Les Témoins du Passé – La Chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction

LES TÉMOINS DU PASSÉ

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LA CHARTREUSE
NOTRE-DAME-DU-VAL-DE-BENEDICTION
DE
VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON

Panorama la Chartreuse du Val de Bénédiction

Villeneuve-lez-Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Gard

Blason du Gard

Blason du Gard

ORDRE : cartusien (Ordre des Chartreux).

L’Ordre des Chartreux (appelé aussi Ordre Cartusien est un

Emblème de l'Ordre des Chartreux

Emblème de l’Ordre des Chartreux

Ordre religieux contemplatif à vœux solennels. Fondé en 1084 par Saint Bruno et six de ses compagnons (quatre clercs et deux laïcs), il s’appuie sur une vie semi-érémitique (ermite, ou anachorète) de ses adeptes. Son nom est issu du massif de la Chartreuse, situé au nord de Grenoble, sur la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse dans l’Isère, où ils se sont installés à proximité de l’actuel monastère de la Grande Chartreuse.

ABBAYE MÈRE : la Grande Chartreuse.

Le monastère de la Grande Chartreuse est l’édifice originel et la maison mère des moines anachorètes de l’Ordre des Chartreux. Il se trouve sur la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse, dans l’Isère, au pied du Grand Som, le 4ème plus haut sommet du massif de la Chartreuse.

Anachorète : « qui s’est retiré du monde ». C’est une personne qui s’est volontairement soustraite de la société temporelle pour des raisons religieuses, afin de suivre une vie basée sur l’austérité, la rigueur et la pénitence. Les anachorètes sont des ermites qui vouent leur existence à la spiritualité, à la prière et à l’Eucharistie.

FONDATEUR : Étienne Aubert (1282-1362), futur pape de l’Église catholique d’Avignon de 1352 à 1362, sous le nom d’Innocent VI.

PÉRIODE DE CONSTRUCTION : 14ème, 15ème, 17ème, 18ème siècles.

STYLE : plan et style cartusien.

PROTECTION : le site est classé sur la liste des Monuments Historiques en 1862.

Éléments protégés :
– Les vestiges de la chapelle d’Innocent VI et les fresques : classement sur la liste de 1862.
– La Porte Monumentale, la Fontaine Saint-Jean-Baptiste, la Tour de l’Horloge et le beffroi : classement par arrêté du 5 juillet 1905.
– Le Petit cloître avec le préau, les galeries, la salle capitulaire, la cour du puits, les cellules et diverses dépendances : classement par arrêté du 22 janvier 1910.
– La partie de l’ex-chapelle de l’Horloge : classement par arrêté du 14 octobre 1911.
– La terrasse de la demeure de l’avenue des Mûriers, d’une surface d’environ 19 mètres de long sur 11,30 mètres de large, jouxtant ladite demeure sur la place de l’église, ainsi que le passage voûté au rez-de-chaussée la raccordant au cloître Saint-Jean : classement par arrêté du 5 mai 1928.
– L’allée des Mûriers et ses alentours, le Cloître du cimetière, le Cloître Saint-Jean, et l’ancienne grange (cour hors cloître) : inscription par arrêté du 19 septembre 1936.
– L’hôtellerie et la boulangerie : inscription par arrêté du 2 mars 1937.
– Les façades et les toitures de la partie de la maison du Prieur : classement par arrêté du 18 décembre 1939.

SITUATION
La chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction est un édifice religieux (ancienne chartreuse) datant du Moyen Âge, situé à Villeneuve-lès-Avignon, dans le département du Gard en région Occitanie.

HISTORIQUE

Innocent VI, de son nom de baptême Étienne Aubert, naît en 1282 à Beyssac, en Limousin ; il meurt le 12 septembre 1362 à Avignon.

Après avoir fait des études de droit canonique à Toulouse, il deviendra avocat, puis Juge-Mage, pour se tourner vers une carrière plus religieuse.

Gisant d'Innocent VI - La Chaise Dieu

Gisant d’Innocent VI – La Chaise Dieu

Étienne Aubert est successivement archidiacre de Cambrai, de Brabant et de Souvigny (en Basse-Auvergne), archiprêtre de Laurac (dans le Lauragais), et prieur de Rouvignac (en Languedoc).

En 1323, Étienne est nommé prieur du prieuré de Romette.

Le 23 janvier 1338, il est promu à l’évêché de Noyon.

En 1340, il est appelé au siège de l’évêché de Clermont d’Auvergne, et devient cardinal le 29 septembre 1342. Le futur pape Innocent VI est aussi conseiller du roi Philippe VI de France.

Il devient le 199ème pape de l’Église catholique à Avignon de 1352 à 1362, succédant au pape

Mausolée d'Innocent VI

Mausolée d’Innocent VI

Clément VI (1342-1352).

Cet homme, estimable et simple, considère que la mission des évêques est de « s’élever sur la montagne de la contemplation » après s’être exercé « sur le terrain de l’action ».

Il est inhumé à la Chartreuse du Val de Bénédiction, à Villeneuve-lès-Avignon.

Après une carrière de juriste et de conseiller du roi de France Philippe VI, Étienne Aubert est nommé évêque de Noyon, puis de Clermont, et enfin cardinal le 29 septembre 1342. Dès cette nomination, alors qu’il n’est pas encore devenu le pape Innocent VI, il acquiert sur la rive droite du Rhône à Villeneuve-lès-Avignon une aire à battre les céréales, sise sur un petit promontoire qui était la propriété de l’abbaye Saint-André. C’est en ce lieu qu’il se fera construire sa résidence de cardinal.
À la mort de Clément VI (6 décembre 1352), Étienne Aubert est élu pape le 18 décembre 1352, sous le nom d’Innocent VI. Dès son élection, il achète plusieurs parcelles attenantes à l’est de son palais d’Avignon. Il fait ériger le « Grand Tinel » (salle de réception), ainsi que la chapelle Saint-Jean-Baptiste, toutes deux décorées par l’artiste Matteo Giovannetti.
Le nouveau pape, natif du village des Monts, sur la commune de Beyssac (où se trouvait la chartreuse de Glandier), était très attaché à cet ordre religieux. En outre, le renoncement de Jean Birelle à la fonction papale en sa faveur ne pouvait qu’encourager Etienne Aubert à fonder une nouvelle chartreuse.

Jean Birelle est un moine chartreux français. Il fut ministre général de l’Ordre des Chartreux de 1346 à sa mort, le 6 janvier 1361. Il eut au cours de son existence une grande réputation de religieux contemplatif. Lors de l’élection papale de 1352, Jean Birelle est pressenti et proposé par l’assemblée des cardinaux pour devenir le futur Saint-Père. Mais dans sa grande humilité, il déclinera l’offre, favorisant ainsi l’élection d’Etienne Aubert qui devient le 199ème pape sous le nom d’Innocent VI.

Le 26 janvier 1353, il fait mander en Avignon deux membres de la Grande Chartreuse, certainement pour un projet de construction d’une maison outre-Rhône (Villeneuve-lès-Avignon).
De décembre 1352 à septembre 1356, Innocent VI acquiert par l’entremise de son neveu le cardinal Ardouin (ou Ardoin) Aubert, des terres situées à l’est de sa résidence à Villeneuve (résidence qu’il avait fait construire alors qu’il était cardinal).
Le 2 juin 1356, une bulle papale annonce la fondation d’une chartreuse contre les murs de son palais à Villeneuve-lès-Avignon, avec l’installation d’une communauté religieuse d’une quarantaine de membres.
Plusieurs années seront nécessaires pour bâtir le grand cloître (appelé cloître du cimetière) et ses 13 cellules de moines, le petit cloître dit du colloque, et la salle capitulaire. Le gros œuvre terminé, le pape confirme la fondation de la chartreuse, et y installe une communauté de 12 prêtres, un prieur, 14 convers et 9 domestiques.

Les frères convers : ils représentaient ceux qui étaient chargés des travaux manuels. Les Convers n’étaient pas admis au chapitre et n’intervenaient pas lors des décisions importantes. D’où l’expression « n’avoir pas droit au chapitre ».

Le 19 août 1358, l’église et le cloître sont consacrés par le cardinal Guy de Boulogne, en présence du Saint-Père, de 12 cardinaux ainsi qu’une quantité de prélats et chapelains (suivis par uneEglise (27) multitude de barons et de nobles). Le pape demande à être enterré dans le monastère qu’il vient de fonder.
Le 29 octobre 1360, Innocent VI confie au prieur Pierre de la Porte le soin de bâtir une chapelle pour y recevoir sa sépulture. Celle-ci, vouée à la Sainte Trinité, est dressée au sud de l’église.

Innocent VI rend son âme à Dieu le 12 septembre 1362. En 1365, son palais brûle.

Son neveu, le cardinal Étienne Aubert, fait aménager en cellules les bâtiments qui avaient été construits par son oncle, le défunt pape, et qui n’avaient pas encore été incorporés à la chartreuse.

A la mort de ce dernier, le cardinal Pierre de Monteruc (ou de Montirac), un autre neveu du pape, finira les travaux en construisant le Cloître Saint Jean qui sera bâti à l’ouest du Grand Cloître et contiendra 12 nouvelles cellules. L’église aussi est agrandie, et en 1385, Pierre de Monteruc y sera inhumé.

LA CHARTREUSE PREND SON ESSOR

Grâce aux dons de la famille Aubert, la communauté de la chartreuse s’enrichit. D’autres grandes familles locales font également des legs en terres et bâtiments à la chartreuse. Dès les premières décennies, elle perçoit de vastes domaines et territoires productifs et lucratifs. Son patrimoine ne cesse de s’accroitre et, au 16ème siècle, elle acquiert les étangs asséchés de Pujaut.

De 1611 à 1712, les Chartreux procèdent au renforcement des travaux d’assèchement. Ils peuvent ainsi cultiver la moitié de l’étang asséché ; ils produisent du blé, de l’orge, de l’avoine, du raisin et des feuilles de mûrier pour l’élevage du vers à soie.

Les confortables rentrées d’argent permettent aux Chartreux d’embellir leur monastère et de partager régulièrement de la nourriture avec les pauvres.

En 1633, la chartreuse de Villeneuve fonde la chartreuse de Marseille.

En 1649, un portail monumental est réalisé par l’architecte François de Royers de la Valfenière.

En 1660, Louis XIV, accompagné d’une nombreuse suite (dont le cardinal Mazarin), franchit le portail lorsqu’il se rend en visite à la Chartreuse.

Le 3 novembre 1691, les Chartreux commandent au menuisier-sculpteur avignonnais Charles Boisselin 38 stalles pour le chœur de l’église.

SOUS LA RÉVOLUTION

La loi de février 1790 abolit tous les ordres monastiques. La chartreuse est alors confisquée, puis mise en vente comme bien national.

Le 17 mars 1793, le monastère est adjugé une première fois pour 103 000 francs à André Dufour de Pujaut, mais ce dernier ne peut récolter les fonds nécessaires à son acquisition.

Le 20 juillet 1794, la chartreuse est vendue et divisée en 17 lots. Les dépendances sont désormais transformées en logements ou utilisées comme bâtiments de fermes agricoles ou d’élevage. Il se créée ainsi une forme de ville intérieure de Villeneuve-lès-Avignon.

Les lots ne vont cesser de se fractionner en une multitude de parcelles. A la fin du 19ème siècle on dénombre, sur le domaine de quinze hectares, 286 parcelles dont plus de la moitié à l’intérieur de l’ancienne clôture.

La Clôture est le périmètre d’un monastère interdit aux laïcs où les religieux cohabitent renfermés.

En 1909, l’architecte Jules Formigé, choisi par les monuments historiques afin d’effectuer un relevé des bâtiments, débute les premiers travaux. L’État mettra plus de quatre-vingts ans pour acquérir les différentes parcelles les unes après les autres.

En 1793, la chartreuse se transforme en un centre culturel avec la création du Centre international de recherche de création et d’animation (CIRCA).

Dès 1974, chaque été, les « Rencontres internationales d’été » permettent d’organiser des spectacles d’artistes de différents pays.

En 1990, le Centre national des écritures du spectacle (CNES) est créé avec la double mission de la présentation du monument et de l’accueil d’artistes.

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

PLAN DE LA CHARTREUSE

Plan

Légende :
1. Pavillon d’entrée
2. Cour des femmes
3. Entrée de la clôture, portail monumental
4. Allée des mûriers
5. Quartier des officiers (coadjuteur, procureur)
6. Accueil
7. Librairie
8. Place de l’église
9. Église Sainte-Marie, chœur des pères, avec abside effondrée
10. Chapelle de la Trinité, avec tombeau d’Innocent VI
11. Chapelle Saint-Bruno
12. Église Sainte-Marie, chœur des frères
13. Petit cloître
14. Chapitre
15. Logis du sacristain et rasure
16. Cellule d’un chartreux reconstituée et visitable
17. Grand cloître, ou cloître des morts
18. Bugade et prisons
19. Jardin des senteurs
20. Chapelle des morts
21. Chapelle des fresques, ou de Saint Jean-Baptiste
22. Grand tinel, salle de spectacle
23. Boulangerie
24. Hospice
25. Café, salon de thé
26. Cloître et fontaine Saint-Jean, emplacement de la cour du palais d’Étienne Aubert
27. Quartier et jardins des concerts.

Eglise (22)

EXTÉRIEURS

ENTRÉE

Façade d'entrée (2)

Le pavillon d’entrée précède la cour des femmes. Il a été retouché au 18ème siècle avec réemploi des blasons d’Étienne Aubert et Pierre de Monteruc, et celui de l’Ordre des Cartusiens. Ces armoiries ont été vandalisées pendant la période révolutionnaire.

LA COUR DES FEMMES
Cette cour, ou cour des communs, assurait la séparation entre le monastère (monde spirituel) et l’extérieur (monde temporel). Dans le fond, sur la gauche, se trouve la rue de l’Amelier, qui permettait l’accès pour les livraisons de bois et de marchandises diverses. Au fond à droite, une allée donnait accès aux greniers. Elle débouche sur la porte de clôture ; une œuvre de François Royers de la Valfenière et du sculpteur Barthélemy Grangier.

Cette porte monumentale a été réalisée entre 1648 à 1649. Le pot de fleurs et de fruits placé sur son sommet est décoré de feuilles d’acanthe et de grenades ; il a été enlevé lors des restaurations effectuées entre 1990 et 1991. Aujourd’hui, une copie réalisée par l’Atelier Jean-Loup Bouvier a remplacé l’original ; elle est exposée dans le petit cloître.

L’ALLÉE DES MÛRIERS
Cette voie nous emmène à l’ancien logis du prieur ; c’est aujourd’hui l’accueil des visiteurs et la billetterie. L’allée des mûriers borde le quartier des convers, composé de plusieurs pièces construites de la fin du 16ème au début du 17ème siècle. Pour édifier ces bâtisses, on fut obligé d’ériger une salle gigantesque appelée « cave des vingt-cinq toises ». Sur le toit de celle-ci, on construisit les logements des convers de manière à ce qu’ils soient sur un même niveau que les autres bâtiments.

INTÉRIEURS

L’ÉGLISE MONACALE

Érigée par le pape Innocent VI, elle prit d’abord le nom de Saint-Jean-Baptiste, puis celui de Sainte-Marie. A son origine (1353-1356), elle était composée d’une seule nef et de trois travées ; il faut dire que la communauté comportait 12 pères et les frères.

Les doubleaux et les nervures reposent sur des culots sculptés.

Le bâtiment sera agrandi entre 1360 et 1361 pour recevoir la sépulture d’Innocent VI.

Une nouvelle abside pentagonale ainsi qu’une travée de nef seront construites au sud de l’église. Entre 1363 et 1365, une deuxième et troisième travée de nef seront réalisées.

En 1372, à l’ouest des deux premières nefs, une troisième travée de nef sera édifiée au chœur des convers.
Au 19ème siècle l’abside de l’église s’est effondrée.

Aujourd’hui, cet ensemble offre à la vue des visiteurs un exemple typique du savoir-faire des maîtres tailleurs de pierre avignonnais du 14ème siècle. On peut observer sur certaines de ces pierres des marques et des signes divers gravés par les maçons (des marques de tâcherons).

Marques des tâcherons : Sur de nombreuses pierres taillées, l’on peut découvrir des signes et des initiales gravées. Ces marques incrustées nous rappellent que les moines étaient secondés dans la construction de l’édifice par des ouvriers, des tailleurs de pierre qui marquaient les blocs pour pouvoir se faire payer à la pièce.

En terme d’architecture, le culot désigne un motif décoratif constitué d’arabesques et de feuillages. Il est utilisé dans les frises, les bas-reliefs, et aussi dans d’autres ornements tels les rosaces, les entrelacs…

LE JARDIN LAPIDAIRE

LE PETIT CLOÎTRE
Il a été construit durant la première période de la fondation de la chartreuse. La galerie méridionale est appelée « galerie du colloque » : les dimanches et les jours fériés, les frères pouvaient y rompre le silence pendant un laps de temps très court. Bien que d’apparence ce cloître affiche un style sobre, il demeure cependant le plus luxueux de la chartreuse. Cet espace permettait d’accéder à tous les lieux cénobitiques : réfectoire, chapitre, église. C’est le cœur du monastère.

Un cénobite est moine vivant en communauté selon les règles du cénobitisme : c’est-à-dire qu’il pratique une vie monastique en communauté, propre aux cénobites. Alors que, par opposition, les ermites et les anachorètes vivent seuls une existence vouée à la prière et à la contemplation.

LA SALLE CAPITULAIRE OU SALLE DU CHAPITRE

C’est la salle où se réunit chaque jour la communauté religieuse du monastère.

On y accède par la galerie est du petit cloître. C’est une salle voûtée d’ogives. Elle était le lieu de réunion, de confession et de lecture de la règle de l’Ordre. A l’origine ce lieu était assez sobre et dépouillé. Il connaîtra à l’âge classique les mêmes transformations que l’église et sera orné de somptueux tableaux. Ces œuvres sont, pour la plupart, conservées au musée Pierre-de-Luxembourg de Villeneuve les Avignon.

On distingue aussi dans cette salle un culot sculpté représentant un moine, et un bouc, l’animal étant un symbole du diable.

LES CELLULES
Placée juste à côté de l’entrée de chaque cellule, une petite porte en bois faisait usage de passe-plat. Cet orifice maçonné dans le mur de façon oblique permettait aux frères de ne pas se voir et de ne pas être tentés de se parler.

LA CELLULE DU PÈRE CHARTREUX

Chaque cellule comprend trois pièces. On y entre par « l’Ave Maria », espace doté d’une cheminée et d’un oratoire, qui est attenant à une chambre (le cubiculum) consacrée aux travaux manuels. Par le passe-plat situé à droite de la porte, le père reçoit sa nourriture ainsi que les documents dont il a besoin pour son travail.

Pour terminer, un balcon couvert et un jardin parachèvent ce lieu de vie du père chartreux.

LE GRAND CLOÎTRE OU « CLOÎTRE DES MORTS »
En son centre, on découvre une grande surface verte. Cette zone servait, dans sa partie sud, de cimetière où les moines étaient inhumés à même la terre. C’est pour cette raison que « la chapelle des morts » a été construite en bordure de ces tombes. Dans les trois galeries qui entourent le grand cloître, on trouve les douze cellules d’origine de la première fondation de la chartreuse. Vraisemblablement construites en bois à leur début, elles ont été restaurées en 1610.

Aujourd’hui, ces cellules abritent divers invités (acteurs, metteurs en scène) du Centre national des écritures et du spectacle. Une seule, dite « cellule témoin », a été réaménagée et ouverte à la visite.

LA CELLULE DU SACRISTAIN
Le puits de la cour est le premier point d’eau de la fondation. Le père sacristain assure la ponctualité des sonneries de la vie quotidienne, et prend soin des objets du culte.

LA BUGADE ET LA PRISON
La bugade, c’est la buanderie. C’est l’endroit où l’on lavait le linge. Cet espace a été réaménagé au 17ème siècle.

La bugade débouche directement sur la prison qui comporte douze cellules, trois au rez-de-chaussée et quatre à l’étage. Chaque cellule, d’une surface de 12 m2 environ, est dotée d’une cheminée. Ce lieu de rétention servait aux pères qui demandaient à y être incarcérés soit par pénitence, soit par mortification. La prison servait, à la demande de l’évêque, pour y enfermer certains membres du clergé séculier qui avait commis des fautes et des délits.

On remarque dans les murs de chaque cellule une lucarne, bâtie de manière oblique et dirigée vers un autel dans la chapelle à l’étage. Cette particularité permettait au prisonnier de suivre l’office sans parler, et préserver le silence.

LA CHAPELLE DES FRESQUES
Cette chapelle, et le grand tinel (refectoire) avec lequel elle est reliée, datent de la construction du palais que s’était fait ériger Étienne Aubert après avoir été élu pape.

Il reste aujourd’hui de la chapelle une abside à cinq pans dont les murs sont couverts de belles fresque exécutées par Matteo Giovanetti, peintre favori des papes Clément V et Innocent VI.

On retrouve des fresques identiques sur les murs du tinel, converti en réfectoire lors de son rattachement à la Chartreuse (actuellement utilisé comme salle de spectacle). Ces peintures ont presque toutes disparu ; quelques traces apparaissent encore sur les embrasures de quelques fenêtres. Les seules fresques visibles de nos jours se trouvent donc dans la chapelle.

La voûte de la chapelle comportait dans chacune de ses alvéoles deux anges se faisant face, debout sur des nuages sur fond bleu. Il n’en subsiste que de faibles fragments. Les assises de chaque pan sont ornées de panneaux imitant le marbre.

LE CLOÎTRE SAINT-JEAN

Le cloître Saint-Jean (16)

Il se situe à l’emplacement de l’ancienne cour du palais du cardinal Aubert. Après sa destruction suite à un incendie, le petit neveu d’Aubert y fera construire 12 cellules de moines. Au centre du cloître, on trouve une fontaine qui distribuait l’eau à l’ensemble de la communauté des chartreux. Du bassin de cette fontaine, un réseau de canalisation souterrain alimentait le cloître des morts, la cour du sacristain et le quartier des convers. Le bassin, recouvert d’un édicule de la fin du 18ème siècle, date du 17ème siècle.

Appelé également cloître supérieur, il a été fondé en 1372 par le neveu d’Innocent VI, Pierre de Monteruc. Une rotonde recouvre depuis 1750 le bassin de distribution des eaux.

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

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