Les Croisades – Richard Cœur de Lion
LES CROISADES
(1095 – 1291)
RICHARD CŒUR DE LION
(1157-1199)
DYNASTIE
Plantagenêt
TITRES
– Roi d’Angleterre et duc de Normandie du 6 juillet 1189 au 6 avril 1199 (date de sa mort).
– Duc d’Aquitaine de 1169 à 1196.
– Comte De Poitiers de 1169 à 1196 et 1198 à 1199.
– Comte du Maine de 1183 à 1199.
– Comte d’Anjou de 1189 à 1199.
COURONNEMENT
3 septembre 1189 en l’Abbaye de Westminster.
NAISSANCE ET FAMILLE
Richard, dit Richard Cœur de Lion, naît le 8 septembre 1157 au palais de Beaumont (Oxford, Angleterre). Il meurt au château de Châlus Chabrol le 6 avril 1199, à l’âge de 41 ans. Il épousera Bérangère de Navarre, et disparaîtra sans héritier.
Il est le troisième fils d’Henri II d’Angleterre (1133-1189) et d’Aliénor d’Aquitaine (1122-1204). L’aîné, Guillaume, né en 1153, meurt à l’âge de trois ans. Henri le Jeune arrivant en seconde position dans le lignage, Richard n’est donc pas le successeur désigné au trône d’Angleterre. Mais, bien que sa mère Aliénor d’Aquitaine ait eu deux filles (Marie et Alix) de son premier mariage avec Louis VII, roi de France, Richard n’en demeure pas moins son fils préféré. Il deviendra son héritier en 1168 à la couronne d’Aquitaine, et en 1169 au titre de comte de Poitiers.
Le 19 décembre 1154, Henri Plantagenêt et Aliénor d’Aquitaine sont couronnés roi et reine d’Angleterre par Thibaut du Bec, Archevêque de Cantorbéry. La cérémonie, assez discrète, a lieu dans la salle des comtes de Poitiers. Par cette union, c’est tout l’esprit occitan qui envahit l’Anjou, la Normandie et l’Angleterre.
FRÈRES ET SŒURS
– Guillaume Plantagenêt (1153-1156).
– Henri, dit le Jeune, héritier du trône (1155-1183), roi d’Angleterre (1170-1183). Il épousera Marguerite, fille du roi de France Louis VII, dit le Jeune.
– Mathilde (1156-1189). Elle épousera en 1168 Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière. Elle sera la mère de l’empereur Othon IV.
– Geoffroy (1158-1186). Il deviendra duc de Bretagne par son mariage en 1181 avec la duchesse Constance, fille et héritière du duc Conan IV le Petit.
– Aliénor (1161-1214). Elle épousera le roi Alphonse de Castille (1155-1214), et sera la mère de Blanche de Castille.
– Jeanne (1165-1199). Elle épousera en 1177 Guillaume II roi de Sicile (1154-1189), puis en 1196 Raymond V comte de Toulouse, et deviendra abbesse de Fontevraud.
– Jean, dit Jean sans Terre (1166-1216). Il deviendra roi d’Angleterre (1199-1216) au détriment de son neveu Arthur. Il épousera Isabelle d’Angoulême qui donnera naissance à Henri III d’Angleterre, roi d’Angleterre (1207-1272).
MARIAGE
Le 16 mai 1191, à Limassol, Richard Cœur de Lion épouse Bérangère d’Aragon. Le couple n’aura pas d’héritiers.
RÉPARTITION DE L’HÉRITAGE ROYAL
DES FRICTIONS ET DES TENSIONS
Comme le veut la tradition, Henri II projette de céder à son fils aîné Henri Court-Mantel le trône d’Angleterre et le duché de Normandie, à son deuxième fils Richard (le préféré d’Aliénor), l’Aquitaine et l’Anjou, enfin à Geoffroy la Bretagne. Rien n’est envisagé pour le cadet de ses fils Jean. Ce dernier restera dans l’Histoire sous le nom de Jean Sans Terre. Mais la mésentente règne au sein des Plantagenêt. La mort prématurée de l’héritier, Henri Court-Mantel, décédé de maladie, oblige le roi à revoir les attributions de sa lignée. Henri envisage de transmettre les domaines de Richard à Jean, son fils préféré. Mais Richard, en total désaccord avec ce nouveau partage, ne veut pas se séparer de ses fiefs continentaux. Les disputes familiales vont s’éterniser entre les fils et leur père, jusqu’à la mort de ce dernier, le 6 juillet 1189, à Chinon.
LA LUTTE DANS LE CLAN PLANTAGENÊT
BROUILLE AVEC SON PÈRE
En 1169, Henri II conclut un mariage entre Adèle de France, (fille de Louis VII et Constance de Castille) et son fils Richard Cœur de Lion. Mais le souverain anglais ne tient pas sa promesse et en fait sa maîtresse dès que la jeune fille devient pubère. Ainsi, la promise du fils échoit dans les bras du père. Cette conduite va attiser les rancœurs et une forte opposition entre les deux hommes. L’Église rend alors le mariage avec Richard irréalisable ; il ne renoncera définitivement à cette union qu’en 1191.
AVEC LE ROI PHILIPPE
L’autorité du roi de France est directement menacée par les possessions continentales des Plantagenêt, Henri II et ses fils, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre. En effet, le roi d’Angleterre, qui est aussi comte d’Anjou, possède de surcroit la Normandie, le Vexin et la Bretagne. Fin diplomate, Philippe Auguste veut tirer profit des rivalités qui existent entre les fils du clan Plantagenêt. Il cherche alors à diviser son ennemi en se rapprochant de Richard, avec lequel il devient ami.
Henri II est inquiet : il a peur que cette rivalité entre ses fils ne conduise à la ruine de son royaume. Le 11 juin 1183, son fils Henri le Jeune meurt (de dysenterie) ; il reste seul sur le trône d’Angleterre.
Après une lutte de deux années faite d’escarmouches et de pillages, Henri II sera vaincu et forcé à la capitulation d’Azay-le-Rideau le 4 juillet 1189. Il décèdera à Chinon deux jours plus tard.
Il faut noter qu’en 1187, les deux monarques font une promesse au pape Alexandre III, celle d’aller en Terre Sainte délivrer Jérusalem. Cependant, Richard est conscient des risques qu’il encourt en effectuant un si long voyage en Orient. Il doit pour cela neutraliser son frère Jean sans Terre en lui cédant quelques comtés et en lui interdisant de remettre le pied sur le domaine de la « Grande île » avant trois ans. En 1190, après avoir réuni les fonds nécessaires à l’expédition, un « trésor », Richard est fin prêt, comme prévu, pour aller rejoindre son rival Capétien à Vézelay. Avant de partir, il remet la régence de son royaume à sa mère, Aliénor d’Aquitaine.
LA TROISIÈME CROISADE
(1189-1192)
CHRONOLOGIE
« La Croisade des rois »
« Dieu le veut ! »
Un long chemin vers la terre du Christ
Lire :
1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II
SOMMAIRE :
SITUATION
En 1187, Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193) est victorieux à la bataille d’Hattin (4 juillet 1187). L’armée du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, est détruite. Le sultan d’Égypte et de Syrie s’empare ainsi de la ville Sainte et de tout le royaume latin. Dès 1189, à l’annonce de la défaite des armées chrétiennes en Palestine, les souverains d’Occident se mettent en route pour l’Orient ; c’est le départ pour la Troisième Croisade, prêchée par le pape Grégoire VIII. Les plus puissants monarques d’Europe s’activent pour rejoindre Saint Jean d’Acre, une petite ville de Galilée sur la Méditerranée.
Le premier à répondre à l’appel du pape est l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, en mars 1188. Son implication dans la Croisade contraint les deux autres monarques d’Occident à lui emboîter le pas. En effet, ni le roi de France Philippe Auguste, ni celui d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, ne partagent la ferveur de l’Empereur germanique. Le 10 juin 1190, Barberousse se noie dans le fleuve Saleph (Göksu en Asie Mineure). La puissante armée germanique (l’on avance le chiffre de plus de 260 000 hommes) se disloque et se disperse dès l’annonce de la mort de son souverain. Beaucoup prennent le chemin du retour ; seuls quelques chevaliers participeront au siège d’Acre avec Frédéric de Souabe, le fils de l’infortuné Barberousse.
De leur côté, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion ont décidé de se rendre en Terre Sainte par la mer. Les deux « frères ennemis» n’ont cessé de se disputer durant toute la première partie du voyage. Dans un premier temps, le Capétien Philippe Auguste avait (en 1187-1189) soutenu Richard le Plantagenêt, alors que celui-ci était en rébellion contre son père Henri II. Mais dès son accession sur le trône d’Angleterre en 1189, Richard Cœur de Lion va dénier son alliance avec le roi de France, accordant ainsi un nouvel élan à la rivalité entre Capétiens et Plantagenêt. Les deux monarques embarquent dans deux ports différents : Philippe à Gênes, alors que Richard prend la mer à Marseille. Les deux souverains arrivent en Sicile. Philippe s’empresse de partir directement pour la Terre Sainte, et arrive à Saint Jean d’Acre le 20 avril 1191. Richard, quant à lui, décide de s’emparer de l’île de Chypre (1191). Ses exploits, ses coups d’éclats et son faste l’ont rendu célèbre. Tant de prestige exaspère encore plus son rival le Capétien, qui pourtant est militairement plus puissant que lui. Saint Jean d’Acre devient le lieu de favori de la querelle entre les deux souverains.
CHRONOLOGIE
1188
– Janvier : le roi de France Philippe II, Auguste et le roi Henri II d’Angleterre prennent la croix.
– février : Henri II Plantagenêt d’Angleterre lève la « dîme saladine » dans ses États pour financer la Croisade.
– Mars : l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, prend la croix.
LA « DÎME SALADINE » DES DEUX CÔTES DE LA MANCHE
EN FRANCE
C’est une fort désagréable nouvelle que le peuple du royaume de France découvre en ce mois de mars 1188. Philippe Auguste, afin de financer la Troisième Croisade, vient de lever un nouvel impôt, la « dîme saladine » ; une taxe écrasante pour les petites gens. Cette mesure fiscale instaurée par le monarque français va entraîner une série de protestations et de révoltes. Les plus virulentes seront conduites par le clergé. L’opposition de l’Église est instantanée et sans compromis. « La Croisades de Dieu » ne doit pas faire préjudice aux plus pauvres et aux plus démunis…
EN ANGLETERRE
De l’autre côté de la Manche, le modèle anglais est plus intransigeant. Henri II, puis son fils Richard Cœur de Lion en 1189, ne reculeront pas : la « dîme saladine » est instaurée envers et contre tout. Cet impôt deviendra même une pièce essentielle du système fiscal anglais. D’ailleurs, plus tard en 1194, les sommes récoltées seront utilisées pour financer le prix de la rançon pour la liberté de Richard, alors retenu prisonnier en Autriche par Léopold V de Babenberg. A son tour, en 1207, son frère Jean sans Terre transformera cet impôt en une « taxe royale ».
1189
– Mai : départ d’une première vague de Croisés pour l’Orient.
– 28 juin : l’armée croisée de l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, atteint l’Empire byzantin ; le basileus Isaac II Ange lui interdit le passage. Ce dernier fait alliance avec son ennemi Saladin, celui contre lequel la Croisade est conduite.
– Juin : reddition du Krak de Montréal. Après un an et demi de siège, Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193) s’empare de la forteresse.
– 6 juillet : mort du roi Henri II d’Angleterre.
– Août : Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf) libère Guy de Lusignan. Immédiatement, ce dernier engage la reconquête de la forteresse de Saint-Jean-d’Acre, aux mains des musulmans depuis l’année 1187. Le siège va durer deux ans. Le roi de Jérusalem est rejoint dans son combat par les forces chrétiennes, commandées par Henri de Champagne, Louis de Thuringe et par Léopold d’Autriche.
– 1er octobre : mort de Gérard de Ridefort, 10ème Grand Maître de l’Ordre du Temple (capturé puis exécuté devant Acre). Robert IV de Sablé lui succèdera deux ans plus tard.
1190
– 10 juin : En route pour rejoindre la croisade, l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, se noie dans le fleuve Saleph (Göksu en Asie Mineure).
– 4 juillet : Richard 1er Cœur de Lion et Philippe II, Auguste quittent Vézelay pour la Palestine.
– 27 juillet : arrivée d’Henri II de Champagne devant Saint-Jean-d’Acre.
– Octobre : mort de Sibylle, reine de Jérusalem.
– Hiver : Richard 1er Cœur de Lion et Philippe II, Auguste arrivent en Sicile ; ils n’ont cessé de se disputer.
– novembre : mariage entre Isabelle 1ère de Jérusalem et Conrad de Montferrat.
1191
– 27 mars : à Rome, mort du pape Clément III. Célestin III lui succède.
– Mars : Philippe II, Auguste embarque pour Saint-Jean-d’Acre. De son côté, Richard 1er Cœur de Lion décide de reprendre Chypre aux Byzantins. Une fois l’île conquise, il la vendra aux Templiers, puis à Guy de Lusignan. Ce dernier fondera l’année suivante le Royaume franc de Chypre.
– Avril : Philippe II, Auguste arrive à Saint-Jean-d’Acre.
– 3 Juillet : reddition de Saint-Jean-d’Acre. Victorieux, Philippe II, Auguste décide de rentrer en Occident. Il s’en retourne en France en laissant son armée à la disposition de la Croisade.
CONSÉQUENCES
L’éclat de cette victoire rejaillit presque en totalité sur Richard Cœur de Lion. Il semble que par son panache, par sa vaillance au combat, et parce qu’il représente dans tous les esprits le véritable roi chevalier, il ait conquis les cœurs de ses condisciples. Bien entendu, cette reconnaissance envers Richard ne facilite pas les rapports déjà tendus entre les deux hommes. Le Capétien, vexé, décide de retourner en France sur-le-champ bien décidé à continuer la lutte contre les Plantagenêt, et dans la foulée reconquérir ses domaines continentaux annexés par l’Angleterre ; ce qu’il fera…
UN DÉPART HÂTIF
Le 2 août 1191, Philippe s’embarque à Tyr pour s’en retourner en France. Son départ précipité surprend tout le monde : n’a-t-il pas vaincu l’ennemi à Acre avec son meilleur ennemi Richard ? Les véritables raisons de ce revirement son sujettes à discussions et suscitent des soupçons, d’autant que Jérusalem n’a toujours pas été reprise.
UNE FIÈVRE A PROPOS !
Une effroyable épidémie frappe les chevaliers en Terre Sainte. Les deux monarques sont infectés par une variante de la typhoïde ou peut-être du scorbut. Il n’en demeure pas moins que Philippe gardera des séquelles toute sa vie de cette terrible maladie. Pour l’heure, ses jours sont en danger. Pris d’une forte fièvre, il perd ses cheveux, ses ongles, des lambeaux de peaux sur les mains, et une énorme tache sur la cornée lui fait perdre un œil. Persuadé que l’heure de sa mort a sonné, il dépêche ses trois principaux barons, l’évêque de Beauvais, le duc de Bourgogne, Dreu de Mello et Dreu d’Amiens, au roi Richard pour lui annoncer sa décision de partir. L’abandon du roi suscite la honte parmi les seigneurs français, et Richard, lui, estime que c’est un déshonneur pour le roi de France. Mais bien qu’il réprouve l’acte du Capétien, le Plantagenêt n’en est pas moins satisfait ; n’est-il pas désormais le seul chef de la Croisade ? Et ce n’est pas pour lui déplaire, car il est maintenant libre des ses mouvements. En outre, le roi de France lui laisse une grande partie de son armée pour continuer la lutte contre les infidèles (10 000 chevaliers commandés par le duc de Bourgogne).
Mais un souci le mine particulièrement : Philippe ne va-t-il pas profiter de son éloignement pour reconquérir ses terres en Occident ?…
Richard Cœur de Lion, pour sa part, choisira de continuer la lutte en Orient en multipliant les succès contre Saladin (Arsuf en septembre 1191), mais il ne pourra pas reconquérir Jérusalem. Il ne prendra le chemin du retour qu’en 1192.
LA CAPTIVITÉ
DISCORDES CHEZ LES PLANTAGENÊT.
Le pouvoir de Richard est constamment remis en cause par son frère Jean, dit Jean sans Terre, qui veut usurper le trône d’Angleterre alors que lui-même guerroie en Terre Sainte. Pour ce faire, il s’est allié avec le roi de France, Philippe II Auguste, revenu de Palestine. Ce dernier cherche à agrandir son domaine royal aux dépens des territoires continentaux appartenant à la couronne d’Angleterre.
RICHARD PRISONNIER
Durant son retour de Terre Sainte, à l’automne 1192, Richard Cœur de Lion doit faire une halte à Vienne. C’est à Erdberg (Vienne), lors de cet arrêt, qu’il est capturé par le duc Léopold V de Babenberg.
Après avoir été retenu prisonnier à Dürnstein, en Autriche, il est livré à l’Empereur Henri VI du Saint Empire. Ce dernier exigera une rançon colossale de 150 000 marks d’argent, ce qui équivaut à deux années de recettes du Royaume d’Angleterre.
1193
– Philippe veut profiter de la captivité de Richard pour s’entendre avec son frère cadet Jean sans Terre. Celui-ci, qui s’est emparé du royaume anglo-normand durant l’absence de Richard, espère récupérer la couronne anglaise avec l’aide du Capétien et lui prête allégeance.
– Avril : Philippe se fait livrer le château de Gisors par le sénéchal Gilbert de Vascœuil.
1194
– Janvier : le Capétien se lance à l’assaut des possessions des Plantagenêt en Normandie. Il s’empare du Vexin normand, d’Évreux, puis de Neubourg, Vaudreuil et de nombreux châteaux, sans réussir à prendre Rouen.
– 4 février : Richard Cœur de Lion est libéré.
– 20 mars : il est de retour sur le sol anglais. Après avoir confié la régence du royaume à l’archevêque de Cantorbéry, Hubert Walter, il rembarque spontanément pour reprendre le combat contre le Capétien. La lutte se terminera avec sa mort en 1199.
– 17 avril : il se fait sacrer une seconde fois roi d’Angleterre à Winchester.
– 10 mai : Philippe met le siège devant Verneuil.
– 14 juin : Richard reprend Loches, après un siège de huit jours.
– 5 juillet : Philippe Auguste est battu par Richard à la bataille de Fréteval (Loir et Cher).
– 23 juillet : une trêve est signée entre les deux adversaires ; aucun des deux camps ne la respectera.
1195
– 14 janvier : signature du Traité de Gaillon. Il représente, à la requête du monarque anglais, un nouvel arrêt des hostilités entre les deux partis. Richard, après avoir déposé les armes, prête allégeance au roi de France pour le duché de Normandie et pour les comtés de Poitou et d’Anjou ; sur l’heure, chacun des deux rois fait serment d’observer la paix. Richard cède Gisors et le Vexin normand à Philippe, qui conserve sa suzeraineté sur l’Auvergne mais abandonne ses prétentions sur le Berry.
1197
Début de la construction de Château-Gaillard.
1198
– Fin de la construction de Château-Gaillard.
– 27 septembre : Richard s’empare des châteaux de Courcelles puis de Boury dans la même journée. Accouru de Mantes au secours des deux places fortes, Philippe est battu à nouveau près de Gisors.
1199
– 8 janvier : à Rome, mort du pape Célestin III. Innocent III lui succède.
Innocent III, qui envisage une quatrième Croisade, insiste pour que les deux puissants monarques cessent les combats et négocient une trêve.
– Le 13 janvier : entre Les Andelys et Vernon, une paix pour cinq ans est signée.
SA MORT
– Le 26 mars : alors qu’il assiège le donjon du château de Châlus-Chabrol (Limousin), Richard est mortellement blessé par un arbalétrier. Il meurt le 6 avril des suites de ses blessures, au sommet de sa gloire ; il a 41 ans.
L’Histoire a retenu le nom de Pierre Basile ; c’est lui qui, du haut des remparts du château de Châlus, a tiré le carreau d’arbalète sur le Plantagenêt. Il ne pouvait pas savoir que son acte allait changer le cours des événements en Europe. La disparition de Richard permet ainsi à Philippe Auguste de se débarrasser d’un rival gênant. Elle lui permet d’assoir sa domination sur le royaume de France, et de lui donner la plupart de ses frontières actuelles.
Lire : Mercenaires, routiers et écorcheurs au Moyen Âge.
Lorsqu’à la fin du 12ème siècle Richard Cœur de Lion combat le roi de France Philippe Auguste, il compte parmi ses gens un impétueux mercenaire, le catalan Mercadier. Le roi d’Angleterre l’a recruté pour sa parfaite connaissance du métier des armes. Ce vaillant routier est entièrement dévoué à son maître et l’accompagne dans tous ses combats. Il le suit notamment lors de la Troisième Croisade (1189-1192). En récompense pour ses bons et loyaux services, Richard lui octroie les terres et le château de Beynac, en Périgord. En 1199, lorsque le roi d’Angleterre est blessé mortellement lors du siège du château Châlus-Chabrol, en Limousin, c’est Mercadier qui mène l’assaut final et qui s’empare de la citadelle. Alors que le roi agonisant accorde sa grâce à l’arbalétrier qui a tiré la flèche assassine, Mercadier, fou de douleur et de tristesse, fait subir les pires atrocités au meurtrier de son protecteur. Le malheureux sera écorché vif, dépecé, pendu et livré aux corbeaux.
Sa dépouille repose près de Saumur, dans l’abbaye de Fontevraud. Son cœur, embaumé, se trouve dans un reliquaire en la cathédrale de Rouen et ses entrailles dans l’église (aujourd’hui en ruine) du château de Châlus-Chabrol, lieu de sa mort.