Le théâtre antique de Vaison-la-Romaine

par Jean Marie Borghino · 6 novembre 2023

LES TÉMOINS DU PASSÉ

LE THÉÂTRE ROMAIN DE VAISON-LA-ROMAINE

Le théâtre antique de Vaison-la-Romaine

Blason de la ville de Vaison-la-Romaine

ÉDIFICE : théâtre antique.

STYLE : romain.

ÉTAT : vestiges ; restauration au III^ème siècle apr. J.-C.

LIEU DE CONSTRUCTION : « Vasio », Vaison-la-Romaine.

ÉPOQUE : sous le règne de l’empereur Claude, né à Lugdunum (Lyon) le 1^er août 10 av. J.-C., et mort à Rome le 13 octobre 54 après J.-C.

L’empereur Claude 1er

PÉRIODE : antiquité.

DATE DE CONSTRUCTION : I^er siècle. Le théâtre fut restauré au cours du III^ème siècle, et probablement utilisé jusqu’au début du IV^ème siècle apr. J.-C.

PROPRIÉTAIRE : la commune.

DIMENSIONS : Le théâtre mesurait 96 m de diamètre, avec une orchestra de 23 mètres de diamètre et une scaena profonde de 8 mètres par 32 mètres. Orné autrefois d’un mur de scène de 25 mètres de haut, il pouvait accueillir 6 000 à 7 000 spectateurs. Les 32 gradins de la cavea étaient regroupés en étages séparés par un muret (suivant l’échelon social), et sans doute y avait-il un couloir de circulation pour y accéder.

CAPACITÉ : le théâtre pouvait accueillir 5 000 spectateurs assis sur les gradins.

PROTECTION : classé Monument Historique en 1862.

COMMUNE : Vaison-la-Romaine.

DÉPARTEMENT : Vaucluse.

RÉGION : Provence-Alpes-Côte d’Azur.

VAISON-LA-ROMAINE

Le pont romain

Vaison-la-Romaine est une commune française située dans le département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ses habitants sont appelés les Vaisonnais. La ville est connue pour ses vestiges romains particulièrement riches (dont un pont à arche unique), ainsi que pour sa cité médiévale et sa cathédrale.

Vaison-la-Romaine se trouve environ à 35 km d’Orange, 50 km d’Avignon, 10 km des Dentelles de Montmirail, et 40 km du Mont Ventoux.

Le visiteur découvre une cité à la fois antique, médiévale et moderne ; un véritable décor de cartes postales se déploie sous ses yeux.

De la ville antique à la ville médiévale, 2000 ans d’Histoire se sont écoulés. Au fil du temps, Vaison-la-Romaine se développera et son urbanisation recouvrera en partie les vestiges gallo-romains. Les pierres du site antique ont souvent été réutilisées comme matériaux de réemploi pour l’édification des nouveaux bâtiments de la cité, comme on peut le constater dans les fondations de la cathédrale (photos ci-dessous).

Notre-Dame-de-Nazareth- soubassement

Lire : la cathédrale de Nazareth de Vaison-la-Romaine

LEXIQUE DE L’ARCHITECTURE

La fonction première des théâtres romains était l’accueil des cérémonies civiques et religieuses, appelées « ludi », mais aussi les jeux, et principalement les spectacles dramatiques et les divertissements.

Maquette du théâtre antique d’Arles

La cavea : dans la Rome antique, la cavea (en latin : « creux ») désigne la partie d’un théâtre romain ou d’un amphithéâtre où se trouvent les gradins sur lesquels viennent s’assoir les spectateurs.

L’entablement : en architecture classique, il désigne la partie supérieure de l’ordre antique, située au-dessus des chapiteaux et sous la toiture. Il comprend l’architrave, la frise et la corniche.

Le frons scaenae : mur de scène comportant généralement un décor sur trois niveaux de colonnes, des niches pour les statues, et des portes d’accès. Sa façade faisait face à la cavea et servait de décor au proscenium (scène) du théâtre.

Le malus : mats ou robustes perches, reposant sur des consoles ou des corbeaux ménagés à cet effet, au sommet du mur extérieur d’un théâtre ou d’un amphithéâtre. Ces mats servaient à attacher le velum.

L’orchestra (lieu où danse le chœur) : espace plan, approximativement semi-circulaire dans les théâtres romains, compris entre la scène et les premiers gradins. Il désigne en architecture la partie du théâtre antique accueillant le chœur (chanteurs et musiciens).

Le parascenium : chez les Romains, c’était une place derrière le théâtre où les acteurs se retiraient pour se changer. Pièces situées de part et d’autre de la scène (proscenium) et communiquant avec elle par une porte. Elles avaient généralement plusieurs étages.

Le postscenium : partie du théâtre située derrière le mur de scène, souvent en forme de couloir voûté, plus bas ou de même hauteur que le mur de scène. C’est dans cette partie que se retiraient les acteurs pour changer de costumes.

Le proscenium : avant-scène chez les Grecs. C’est la partie du théâtre antique où jouaient les acteurs, comprenant à la fois ce que nous appelons la scène et l’avant-scène.

Le pulpitum (tréteaux, estrade, chaire, tribune) : il s’étend devant la scène. Surélevé par rapport à l’orchestra, le pulpitum présente aux spectateurs une petite façade architecturale.

La scaena : scène dans le théâtre grec. Dans le théâtre romain, elle désigne les coulisses à l’arrière du mur de scène.

Le style dorique : l’ordre dorique est le plus simple et le plus dépouillé des trois ordres d’architecture grecque. Les colonnes doriques se caractérisent particulièrement par leur chapiteau à échine plate (nue, sans décors), par leur fût rehaussé de 20 cannelures, et par l’absence de base pour le dorique grec. La frise dorique est définie par ses triglyphes et ses métopes.

La valva : portes dans le mur de scène, souvent au nombre de trois, qui permettaient de passer des coulisses vers la scène. La porte centrale était appelée porte royale (valva regis), et de part et d’autre de celle-ci se trouvait une porte latérale (valva hospitalis). Le personnage principal apparaissait par la porte royale et les personnages secondaires par les portes latérales.

Le velum, ou velarium : grande pièce de tissu, généralement en lin, que l’on étendait dans les théâtres et amphithéâtres romains au-dessus des spectateurs, pour les protéger du soleil.

Les vomitoires : du latin vomitere, sortir. Couloirs et galeries qui permettaient accès aux gradins.

Vomitoires

LE THÉÂTRE ANTIQUE

Le théâtre antique de Vaison-la-Romaine

HISTORIQUE

Le théâtre de Vaison la Romaine, construit probablement sous le règne de l’Empereur Claude au 1^er siècle de notre ère, fut creusé dans le flanc nord de la colline du Puymin (conformément aux recommandations préconisées par l’auteur latin Vitruve, dans son traité sur l’architecture).

Lire: le site antique de Vaison-la-Romaine

Ce quartier de la ville présentait une importante masse rocheuse et une pente conforme pour une telle construction. Malgré tout, un colossal travail de taille et de mise à niveau de la roche fut nécessaire pour faire, à la fois des gradins réguliers dans la cavea, et les substructions imposantes de l’édifice.

C’est l’un des rares édifices publics visibles de nos jours qui faisait partie de l’ensemble monumental de la cité. Il est le témoin de la prospérité de la ville antique de Vasio.

Sa décoration fut embellie au début du II^ème siècle, et restaurée au cours du III^ème siècle. Le monument sera utilisé jusqu’au début IV^ème siècle apr. J.-C.

Les historiens supposent qu’il a été détruit au début du siècle suivant, en 407, au moment du décret d’Honorius (le décret ordonnait dans toutes les provinces d’abattre, de briser ou d’ensevelir les statues des divinités païennes).

C’est probablement à la suite de çà que l’on jeta dans les soubassements du théâtre, les statues des empereurs et des autres divinités qui décoraient le mur de scène. C’est également durant cette période que l’on utilisa la structure du monument comme carrière de pierres.

L’abandon et le démantèlement du théâtre furent tels qu’au début de la Renaissance, il ne restait du monument que deux arceaux de galeries encore debout (les lunettes).

Restes de deux arcades – lunettes- du théâtre en 1895

Ce n’est qu’au XIX^ème siècle que le théâtre suscitera à nouveau un intérêt.

En 1821, des recherches sont menées sur les monuments antiques du Vaucluse. C’est au cours de cette période que le théâtre est identifié.

A partir de 1838, les premiers travaux de dégagement sont entrepris par la Commission des Monuments historiques.

Le chanoine Joseph Sautel (jeune prêtre, nommé professeur d’histoire et de géographie à Avignon) va être à l’origine de la redécouverte archéologique de l’édifice antique.

De 1907 jusqu’en 1926, Joseph Sautel met au jour les ruines de l’antique cité. Passionné, il commence les premières fouilles sur le site du théâtre, avec le soutien de Paul Buffaven (alors maire de la ville), et avec l’aide financière de Maurice Burrus (homme politique français, entrepreneur, philatéliste et mécène, passionné d’archéologie).

Un peu plus tard, s’appuyant sur le travail du chanoine Sautel, Jules Formigé, architecte en chef des Monuments Historiques, entreprendra la reconstruction du théâtre, qui s’achèvera en 1936.

Le théâtre de Vasio pouvait accueillir jusqu’à 7000 spectateurs, répartis suivant une stricte hiérarchie du rang social.

Les 32 gradins de la cavea étaient dominés d’un portique, répartis en étages, séparés par un muret, et probablement par une galerie de circulation. On y accédait par des escaliers provenant de l’orchestra et des vomitoires.

Les marches sur lesquelles je prends place ont été reconstituées. Seuls quelques rangs sont encore d’origine (mais sont protégés). En effet, depuis le 1er siècle après J.-C, date de sa construction, le théâtre antique a connu plusieurs modifications au fil des siècles. Entre saccages et réemploi de ses pierres, le site découvert lors des fouilles avait presque disparu. Mais grâce à la topographie et des recherches approfondies, on a tout de même pu reconstituer à l’identique la cavea du théâtre.

Le théâtre antique de Vaison la Romaine

Dans la partie qui était réservée aux acteurs, on peut encore distinguer les vestiges du mur d’avant-scène et les douze orifices destinés au mécanisme du rideau. En retrait, on trouve les fosses qui abritaient les machineries servant à la transformation des décors et des effets théâtraux, grâce à des trappes dans le plancher.

Les assises du mur de scène, taillées dans le rocher, donnent un faible aperçu du décor colossal. Mais on situe bien les trois portes qu’empruntaient les artistes pour entrer sur scène : par convention, les acteurs entrant par le côté cour (à droite) venaient du forum, et ceux entrant par la gauche (jardin) venaient de la campagne ou de l’extérieur de la ville.

Le mur de scène était composé d’une multitude de niches permettant d’absorber certains échos.