L’opération « Torch »
SECONDE GUERRE MONDIALE
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L’OPÉRATION « TORCH »
Du 8 au 16 novembre 1942

Débarquement des Américains au cours de l’Opération Torch1
CONTEXTE
Dès le début de la Seconde Guerre Mondiale, l’Afrique du Nord française (composée du département de l’Algérie et des protectorats du Maroc et de la Tunisie) fut placée sous l’autorité du gouvernement de Vichy, lui-même soumis à l’occupant allemand.
Dès le printemps 1942, Churchill envisagea d’occuper le littoral méditerranéen, afin de poursuivre sa politique d’encerclement de l’ennemi. Pour lui, cette opération présentait le double avantage de soutenir l’armée britannique (qui, sur le front égypto-libyen, résistait à l’ « Afrika Korps » de Rommel), et d’avoir une base solide d’où il pourrait entreprendre un futur débarquement sur les côtes européennes.
En juillet 1942, après plusieurs mois de discussions, les Américains se rallièrent à la proposition de Churchill. Fin septembre, le plan d’intervention des forces anglo-américaines était fin prêt ; il aurait pour nom de code opération « Torch » (flambeau en français).
Sa mise en œuvre prévoyait des débarquements au Maroc, à Oran et à Alger. Ces territoires étaient juridiquement neutres, et dépendaient de l’autorité du gouvernement de Vichy, avec lequel les Américains entretenaient des relations diplomatiques.
Un total d’environ 100 000 hommes fut mobilisé en grand secret pour débarquer en Afrique du Nord (des soldats américains pour la plupart, à l’exception de 20 000 Britanniques).
Avec la victoire britannique d’ « El Alamein », en Égypte, l’Opération « Torch » allait constituer une étape stratégique majeure de la campagne d’Afrique du Nord. Ce débarquement devait modifier la donne sur le front occidental ; il ouvrait la porte à la reconquête alliée du sud de l’Europe. En parallèle, sur le front de l’Est, les Soviétiques allaient remporter la bataille de Stalingrad (du 17 juillet 1942 au 2 février 1943).
SOMMAIRE
Opération Torch L’OPÉRATION « TORCH » Débarquement des Américains au cours de l’Opération Torch En novembre 1942, l’Afrique du Nord française fait l’objet d’un tournant décisif de la Seconde Guerre mondiale. Les soldats du 19ème corps d’armée français, stationnés en Algérie et en Tunisie, se retrouvent au centre de l’Opération « Torch ». Ces événements vont marquer un renversement crucial dans l’histoire militaire et politique de la France occupée. Les forces alliées (américaines et britanniques), placées sous le commandement du général Dwight D. Eisenhower, débarquent simultanément au Maroc (Casablanca) et en Algérie (Oran, Alger), et lorgnent la Tunisie. Dwight D. Eisenhower Elles ont pour objectif d’ouvrir un second front en Méditerranée, afin de couper l’ « Afrikakorps » de Rommel de ses bases de ravitaillement, et pour mettre en route la reconquête de l’Europe par le sud. Leurs adversaires, les forces françaises du 19ème corps d’armée, restées fidèles au régime de Vichy, se trouvent alors dans une position complexe et embarrassante. Drapeau de l’État français Leur choix est pour le moins ambigu : doivent-elles obéir aux ordres de Vichy et résister aux Alliés, ou bien se rallier à ces derniers ? Dès le 9 novembre, les combats débutent en Tunisie. La réaction allemande est instantanée : à Tunis et à Bizerte, les Allemands envoient des parachutistes et des blindés afin de verrouiller la région. Opération Torch-Soldats du 19e corps d’armée français Quelques soldats du 19ème corps d’armée français exécutent d’abord les ordres initiaux, et tentent de résister aux débarquements des Alliés. Mais très vite, la logique stratégique et le patriotisme prennent le dessus : les officiers, dont plusieurs sont déjà acquis à la France libre, encouragent le ralliement. Ainsi, après quelques jours d’atermoiements et de combats sporadiques, la majorité des unités du 19ème corps d’armée verse dans le camp allié. Le basculement des forces françaises en Afrique du Nord, y compris le 19ème corps d’armée, est un événement majeur. Il donne aux Alliés des troupes fraîches, aguerries, et connaissant parfaitement le terrain. Ces hommes, bientôt rejoints par les tirailleurs et spahis d’Afrique, participeront aux campagnes de Tunisie (1942-1943), puis d’Italie, et enfin au débarquement en Provence en août 1944. L’opération « Torch », et l’action décisive du 19ème corps d’armée, mettront un terme à la collaboration militaire avec l’Axe et marqueront le retour de la France combattante dans le camp des Alliés. Drapeau de la France Libre Les soldats du 19ème corps d’armée évoquent le dilemme d’une armée partagée entre obéissance et conscience nationale. Leur ralliement progressif avec les forces alliées illustre la complexité des engagements français entre 1940 et 1942 ; mais aussi la volonté d’en finir avec le régime de Vichy, et de reprendre une place méritée dans le combat de la liberté. À travers ces hommes, c’est toute l’armée française d’Afrique qui amorce son renouveau ; un prélude à la reconquête de la France, et à son retour parmi les nations victorieuses.





LES EFFECTIFS
Les troupes terrestres alliées sont placées sous le commandement du général Dwight David Eisenhower.
Quant aux forces navales, elles sont dirigées par l’amiral anglais Andrew Cunningham (1883-1963), auquel est adjoint l’amiral Bertram Ramsay (1883-1945).
Bertram Ramsay a établi l’essentiel du plan d’attaque de l’opération « Torch » à partir de notes militaires, rédigées par le colonel français Jousse (membre de l’organisation de résistance d’Alger).
Les forces alliées, placées sous le commandement du général Eisenhower, se composent de 200 bâtiments de guerre, 110 navires de transport, 107 000 hommes, et d’un appui aérien conséquent. L’opération se divise en trois groupes, ayant pour mission d’établir neuf têtes de pont sur près de 1 500 km de côte :
1 – la « Western Task Force », arrivant des Etats-Unis, doit débarquer au Maroc.
2 – la « Center Task Force »
3 – la « Eastern Task Force », partie d’Angleterre, devra attaquer Oran et Alger.
LES FORCES NAVALES ALLIÉES

Dwight D. Eisenhower
1 – FORCES OUEST (Maroc)

FORCES TERRESTRES :
Commandement : général de division (Major General) George Patton

Patton et l’Opération Torch
Effectifs : 35 000 Américains
– 3ème division d’infanterie américaine
– 9ème division d’infanterie américaine
– 2ème division blindée américaine
– 70ème et 756e bataillons de chars
– 603ème, 609ème et 702ème bataillons de chasseurs de chars
– 36ème régiment du génie.
Objectifs : Fedala, Port-Lyautey, Safi (Maroc sous protectorat français).
FORCES NAVALES :
Commandement : vice-amiral (Rear Admiral) Henri Hewitt
Flotte de haute mer :
Groupe d’attaque Nord (Port Lyautey) :
– USS Texas (cuirassé)
– USS Savannah (croiseur léger)
– USS Santee (porte-avions)
– USS Sangamon (porte-avions)
– USS Chenango (porte-avions)
Groupe d’attaque Centre (Fedala) :
– USS Augusta (croiseur lourd)
– USS Brooklyn (croiseur léger)
Groupe d’attaque Centre (Casablanca) :
– USS Massachusetts (cuirassé)
– USS Ranger (porte-avions)
– USS Suwannee (porte-avions)
– USS Wichita (croiseur lourd)
– USS Tuscaloosa (croiseur lourd)
Groupe d’attaque Sud (Safi) :
– USS New York (cuirassé)
– USS Cleveland (croiseur léger)
– USS Philadelphia (croiseur léger)
FORCES AÉRIENNES (sous contrôle direct de George Patton) :
Commandement : général de division (Major Général) James Doolittle (US)

Général quatre étoiles James H.
Lire : le « Raid Doolittle »
Appareils : chasseurs F4F Wildcat, chasseurs P-40 Warhawk, bombardiers SBD Dauntless, et torpilleurs TBF-1 Avenger.
2 – FORCES CENTRE (Oran)
FORCES TERRESTRES :
Commandement : général de division (Major General) Lloyd Fredendall.
Effectif : 39 000 Américains
– 1ère division blindée américaine sous le commandement du général de division (Major Général) Orlando Ward.
– 1ère division d’infanterie américaine sous le commandement du général de division (Major Général) Terry Allen.
– 701ème bataillon de chasseurs de chars
– 105ème et 106e bataillons d’artillerie côtière
– 1er bataillon de rangers.
Objectif : Oran. La ville est divisée en 3 zones :
– Zones X à l’ouest d’Oran
– Zone Y face à la ville
– Zone Z à l’est.
FORCES NAVALES :

Drapeau du Royaume Uni
Commandement : contre-amiral (Rear Admiral) sir Thomas Troubridge.
Flotte de haute mer :
– HMS Largs (transport et quartier général)
– HMS Aurora (croiseur)
– HMS Jamaica (croiseur)
– HMS Delhi (croiseur)
– HMS Rodney (cuirassé)
– HMS Furious (porte-avions)
– HMS Biter (porte-avions)
– HMS Dasher (porte-avions)
– 11 destroyers et 6 corvettes.
Flotte de protection et d’opération :
– HMS Nelson (cuirassé)
– HMS Duke of York (cuirassé)
– HMS Renown (croiseur de bataille)
– HMS Victorious (porte-avions)
– HMS Formidable (porte-avions)
– 4 croiseurs, 17 destroyers, 8 dragueurs de mines, 15 navires de débarquement pour l’infanterie, 3 tankers navires anti-aériens, et 140 navires de transport.
FORCES AÉRIENNES
Commandement : général de division (Major General) James Doolittle (US).

Général James H. Doolittle
Appareils : torpilleurs Fairey Albacore et chasseurs Hawker Hurricane. L’aviation embarquée se compose de 180 appareils.
3 – FORCES EST (Alger)

Opération Torch
FORCES TERRESTRES :
Commandement : général de corps d’armée (Lieutenant Général) Kenneth Arthur Noel Anderson.
Effectifs : 33 376 hommes, dont 23 000 étaient britanniques.
Sous le commandement du général de division (Major-Général) Charles Ryder :
– 34ème division d’infanterie américaine (168e régiment)
– 78ème division d’infanterie britannique (11e brigade)
– 9ème division d’infanterie américaine (39e régiment)
– 1er et 6e bataillons commandos américano-britanniques.
Objectif : Alger (Algérie). La ville est divisée en trois zones :
Zones A et B : ouest de la ville
Zone C : est de la ville.
FORCES NAVALES :
Commandement : vice-amiral d’escadre (Vice-Admiral) Sir Harold Burrough
Flotte de haute mer :
– HMS Bulolo (croiseur et quartier général)
– HMS Avenger (porte-avions)
– HMS Argus (porte-avions)
– HMS Sheffield (croiseur)
– HMS Scylla (croiseur)
– HMS Charybdis (croiseur).
Flotte de protection et d’opération : environ 13 destroyers, 3 sous-marins, 4 corvettes, 3 sloops, 4 dragueurs de mines, 3 navires anti-aériens, 11 navires de débarquement pour l’infanterie, 18 transports de troupe.
FORCES AÉRIENNES
Commandement : général de corps d’armée (Air Marshall) Sir William Welsh (Royaume-Uni)
Appareils : chasseurs Seafires et chasseurs Hurricanes.

Convoi d’invasion alliée en route vers le Maroc pour l’opération Torche – début novembre 1942.
DÉBARQUEMENT À ALGER
À Alger, vers une heure du matin, les flottes d’invasion alliées arrivent en vue des côtes. Le consul américain Robert Murphy (représentant personnel du président Roosevelt en Afrique du Nord) se rend à la villa des « Oliviers » (résidence du Commandant supérieur des troupes), pour remettre un message du président Roosevelt au général Juin (commandant en chef des troupes françaises en Afrique du Nord). Il le prie de bien vouloir refuser le combat et de ne pas résister à l’invasion (le message de Roosevelt demande à l’armée d’Afrique d’accueillir les forces des États-Unis en amies, et de se joindre à elles pour libérer la métropole).
Embarrassé, le général renvoie le consul vers son supérieur, l’amiral François Darlan (dauphin du maréchal Pétain), qui se trouve par hasard à Alger (il est venu rendre visite à son fils Alain, malade). Puis il ajoute que Darlan étant à Alger, c’est de toute façon à lui qu’il convient de transmettre le message de Roosevelt.
Darlan reçoit la démarche anglo-saxonne comme un camouflet, et donne d’abord l’ordre de résister à l’invasion. Mais il prend le risque de permettre aux Allemands, présents en Tunisie, de se ressaisir et de rejeter les Anglo-Saxons à la mer.
François Darlan et Alphonse Juin ont un choc en apercevant soudainement la marine américaine devant leurs ports d’Afrique du Nord, alors qu’ils la croyaient incapable d’être opérationnelle avant le printemps 1943.
Au soir du 8 novembre, Juin ordonne le cessez-le-feu, ce qui permet aux troupes alliées de pénétrer dans Alger sans trop de difficultés. Ainsi, le débarquement, très compromis à Oran et au Maroc, est-il un succès à Alger (devenue, grâce à la résistance française, le centre stratégique de l’Afrique du Nord). Du même coup, les Alliés disposent, le soir même du 8 novembre, d’un grand port intact, où troupes et matériels peuvent immédiatement débarquer.
DÉBARQUEMENT À ORAN ET AU MAROC

Débarquement au Maroc
La reddition des troupes vichystes au Maroc intervient le 11 novembre. Idem à Oran, où le général Eisenhower débarque à la nage, sa jeep ayant chaviré. Des sous-marins allemands, arrivés au large de Casablanca le jour du cessez-le-feu, mèneront encore quelques attaques jusqu’au 16 novembre.
À Oran, le manque d’effet de surprise fait échouer l’action de la résistance. N’ayant pas reçu à temps les armes que les Britanniques lui ont promises, la résistance se retourne vers le colonel d’active Tostain, et lui demande de lui livrer les fusils Lebel entreposés à l’armurerie de la division. Tostain hésite ; il est rongé de scrupules, car il ne veut absolument pas que ces armes soient utilisées pour tuer des soldats français. Trois jours avant le débarquement, il se rend à Alger pour demander l’avis du général de division Charles Mast (1889-1977). Celui-ci, se gardant de lui donner toute directive, le laisse libre du choix d’accorder les moyens qu’il juge nécessaires pour aider la résistance.
À CASABLANCA
À Casablanca, c’est différent : la flotte d’invasion bombarde la ville. Après trois jours de combats, on comptera au total environ 1400 morts du côté français « vichyste » (essentiellement à Casablanca), et 400 morts du côté allié.
LE CHOIX DE DARLAN
Malgré ses graves transactions et atermoiements avec les Allemands, l’amiral Darlan reçoit, à l’initiative du président américain Franklin Roosevelt, le titre de « haut-commissaire pour l’Afrique du Nord ». Roosevelt s’est laissé persuader par l’ambassadeur de Vichy à Washington, Alexis Léger (plus connu en littérature sous le nom de Saint John Perse), que le régime de Vichy était prêt à basculer du côté allié.
Cette décision suscitera beaucoup d’émois dans les cercles gaullistes, en Angleterre ainsi que dans les maquis de France.
Darlan sera assassiné à Alger le 24 décembre 1942, touché de deux balles de pistolet tirées par un jeune étudiant, Fernand Bonnier de La Chapelle. Darlan se trouvait alors dans l’antichambre du bureau du Haut-commissariat de France en Afrique du Nord. Transporté à l’hôpital militaire Maillot, il y mourra une demi-heure plus tard, sans avoir repris connaissance.
CONSÉQUENCES
Changement de camp des Forces Françaises d’Afrique du Nord, qui deviennent Forces Françaises Libres.

LE REPLI DE L’AXE
Hitler va aussitôt réagir à l’invasion de l’Afrique du Nord en occupant la « zone libre » en France (l’opération « Attila ») ; il le fera en violation des accords d’armistice du 22 juin 1940, signés avec le maréchal Pétain.
Pour échapper aux Allemands, le 27 novembre, la flotte française en rade à Toulon se sabordera sur ordre de l’amiral Jean de Laborde.
Puis les Allemands et leurs alliés Italiens occuperont la Tunisie (protectorat français). Pris en tenaille, ils n’auront pas d’autre issue que de se retrancher sur Bizerte, d’où, en mai 1943, ils regagneront l’Europe. Ce sera le premier repli des Nazis depuis le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
En janvier 1943, Roosevelt et Churchill se retrouveront à Casablanca, pour une conférence où ils prépareront d’une part la libération complète de l’Afrique du Nord, et d’autre part l’invasion de la Sicile.
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Sources :
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