La bataille de Chancellorsville
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LA BATAILLE
DE CHANCELLORSVILLE
Du 27 avril au 6 mai 1863
Bataille de Chancelorsville (du 27 avril au 6 mai), Comté de Spotsylvania, Virginie.
Victoire des forces confédérées commandées par les généraux Robert E. Lee et Thomas Jackson (blessé mortellement au cours de la bataille), face à l’armée de l’Union placée sous les ordres de Joseph Hooker.
SOMMAIRE
De son côté, de Vicksburg à Charleston, la précaire coalition confédérée craque de toutes parts. Si elle résiste encore malgré tout, elle le doit grâce à l’audace, à la chance, et au génie de ses chefs. Avec la bataille qui s’annonce à « Chancellorsville », le général Robert E Lee va encore une fois dévoiler tout son talent. Au mépris de toutes les règles inscrites dans les manuels militaires, il va oser, et prendre d’énormes risques, pour être une nouvelle fois victorieux. Mais l’année 1863 va être déterminante. L’issue de la guerre va se jouer dans un coude du Mississipi, à Vicksburg, et dans un coin perdu de la Pennsylvanie, à Gettysburg.
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
En réalité, il s’agit d’une des batailles les plus déséquilibrées de la guerre civile américaine. D’un côté, l’armée de l’Union du Potomac dispose d’environ 130 000 soldats, et de l’autre, l’armée de Virginie du Nord n’en même pas la moitié : environ 60 000 hommes.
De plus, il faut préciser que les forces du Nord sont bien mieux ravitaillées et reposées par plusieurs mois de répit, alors que les troupes confédérées sont disséminées un peu partout dans l’État de Virginie. Cet inconvénient privera l’armée de Virginie du Nord d’un précieux renfort de 15 000 soldats.
Le 13 décembre de l’année précédente, l’armée du Nord du général Ambrose Burnside a essuyé une cuisante défaite à Fredericksburg.
Lincoln, à bout de patience par tous ces échecs successifs, décide de destituer Burnside et de le remplacer par Joseph Hooker, surnommé « Joe le Batailleur ».
Abraham Lincoln change une fois de plus de général en chef. Joseph Hooker est une forte tête issue de West Point, un homme qui boit et aime se mettre en valeur. Les ordres de Lincoln sont clairs : il doit absolument anéantir les forces de Robert Lee.
Le 26 janvier 1863, « Joe le Batailleur » prend le commandement de l’armée du Potomac. Il abandonne ses quartiers d’hiver autour de Fredericksburg, et se rassemble face à Lee, de l’autre côté de la rivière Rappahannock.
« Aujourd’hui le général Thomas Jackson est descendu au bord de la rivière en compagnie d’un groupe de dames et d’officiers. Nous les avons salués en soulevant nos chapeaux, et aussi étrange que cela puisse paraître, les dames ont répondu en agitant leur mouchoir. Le général Jackson a sorti ses jumelles et nous a tranquillement observés. Nous aurions pu l’abattre d’un coup de révolver, mais nous avons conclu un accord qui nous interdit aux uns comme aux autres d’ouvrir le feu ; car ce serait un meurtre, tout simplement ». Elisha Hunt Rhodes « La guerre de Sécession », de Ken Burns.
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Pourtant, il semble que cette fois, les plans de batailles de l’Union ont été améliorés, et sont bien meilleurs que la plupart des précédents.
Alors qu’il prend le commandement d’une armée découragée après la désastreuse défaite de Fredericksburg, Hooker met en œuvre plusieurs changements pour améliorer le moral et l’efficacité de ses troupes. Il fournit à ses hommes de meilleures rations, et améliore l’hygiène de la troupe. Il met aussi en place un nouveau bureau chargé du renseignement, et créé un corps d’éclaireurs.
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« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
« Old Dominion, Mother of Presidents ». 10ème État. Capitale : Richmond. Date d’entrée dans l’Union : 25 juin 1788. – La Virginie est une des treize colonies fondatrices des États-Unis. Elle donnera quatre des cinq premiers présidents : Washington, Madison, Monroe et Jefferson. – C’est en 1584 que le navigateur anglais Walter Raleigh conçoit de coloniser l’Amérique du Nord et fonde la Virginie. – En 1607, un groupe de colons anglais, envoyé par le roi d’Angleterre James 1er, fonde la 1ère colonie anglaise permanente, Jamestown. – C’est en 1660 que l’esclavage, déjà pratiqué, est officialisé. -En 1784, la Virginie cède aux États-Unis les territoires au nord de l’Ohio pour le développement vers l’ouest, selon le système des townships. – Le 17 avril 1861, la Virginie, État esclavagiste, fait sécession et rallie la Confédération des États du Sud. La plupart des grandes batailles du théâtre oriental de la Guerre de Sécession se dérouleront sur son sol : Bull Run, Chancellorsville, Fredericksburg… Sa capitale, Richmond, tombe aux mains des Nordistes le 2 avril 1865 (peu de temps avant la reddition du général Robert E. Lee à Appomattox) avant d’être en grande partie incendiée et ravagée.
FORCES EN PRÉSENCE
ARMÉE DU POTOMAC
Lorsqu’éclate la Guerre Civile, en 1861, seule une partie de la Virginie fait sécession. Les comtés du Nord-Ouest (aujourd’hui l’État de Virginie-Occidentale) décident de rester fidèles à l’Union. L’État du Maryland, bien qu’esclavagiste, demeure également dans l’Union. Ainsi, une grande partie du cours du Potomac et de son estuaire forment la frontière séparant l’Union des États confédérés. Les commandants : – Le brigadier – général Irvin McDowell : commandant de l’armée et Département du Nord -Est de Virginie, du 27 mai au 25 juillet 1861. – Le Major – général George McClellan : commandant de la Division militaire du Potomac, et plus tard, de l’armée et du ministère du Potomac, du 26 juillet 1861 au 9 Novembre 1862. – Le Major – général Ambrose Burnside : commandant de l’armée du Potomac du 9 novembre 1862 au 26 Janvier 1863. – Le Major – général Joseph Hooker : commandant du ministère et de l’armée du Potomac du 26 janvier au 28 juin 1863. – Le Major-général George Meade : commandant de l’armée du Potomac du 28 juin 1863 au 28 Juin 1865. – Le Major-général John G. Parke : a eu le commandement temporaire pendant les absences de Meade à quatre reprises au cours de cette période. – Le lieutenant – général Ulysses S. Grant : général en chef de toutes les armées de l’Union. Il a placé son quartier général dans l’armée du Potomac, et a fourni les directions opérationnelles à Meade de mai 1864 à avril 1865.
ARMÉE DE VIRGINIE DU NORD
Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee et le Mississippi. L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les États frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac.
DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
Le plan de Joseph Hooker consiste à envoyer une partie de sa gigantesque armée attaquer de front les forces de Robert E. Lee (qui sont toujours à Fredericksburg), et à faire remonter le Rappahannock par le reste de ses troupes, pour qu’elles le traversent en amont et viennent prendre les Sudistes à revers.
Les 1er et 2 mai
Le 30 avril, le gros de l’armée nordiste (forte de 70 000 hommes) arrive à Chancellorsville, un lieu-dit comprenant une seule habitation (un manoir) plantée au milieu d’une clairière entourée de bois épais, la forêt de la Wilderness (ce sont les Vème, XIème et XIIème corps qui traversent la rivière à Kelly’s Ford, laissant le VIème et le Ier corps en face de Fredericksburg, pour fixer l’armée de Virginie du Nord).
Joseph Hooker et ses officiers s’installent au rez-de-chaussée pour peaufiner leurs plans d’attaque, certains d’avoir pris au piège Lee et ses hommes.
Joseph Hooker « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Abraham Lincoln « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Du 3 au 6 mai
Mais Robert E. Lee, à la tête de troupes deux fois moins nombreuses, n’est pas dupe. Au mépris des conventions de l’Art militaire, il décide de scinder lui aussi ses forces, ne laissant à Fredericksburg qu’un quart des effectifs, pour filer avec le reste vers l’Ouest afin de se placer sur le flanc de son adversaire. Lorsque les soldats confédérés de Lee atteignent l’orée de la Wilderness, les Nordistes avancent à leur rencontre pour engager le combat.
Mais dès les premiers échanges de coups de feu, et à la surprise générale, Hooker se ravise et ordonne à ses troupes de se replier autour du manoir de Chancellorsville.
Sentant la confusion de son adversaire, Lee décide le lendemain de diviser une nouvelle fois ses troupes et d’envoyer 28 000 hommes, sous le commandement de Stonewall Jackson, contourner le flanc droit des forces nordistes, au terme d’une marche forcée d’une bonne vingtaine de kilomètres à travers bois.
Selon toute vraisemblance, Hooker se persuade que Jackson est en train de battre en retraite ; et malgré la faiblesse des forces confédérées qui lui font encore face, il choisit de ne pas bouger.
Toute la journée, des informations affluent, faisant état de très importants mouvements de troupes rebelles juste derrière le rideau d’arbres. Nul n’y prête attention…
En fin d’après-midi, les soldats de l’Union sont en train de prendre le café en jouant aux cartes, lorsqu’une harde de cerfs sort de la forêt et traverse le camp à toute vitesse. Les hommes de Stonewall Jackson sont juste derrière…
Les forces de Hooker vont reculer de trois kilomètres, avant que les Sudistes ne soient contraints par la nuit de cesser l’attaque.
Shelby Foote. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
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Impatient d’en finir, Jackson songe effectivement à pousser son avantage sans attendre le lever du jour. Il part à cheval repérer les nouvelles positions de son ennemi, qui s’est replié. Puis il rebrousse chemin et retourne vers ses propres lignes. C’est alors que les soldats confédérés tirent par erreur sur le groupe qui s’approche. Jackson est atteint de deux balles au bras gauche, et deux de ses aides de camp sont tués sur le coup ; il sera amputé le lendemain matin.
Pendant ce temps, Joseph Hooker continue d’hésiter. Alors qu’il observe, inquiet, les combats depuis la véranda de son quartier général, un obus vient frapper le pilier contre lequel il est appuyé ; il est assommé sous le choc. Sonné, il refuse cependant de céder son commandement à son commandant en second, le général de division Darius N. Couch (1822-1897). Finalement, il donne l’ordre de reculer et d’amorcer la retraite.
La défaite est totale ; les Nordistes se replient sur l’autre rive du Rappahannock. Joseph Hooker a perdu 17 000 hommes, plus encore qu’à la bataille de Fredericksburg.
PERTES
POUR LES FÉDÉRAUX
Sur les 133 868 hommes de son armée, l’Union déplorera la perte de 17197 victimes.
Tués : 1606.
Blessés : 9672.
Disparus et prisonniers : 5919.
POUR LES CONFÉDÉRÉS
Sur les 60 892 hommes de son armée, la Confédération déplorera la perte de 5377 victimes.
Tués : 1665.
Blessés : 9081.
Disparus et prisonniers : 2018.
BILAN
L’armée de Lee, bien qu’en infériorité numérique (2 contre 5), remporta sa plus grande victoire de la guerre. Mais celle-ci eut un coût humain très élevé. Plus de 13 000 soldats confédérés sur 60 000 furent mis hors de combat, soit un quart environ des troupes engagées. La Confédération ne pouvait pas remplacer ses soldats comme pouvait le faire l’Union.
Au cours de cette bataille, Lee perdit également plusieurs de ses meilleurs généraux, notamment Thomas « Stonewall » Jackson, son général le plus offensif. Cette perte allait se faire sentir quelques semaines plus tard lors de la bataille de Gettysburg.
Joseph Hooker, qui débuta la campagne en disant qu’il était sûr d’être victorieux, fut défait à cause de problèmes de communication, et de l’incompétence de ses généraux (en particulier Howard, Stoneman et Sedgwick).
Hooker fit également plusieurs erreurs : environ 40 000 de ses hommes ne tirèrent pas un coup de feu pendant la bataille.
Stoneman fut limogé pour incompétence. Couch fut tellement écœuré par le commandement de Hooker, ainsi que par ses manœuvres politiques permanentes, qu’il démissionna et fut nommé responsable de la milice de Pennsylvanie.
Hooker lui-même sera limogé le 28 juin, juste avant la bataille de Gettysburg (du 1er au 3 juillet 1863).
IN MEMORY
En 1862, Byron Bowers a pris part à plusieurs batailles. Il a combattu lors de la campagne des sept jours, ainsi qu’à la campagne du Maryland, de Fredericksburg, de Chancellorsville, de Gettysburg (1863), et Chickamauga (1863). La compagnie d’artillerie de Beauregard a combattu aussi à Chattanooga (1863), à Missionary Ridge (1863), à la campagne d’Atlanta (1864), et à Nashville (1864).
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Chancellorsville
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_S%C3%A9cession
https://www.kronobase.org/chronologie-categorie-Guerre+de+S%c3%a9cession.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Virginie-Occidentale
https://fr.wikipedia.org/wiki/1863
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