Comment s’emparer d’un château fort
MOYEN ÂGE
COMMENT S’EMPARER
D’UN CHÂTEAU FORT
Lire:
La Croisade des Albigeois
Répertoire des Témoins du passé
INTRODdUCTION
En ces temps reculés, les seigneurs possèdent des fiefs immenses et presque toutes les terres. Sur ces nombreuses dépendances vivent des hommes qui travaillent la terre, la cultivent, et construisent des villages tout autour du château, symbole de la puissance du maître des lieux.
D’abord érigés sur des mottes castrales, ces ouvrages vont devenir, avec les siècles, de véritables bastions fortifiés. Ces citadelles, construites la plupart du temps sur des hauteurs (donc plus faciles à défendre), vont se révéler quasi inexpugnables.
Pour se rendre maîtres des domaines voisins, les seigneurs féodaux doivent impérativement s’emparer des puissants châteaux forts qui les protègent. Il devient alors vital pour l’assaillant de changer de stratégie. Toute attaque frontale s’avère inutile, l’ouvrage de pierre est trop bien défendu. Si le combattant médiéval veut s’emparer du château, il va lui falloir s’armer de patience et mettre en place un siège qui peut s’avérer long et difficile. C’est ainsi qu’en mars 1204, Philippe Auguste ne pourra conquérir la Normandie qu’après avoir pris la citadelle de Château Gaillard.
Alors comment faire tomber une puissante forteresse qui culmine sur un rocher ?
Comment parvenir au donjon inexpugnable et inaccessible qui se dresse au milieu de douves profondes ?
Le siège d’une citadelle demande toute une technique, qui ne peut dépendre du seul fait du hasard.
Il est certain que l’assiégé, qui se protège à l’abri d’épaisses murailles, est avantagé. Il conservera cette protection jusqu’au début du XVème siècle, date de l’apparition du canon, qui marquera une véritable révolution dans l’art de la guerre de siège.
En ces temps reculés, nous l’avons compris, il n’est donc pas facile de s’emparer d’un château fort. Lui donner l’assaut relève d’une entreprise longue et coûteuse en vie humaines, et la force armée seule ne suffit pas.
Pour réaliser leur objectif, les assaillants utilisent différents moyens et façonnent eux-mêmes les outils adéquats pour accomplir leur mission.
La façon la plus efficace pour se rendre maître de l’ouvrage fortifié est le siège. Les attaquants cernent le château afin d’empêcher tout ravitaillement de la place forte. De la sorte, les assiégeants n’ont plus qu’à attendre que les occupants du château capitulent, faute de vivres et d’eau.
Si les assiégés ne se rendent pas de leur plein gré, ou si le siège doit s’avérer court, les assaillants, alors, donneront l’assaut de la citadelle.
LES DIFFÉRENTES MÉTHODES
Après quelques escarmouches dans la campagne environnante, les gens en armes battus se réfugient rapidement à l’abri derrière les remparts de la forteresse, talonnés par leurs poursuivants. Commence alors un tout autre combat !
Si les attaquants ont été rapides, ils ont pu pénétrer dans le château avant que le pont levis ne soit abaissé. L’effet de surprise, accentué par la rapidité des soldats, a joué en faveur des assaillants. Et on peut être presque sûr que la citadelle tombera.
Si les portes de la citadelle sont déjà fermées, et que les pont-levis ont tous été remontés, les assaillants deviennent alors assiégeants. Tout est une question de rapidité. Si tout va très vite, aucun des deux camps n’a le temps de s’organiser. La forteresse a assez de provisions et de munitions pour résister un long moment sur une durée indéterminée.
Des deux côtés, on utilise alors les moyens du bord.
FRANCHIR LES MURS
Les assaillants, pour pénétrer dans la forteresse, construisent un bélier avec un tronc d’arbre abattu aux alentours, dans les forêts avoisinantes.
Ils entreprennent d’ébranler les portes massives en bois du château et ses remparts. Pendant ce temps, les plus téméraires donnent l’assaut aux hautes murailles en utilisant de longues échelles (pratique de l’échalade).
TRAITRISE & CHEVAL DE TROIE
Si l’assaillant est plus puissant, il peut s’emparer de la citadelle. Si c’est le défenseur qui est le plus fort, il peut réussir ses sorties, obtenir de l’aide et vaincre son ennemi.
Si les belligérants sont de forces égales, le château bien approvisionné, et l’assaillant suffisamment puissant et riche, un long siège se met alors en place. Assiégeants et assiégés sont face-à-face et s’affrontent. Les uns s’installent aux pieds des remparts, du haut desquels les autres les moquent, en leur proférant divers noms d’oiseaux.
Pour accélérer la prise de la forteresse, on fait appel aux services d’un traitre. Un complice, acheté avec de l’or et bien souvent avec des promesses, se faufile à la faveur de la nuit et ouvre les portes.
On utilise aussi la ruse. A la suite d’une minutieuse et longue observation, il est possible de trouver le talon d’Achille des défenses, et bien souvent la solution est insolite.
Lors de la prise de Château-Gaillard, les soldats de Philippe Auguste ont découvert le point faible de la citadelle. Ils se sont introduits dans l’enceinte fortifiée par l’échauguette des latrines.
Sinon, il faudra aux assiégeants être très patients et attendre que la faim fasse son œuvre en affaiblissant les forces des occupants. Alors, la forteresse est isolée, on se retranche soi-même afin de se prémunir des renforts éventuels qui pourraient venir au secours des assiégés. Cette méthode exige d’importants moyens, matériels et financiers.
L’ARTILLERIE MEDIEVALE CONTRE POIX ET HUILE BOUILLANTE
La citadelle est cernée par la cavalerie qui se rend maîtresse de toutes les issues, routes et chemins.
Puis les machines de siège entrent en action, comme les pierrières, mangonneaux, catapultes et trébuchets.
une poutre verticale. Une des extrémités est chargée d’un bloc de pierre ou d’un boulet, et sur l’autre, plus courte, l’on a fixé un système de câbles. Les servants actionnent l’engin en tirant un coup sec sur les cordes pour propulser le projectile.
L’ennemi subit alors un déluge intensif de pierres et de tonnelets bourrés de matières incendiaires. Ce feu roulant doit démanteler les défenses et les remparts, et détruire les machines de guerre pour préparer l’attaque qui va suivre…
Avec le temps, la machine va subir des transformations et se perfectionner grâce à l’intervention de véritables ingénieurs. Elle change de nom et devient mangonneau. Un détail qui fait toute la différence, car la force motrice fournie par l’homme est remplacée par un contrepoids qui se substitue à la traction humaine.
On jette des passerelles sur les fossés, on essaie d’assécher les douves, ou, faute de temps, on les comble avec des branchages, de la terre et des fagots de bois.
Parfois, l’on a recours à des sapeurs pour creuser des tunnels sous les remparts. Des ingénieurs venus d’Orient excavent à grands frais des galeries, où l’on met le feu dans l’espoir d’obtenir un écroulement des murs et créer une brèche.
Enfin, la machine prend le nom de trébuchet lorsque la présence de l’homme n’est plus demandée. Des projectiles de cent kilos peuvent alors être envoyés à plus de deux cents mètres avec une précision millimétrée. L’engin se révèle très efficace contre les murailles et devient la hantise des villes assiégées. Il ne sera supplanté qu’avec l’avènement de l’artillerie.
On approche des tours de siège (ou beffrois) pour accéder au chemin de ronde, et combattre les défenseurs du château. Pendant ce temps, les assiégés s’attèlent à renforcer les fortifications qui ont été endommagées lors du pilonnage. Les menuisiers érigent des barricades de protection pour les archers et les machines de guerre. Les forgerons confectionnent des pointes de flèches pour les arcs et les arbalètes. Les femmes et les enfants font fondre des tonneaux de poix et bouillir d’énormes quantités d’huile, qui seront déversés sur les assiégeants.
Se nourrir, ou mourir ?
Il était construit en bois, et recouvert de peau. Il assurait aux combattants placés dans la tour l’approche au plus près des murailles. Il était généralement composé de plusieurs paliers (ce qui permettait de transporter un plus grand nombre de soldats). Son sommet était équipé de façades mobiles, qui servaient de protection pendant le déplacement et qui, une fois baissées, permettaient aux attaquants d’être sur le même niveau du rempart (chemin de ronde) que les assiégés.
Si après tous ces moyens mis en œuvre, le château résiste encore, l’assaillant ne pourra qu’espérer que le manque de nourriture et d’eau, réduira tôt ou tard l’adversaire à capituler.
Mais c’est la méthode la plus coûteuse, car l’assiégeant devra payer de nombreux routiers pour continuer le siège.
Mais l’arme la plus redoutable est certainement l’arme psychologique ; elle est souvent décisive…
Enfermés depuis de longs mois en rationnant leurs vivres, les assiégés combattent au milieu de leurs cadavres. Décimés par les épidémies, ils vivent sous le bombardement permanent des projectiles qui viennent se fracasser sur les murailles du château, et la crainte omniprésente d’attaques surprises. Dans la plupart des cas, ils préfèrent capituler et s’en remettre à la mansuétude des vainqueurs.
UN AVANT GOÛT DE LA GUERRE BACTÉRIOLOGIQUE
Le grain de sable ! En 1210, les défenseurs du château de Thermes sont sur le point de capituler car ils n’ont plus d’eau potable, leur citerne est vide. Mais soudain, la pluie survient. Remontés, les assiégés continuent le combat. Ils seront finalement vaincus pour avoir oublié de nettoyer la cuve et bu l’eau souillée par des cadavres de rats.
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas.
https://fr.vikidia.org/wiki/Attaque_d%27un_ch%C3%A2teau_fort
Lire : La Croisade des Albigeois
1 réponse
[…] Comment s’emparer d’un château fort […]