La chapelle Notre-Dame de la Gayole

par Jean Marie Borghino · 24 novembre 2022

LES TÉMOINS DU PASSÉ

LA CHAPELLE

NOTRE-DAME DE LA GAYOLE

Chapelle Notre-Dame de la Gayole

Blason de la ville de la Celle

TYPE : Chapelle.

STYLE : roman.

NOM LOCAL : chapelle Notre-Dame de la Gayole.

CULTE : chrétien.

ÉPOQUE : paléochrétienne.

DÉBUT DE CONSTRUCTION : Érigée sur une villa des V^ème et VI^ème siècles (un des plus vieux monuments paléochrétiens de France).

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge.

FIN DE CONSTRUCTION : la chapelle est attestée archéologiquement à partir de la fin du V^èmesiècle.

ÉTAT DE CONSERVATION : vestiges, chapelle délabrée.

RATTACHEMENT : abbaye de La Celle.

PROTECTION : (La chapelle ainsi qu’une zone de 5 mètres autour du monument) est inscrite sur la liste des monuments historiques par arrêté depuis le 7 mars 1952.

PROPRIÉTAIRE : propriété privée.

COMMUNE : La Celle.

DÉPARTEMENT : Var.

RÉGION : Provence-Alpes-Côte d’Azur.

La chapelle Notre-Dame de la Gayole

LOCALISATION

Cette chapelle est parmi les plus anciennes de Provence (V^ème et VI^ème siècles après J.-C.) On y accède à partir de la N7 entre Tourves et Brignoles, en prenant la D205 et en s’engageant sur le chemin du domaine viticole de la Gayolle. La chapelle se trouve sur le terrain privé du domaine ; elle est cependant visitable en demandant l’autorisation au propriétaire. C’est ce que nous avons fait…

PRÉSENTATION

La fontaine

Le nom de Gayolle pourrait venir de Gaïsola, qui signifie « petite église ». Le site est très ancien : on y a découvert des vestiges d’époque romaine. En témoigne la présence de nombreux sarcophages ; d’ailleurs, l’un d’eux sert de réceptacle à la fontaine du domaine.

Les sarcophages

Un autre est une pièce de musée, puisqu’il est daté de la fin du II^ème siècle. C’est le plus ancien sarcophage connu du monde chrétien. Sa face et son couvercle, décorés de bas-reliefs paléochrétiens, sont entreposés au musée des Comtes de Provence de Brignoles. A noter que le fond du sarcophage est resté dans la chapelle ; il est visible dans le bras gauche du transept.

Fond de sarcophage

Saviez-vous que dans cette chapelle, on a mis au jour le plus ancien sarcophage du monde paléochrétien, la mystérieuse sépulture de la princesse romaine Syagria ?

Le sarcophage de Syagria

La chapelle est accolée aux dépendances de la ferme. Elle a été établie sur les vestiges d’une autre chapelle, plus ancienne, construite vers le VI^ème siècle. Mais avant elle, un « oratoire » du II^ème siècle occupait les lieux. Cet édifice fut malheureusement détruit lors des invasions Sarrasines du IX^ème siècle.

Lire : Les tours Sarrasines de Venasque

Les moines de l’abbaye Saint Victor de Marseille la reconstruisent au XI^ème siècle. C’est l’édifice que nous pouvons contempler aujourd’hui.

Lire : L’abbaye Saint Victor de Marseille

Bâti sur le plan traditionnel d’une croix latine, l’édifice est constitué grossièrement d’éléments de réemplois plus anciens : colonnes, chapiteaux, pierres gravées de motifs antiques.

La bâtisse a longtemps été utilisée comme grange. On constate que ses façades intérieures ont été peintes en rouge. Les fouilles réalisées il y a quelques années ont mis au jour de nombreux vestiges gallo-romains.

LA CHAPELLE DE LA GAYOLE

Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’église Sainte Marie de la Gayole apparaît dans les textes en 1019, et c’est vers 1030 qu’elle entre dans les possessions de l’abbaye Saint Victor de Marseille.

Elle est implantée à l’emplacement d’un édifice cultuel paléochrétien, qui s’est lui-même organisé en réutilisant les structures d’un mausolée antique lié à une villa romaine ((domaine agricole) toute proche, sise au domaine Saint Julien.

De petite dimension, cette église, à plan complexe en forme de croix, est constituée d’une nef possédant à ses extrémités des chapelles latérales, et prolongée par une abside semi-circulaire.

Le vaisseau central est couvert d’une voûte en berceau qui n’est sans doute pas d’origine, et qui a remplacé un couvrement en charpente. Malgré quelques remaniements, cet édifice est caractéristique des constructions de la première moitié du XI^ème siècle. Son originalité tient à l’importance accordée au réemploi, et à la volonté de ménager des chapelles latérales où étaient mis en scène des sarcophages antiques, placés ici pour témoigner de l’ancienneté de la christianisation du lieu. Un seul est aujourd’hui conservé et exposé au Musée du Pays Brignolais à Brignoles.