La révolte des Maillotins

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Royaume d’Angleterre

Royaume de France

LES VALOIS DIRECTS

Armes des Valois

CHARLES VI « LE FOL » ET

LA REVOLTE DES MAILLOTINS

Le 1er mars 1382

La révolte des Maillotins de Paris.

Charles VI (dit « le Bien-Aimé », et, depuis le XIXème siècle, « le Fou » ou « le Fol ») naît à Paris le 3 décembre 1368, et meurt dans la même ville le 21 octobre 1422. Il

Charles VI

est roi de France de 1380 jusqu’à sa mort. Fils du roi Charles V et de la reine Jeanne de Bourbon, il est le quatrième roi de la branche des Valois de la dynastie capétienne.

Il n’a que douze ans lorsqu’il monte sur le trône. Il hérite de son père d’un royaume certes en guerre, mais avec une situation militaire favorable. La plupart des possessions anglaises en France ont été reconquises.

Charles VI frappé de démence dans la forêt du Mans

Le jeune roi est d’abord placé sous la régence de ses oncles, les ducs de Bourgogne, d’Anjou, de Berry et de Bourbon. Sa minorité est marquée par les querelles de ses quatre oncles, les ducs d’Anjou, de Bourgogne, de Berry et de Bourbon, qui rivalisent pour le pouvoir et s’enrichissent sur le dos de la population parisienne. En janvier 1382, cette dernière est écrasée et affamée par la restauration d’anciens impôts. Au mois de février suivant, la ville de Rouen se révolte. Les troubles gagnent Paris, et le 1er mars 1382, des révoltés, connus sous le nom de Maillotins, saccagent la capitale et assassinent les collecteurs d’impôts avec des maillets de fer. Charles VI va mettre en place une répression terrible envers les émeutiers, dont les meneurs seront décapités ou pendus sans autre forme de procès.

En 1388, alors âgé de 20 ans, il décide de se libérer de la tutelle de ses oncles et de gouverner seul le royaume de France.

Le 17 juillet 1385, Charles VI de France épouse Isabeau de Bavière. De cette union naîtront douze enfants.

1393 – Le Bal des ardents

En 1392, Charles VI souffre de sa première crise de folie. Puis sa maladie va l’écarter progressivement des affaires gouvernementales.  Ces épisodes d’instabilité mentale apparaissent de manière irrégulière et perturbent la cour. Jusqu’à la fin de sa vie, les périodes de lucidité vont alterner avec les périodes de démence de plus en plus fréquentes, et qui vont rendre le roi violent.

De son côté, Isabeau de Bavière se consacre à ses enfants et amasse une fortune personnelle ; son goût pour le luxe lui sera d’ailleurs reproché.

Au cours du funeste « Bal des Ardents », organisé par la reine en 1393, le roi échappera de peu à la mort.

A la mort de Charles VI, Isabeau de Bavière est nommée régente, mais n’a pas beaucoup d’influence politique. L’oncle du roi (le duc Philippe II de Bourgogne) et le frère du roi (le duc Louis d’Orléans) se disputent le pouvoir. La reine Isabeau sera même soupçonnée d’avoir une liaison avec son beau-frère le duc d’Orléans. Les négociations entre Henri V, Isabeau et les Bourguignons aboutissent, le 21 mai 1420, à la signature du désastreux traité de Troyes. Cet accord prive le dauphin de ses droits au trône, et garantit, à la mort de Charles VI, la couronne de France à Henri V le Plantagenêt.

Lire :

Charles VI, et les reconquêtes françaises

Charles VI, le royaume démembré

La folie du roi Charles « le Fol » le « bien aimé »

 

LA RÉVOLTE DES MAILLOTINS

Des maillotins tuent un chevalier, miniature du XVe siècle.

SOMMAIRE

Le 1er mars 1382, les Parisiens viennent de prendre connaissance d’une nouvelle qui les révolte : de nouveaux impôts vont être perçus. Immédiatement, la foule se munit de maillets, et c’est l’émeute. L’insurrection va embraser toute la capitale. Le jeune roi Charles VI a du souci à se faire, son royaume vacille. Il doit faire face à une révolte dans Paris, alors que les Normands et les Flamands se soulèvent eux aussi. 

CONTEXTE

Le 1er mars 1382 débute la révolte antifiscale des Maillotins. C’est l’une des nombreuses révoltes que connut la France au Moyen Âge.

UNE RÉGENCE DÉTESTÉE

Le royaume de France est alors sous la régence des puissants oncles : les ducs Louis d’Anjou (1339-1384), Jean de Berry (1340-1416) et Philippe II de Bourgogne (1342-1404). Charles VI (1368-1422), arrivé sur le trône deux ans plus tôt, est encore mineur à son avènement.

Les régents profitent de leur pouvoir pour dilapider les ressources du royaume et instaurer de nouveaux impôts pour leur profit personnel. Les augmentations d’impôts et leurs principales mesures concernent notamment les denrées de première nécessité. Cette décision provoque une montée des protestations dans Paris et déclenche une nouvelle révolte.

C’est ainsi que les Parisiens irrités (bourgeois, marchands, artisans et notables) s’attaquent à l’hôtel de ville de Paris en brandissant des maillets (d’où le nom de cette révolte). Les insurgés s’en prennent ensuite aux collecteurs d’impôts, mal aimés, tout comme aux Juifs, accusés de pratiquer l’usure. C’est le début de la révolte des « Maillotins », la plus grave des révoltes fiscales de cette fin du Moyen Âge en France.

CHARLES « LE SAGE » AU SEUIL DE SA MORT…

En septembre 1380, au seuil de sa mort, le roi Charles V a formulé le vœu de réconcilier une dernière fois les Français en supprimant les « fouages » (impôts directs qui se payaient par foyer).

Mais cette politique va vite montrer ses limites, et accroitre un sévère manque à gagner pour les trésoreries du royaume, qui frôle la faillite dès la fin de l’année 1381.

Le jeune roi Charles VI et ses oncles veulent tirer un maximum de profit. Aussi vont-ils commencer le nouveau règne en suspendant les aides et impôts indirects sur les biens de consommation, comme l’a voulu le bon roi Charles « le Sage ».

En 1382, Louis d’Anjou, l’oncle du jeune roi Charles VI, décide de rétablir les contributions indirectes (abolies par le feu roi Charles V, sur son lit de mort) sur le sel et la plupart des marchandises échangées.

Mais comment communiquer cette douloureuse décision aux Parisiens, eux qui sont si prompts à s’enflammer ?

Un héraut est choisi. Ce téméraire crieur aura la lourde tâche d’informer le peuple. Courageux, il se présente sur la place du marché à l’heure du déjeuner. Après quelques sobriquets qui déclenchent l’hilarité générale, il se hâte et cite rapidement la restauration des taxes pour le lendemain, puis s’enfuit sans demander son reste.

Aussitôt, la rumeur enfle dans la capitale. Rouen vient de s’insurger contre le nouvel impôt.

Le 1er mars, Paris se réveille sans trop savoir de quoi sera fait son avenir ; il y circule tant de nouvelles contradictoires !

LES MAILLOTINS S’INSURGENT

Bataille de maillotins contre des épées.

Mais vers sept heures du matin, les événements se précipitent. Un percepteur, venu réclamer l’impôt à une commençante des quatre-saisons, est lynché par les émeutiers. C’est le signal de la rébellion, qui va se répandre dans la capitale comme une traînée de poudre.

Les bourgeois de Paris, déjà exaspérés par les désordres de la cour, se rassemblent et se soulèvent. Les artisans, les maîtres de métiers, mais aussi les marginaux (voleurs, vagabonds et autres « houliers ») saccagent, pillent, et tuent.

Ils s’emparent de l’Hôtel de ville et de l’Arsenal. À l’intérieur de celui-ci, ils trouvent environ deux mille maillets de plomb que le prévôt a entreposés quatre ans plus tôt, pour se prémunir d’une éventuelle chevauchée anglaise.

LES CHEVAUCHÉES

Au cours de la guerre de Cent Ans, les expéditions anglaises furent appelées « chevauchées ». Il s’agissait de longs raids dévastateurs et meurtriers, effectués en profondeur sur plusieurs centaines de kilomètres, et sur un front large de plusieurs kilomètres.

Ces chevauchées avaient pour objectif principal de se couvrir d’une gloire facile en terrorisant les populations démunies. En outre, elles permettaient d’amasser un énorme butin acquis sur les territoires florissants du royaume de France. Ainsi, l’armée du roi de France était diminuée car dépourvue en argent, en hommes et en ravitaillement.

Chevauchée anglaises franchissant la Seine et pillant Vitry.

En tarissant ces sources de profits, les chevauchées fragilisaient irrémédiablement le roi de France et ses vassaux, qui ne pouvaient plus disposer de réserves. En contrepartie, le roi d’Angleterre et ses alliés s’enrichissaient copieusement.

Ils s’emparent des maillets (d’où leur surnom de « Maillotins »), puis descendent dans la rue armés de ces lourds marteaux. Ils s’en prennent aux juifs, dont seize sont massacrés, puis aux percepteurs dont ils brûlent les registres.

La révolte des Maillotins.

Vers midi, la capitale est passée sous le contrôle des insurgés. Les émeutiers tendent des chaînes en travers des rues, ferment les portes de Paris, et demandent à parlementer. Le conseil de régence instaure sans attendre la loi martiale. Pendant ce temps-là, le roi est en campagne en Flandres contre les révoltés flamands.

LES MAILLOTINS NÉGOCIENT AVEC LE DUC DE BOURGOGNE…

A l’origine, cette révolte est celle des milieux bourgeois et paysans aisés, ceux qui sont les plus concernés par les prélèvements fiscaux. Mais ils sont rapidement dépassés par les couches inférieures qui transforment cette révolte contre l’impôt en révolte de la misère.

Philippe le Hardi duc de Bourgogne

Solidaires de l’insurrection parisienne, les bourgeois de Paris sont cependant préoccupés par la tournure des événements. Une délégation est désignée pour aller parlementer avec le duc de Bourgogne (oncle du roi Charles VI).

Les émissaires, représentants des Maillotins de Paris, exigent l’abolition de l’impôt et demandent l’amnistie générale pour les exactions commises durant l’émeute.

La révolte des Maillotins.

Mais le duc décline la proposition. Il ne veut pas soumettre l’autorité royale en la bradant à des bandes d’assassins, et refuse d’accorder la clémence au nom du roi.

A l’annonce de cette décision, la colère se répand parmi la foule qui, immédiatement, part à la prison du Châtelet et libère les prisonniers. Jusqu’à la nuit, les cachots de Paris sont les uns après les autres vidés de leurs prisonniers, et même souvent saccagés. Mais le roi et son entourage ne cèdent pas.

Les bourgeois de Paris adoptent une nouvelle stratégie : il leur faut négocier avec les autorités, et dans le même temps désarmer les émeutiers.

Finalement, le 4 mars, un accord est conclu. Le roi consent à abolir la taxe incriminée et accorde l’amnistie aux émeutiers, sauf aux « meneurs » (une quarantaine environ) qui seront décapités ou pendus sans autre forme de procès.

La révolte des Maillotins.

PARIS SE SOUMET…

Le temps presse pour le roi Charles VI. L’affaire est sensible, et déjà les villes de Normandie, de Champagne et de Picardie sont sur le point de se soulever, se déclarant solidaires des révoltés flamands. Le roi de France et ses conseillers veulent gagner du temps car le royaume a un urgent besoin d’argent. Il doit agir vite s’il veut éviter que l’émeute ne se propage à l’ensemble du royaume de France.

Le 27 novembre 1382, le roi écrase les milices flamandes à Rozebeke. Il revient le 11 janvier 1383 en vainqueur à Paris, à la tête de 30 000 hommes.

La bataille de Roosebeke

De retour de Flandres, le roi marche sur Paris à la tête de son armée victorieuse. Trente mille parisiens, bien armés, sortent de la capitale et se portent à la rencontre du roi Charles.

Dans un premier temps, cette démonstration de force jette l’effroi parmi la noblesse. Mais les Maillotins de Paris manquent cruellement d’un véritable chef capable de les commander. Sans meneurs dignes de ce nom, les Parisiens ne savent pas prendre les bonnes décisions pour se défendre ; ils laissent pénétrer dans leurs murs le roi, qui y entre avec ses troupes par une brèche, comme on le fait dans une ville conquise.

Jules Michelet (1798-1894) décrit ce retour : « Lorsque le roi arriva, les bourgeois, pour le mieux fêter, crurent faire une belle chose en se mettant en bataille. Peut-être aussi espéraient-ils, en montrant ainsi leur nombre, obtenir de meilleures conditions. Ils s’étalèrent devant Montmartre en longues files ; il y avait un corps d’arbalétriers, un corps armé de boucliers et d’épées, un autre armé de maillets ; ces maillotins, à eux seuls, étaient vingt mille hommes »

Le roi Charles VI.

Une fois victorieux, le roi peut alors changer de ton et punir les Parisiens responsables des émeutes criminelles. Dès le lendemain, les chaînes fermant les rues sont enlevées, et la porte Saint Antoine abattue. L’ordre est rétabli brutalement dans la capitale, et les Parisiens sont désarmés. Pendant plusieurs jours, les arrestations et les exécutions se succèdent.

Enfin, le 20 janvier, Charles VI rétablit les impôts indirects sur toutes les marchandises. La révolte des Maillotins n’est plus qu’un douloureux souvenir ; leur combat est définitivement perdu…

LA CLÉMENCE DU ROI CHARLES

L’autorité, la notoriété et la puissance d’un monarque ne s’évaluent pas seulement à la mesure de ses succès militaires, mais aussi à celle de sa mansuétude. Le roi doit savoir faire preuve de pardon envers ses sujets.

Charles VI le Bien Aimé

Après avoir réprimé la rébellion des Maillotins parisiens et montré sa force, sa supériorité sur le peuple, le roi Charles VI accordera sa grâce à la population.

Le 1er mars 1383, un an après l’insurrection, le roi convie tous les chefs de famille au palais. Pierre d’Orgemont, un proche du duc de Bourgogne, est désigné pour s’adresser à la foule rassemblée. Il ne manque pas de rappeler les crimes des émeutiers, et le pardon du roi « le Bien Aimé » qui s’ensuivit. La clémence du roi qui suit l’exposé s’affiche d’autant plus miséricordieuse ; et c’était bien là le but…

Blason de Paris

En Europe, la révolte des Maillotins n’est pas un phénomène isolé. Au même moment, de nombreuses révoltes sociales annoncent la fin du Moyen Âge.

– La Grande Jacquerie est une insurrection de paysans qui eut lieu en 1358, lors de la guerre de Cent Ans, dans un contexte de crise politique, militaire et sociale.

La grande Jacquerie

Cette révolte est à l’origine du terme « jacquerie ». Il sera repris pour désigner toutes sortes de soulèvements populaires dans les campagnes d’Île-de-France, de Picardie, de Champagne, d’Artois et de Normandie.

– Le 14 juin 1381, la révolte des paysans (ou révolte des Travailleurs) éclate en Angleterre, conduite par Wat Tyler et John Ball. Ils exigent l’abolition du servage, de la « poll tax », et du privilège de la chasse et de la pêche, alors réservé à la noblesse.

Le 14 juin 1381 la révolte des paysans ou révolte des « Travailleurs », conduite par Wat Tyler et John Ball, éclate en Angleterre

– En 1382, en Flandre, sous la conduite de Philip Van Artevelde, les tisserands de Gand se soulèvent contre le comte de Flandre et ses soutiens français.

La bataille de Roosebeke

– Le 24 février de la même année débutent à Rouen des émeutes connues sous le nom de « révoltes de la Harelle », que Charles VI réprimera sévèrement en abolissant la commune de Rouen le 29 mars.

24 février 1382 – Révolte de la Harelle à Rouen

– En Hongrie, sous le règne du roi Sigismond, les paysans se révoltent contre les grands féodaux. Battus, ils retournent au servage… et se vengent en refusant leurs aides aux seigneurs lorsque la Hongrie est envahie par les Turcs.

Lire : la révolte de la Harelle de Rouen.

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_VI_(roi_de_France)

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_des_Maillotins

 

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