Le Cirque romain de Tarragone, « Tarraco »
LES TÉMOINS DU PASSÉ
ANTIQUITÉ
LE CIRQUE ROMAIN DE TARRAGONE, « TARRACO »
ÉDIFICE : cirque.
STYLE : romain.
ÉTAT : vestiges.
LIEU DE CONSTRUCTION : Tarragone « Tarraco », « Hispanie » (nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique).
ÉPOQUE : sous le règne de Domitien (né sous le nom de Titus Flavius Domitianus le 24 octobre 51 apr J.-C, et mort le 18 septembre 96 apr J.-C à Rome).
PÉRIODE : dynastie des Flaviens.
Les Flaviens sont une dynastie d’empereurs romains issus de la gens Flavii, qui ont régné de 69 à 96 sur l’Empire romain : Vespasien (de 69 à 79), Titus (de 79 à 81) et Domitien (de 81 à 96).
DATE DE CONSTRUCTION : fin du Ier siècle.
DIMENSIONS DU CIRQUE : 325 x 115 mètres.
CAPACITÉ : 24 000 places.
PROTECTION : Le cirque de Tarragone est l’un des éléments de l’« ensemble archéologique de Tarragone », inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, sous l’identification 875-004.
PRÉSENTATION
Le cirque romain de Tarragone, fut construit à la fin du Ier siècle à Tarragone (Tarraco), en Catalogne. C’est un monument symbolique de la ville, il est l’un des éléments de l’« ensemble archéologique de Tarragone ». Situé entre la « Via Augusta » et le forum provincial, le cirque de Tarragone accueillait des courses de chevaux et de chars.
L’édifice présente la particularité d’avoir été construit à l’intérieur de la ville, fait qui lui donne par conséquent des caractéristiques architecturales peu communes. Il est considéré comme l’un des cirques les mieux conservés d’Occident, et cela même si une partie de sa composition reste cachée sous d’anciens édifices du XIXème siècle.
LOCALISATION
TARRAGONE
Tarragone est une ville du sud de la Catalogne, en Espagne, elle est la capitale de la province de Tarragone et de la région du Tarragonès.
Son origine remonte à l’ancienne « Tarraco » romaine, capitale Tarraconaise de toute la péninsule. L’ensemble archéologique de « Tarraco » a fait de Tarragone un site du patrimoine mondial de l’Unesco.
LE CLIN D’ŒIL
Un vieil adage nous dit que « tous les chemins mènent à Rome », Tarragone en est assurément une preuve ; et l’on peut presque y croire. Les vestiges de la société romaine sont omniprésents dans toute la péninsule ibérique. Malgré les siècles qui s’écoulent, tous ces ouvrages défient le temps, et nous parviennent aujourd’hui presque intacts. Les édifices antiques de Tarragone sont un magnifique exemple ; ils nous ramènent tout droit à l’Empire.
Tarraco fut l’un des premiers établissements romains en Hispanie. Dans les rues de la ville, on trouve encore des traces de la force, de la puissance et de la splendeur de l’empire, il y a vingt siècles. Vingt siècles, et les monuments antiques sont toujours debout, résistant tant bien que mal au passage du temps et de l’homme. Ils ont été le centre de grandes festivités, de spectacles et de courses de chars endiablées.
PLAN D’UN CIRQUE ROMAIN
Ces courses, ainsi que la forme du bâtiment et les éléments qui le formaient, avaient une claire connotation religieuse. L’arène symbolisait la terre et les chars le soleil ; les sept tours autour de la piste représentaient les sept jours de la semaine ; les quatre couleurs des équipes participantes (le vert, le bleu, le rouge et le blanc) représentaient les quatre saisons (le printemps, l’été, l’automne, et l’hiver) ; tandis que les douze chars participant à la course symbolisaient les douze mois de l’année et les douze signes du zodiaque. La course symbolisait la fuite du temps, le passage de l’année agraire, et le cercle de la vie et de la mort. Les auriges étaient des personnages très célèbres, ils couraient pour l’argent et pour le prestige, les chevaux avaient également un nom et étaient connus. Les équipes appartenaient à de riches entrepreneurs qui disposaient de leur propre infrastructure. Dans le cirque, il y avait des tavernes où l’on pouvait boire et manger, ainsi que des lieux où l’on faisait des paris. Les spectacles duraient toute la journée, ils étaient gratuits et financés par de riches personnages qui occupaient des postes publics ou par d’autres qui voyaient dans ces spectacles l’occasion de monter des échelons dans la vie politique de la ville, ou dans l’administration de l’État.
Mes photos du Cirque Massimo à Rome
LEXIQUE ANTIQUE
Ce mur central (spina, pluriel spinae), très peu élevé, mais large de plusieurs mètres, était orné de marbres, de statues et d’obélisques ou de fontaines plus ou moins somptueuses. Les plus beaux obélisques égyptiens de Rome proviennent des spinae des différents cirques de l’Empire. Le Podium : haut muret qui sépare l’arène du premier rang de gradins. Le spectacle se déroulait dans l’arène, séparée des gradins par un mur de plus de deux mètres de hauteur dénommé podium, qui avait pour fonction de protéger les spectateurs en cas d’accident pendant le spectacle. L’oppidum : (bâtiment comprenant les écuries et les stalles de départ) n’est pas perpendiculaire à la piste, mais disposé en oblique, de manière à compenser les handicaps résultant des positions de départ plus ou moins avantageuses. La porte triumphalis était empruntée par Auriges lors de la parade en début de journée et par les vainqueurs. La piste et les gradins : Le cirque romain comprenait une piste oblongue (de forme allongée) recouverte de sable, tournant autour d’un mur bas central (spina), et de gradins (cavea). Construits en maçonnerie, souvent sur arcades, ou plus simplement, en bois, ou même appuyés sur un talus. Les places d’honneur étaient en marbre. Les bornes : meta Les extrémités du mur étaient protégées par des bornes très solides (meta, pluriel metae), autour desquelles tournaient les équipages de chars, L’une des extrémités de la piste comportait des gradins érigés en demi-cercle (sphendonè), l’autre accueillait les stalles de départ (carceres), inscrites dans un bâtiment d’écuries appelé oppidum (« la place forte »). Les Auriges : conducteurs de chars et de chevaux. Les conducteurs étaient appelés auriges. C’étaient des hommes de basse condition, souvent des esclaves ou des affranchis. Les meilleurs étaient adulés par les supporters de leur équipe (factio) et haïs par ceux des équipes adverses. Ils étaient vêtus d’une toge de la couleur de la faction qu’ils représentaient. Pour mieux diriger le char, ils attachaient les rênes à leur ceinturon et portaient un couteau courbe afin de les trancher en cas d’accident (naufragio). La tribune d’honneur. C’est une loge monumentale, installée au-dessus d’une tribune. Elle accueillait l’empereur ou les responsables locaux, ainsi que les généreux commanditaires du spectacle. Cette loge surplombait la tribune pour pouvoir offrir à ses occupants, une meilleure vue d’ensemble. La tribune d’honneur communiquait directement au palais impérial, elle était nommée pulvinar à Rome (dans le Circus Maximus) et Kathisma à Constantinople (dans l’hippodrome).
LE CIRQUE DE TARRACO
LA FAÇADE DU CIRQUE ET LA MURAILLE DU XIVème SIÈCLE
Trois des 56 arcades formant la façade du cirque ont été conservées dans ce secteur. Les espaces entre les arcs étaient décorés d’un pilastre.
Cette façade construite en pierre de taille (opus quadratum) s’appuyait sur le parement intérieur de la muraille, juste au point d’où partait l’un des jambages d’une porte monumentale d’accès à la ville. Elle était édifiée avec la même technique et datée de l’époque d’Auguste (début du 1er siècle de notre ère).
La Via Augusta arrivait en effet jusqu’ici et son tronçon urbain, traversant transversalement la ville (la Rambla Vella actuelle), séparait les édifices impériaux (forum provincial et cirque) de la ville proprement dite. La première de ces arcades donnait accès à une longue voûte de Saint Hermenegild qui conduisait à un escalier monumental situé au bout de celle-ci.
Un autre escalier partait de la deuxième arcade qui menait directement à la plateforme supérieure du cirque (visorium). On conserve de cet escalier les trois premières marches d’origine construite en pierre de Santa Tecla.
En 1368, face au danger imminent de guerre, on commença la construction d’une nouvelle rangée de muraille, nommée « la Muralleta ». La façade du cirque devint le parement intérieur de cette fortification du XIVème siècle. Les arcades furent murées et l’espace entre le parement intérieur (façade du cirque) et l’extérieur fut rempli de terre de telle sorte que fut créé le chemin de ronde de la nouvelle fortification.
« La Muralleta » disposait de quatre tours sur toute sa longueur. La seule qui ait été conservée est « la tour des Monges » ou « de Miramar », la tour octogonale située sur son extrémité Est.
LA TOUR DE « LES MONGES »
Tour octogonale située à l’extrémité orientale de la Muralleta, muraille médiévale dont le début de la construction remonte à 1368 qui profitait de la façade du cirque romain comme parement intérieur.
En 1530, devant la crainte des attaques venant de la mer, elle est utilisée comme tour de guet pour la surveillance de la côte.
Les travaux de construction d’un nouveau bastion sont attestés, en 1545, pour la première fois. Bastion qui devait renforcer l’angle de la tour de Les Monges et qui est connu sous le nom de baluard de Carles V (bastion de Charles Quint) en hommage à cet empereur. Il s’agissait d’un édifice de grande envergure à la superficie en pointe de flèche et aux coins arrondis. On peut en voir des restes devant la tour.
En 1774, l’intendant général, Juan Félipe de Castaños, vu l’accroissement important de la population, demanda au roi la démolition de la « muraille intérieure » (la fortification du XIVème siècle. Sa destruction fut autorisée en 1775. En tous cas, en 1789, le capitaine général, le comte de Lacy, ordonnait à l’ingénieur militaire de Tortosa d’inspecter le bastion de Charles V que la mairie voulait démolir.
La démolition de ce bastion est finalement autorisée en 1792, et une nouvelle porte est ouverte, nommée portal de Santa Clara à l’extrémité de l’actuelle Rambla Vella. La tour sera, à partir de ce moment-là, intégrée dans les bâtiments construits au fil des siècles, du XVIIIème jusqu’à nos jours.
En 1985, commencent les travaux de restauration et de mise en valeur de toute cette zone de l’ancien cirque ainsi que des bâtiments médiévaux et modernes, travaux qui continuent encore aujourd’hui.
LE PRÉTOIRE
Le Prétoire est une tour datant de l’époque romaine. Elle abritait les escaliers qui donnaient accès à la partie basse de la ville et, en passant par le cirque, au travers de couloirs souterrains voûtés, au forum provincial.
Il s’agit d’un des angles du grand rectangle que formait la place du Forum Provincial. Au XIIème siècle, il est devenu le palais des rois de la couronne d’Aragon, et plus tard, une prison.
Actuellement, seule la partie orientale peut être visitée. Cela inclut la façade monumentale et les gradins, ainsi que les voûtes de Saint Hermenegildo et de l’Enrajolat.
Ci-dessus : cette longue pièce est recouverte d’une voûte à canon, la plus longue voûte du cirque romain.
Le cirque fut construit sur de robustes voûtes en ciment, sur lesquelles la plateforme supérieure de l’édifice et les gradins furent posés le long de trois de ses côtés, le quatrième accueillant les dépôts des chars ou leurs points de départ.
L’ENTRÉE & LES VOÛTES
La voûte de Saint Hermenegild servait à soutenir la plate-forme supérieure du côté Sud-Est du cirque. Elle reliait la ville au forum provincial, en passant sous le cirque.
LES COULOIRS & VOMITOIRES
Ci-dessus : le cirque était fait d’une succession d’arches par où les spectateurs pouvaient entrer.
LA PISTE
LES GRADINS, « CAVEA »
LES VOÛTES INTÉRIEURES DE « SAINT HERMENEGILDO ET DE L’ENRAJOLAT »
Sous la rue de l’Enrajolat actuelle se trouve l’une des voûtes les plus longue (93 m) et les mieux conservées du Cirque romain de Tarragone. On y accède par une petite porte en arc en plein cintre ouverte dans le mur Est. Cinq espaces sont également ouverts dans le mur Sud, la majorité d’entre eux présentant une surface rectangulaire. Il est possible actuellement d’accéder à partir de deux de ces espaces à une autre voûte, parallèle à celle existant sous la rue de l’Enrajolat.
La voûte sous la rue de l’Enrajolat fut abandonnée à un moment indéterminé de l’Antiquité tardive, entre le débute du Vème siècle et le premier quart du VIIIème siècle. Cette voûte sera inutilisée jusqu’à la seconde moitié du XIIIème siècle.
Ce fut à ce moment-là qu’une série d’orifices furent ouverts dans le plafond de la voûte afin de pouvoir y déverser les résidus des activités réalisées dans ce secteur. Les fouilles de cette décharge fournirent de nombreuses scories de fer, ainsi qu’une grande quantité d’os d’animaux ayant des traces de dépeçage attestant, du point de vue archéologique, de l’existence de forges.
Au cours de la seconde moitié du XVème siècle, la voûte fut nivelée et le sol revêtu de terre battue.
Au XVIIème siècle, la voûte fut utilisée comme entrepôt de la caserne militaire de San Felip. Un ensemble de grands récipients en céramique datant de cette époque apparurent alignés sur le mur méridional à l’extrémité de la voûte.
LA VOÛTE DE SAINT HERMENEGILDO ET LA PORTE « TRIUMPHALIS »
Le premier des arcs de la façade du cirque permettait l’accès à une longue voûte parallèle à « la Muralleta ». Il reliait cette façade à un escalier monumental situé à l’extrémité, et permettait aux spectateurs d’accéder au côté septentrional de l’édifice du cirque. Cette voûte avait cent mètres environ de longueur dont la moitié a été conservée. Les murs latéraux de cette voûte sont en béton (opus caementicium) et garnis de moellons (opus vittatum), tandis que la couverture est en arc plein cintre également en béton. Ce qui veut dire que toutes les voûtes du cirque romain de Tarraco présentant des murs latéraux en (opus vittatum), correspondent à des zones d’accès public.
SUBSTRUCTION & COMPOSITION DE LA MAÇONNERIE
Le mortier antique était dans le meilleur des cas de la chaux grasse mêlée à de la pouzzolane ou des tuileaux (fragments de terre cuite) qui contribuaient à rendre le mortier hydraulique, auquel cas il pouvait prendre l’apparence du béton de ciment moderne.
Le long du côté Ouest de cette longue voûte, on peut voir six portes en arc plein cintre. Elles conduisent à six espaces de dimensions plus petites, à peu près de forme radiale, du fait que nous nous trouvons juste sous la courbe du côté Est du cirque. Ces espaces sont couverts par une voûte inclinée ayant servis de fondations aux gradins.
L’extrémité de la partie de la longue voûte coïncide exactement avec l’axe longitudinal de l’édifice. Fait important, puisque c’est à point que cette voûte rejoint une autre transversale qui reliait l’une des portes principales du Cirque, la Porta Triumphalis, à une autre ouverte dans les remparts. Le mur méridional de cette voûte est le seul ayant été conservé, il est garni également de rangée de moellons opus vittatum.
Toutes les voûtes du Cirque situées entre ce point et la voûte qui passait sous la rue de l’Enrajolat furent détruites, en 1813, par les troupes napoléoniennes, juste avant leur abandon de la ville.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Panneaux explicatifs affichés sur le site à l’attention des visiteurs
https://www.catalunya.com/cirque-romain-17-16003-420?language=fr
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cirque_de_Tarragone