Kate Cumming
LES FEMMES REMARQUABLES
DE LA GUERRE DE SÉCESSION
KATE CUMMING
(Vers 1830-5 juin 1909)
SOMMAIRE
Kate Cumming était une infirmière et chroniqueuse confédérée de la guerre civile américaine (1861-1865).
Elle est surtout connue pour son dévouement aux soldats confédérés malades et blessés. Kate passa une grande partie de la seconde moitié du conflit à prodiguer des soins dans des hôpitaux de campagne à travers la Géorgie.
Ses écrits représentent une source considérable de ce que furent les soins infirmiers dans les hôpitaux de la Confédération sur les fronts occidentaux. A travers ses textes, Kate y décrit les mouvements militaires, les expériences des femmes pendant la guerre, et l’effondrement inéluctable du vieux Sud.
En 1866, elle publia « A Journal of Hospital Life in the ConfederateArmy of Tennessee from the Battle of Shiloh to the End of the War »(uneanalyse de ses expériences d’infirmière sur les champs de bataille du Tennessee et de la Géorgie).
NAISSANCE & FAMILLE
Cumming naît à Édimbourg, en Écosse, vers 1830 (date imprécise). Elle meurt le 5 juin 1919 à Birmingham, Alabama. Alors qu’elle n’est qu’une jeune enfant, sa famille émigre en Amérique du Nord, faisant étape d’abord à Montréal, au Canada, avant de s’établir définitivement à Mobile, en Alabama.
Kate Cumming est la fille de David Cumming (né vers le 17 avril 1799 à Aberdeen, en Ecosse, mort le 10 mai 1874, à Mobile, Alabama) et de Janet (Jessie) Wood (née le 24 avril 1796 à East Lothian County, en Ecosse, morte à Mobile, en Alabama en 1872).
FRATRIE
Kate a de nombreux frères et sœurs :
– Thomas Cumming (1821-1826).
– William Gavin Cumming (1823-1826).
– Janet Jessie Johnston Cumming-Watson (1826-1896).
– David Cumming (1826- 1877).
– Jane Meriwether Cumming (1829-1873).
– Mary Ann Cumming (1829- ?).
– Catharine (Kate) Cumming (1830-1909).
– Alexandrina Simpson Cumming (1833-1890).
– Christina Skakel Cumming (1835-1882).
– William Skakel Cumming (1836-1837).
– Agnes G. Cumming (1838-1896).
– James Rentoul Cumming (1840-1896).
Sources : https://www.geni.com/people/Kate-Cumming/6000000165588578422
JEUNESSE
Au cours des années 1840, son père déménage avec toute la famille à Montréal, au Canada, puis vient s’installer à Mobile, en Alabama.
Kate Cumming passe ses années de jeunesse à Mobile. Se considérant comme une sudiste à part entière (même si elle apprécieaussi ses racines écossaises), elle s’adapte rapidement au mode de vie du Sud. Son père, un riche marchand de Mobile, lui permet de vivre confortablement.Kate et sa famille sont très actifs dans l’église épiscopale Saint John’s à Mobile ; elle sera une bonne chrétienne toute sa vie.
LA GUERRE CIVILE
En 1861, après le début de la guerre, sa mère et deux de ses sœurs partent pour l’Angleterre. Kate, elle, reste à la maison avec son père, David, et son frère, qui s’est enrôlé dans l’armée confédérée.
Kate ne croit pas à la sécession ; mais elle va rapidement devenir une militante passionnée de la Confédération.
« Au Nord, les citoyens influents forment la Commission sanitaire et la Commission chrétienne, afin d’organiser l’aide aux victimes et d’enrayer la propagation des maladies au sein de l’armée. Le nombre de malades diminuera de moitié. Les volontaires de la Commission sillonnent les camps, luttent contre leur insalubrité, et réforment les conditions hospitalières. Elles veillent à la qualité des repas, distribuent des couvertures, des chaussures, et répartissent équitablement les colis et les médicaments que les familles envoient aux blessés. La Commission sanitaire est dirigée par des personnalités éminentes. L’avocat New Yorkais George Templeton Strong en est le trésorier, mais ce sont des centaines de milliers de femmes, réparties à travers sept mille unités dans le Nord du pays, qui assurent le travail : couture, tricot, pansements, mais aussi collecte de fonds et organisations de spectacles ». « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Par son tempérament et son patriotisme sans réserve, Kate condamne Abraham Lincoln pour avoir déclenché la guerre, et méprise les Yankees qui ont envahi le Sud.Elle pense fermement que chaque homme et chaque femme valide doit faire son devoir, et tout ce qu’ils peuvent pour aider le Sud.
Kate Cumming, infirmière confédérée « The Healing: Conversations Between Nurses North and South ».
Kate prend exemple à la fois sur le révérend Benjamin M. Miller qui, au début de 1862, encouragea dans un discours les femmes de Mobile à aider les confédérés blessés et malades, et par Florence Nightingale (infirmière britannique qui servit pendant la guerre de Crimée).
Florence Nightingale (12 mai 1820-13 août 1910) était infirmière britannique, pionnière des soins infirmiers modernes et de l’utilisation des statistiques dans le domaine de la santé).
Alors que la guerre s’intensifie et que les morts et les blessés s’accumulent sur le champ de bataille, Cumming décide de se joindre aux services de secours pour soigner les blessés, et rassemble des fournitures pour les hôpitaux. N’ayant pas de formation officielle d’infirmière, elle décide de se porter volontaire.
« Nous n’avions pas de commissions sanitaire dans le Sud, nous étions trop pauvres et aucune grande ville prospère n’était reliée à notre région par le rail. Chez nous, chaque maison était un hôpital ». Les femmes du sud travaillent également comme infirmières en dépit des critiques qui considèrent qu’il est indigne pour une femme respectable de s’occuper de blessés sanguinaires. Dans son hôpital privé, Sally Tomkins, de Richmond, et une équipe de six infirmières, soignent 1333 blessés. 1260 de ces hommes survivront ; une prouesse qu’aucun autre hôpital de campagne ne sera en mesure d’égaler, au sud comme au nord. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Lire : Sally Tompkins, « L’Ange de la Confédération ».
En avril 1862, à la grande déception de ses parents qui pensent que les femmes n’ont pas leur place sur le champ de bataille, Kate quitte Mobile. Elle part avec quarante autres femmes du pays (dont la romancière Augusta Jane Evans), pour la frontière entre le Mississippi et le Tennessee.
Jusqu’en juin 1862, elle y soignera les soldats confédérés blessés à la bataille de Shiloh (les 6 et 7 avril 1862) ; bataille au cours de laquelle plus de 23 700 soldats des deux camps seront tués, blessés ou portés disparus.
Lire: La bataille de Shiloh.
« Le 12 avril 1862, Corinth, Mississippi. Les hommes sont allongés dans toute la maison, à même le plancher, là où on les a déposés en les ramenant du champ de bataille. Ils sont entassés dans les petites pièces, le hall, et le long de la galerie. Tout d’abord, l’air vicié par cette masse humaine m’a donné des nausées et le vertige, mais cela a passé. Nous piétinons dans le sang et l’eau, et, pour nous occuper des blessés, nous devons nous agenouiller dedans, mais nous n’y faisons guère attention. Certains blessés ont souffert horriblement toute la nuit ; un homme âgé n’a cessé de gémir. Il a une soixantaine d’années et a perdu une jambe. Il habite aux environs de Corinth, et, le matin de la bataille, était venu en ville pour voir ses deux fils qui sont soldats. Quand le combat commença, il ne put s’empêcher de mettre le fusil à l’épaule et d’y aller. Je l’ai réconforté de mon mieux. Il est très croyant et a prié presque toute la nuit. » « Les femmes du Sud » – Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Kate tient un journal quotidien de sa vie sur le front. Elle y note ses observations et ses émotions, souvent prises à la hâte sur le moment de l’action. Elle nous raconte que les soins infirmiers sont dès le début une affaire sociale qui dépend essentiellement de l’implication et du dévouement des femmes du Sud.
Kate répertorie souvent les noms des victimes décédées dont elle prend soin. En janvier et en avril 1863, elle écrit qu’il y a tellement de blessés qu’elle peut « à peine prendre note » de leurs noms. Cet acte de charité permettra à de nombreuses familles de retrouver les dépouilles de leurs défunts, éparpillées sur tout le théâtre du conflit.
Plutôt que d’exprimer de la pitié pour leur condition ou de reculer devant leurs horribles blessures, les matrones et les infirmières traitaient leurs patients comme des héros. Leur conception de la virilité était différente de celle des femmes civiles. Les soldats mutilés avaient sacrifié une partie de leur corps pour défendre les idéaux politiques, et aux yeux des infirmières, les femmes civiles patriotiques auraient dû faire fi des imperfections physiques, au profit de qualités plus nobles et plus humaines. « The Healing: Conversations Between Nurses North and South ».
La Confédération ne disposant pas d’un service médical adapté à cette guerre, le volontariat des infirmières comme Cumming est donc vital pour les Confédérés. Avec le temps et l’organisation du corps médical, qui voit enfin le jour de manière organisée, Kate finit par occuper le poste de matrone (cheffe des infirmières). A ce titre, elle voyage sur la ligne de front dans les hôpitaux mobiles du Dr Samuel Stout.
Pendant la Guerre Civile américaine, il fut chirurgien dans l’armée du Tennessee (il aura la responsabilité de soixante hôpitaux pour l’armée confédérée des États de Géorgie, d’Alabama et du Mississippi). Il enseigna ensuite au « Atlanta Medical College » (maintenant connu sous le nom d’« Emory University School of Medicine ») et exerça la médecine au Texas.
Cumming servira comme infirmière tout au long de la guerre, ce qui est exceptionnel puisque les infirmières servent habituellement de manière temporaire. Elle deviendra finalement la cheffe des services d’alimentation et d’entretien ménager dans plusieurs hôpitaux de Géorgie.
Dans le Sud, les médecins finissent par être convaincus des capacités et de la valeur des infirmières. La grande majorité d’entre eux vont avoir une totale confiance envers ces femmes bénévoles et compétentes.
Cumming trouvait que rendre visite à une chambre remplie d’hommes mutilés était une « thérapie parfaite », parce que leurs mutilations révélaient leurs souffrances. « Ce sont tous de jeunes hommes, et ils me parlent… Il faut que je dise à toutes les jeunes femmes de venir les voir, et qu’ils feront d’excellents maris, puisqu’elles seront sûres qu’ils ne fuiront jamais. » Affaiblis par la maladie et les blessures, ces hommes, autrefois forts et actifs, durent s’habituer à la douleur, à la faiblesse, et à la dépendance. De telles réalités remirent en question les images conventionnelles d’un homme énergique et robuste. « The Healing: Conversations Between Nurses North and South ».
Pourtant, Kate est confrontée à l’hostilité des civils et de certains membres de leurs familles. Ceux-ci considèrent les soins infirmiers hospitaliers inadéquats venant de femmes du même statut social que Kate Cumming.
Nonobstant, la reconnaissance que lui montrent les soldats la convainc de persévérer, malgré les mauvaises conditions, le sang, et la mort omniprésente.
Au cours de l’été 1862, elle se rend à Chattanooga, Tennessee, pour faire du bénévolat à l’hôpital Newsome. Elle y restera toute l’année suivante.
Pendant son séjour, en septembre 1862, le gouvernement confédéré décrète contre son gré que les hôpitaux peuvent légalement rémunérer les infirmières (celles-ci ne sont plus considérées comme du personnel bénévole). Ainsi, Cumming devient professionnelle. Elle le restera pendant toute la durée de la guerre, et sera officiellement enrôlée dans le département médical de l’armée confédéré.
Lire: La bataille de Chattanooga.
Cumming fit l’éloge du Dr Wellford, « l’un des chirurgiens les plus gentils et les plus attentifs que je n’aie jamais rencontrés… Je l’ai vu à maintes reprises travailler du matin au soir pour soigner les blessures. » Les soldats et les infirmières avaient peu de considération pour les chirurgiens qui passaient peu de temps à l’hôpital et ne faisaient aucun effort pour connaître leurs patients. « The Healing: Conversations Between Nurses North and South ».
Les fonctions effectuées par Cumming et d’autres matrones sont multiples : elles comprennent l’administration des services hospitaliers, la cuisine, la recherche de provisions, le bien-être physique et émotionnel des soldats, la couture, la rédaction de lettres, la présence aux chevets des lits des hommes mourants, et le contrôle de la main-d’œuvre hospitalière.
Dans les deux camps, les infirmières de la guerre civile joueront un rôle essentiel dans la réduction de la mortalité et le moral des hôpitaux. Cependant, au fur et à mesure que la guerre se poursuit, les femmes comme Kate connaissent des difficultés et des pénuries de plus en plus importantes.
Après la Bataille de Chattanooga (du 23 au 25 novembre 1863), Cumming part pour la Géorgie. Elle servira dans de nombreux hôpitaux de campagne mobiles dressés dans tout l’État. (L’État de Géorgie subit de lourdes destructions causées par les troupes du général de l’Union William T. Sherman).
Pendant la Campagne d’Atlanta de 1864, au fur et à mesure que se poursuivra « la Marche vers la mer » de Sherman vers le sud et l’est, l’emplacement de ces hôpitaux mobiles précaires changera également.
Des hôpitaux de campagne confédérés sont installés dans de nombreuses localités de Géorgie, notamment à Catoosa Springs, Cherokee Springs, Dalton, Kingston, Marietta, Ringgold, Rome et Tunnel Hill. Ainsi que dans d’autres villes de Géorgie : Americus, Athènes, Augusta, Barnesville, Columbus, Covington, Forsyth, Fort Gaines, Greensboro, Griffin, LaGrange, Macon, Madison, Milner, Newnan, Oxford, Thomaston et Vineville.
Lorsque Kate Cumming se renseigna au sujet d’un patient blessé, un chirurgien lui dit « qu’il ne vivrait pas plus de 24 heures ». Deux semaines plus tard, et grâce à ses soins infirmiers minutieux, elle déclara qu’il « s’améliorait rapidement ». « C’était l’avis des médecins ! ajouta -t-elle, mais les meilleurs d’entre nous peuvent parfois se tromper. » « The Healing: Conversations Between Nurses North and South ».
Bien qu’elle ne serve pas dans tous ces hôpitaux, Cumming passe beaucoup de temps dans plusieurs d’entre eux, notamment ceux d’Americus, Cherokee Springs, Dalton, Newnan et Ringgold.
À la fin de la guerre en avril 1865, on la retrouve dans le sud-ouest de la Géorgie.
APRÈS LA GUERRE
Après la fin de la guerre civile, les matrones et les infirmières seront parmi les premières Confédérées à publier leurs écrits sur la guerre. Cumming publiera son journal en 1866 sous le titre « A Journal of Hospital Life in the Confederate Army of Tennessee from the Battle of Shiloh to the End of the War », (un journal sur la vie hospitalière dans l’armée confédérée du Tennessee, de la bataille de Shiloh à la fin de la guerre).
Ces matrones dévouées s’identifieront et soutiendront la cause des soldats confédérés ; elles seront de ferventes défenseures de l’honneur du Sud, et joueront un rôle primordial dans l’idéologie de la « cause perdue ».
Kate Cumming ne se mariera jamais. En 1874, elle déménagera avec son père à Birmingham, en Alabama.
Elle y résidera en tant qu’enseignante et membre actif des « Filles Unies de la Confédération ».
Kate meurt le 5 juin 1909. Elle est enterrée à Mobile.
Sources :
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Photos publiques Facebook
« The Healing: Conversations Between Nurses North and South »
Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
https://www.geni.com/people/Kate-Cumming/6000000165588578422