètre soixante-cinq, ce qui lui valut le surnom de « Little Phil » (le petit Phil).
« A brown, chunky little chap, with a long body, short legs, not enough neck to hang him, and such long arms that if his ankles itch he can scratch them without stooping. » « Un petit gros, brun, avec un grand corps, des jambes courtes, sans assez de cou pour le pendre, et de si longs bras qu’il peut se gratter les chevilles sans avoir à se pencher. »
FRATRIE
Les parents de « Phil », John Sheridan (1801-1873) et Mary Meenagh (1799-1988) auront six enfants :
– Patrick Sheridan (1828-1851).
– Rosa Sheridan (1829-1831).
– Philip Henry Sheridan (1831-1888).
– Mary Sheridan (1834-1868).
– John L Sheridan (1837-1898).
– Micheal Vincent Sheridan (1840-1918).
MARIAGE
Le 3 juin 1875, Philip Henry Sheridan épouse à Chicago (Comté de Cook), Illinois, Irène Rucker (1856-1938). De cette union naîtront quatre enfants :
– Mary Harrison Sheridan (1876-1959).
– Louise Sheridan (1877-1969).
– Irène Sheridan (1877-1964).
– Philip Henry Jr. Sheridan (1880-1918).
Franklin Pierce Olney naît le 7 mai 1853, à Wasco, Comté de Sherman (Oregon). Son père, Nathan Hale Olney, a 29 ans et sa mère, Twa-Wy Holliquilla (ou Hallicola), 32 ans. Le 9 mars 1877, Franklin Pierce Olney épouse Emma Sheridan, dans l’Oregon. De cette union naîtront au moins 5 fils et 3 filles. En 1888, Franklin vit dans la réserve indienne de Yakama, Yakima (État de Washington) et en 1922, dans celle de White Swan, Yakima (État de Washington). Il meurt le 10 octobre 1922, à Yakima, à l’âge de 69 ans. Il est inhumé à White Swan, Yakima.
JEUNESSE
« Phil » grandit dans la petite ville de Somerset, dans l’Ohio. Il y travaille dans divers magasins comme secrétaire et comptable, puis pour un entrepôt de produits séchés.
En 1848, il rejoint l’Académie militaire de West Point grâce au parrainage de l’un de ses clients, Thomas Ritchey (un membre du Congrès).
Au cours de sa troisième année de formation à West Point, Sheridan est exclu durant une année pour s’être battu avec William Terrill, l’un de ses condisciples. (Ce dernier avait tenu des paroles insultantes à son égard lors de manœuvres, et Sheridan l’avait menacé de l’embrocher sur une baïonnette).
En 1853, « Phil » obtient son brevet. Il se classe 34ème de sa promotion sur un effectif de 52 cadets.
« The Empire State », (l’État Empire) Devise : « Excelsior » (« Supérieur ») 11ème État Capitale : Albany Date d’entrée dans l’Union : 26 juillet 1788 En 1609, l’exploration d’Henry Hudson est financée par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, le long du fleuve Hudson (« Noord Rivier », ou « fleuve du Nord » en français). C’est ce nom qui sera adopté par les cartographes néerlandais jusqu’à la cession de la colonie. La région qui se trouve entre la Virginie, et ce qui deviendra le Massachusetts, est connue sous le nom de Nouvelle-Néerlande (« Nieuw Nederland »). Plusieurs entreprises privées néerlandaises vont faire du commerce à l’embouchure des fleuves Hudson et Delaware (« Zuide Rivier », ou « fleuve du Sud »). Pendant la décennie qui va suivre, deux fortins de bois seront construits : « Fort Nassau », sur l’île Castle, et en face, le « Fort Orange ». Ce n’est qu’au tournant des années 1620, et avec le regroupement des intérêts privés en une seule compagnie, que débutera la colonisation. L’établissement des premiers colons européens sont issus des Pays-Bas espagnols, sous contrat avec la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. En 1624, les Néerlandais s’établissent au Fort Orange (près de l’actuelle ville d’Albany). Deux ans plus tard, Pierre Minuit fonde la Nouvelle-Amsterdam (« Nieuw Amsterdam » en néerlandais) sur le site actuel du Battery Park, sur l’île de Manhattan. L’on décide alors de regrouper les colons de Fort Orange, ceux du Fort Nassau (Delaware), et ceux du Connecticut (« Versche Rivier »). Pour renforcer l’entreprise et se soustraire à l’agressivité des Mohawks, à l’ouest de Fort Orange, on déplace les colons qui sont établis sur l’île-aux-Noix (Noten Eyland, l’actuelle Governors Island) vers l’embouchure de l’Hudson. Pendant quarante ans, les Néerlandais installent une colonie en Amérique du Nord, semblable à celles des Provinces-Unies. En 1664, les Anglais s’approprient la colonie et la rebaptisent New York, en l’honneur du duc d’York (frère de Charles II, futur roi d’Angleterre sous le nom de Jacques II). Elle compte alors entre 7 000 et 10 000 colons. En 1685, la région devient colonie royale. New York est le onzième État à ratifier la Constitution en 1788. En 1917, l’État de New York accorde le droit de vote aux femmes. En 2011, il accorde le mariage entre personnes de même sexe. L’ÉTAT DE NEW YORK DANS LA GUERRE CIVILE La ville de New York était un port maritime majeur. Elle effectuait un commerce important de coton du Sud, et exportait des produits manufacturés. Près de la moitié du commerce de l’État était lié au coton. Les négociants de coton du sud, les planteurs et les banquiers s’y rendaient si couramment qu’ils avaient leurs hôtels privilégiés et attitrés. Pourtant, le militantisme pour l’abolitionnisme était puissant dans le nord de l’État, où certaines communautés organisaient des étapes sur le chemin de fer clandestin. Le nord de l’État et la ville de New York contribuèrent largement à la guerre civile américaine. D’abord financièrement, puis avec l’envoi de soldats volontaires et de fournitures. L’État a pourvu les armées de l’Union avec plus de 370 000 soldats. Plus de 53 000 New-Yorkais trouvèrent la mort sur les champs de bataille (soit environ un sur sept du total des mobilisés). LES ÉMEUTES DES « DRAFT RIOTS » Du 13 au 16 juillet 1863, de violentes émeutes anti-conscription (« Draft Riots ») ont lieu à New York. En juillet 1863, Lincoln appelle le premier contingent de conscrits. Tous les hommes aptes au service ayant entre vingt et quarante-cinq ans sont enrôlés. Mais la loi favorise les plus aisés. Tout homme disposé à payer trois cents dollars en tant que droit de commutation, ou prêt à engager un remplaçant pour servir dans l’armée à sa place, est exempté. La ville de New York envisage de se séparer de l’Union et veut se déclarer ville ouverte. L’afflux de personnes de couleur a créé de fortes animosités et de nombreuses tensions raciales, qui ont contribué à renforcer les réticences envers la conscription. Les emplois sont bien mieux payés qu’avant, et personne ne veut partir à la guerre risquer sa peau. Le fait qu’on puisse être exempté de service moyennant finance attise également la colère des citoyens. Ce sont tous ces différents facteurs qui vont déclencher ce que l’on appellera les émeutes de la conscription à New York (« Draft Riots »). Les immigrants irlandais de New York sont les plus en colère. Ils ne sont pas favorables à l’émancipation des esclaves, et redoutent la concurrence de cette nouvelle main-d’œuvre sur le marché des petits boulots. Les politiciens démocrates en profitent pour attiser cette colère. Le dimanche 12 juillet, les noms des premiers conscrits apparaissent dans les journaux, à côté de l’interminable liste de ceux qui sont morts à Gettysburg. Immédiatement, une foule (en majorité composée d’Irlandais) s’insurge, envahit et saccage le bureau de recrutement, puis se répand furieuse à travers la ville. Pendant trois jours, Manhattan est aux mains des émeutiers qui s’en prennent essentiellement à la communauté noire. Les pensionnats sont incendiés, ainsi qu’une église et un orphelinat. La foule lynche un cocher noir infirme, et l’immole aux cris de « vive Jeff Davis ! ». L’ordre est enfin rétabli par les soldats de l’Union rappelés de Gettysburg, épuisés après une longue marche forcée. Plus d’une centaine de personnes ont trouvé la mort. L’opposition à la guerre déclenche des émeutes à travers le Nord. Le rédacteur en chef du Washington Time écrit : « la nation est au bord de la révolution au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest ». Lire : Année 1863, le Tournant. Après la guerre civile, parmi les État de l’Union, l’État de New York sera un de ceux qui refuseront de reconnaître le droit de vote des Afro-américains pour différentes causes : suffrage censitaire (droit de vote réservé aux citoyens acquittant un impôt direct), interdiction de vote pour les analphabètes, etc..
Par la suite, Sheridan est envoyé comme second lieutenant au 1er régiment d’infanterie à Fort Duncan, au Texas, puis au 4ème régiment d’infanterie, à Fort Reading, en Californie. La plupart de son affectation au 4ème d’infanterie se passe sur la côte Nord-Ouest Pacifique.
En 1855, Sheridan exécute une mission topographique dans la vallée de la Willamette, dans laquelle il se retrouve impliqué dans une guerre contre les Yakamas et les Indiens de la Rogue River. Cet événement lui permet d’acquérir l’expérience du commandement de petits groupes de combat.
Le 28 mars 1857, Sheridan est blessé légèrement à Middle Cascade, dans le territoire de l’Oregon. Il a, à cet effet, l’occasion de se former à la diplomatie en négociant avec les tribus indiennes.
À cette époque, Sheridan vit en concubinage avec une Indienne nommée Sidnayoh (fille du chef de la tribu Klickitat). Plus tard dans ses mémoires, Sheridan négligera de mentionner cette relation.
FAITS D’ARME ET
PARTICIPATION AUX BATAILLES
LA GUERRE CIVILE AMÉRICAINE
(1861-1865)
En mars 1861, juste avant le début de la guerre de sécession, Sheridan est nommé premier-lieutenant. Puis en mai, sitôt après la bataille de Fort Sumter, il est promu capitaine.
1862
LA BATAILLE DE PEA RIDGE
Du 6 au 8 mars 1862
Comté de Benton (Arkansas)
Victoire des forces de l’Union, conduites par le général Samuel Curtis, face à celles de l’armée des États confédérés placées sous le commandement du général Earl Van Dorn.
En janvier 1862, Sheridan se présente au rapport du major-général Samuel Curtis ; et du 6 au 8 mars, il sert sous ses ordres lors de la bataille de Pea Ridge. Il sera peu après remplacé au sein de son état-major par un ami de Curtis.
PREMIÈRE BATAILLE DE CORINTH
Mississippi
Du 29 avril au 30 mai 1862
Il entre au quartier général du Général Henry Wager Halleck, et participe à la première bataille de Corinth. Puis il sert comme adjoint de l’ingénieur du département de topographie. Il y fait également la connaissance du brigadier-général William T. Sherman, qui lui donne le poste de colonel du régiment d’infanterie de l’Ohio. Cependant sa nomination n’aboutit pas.
Sheridan reçoit ensuite l’appui d’amis (dont le futur secrétaire d’État à la Guerre Russell Alger), qui interviennent en son nom auprès du gouverneur du Michigan, Austin Blair.
Le 27 mai 1862, Sheridan est nommé colonel du 2nd Michigan Cavalry. Bien qu’il n’ait aucune expérience dans cette arme, il sera bientôt nommé brigadier-général.
LA BATAILLE DE BOONEVILLE
Mississippi
Le 1er juillet 1862
Le mois suivant, Sheridan dirige ses propres troupes au combat. Il est à la tête d’une petite brigade composée de son régiment. La bataille est indécise. Cependant, Sheridan met en échec plusieurs régiments de cavalerie ennemis du brigadier-général James Chalmers. Il refoule une attaque sur son flanc, et communique des renseignements importants sur les positions de l’ennemi.
Ses faits d’armes impressionnent. Les commandants de la division (y compris le brigadier-général William S. Rosecrans) le recommandent pour une promotion au grade de brigadier-général.
Sa promotion est accordée en septembre, mais datée effectivement du 1er juillet pour le récompenser de faits d’armes à la bataille de Booneville.
C’est juste après Boonville qu’un officier lui offre un cheval nommé « Rienzi ». Il le montera tout au long de la guerre.
LA BATAILLE DE PERRYVILLE
Le 8 octobre 1862
Comté de Boyle, Kentucky
La bataille de Perryville (aussi connue sous le nom de bataille des Chaplin Hills) s’est déroulée le 8 octobre 1862 dans le comté de Boyle, à l’ouest de Perryville, dans le Kentucky. Elle est le point d’orgue de la grande offensive confédérée, aussi appelée campagne du Kentucky.
Victoire stratégique de l’armée de l’Union, commandée par les généraux Don Carlos Buell (1818-1898) et Alexander M. McCook (1831-1903).
Victoire tactique de l’armée des États confédérés, placée sous les ordres des généraux Braxton Bragg et Leonidas Polk (1806-1864).
Sheridan reçoit le commandement de la 11ème division du IIIème Corps de l’Armée de l’Ohio du major-général Don Carlos Buell.
Le 8 octobre 1862, il participe avec sa division à la bataille de Perryville.
Sheridan a reçu l’ordre de ne pas engager le combat avant que l’armée ne soit au complet. Malgré les ordres reçus, il attaque avec ses hommes les positions ennemies au-delà de la ligne de front. Il veut se rendre maître de la source d’eau potable de « Doctor’s Creek ».
Le commandant du IIIème Corps, le major-général Charles Gilbert, lui ordonne de battre en retraite. Les Confédérés, poussés par le recul soudain de Sheridan, engagent aussitôt la bataille. Il s’ensuit alors une lutte sanglante au cours de laquelle les deux camps auront de lourdes pertes, sans qu’aucun ne puisse prétendre à la victoire.
LA BATAILLE
DE LA STONES RIVER
Du 31 décembre 1862 au 2 janvier 1863
Murfreesboro, dans le Tennessee
Du 31 décembre 1862 au 2 janvier 1863 : bataille de la Stones River (appelée bataille de Murfreesboro par les Confédérés), Murfreesboro, Tennessee.
Victoire de l’armée de l’Union commandée par le général William Starke Rosecrans (1819-1898), face à l’armée confédérée du général Braxton Bragg.
Lire :
– « Braxton Bragg ».
– La bataille de la Stone River
Le 1er jour de la bataille, Sheridan devance une attaque des Sudistes et place sa division en prévention d’un assaut imminent. Ses hommes parviennent à contenir les Confédérés qui, à court de munitions, sont obligés de reculer. Ce fait d’arme permet à l’armée de l’Union de se regrouper sur une solide position défensive.
Le 10 avril 1863, en récompense, Sheridan est promu major-général (cette nomination sera antidatée au 31 décembre 1862 pour signaler la date exacte de son exploit).
Il reçoit alors le commandement de la 2ème Division du IVème Corps de l’Armée du Cumberland. En six mois, son avancement est fulgurant : il passe du grade de capitaine à celui de major-général.
C’était l’une des principales armées de l’Union dans le théâtre occidental durant la guerre civile américaine. Elle était à l’origine connue sous le nom d’ « Armée de l’Ohio ». PRINCIPAUX COMMANDANTS & BATAILLES Général de division William Starke Rosecrans (du 24 octobre 1862 au 19 octobre 1863) : – Bataille de la Stones River. – Campagne de Tullahoma (du 24 juin au 3 juillet 1863). – Bataille de Chickamauga (du 18 au 20 septembre 1863). Général de division George H. Thomas (du 19 octobre 1863 au 1er août 1865) : – Bataille de Chattanooga (du 23 au 25 novembre 1863). – Campagne d’Atlanta (du 7 mai au 2 septembre 1864). – Bataille de Franklin (30 novembre 1864). – Bataille de Nashville (du 15 au 16 décembre 1864).
1863
LA BATAILLE DE CHICKAMAUGA
Du 18 au 20 septembre 1863
Comté de Walker et comté de Catoosa, en Géorgie
« La rivière de la mort »
La bataille de Chickamauga s’est déroulée du 18 au 20 septembre 1863, dans les comtés de Walker et de Catoosa, en Géorgie. Elle marque la fin de la campagne de Chickamauga (offensive de l’Union, dans le Sud du Tennessee et le Nord-Ouest de la Géorgie). Après la bataille, les forces de l’Union en déroute se retirent et s’enferment dans Chattanooga, laissant aux Confédérés le contrôle du champ de bataille. Cette bataille, particulièrement horrible, est la plus importante défaite de l’Union sur le théâtre d’opérations de l’Ouest durant la guerre civile américaine. Elle a donné lieu à de nombreuses percées de part et d’autre, à des combats au corps-à-corps, et à une difficile retraite. Ce fut une victoire glorieuse du Sud qui est demeurée inexploitée. Tous les héros de l’Ouest y étaient, Nathan Bedford Forrest et Philip Henry Sheridan en tête.
Le 20 septembre 1863, au deuxième jour de la bataille de Chickamauga, la division de Sheridan résistera vaillamment à un assaut des troupes confédérées du général James Longstreet, mais sera finalement submergée.
Le général Rosecrans, lui, se replie sur Chattanooga sans laisser d’ordres précis à ses subordonnés. Sheridan ne sait pas ce qu’il convient de faire, et ordonne à sa division d’en faire de même.
Seul le XIVème Corps du major-général George Thomas résiste encore sur le champ de bataille. Recevant un message de Thomas qui relate la résistance désespérée de ses hommes sur place, Sheridan donne l’ordre à sa division de faire demi-tour. Hélas, ils arrivent trop tard pour aider Thomas et ses troupes qui, elles-aussi, ont fait finalement retraite. Cette tentative pour venir en aide à Thomas sauvera probablement la carrière de Sheridan, contrairement à celle de autres généraux fuyards.
LA BATAILLE DE CHATTANOOGA
Du 23 au 25 novembre 1863
Près de Chattanooga, dans le Tennessee
Après leur terrible défaite à la bataille de Chickamauga (du 18 au 20 septembre 1863), les forces de l’Union en déroute se retirent s’enfermer dans Chattanooga, laissant aux Confédérés le contrôle du champ de bataille.
Le général confédéré Braxton Bragg, plutôt que de poursuivre son ennemi qui s’enfuit vers Chattanooga, choisit une stratégie attentiste et assiège la ville. Pendant la nuit, Bragg ordonne à son armée de se retirer vers la gare de Chickamauga, sur le Western and Atlantic Railroad. Le 26 novembre, il commence à se retirer sur deux colonnes vers Dalton, en Géorgie, en empruntant deux itinéraires différents.
Seul Sheridan essaie de le poursuivre au-delà de Missionary Ridge ; mais n’ayant aucun soutien, il doit finalement abandonner tard dans la nuit.
De son côté, le général sudiste Braxton Bragg empêche toute voie de ravitaillement vers Chattanooga, où les Nordistes se sont enfermés. Privés d’approvisionnement, ceux-ci commencent dès lors à manquer de nourriture.
Recroquevillés dans Chattanooga, les soldats de l’Union de Rosecrans sont en mauvaise posture, affamés et infestés par la vermine. Ils détruisent les maisons, les palissades, et abattent les arbres pour faire du feu avec le bois. L’ennemi sudiste qui assiège la ville n’est pas mieux loti…
GRANT ARRIVE…
Lorsque Ulysse S. Grant prend le commandement et remplace William Starque Rosecrans au pied levé, les Confédérés de Braxton Bragg occupent alors les dix kilomètres de crête à Missionary Ridge, à l’Est de la ville. Leurs canons sont positionnés au sud, sur le sommet voisin de Lookout Mountain ; et Grant est décidé à les faire fuir.
LOOKOUT MOUNTAIN
La bataille de Chattanooga débute le 24 novembre au matin. Les forces de l’Union se ruent à l’assaut de Lookout Mountain, et se battent à travers un brouillard si épais que la bataille restera dans les mémoires comme « la bataille au-dessus des nuages ».
Pendant la nuit, Bragg parvient à soustraire ses forces de la pression nordiste, et abandonne le sommet de Lookout Mountain pour gagner Missionary Ridge.
Le lendemain, peu avant l’aube, des soldats de l’Union grimpent sur le sommet libéré, et déploient leur drapeau avec les premiers rayons de soleil. En contrebas, la clameur de milliers de soldats de l’Union se fait entendre ; les Yankees ont gagné la bataille de Chattanooga…
Le prochain objectif de l’armée de l’Union est Missionary Ridge.
MISSIONARY RIDGE
Les forces nordistes qui vont se lancer à l’assaut de la position sont commandées par le major-général Philip Sheridan.
Ce petit bonhomme de 50 kilos sort de sa poche un petit flacon d’alcool, et porte un toast aux canonniers confédérés. « A la vôtre ! » s’écrie-t-il. Soudain les canons sudistes entrent en action. Un boulet explose à proximité du général, le souillant de terre ainsi que son Etat-Major « En voilà des manières ! rétorque-t-il, je vais donc être obligé de me saisir de ces canons ! ».
Et il lance ses troupes à l’attaque de la position ennemie. Sa division gravit la pente, enfonce les lignes confédérées en une charge farouche, qui outrepasse les ordres et les attentes de ses supérieurs, George Thomas et Ulysses Grant.
Juste avant que ses hommes n’enfourchent leur monture, Sheridan leur jette : « Remember Chickamauga ! » (« souvenez-vous de Chickamauga ») C’est ce que la troupe crie en se ruant vers les lignes ennemies.
La pente de Missionary Ridge est relativement raide, et parsemée de rochers et d’autres obstacles. Ainsi l’assaut des nordistes est quasi désespéré. Pourtant, les soldats de l’Union réussissent sans problème à prendre la première ligne adverse, les Sudistes se repliant dans une grande confusion vers les deuxième et troisième lignes qui, elles, ont été établies sur les hauteurs.
L’assaut est un succès ; mais les Fédéraux ne se replient pas, car ils sont trop exposés au feu des Sudistes, situés en amont de leurs positions. Poussés par un moral à toute épreuve par ce qu’ils viennent d’accomplir, ils poursuivent leur action.
Bientôt, c’est 23 000 soldats qui se mettent en mouvement et qui enlèvent la position sudiste au terme d’un combat relativement bref. Grant est totalement stupéfait par ce qu’il voit. Il pensait, il y a deux jours à peine, que ses soldats n’avaient aucune chance de remporter une victoire. Il demande au général George Henry Thomas si c’est lui qui a ordonné à ces hommes d’escalader la crête. Le général nordiste lui répond : « Je n’en sais rien, ce n’est pas moi ».
De leur côté, les Confédérés sont totalement surpris par cet assaut et, n’ayant pas reçu d’ordres clairs et cohérents, finissent par battre en retraite. Les soldats nordistes sont eux absolument joyeux.
Sur la crête, les lignes confédérées et l’armée de Bragg, battues, sont en déroute. Bragg doit se replier de 50 kilomètres le long de la voie ferrée menant à Atlanta.
1864
BATAILLE DE LA WILDERNESS
Les 5 et 6 mai 1864
La bataille de la Wilderness est une bataille de la guerre de Sécession qui se déroula du 5 au 6 mai 1864 dans la forêt de la Wilderness, en Virginie, entre les armées du général nordiste Ulysses S. Grant et celles du général sudiste Robert E. Lee.
Ulysse S. Grant La guerre de Sécession de Ken Burns.
La stratégie du général Lee ne change pas d’un pouce. Son objectif consiste à démoraliser l’armée fédérale en lui infligeant de lourdes pertes, supérieures aux siennes. Il pense ainsi que le Nord finira par renoncer à la guerre. Pour ce faire, il va refuser tout affrontement à découvert : il sait que son armée, en infériorité numérique, n’a aucune chance de vaincre. Il doit forcer Grant à l’attaquer sur ses positions retranchées, là où les assauts nordistes viendront tous se briser. Ainsi, il palliera à son manque d’effectifs, et une petite armée pourra en vaincre une beaucoup plus importante. Et c’est ce qu’il va faire…
Il espère que le coût humain de cette bataille entraînera un mouvement d’opposition à la guerre dans le Nord. Les Fédéraux renonceront, pense-t-il, à réintégrer de force le Sud dans l’Union.
Lee et ses 60 000 hommes attendent au milieu d’un terrain boisé et sauvage appelé « forêt de la Wilderness ». Un an plus tôt (à la bataille de Chancellorsville), à la suite d’une brillante manœuvre, il avait mis en déroute la même armée du Potomac, commandée alors par Joseph Hooker. C’est une forêt dense impénétrable, où la visibilité est quasi nulle (d’ailleurs, cette obscurité va entraîner de nombreux soldats à faire feu sur des positions amies).
L’avant-garde nordiste décide de camper pour la nuit sur le champ de bataille de Chancellorsville. Les pluies de l’hiver ont détrempé les sols, découvrant les tombes précaires qui ont été creusées un an plus tôt pour enterrer les malheureux soldats morts durant les combats.
La bataille de la Wilderness débute dans la confusion la plus totale. Les officiers doivent s’orienter à la boussole. Des unités s’égarent et tirent par mégarde sur leurs propres camarades. Mais le deuxième jour, les forces de l’Union parviennent à enfoncer le centre des lignes confédérées.
Inquiet, Lee voit avec soulagement la brigade texane du général John Gregg (1828-1864) se précipiter pour renforcer sa ligne.
« Nous avions à peine fait un pas que le général Lee, devant tout le commandement, s’est mis debout sur ses étriers, a découvert sa chevelure grise, et d’une voix fervente s’est exclamé : – Les Texans font toujours reculer l’ennemi ! ». La Guerre de Sécession de Ken Burns.
Les Texans résisteront jusqu’à l’arrivée des renforts.
Le bilan de la journée est lourd pour l’Union : les Confédérés ont enfoncé le flanc droit des positions nordistes, ont fait 600 prisonniers, dont deux généraux, et ont failli couper la ligne de ravitaillement de l’Armée du Potomac de Grant.
La première offensive de Grant se solde par un désastre ; la bataille de la Wilderness lui a coûté 17 000 hommes.
SHERIDAN AU CŒUR DE LA BATAILLE…
Lors des premières batailles de la campagne de la Wilderness de Grant, le major-général George Meade, au grand mécontentement de Sheridan, relègue la cavalerie à son rôle habituel (surveillance, reconnaissance, escorte de trains et protection des lignes arrière).
La région est fortement boisée et empêche tout déploiement de la cavalerie. Alors que l’armée exécute un mouvement tournant sur le flanc droit des Confédérés en direction de Spotsylvania, les forces de Sheridan ne parviennent pas à libérer la route, laissant aux Confédérés la conquête des principaux carrefours routiers, alors que l’infanterie nordiste n’est pas encore arrivée.
Un colossal incendie de broussaille se déclare, pendant la nuit, entre les deux positions retranchées ennemies. Les tirs de canons et de fusils mettent le feu à la forêt, et environ 200 blessés nordistes, qui ne pourront s’extirper des flammes, périront brûlés vifs.
LA BATAILLE DE YELLOW TAVERN
11 mai 1864, Comté d’Henrico, Virginie
Sheridan assure avec fougue qu’il veut « rassembler ses cavaliers, concentrer toutes ses forces pour affronter JEB Stuart, et le battre ». Le général George Meade rapportera ces propos à son général en chef, Ulysse Grant. Celui-ci lui répondra : « Est-ce que Sheridan a dit cela ? Eh bien, il sait généralement de quoi il parle ! Laissez-le faire tout de suite ! ».
Sheridan organise rapidement un raid contre les lignes de ravitaillement et de chemin de fer confédérés, près de Richmond. Par cette manœuvre, il sait qu’il conduira Stuart à venir l’affronter.
Le 9 mai, le puissant corps de cavalerie (plus de 10 000 hommes et de 32 pièces d’artillerie) part en direction du sud-est afin de se glisser derrière les lignes de l’armée de Lee. Les objectifs de Sheridan sont multiples : il doit perturber les lignes de ravitaillement de l’ennemi, détruire les voies de chemin de fer, menacer Richmond, la capitale de la confédération (afin de perturber l’armée de Lee), et enfin (et surtout) battre J.E.B. Stuart.
Sur son chemin vers le sud-est, Sheridan traverse la rivière North Anna, et s’empare de la gare de Beaver Dam sur la ligne de chemin de fer central de Virginie, où ses hommes capturent un train. Ils libèrent 3 000 prisonniers nordistes, et détruisent un gros stock de rations et de fournitures médicales destinées à l’armée de Lee. Stuart, à la tête d’une force d’environ 3 000 cavaliers, veut intercepter la cavalerie de Sheridan. Il va se battre à un contre trois.
Stuart est accompagné de son aide, le major Andrew R. Venable. En cours de route, tous deux s’arrêtent brièvement le long du chemin pour rencontrer l’épouse de Stuart, Flora, et ses enfants, Jimmiy et Virginia.
L’affrontement se déroule le 11 mai autour d’une auberge abandonnée, située à 9,7 km au nord de Richmond. Les forces confédérées résistent, et se battent pendant plus de trois heures depuis la ligne de crête basse bordant la route de Richmond. Après avoir reçu un rapport de reconnaissance de « Texas Jack » Omohundro (éclaireur), Stuart décide de mener une contre-charge, et repousse les soldats de l’Union qui s’avançaient du sommet de la colline. Le général J.E.B Stuart sera tué au cours de la bataille.
LA BATAILLE DE TREVILIAN STATION
Les 11 et 12 juin 1864, Comté de Louisa, Virginie
La bataille de Trevilian Station s’est déroulée les 11 et 12 juin 1864, au cours de la Campagne de la Wilderness lancée par Ulysse Simpson Grant contre l’armée de Virginie du Nord du général Robert Lee.
Elle fut la plus importante bataille de cavalerie de la guerre civile américaine. La cavalerie de l’Union, commandée par Philip Sheridan, est battue par celle des États confédérés, dirigée par Wade Hampton III et Fitzhugh Lee.
TROISIÈME BATAILLE DE WINCHESTER
19 septembre 1864, près de Winchester, Virginie
La troisième bataille de Winchester eut lieu le 19 septembre 1864, durant les campagnes de la vallée de Shenandoah.
Victoire des forces de l’Union commandées par le général Philip Henry Sheridan, face aux troupes confédérées dirigées par le général Jubal Anderson Early.
BATAILLE DE FISHER’S HILL
Du 21 au 22 septembre 1864, Comté de Shenandoah, en Virginie
La bataille de Fisher’s Hill (qui entre dans le cadre des campagnes de la vallée de la Shenandoah au cours de la guerre civile américaine) s’est déroulée du 21 au 22 septembre 1864, dans le comté de Shenandoah, en Virginie. Malgré ses puissantes positions retranchées, l’armée confédérée du lieutenant-général Jubal Early est vaincue par l’armée de l’Union, commandée par le major-général Philip Sheridan.
« Les gens doivent savoir qu’aussi longtemps qu’une armée peut se trouver à proximité, ils doivent craindre des raids, mais que nous sommes déterminés à les stopper par tous les moyens. Ne laissez aucun répit à l’ennemi. Endommagez toutes les voies ferrées et les récoltes possibles. Saisissez toutes les marchandises quelles qu’elles soient, ainsi que les Noirs, afin d’empêcher toute nouvelle récolte. Si la guerre doit durer une autre année, nous voulons que la vallée de la Shenandoah ne soit plus qu’une terre désolée. »
Alors qu’Early tente de rassembler ses troupes, Sheridan débute la partie répressive de sa mission. Il envoie sa cavalerie très loin au sud, jusqu’à Waynesboro, pour y accomplir un véritable saccage des populations. Ses hommes pillent et ravagent tout sur leur passage. Ils détruisent le bétail, les provisions, brûlent les étables, les moulins, les usines et les voies ferrées. Les hommes de Sheridan font scrupuleusement leur triste besogne, rendant une région de plus de 1 000 km2 pratiquement inhabitable. Ces destructions annoncent la politique de la « terre brûlée » de la marche de Sherman vers la mer à travers la Géorgie. Les habitants des zones dévastées appelleront cette opération de destruction massive « The Burning ».
Au cours de cet épisode, les Confédérés ne restent pas inactifs : les hommes de Sheridan sont constamment harcelés par la guérilla organisée par le colonel John Singleton Mosby.
De tous les officiers confédérés, c’est lui qui est le plus souvent cité en exemple dans les rapports que rédige le général Robert Edward Lee. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
BATAILLE DE CEDAR CREEK
19 octobre 1864, Comtés de Frederick, Shenandoah et Warren
La bataille de Cedar Creek (ou bataille de Belle Grove) s’est déroulée le 19 octobre 1864. Elle fut l’une des dernières de 1864, de la campagne de la vallée de Shenandoah.
Après Fisher’s Hill, Sheridan pense que Jubal Early s’est enfui, et envisage de rejoindre Grant à Petersburg avec ses troupes. Mais le 19 octobre, Early reçoit des renforts à Cedar Creek et lance une attaque surprise, alors que Sheridan se trouve à une vingtaine de kilomètres de son armée, à Winchester.
Percevant au loin le grondement de la canonnade, il part à bride abattue rejoindre ses hommes.
Vers 10 heures 30, Sheridan arrive sur le champ de bataille et commence aussitôt à regrouper ses troupes. Heureusement pour lui, les hommes de Jubal Early sont affamés et fourbus, et trop occupés à piller les campements de l’Union pour se soucier de lui.
On considère généralement que les actions de Sheridan sauvèrent cette journée, qui s’était mal engagée pour l’Union, et en firent au bout du compte une victoire. L’armée de Early, quant à elle, subit ce jour-là une lourde défaite, la rendant dans l’incapacité de répliquer par une offensive.
Le 8 novembre 1864, Sheridan reçoit une lettre de remerciement personnelle d’Abraham Lincoln, ainsi que sa promotion au grade de major-général de l’armée régulière des États-Unis. Ce qui fait de lui le quatrième général de l’Armée, après Grant, Sherman et Meade.
Après cet exploit, Thomas Buchanan Read écrira un poème qui deviendra célèbre : « La Chevauchée de Sheridan » (Sheridan’s Ride), vantant le retour du général lors de la bataille.
Sheridan apprécie cette célébrité que lui donne le poème de Read en rebaptisant son cheval de « Rienzi » en « Winchester », prenant exemple sur le refrain du poème « Winchester, twenty miles away ».
Le poème sera largement utilisé par les Républicains lors de la campagne électorale d’Abraham Lincoln, et d’aucuns lui accorderont même une part dans sa victoire.
1865
LA CAMPAGNE D’APPOMATTOX
Du 29 mars au 9 avril 1865, Virginie
En 1865, la cavalerie de Sheridan poursuit le général Robert E. Lee, et le force à se rendre à Appomattox.
Sheridan interprète à sa manière les ordres de Grant et, en mars 1865, plutôt que de marcher vers la Caroline du Nord, il part rejoindre l’Armée du Potomac à Petersburg, où Lee est assiégé.
Le 27 février 1865, le major-général Philip Sheridan progresse avec deux divisions de cavalerie depuis Winchester, et remonte la vallée de Shenandoah vers Staunton. Sa mission est de se diriger avec sa cavalerie en direction du sud, pour rejoindre l’armée de William T. Sherman qui effectue sa « Campagne des Carolines ».
Le 2 mars 1865 a lieu la bataille de Waynesboro, dans le comté d’Augusta, en Virginie.
Le 2 mars, lors de la bataille de Waynesboro, Sheridan capture sur la route de Petersburg les restes de l’armée de Jubal Anderson Early, dont 1 500 hommes se rendent.
Le 1er avril, à Five Forks, « Phil » coupe les lignes d’approvisionnement de Lee, le contraignant à évacuer Petersburg.
Le 6 avril, au cours de la bataille de Sayler’s Creek, l’attaque de Sheridan, parfaitement exécutée, condamne définitivement l’armée de Lee. Il capture de plus de 20 % du reste de l’armée confédérée.
« Le général Sheridan nous dit : « Si on le presse, je pense que Lee se rendra. » Alors, qu’on le presse ! »
Le 9 avril 1865, à Appomattox, Sheridan empêche Lee de s’échapper, l’obligeant à se rendre avec les restes de son armée de Virginie du Nord.
« Je pense que le général Sheridan n’a pas son pareil parmi les généraux, qu’ils soient vivants ou morts. »
LA RECONSTRUCTION
Après la guerre, le 17 mai 1865, « Little Phil » est nommé gouverneur militaire du Vème district militaire du sud-ouest (Texas et Louisiane), chargé de la Reconstruction.
Après la reddition du général Lee à Appomattox, et celle du général Joseph E. Johnston en Caroline du Nord, la seule force sudiste importante restante se trouve au Texas, sous le commandement du général Edmund Kirby Smith.
Sheridan a des ordres précis : il doit battre Smith dans les plus brefs délais, et ramener le Texas et la Louisiane au sein de l’Union. Mais Smith capitule avant que Sheridan n’atteigne La Nouvelle-Orléans.
Grant est inquiet de la situation militaire à la frontière avec le Mexique, où les Français, avec leurs 40 000 soldats, manipulent le régime de Maximilien Ier du Mexique.
Il ordonne donc à Sheridan de former une force armée d’occupation d’importance au Texas. Sheridan rassemble 50 000 hommes et les organise en trois corps. Ces forces occupent rapidement les villes du littoral, se répandent dans l’État, et commencent à patrouiller sur la frontière mexicaine.
Cette présence militaire des Etats-Unis, les pressions politiques américaines, et la force croissante de la résistance de Benito Juárez, décident les Français à relâcher leurs prétentions sur le Mexique. Finalement, en 1866, Napoléon III retire ses troupes.
En 1870, Sheridan voyage en Europe. Il est l’invité du chancelier Otto von Bismarck et du roi Friedrich de Prusse. Il assiste à quelques-unes des plus grandes batailles, et sera présent pour la capitulation de Napoléon. Après la guerre en Europe, il se rend en Angleterre, en Écosse et en Irlande, avant de revenir en Amérique.
Sous le mandat de la présidence de Grant, alors que Sheridan est en poste dans l’ouest, « Little Phil » est, à deux reprises, dépêché en Louisiane pour s’occuper de problèmes de retard concernant la Reconstruction.
En 1871, Sheridan se trouve à Chicago lorsque débute le Grand incendie. Il y coordonne les moyens militaires de secours, ce qui lui vaut la reconnaissance de la cité et de ses habitants.
En janvier 1875, des troupes fédérales doivent intervenir au législatif de Louisiane, à la suite de tentatives illégales de prise du pouvoir aussi bien de la part des Républicains que des Démocrates.
Le 7 novembre 1876, Sheridan est envoyé à la tête des troupes à La Nouvelle-Orléans pour y maintenir la paix (à la suite, cette année-là, de la très contestée élection présidentielle de Rutherford B. Hayes).
Le 1er novembre 1883, Sheridan succède à William T. Sherman et devient général en chef de l’armée des Etats-Unis d’Amérique (général quatre étoiles). Il prend le grade de « Commanding General of the United States Army », poste qu’il occupera quasiment jusqu’à sa mort, en août 1888.
LES GUERRES INDIENNES
Après la guerre civile, Sheridan poursuit sa carrière lors des guerres indiennes, où il ternit quelque peu sa réputation, certains historiens l’accusant de racisme et de génocide.
On lui attribue la paternité de cette phrase : « Un bon Indien est un Indien mort », qui est une version déformée d’une réplique qu’il aurait faite en 1869 au chef comanche Tosawi. Celui-ci lui aurait dit dans un anglais approximatif : « Me, Tosawi; me good Injun » (« Moi Tosawi ; moi bon Indien »), ce à quoi Sheridan aurait répondu : « The only good Indians I ever saw were dead » (« Les seuls bons Indiens que j’aie jamais vus étaient morts »).
Mais en novembre 1858, de l’or est découvert dans les Montagnes Rocheuses du Colorado, ce qui entraîne la ruée vers l’or de Pikes Peak (des mines de Pikes Peak, à l’ouest du Kansas, jusqu’au sud-ouest du Nebraska). Le 28 février 1861, tout ce chamboulement va déboucher sur la création du Territoire du Colorado. Environ 100 000 chercheurs d’or y fondent 250 villes fantômes, qui seront vite abandonnées, faute d’or. L’année 1859 est la pire année de cette ruée ; les chercheurs se déplacent partout dans l’ouest, épuisant rapidement l’or alluvionnaire trouvé ici ou là. Ces prospecteurs accuseront les indiens de leur voler du bétail, dans l’espoir de modifier les frontières des réserves fixées lors du Traité de Fort Laramie en 1851. Ce qu’ils obtiendront dès le 18 février 1861, avec la signature du Traité de Fort Wise. Spoliées d’une grande partie de leur territoire, de nombreuses tribus contesteront le traité. En 1864, le major John Chivington, de la milice du Colorado, attaque un paisible village d’Arapahos et de Cheyennes du sud à Sand Creek, y tuant plus de 150 Indiens. Cette attaque relance les guerres indiennes, trois ans avant que Sheridan soit appelé à combattre les Indiens.
En août 1867, Sheridan prend la tête du département du Missouri. Il a pour mission de « pacifier » les plaines.
Ses troupes, même avec l’appui de la milice, sont trop peu nombreuses et trop dispersées pour accomplir correctement sa mission. Il conçoit donc une stratégie, similaire à celle utilisée dans la vallée de Shenandoah.
Ses théories sur la guerre totale sont terribles. Elles consistent à traquer les femmes et les enfants jusque dans leurs villages, et à détruire méthodiquement leurs abris, leurs réserves de nourriture et leurs chevaux. Ces actions doivent s’effectuer de préférence au cœur de l’hiver, au moment où les Indiens sont le plus vulnérables.
Pour mener à bien sa mission, il insiste pour quadriller la région avec la construction d’un réseau de forts.
Lors de la campagne hivernale de 1868–69, il attaque les Cheyennes, les Kiowas et les Comanches dans leurs quartiers d’hiver. Il s’empare de leurs provisions et de leur bétail, tue tous ceux qui lui résistent, et déporte les autres dans des réserves.
Lors de l’une de ses déclarations au Congrès, Sheridan encouragera la chasse et l’abattage en masse des bisons des Grandes Plaines, ceci afin de priver les indiens de leur principale source de nourriture. Jusqu’en 1874, des chasseurs professionnels iront braconner sur les terres indiennes, et massacreront plus de 4 millions de bisons.
Les troupes de Sheridan mènent successivement les guerres de Red River (1874-1875), d’Ute Campaign (1879), et celle des Black Hills (1876). Elles se termineront par la mort de son ami personnel et subordonné, le lieutenant-colonel George Armstrong Custer.
YELLOWSTONE
La protection de la région de Yellowstone va représenter la Campagne personnelle de Sheridan. Il organise deux expéditions d’exploration de la région :
– En 1870, il autorise le lieutenant Gustavus Doane à escorter l’expédition Washburn.
– En 1871, il autorise le capitaine John Barlow à escorter l’expédition Hayden.
Dès 1875, Sheridan organise le contrôle militaire de la région pour protéger de la destruction la nature et la vie sauvage.
En 1882, le Département de l’Intérieur permet à la « Yellowstone Park Improvement Company » de créer une zone de 16 km2 dans le parc.
Ce Département a pour objectif de construire une voie ferrée dans le parc, afin de vendre les parcelles de terrains à des promoteurs immobiliers.
Sheridan s’oppose personnellement à ce projet et fait du lobbying (représentation d’intérêt) auprès du Congrès pour protéger le parc. Il propose d’accroître le contrôle militaire, de réduire le projet à 40 000 m2, et d’interdire la location des terrains proches des points remarquables du parc.
En outre, il organise une visite du lieu pour le président Chester A. Arthur et d’autres personnes politiques haut placées.
Son action portera rapidement ses fruits. Un avenant sera ajouté au projet de loi civile de 1883 (Sundry Civil Bill), donnant à Sheridan et à ses partisans presque tout ce qu’ils ont demandé.
En 1886, après une série de superintendants inefficaces et parfois criminels, Sheridan donne l’ordre à la 1ère cavalerie américaine (1st U.S. Cavalry) d’entrer dans le parc et de le prendre en charge. L’armée gèrera le parc jusqu’en 1916, date de son transfert sous la juridiction du « National Park Service ».
SA MORT
Deux mois après avoir rédigé ses mémoires et les avoir envoyées à son éditeur, Philip Sheridan est victime d’une série attaques cardiaques sévères. Il n’est âgé que de 57 ans.
Mais sa vie a été dure au cours de ses nombreuses campagnes. La bonne chère et l’alcool ont eu raison de ce petit bonhomme (« Little Phil »). Pourtant assez mince dans sa jeunesse, il atteint aujourd’hui les 100 kg.
Dès sa première attaque, le Congrès vote un texte pour le promouvoir au grade de général.
Il en est averti par une délégation du Congrès, et malgré la douleur, il en ressent une grande joie.
Afin de lui éviter de souffrir en plus de la chaleur étouffante de Washington qui règne à ce moment-là, ses proches le déplacent dans sa maison de vacances de Nonquitt (Comté de Bristol), dans le Massachusetts, où il meurt le 5 août 1888.
Sa dépouille est ramenée à Washington. Il sera inhumé dans le cimetière national d’Arlington (sur la colline face à la capitale près de Arlington House).
Sa femme Irène ne se remaria jamais ; elle dira : « Je préfère être la veuve de Phil Sheridan plutôt que la femme de n’importe quel homme vivant. »
Son fils, Philip Sheridan Jr., suivra les traces de son père et, en 1902, il obtiendra son diplôme à West Point. Il servira comme lieutenant de cavalerie, aide de camp militaire du président Theodore Roosevelt, puis à Washington, à l’état-major général. En 1918, il sera lui-aussi emporté par une attaque cardiaque, mais plus jeune que son père, à l’âge de 37 ans.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_S%C3%A9cession
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philip_Sheridan
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_de_New_York
https://gw.geneanet.org/strongpe?lang=fr&n=sheridan&oc=0&p=gen.+philip+henry
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[…] – Le Corps de cavalerie (comprenant les divisions des brigadiers-généraux Alfred TA Torbert, David McM. Gregg et James H. Wilson) est sous le commandement du major-général Philip Sheridan. […]