Maria Belle Boyd
LES FEMMES REMARQUABLES
DE LA GUERRE DE SÉCESSION
LES ESPIONNES
MARIA « BELLE » BOYD
« LA BELLE REBELLE »
(9 mai 1844-11 juin 1900)
SOMMAIRE
Maria Isabella Boyd (mieux connue sous le nom de « Belle Boyd ») était surnommée « la Cléopâtre de la Sécession » ou « la Sirène de Shenandoah ». C’était la plus célèbre des espionnes confédérées pendant la guerre civile (1861-1865).
Belle Boyd opérait depuis l’hôtel de son père à Front Royal, en Virginie. Elle réussit à faire parvenir aux commandants confédérés sur le terrain, dans des circonstances souvent périlleuses, des messages concernant les effectifs et les mouvements des troupes de l’Union.
En 1862, elle fournit des informations précieuses au général confédéré Thomas J. « Stonewall » Jackson.
Selon ce dernier, en 1862, ces renseignements l’aidèrent à remporter des victoires lors de la campagne de la vallée de la Shenandoah. « Stonewall » Jackson la fit alors capitaine et aide de camp honoraire dans son état-major ; à ce titre, elle put assister à des revues de troupes.
Belle Boyd était un maître de la manipulation. Sa capacité à tromper les hommes et leur sens de la chevalerie envers les dames était sans égal. Ce qui peut expliquer pourquoi les plus célèbres espions de la Guerre furent des femmes.
Le 23 mai 1862, à Front Royal, en Virginie, elle écouta, à travers un trou dans le mur de sa chambre d’hôtel, un groupe d’officiers de l’Union faire des plans de bataille. Ensuite, elle s’empressa d’aller à cheval délivrer un message à un officier d’état-major confédéré. Cette prouesse contribua à donner la victoire aux Confédérés. Action pour laquelle, selon ses mémoires, elle reçut une note de remerciement de Thomas J. « Stonewall » Jackson.
NAISSANCE & FAMILLE
« Belle Boyd » naît le 9 mai 1844 à Martinsburg, en Virginie. Elle meurt le 11 juin 1900 à Wisconsin Dells, dans l’Etat du Wisconsin. Elle est la fille aînée de Benjamin Reed Boyd Sr (1816-1843), un commerçant prospère, et de Mary Rebecca (Glenn) Boyd (1826-1880). Tous deux sont issus de familles socialement haut placées dans la société confédérée, et sont propriétaires d’esclaves.
FRATRIE
Belle Boyd aura trois sœurs et deux frères :
– Benjamin Reed Boyd (1845-1846).
– Anna Reed Boyd (1846-1849).
– Fannie Glenn Boyd (1848-1849).
– Annie Steward Boyd (1850-1851).
– William G. Boyd (1857-1923).
JEUNESSE
Belle Boyd parle de son enfance comme d’une période merveilleuse. En 1856, elle a 12 ans, et après avoir suivi au préalable quelques études à Martinsburg, elle fréquente l’école de fin d’études au « Mount Washington Female College » à Baltimore, dans le Maryland.
Après avoir obtenu son diplôme, Belle passa l’hiver 1860-1861 en tant qu’élève à Washington, DC. C’est durant cette période que va s’accentuer son goût pour la société, la politique, et les conspirations.
MARIAGES
Boyd épousera deux officiers de l’Union et un acteur :
– Le 25 août 1864, elle épouse Samuel Hardinge, un officier de marine de l’Union avec qui elle aura une fille, Grace Hardinge Bennett.
– En 1869, elle prend pour époux John Swainston Hammond, un homme d’affaires anglais qui, comme Hardinge, a servi dans l’armée de l’Union. Le couple aura quatre enfants (dont trois dépasseront la petite enfance). Mais ils divorceront en 1884.
– En 1885, elle épouse Nathaniel Rue High, un acteur de Toledo, Ohio (de 17 ans son cadet).
PENDANT LA GUERRE CIVILE
Le 17 avril 1861, après la sécession de la Virginie, son père rejoint le 2ème régiment d’infanterie de Virginie (la future brigade « Stonewall »). Belle, elle, retourne à Martinsburg où elle y sert comme infirmière.
Le 3 juillet 1862, les troupes de l’Union occupent la petite ville de la vallée de la Shenandoah. Le lendemain (Jour de l’Indépendance), les soldats de l’Union remarquent que Boyd a décoré sa chambre avec des drapeaux confédérés. Pour effacer cet affront, ils tentent de hisser une bannière de l’Union au-dessus de la maison. Une rixe éclate, et lorsqu’un soldat se met à injurier la mère de Belle, celle-ci dégaine un pistolet et tue le soldat yankee.
Une commission d’enquête est créée, et Belle Boyd sera finalement disculpée du meurtre. Ainsi commence, à l’âge 17 ans, la carrière d’ espionne de la « Belle Rebelle ».
Le commandant… s’est enquis de toutes les circonstances avec une stricte impartialité et a finalement déclaré que j’avais parfaitement bien fait ».
Nonobstant, des hommes en armes sont postés autour de la maison et des agents observent scrupuleusement ses activités. Elle va profiter de cette promiscuité forcée pour se familiariser et faire du charme à un des officiers, qu’elle citera dans ses mémoires comme étant le capitaine Daniel Keily.
SES DÉBUTS DANS L’ESPIONNAGE
Déclarée non coupable de ce crime, Boyd retourne à Martinsburg, et entame une carrière d’espionne.
A l’époque, on pense que les femmes ne peuvent être dangereuses en ce qui concerne les questions militaires. Une idée répandue, dont Belle Boyd va percevoir tous les avantages et les mettre à profit. Audacieuse, faisant fi des codes de la société d’alors en matière de femmes, elle se sert de son statut de femme pour défier les rôles qui lui sont dévolus, et devenir messagère des généraux confédérés Thomas Jackson et Pierre Beauregard.
Elle va sans retenue utiliser sa ruse féminine pour parvenir, au contact des soldats, aux secrets des plans de guerre de l’Union. Boyd s’améliore à chaque tentative. Les Nordistes ne savent pas alors qu’une jeune fille peut être un agent du renseignement.
Ainsi, Boyd feint l’ignorance lorsque ses messages sont interceptés. Les officiers de l’Union vont simplement réprimander ce qu’ils croient être une adolescente innocente.
Cependant, Boyd finit par être sérieusement suspectée. Et le haut commandement de l’Union, la soupçonnant d’être une espionne, l’emprisonnera à plusieurs reprises. (Elle sera arrêtée six fois, emprisonnée trois fois, et exilée deux fois).
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Le 29 juillet 1862, Edwin Stanton (le secrétaire à la Guerre) émet un mandat d’arrêt contre elle. Boyd est emmenée et incarcérée à la prison Old Capitol (aujourd’hui siège de la Cour suprême des États-Unis). Boyd est libérée en décembre 1863 et, six mois plus tard, elle est volontaire pour transporter les papiers confédérés en Angleterre à bord du forceur de blocus Greyhound.
Le 10 mai 1864, le navire est arrêté ; mais Boyd réussit finalement à s’échapper, d’abord au Canada, puis à Londres.
APRÈS LA GUERRE
A Londres, après le conflit, veuve et enceinte de la fille de Hardinge, Boyd décide, pour subvenir à ses besoins, d’écrire ses mémoires, « Belle Boyd, dans Camp and Prison », qu’elle publie en 1865. L’ouvrage qui relate ses exploits se vend bien.
En 1869, elle devient actrice, mais elle y renonce après son mariage avec John Swainston Hammond.
Quelques mois plus tard, en 1886, elle épouse l’acteur Nathaniel High, et retourne au théâtre où elle joue son propre personnage durant la guerre civile.
SA MORT
Le 11 juin 1900, lors d’une tournée aux États-Unis, Boyd décède sur scène d’une crise cardiaque à Kilbourn, dans le Wisconsin, à l’âge de 56 ans.
Elle est enterrée au cimetière de Kilbourn (aujourd’hui Spring Grove).
La maison de son enfance, la « Belle Boyd House and Museum », est aujourd’hui un musée.
Sources :
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Photos publiques Facebook
The Healing: Conversations Between Nurses North and South
Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Belle_Boyd