La bataille de la Somme

La bataille de la Somme
1er juillet au 18 novembre 1916

La bataille de la Somme est une des principales opérations militaires de la 1ère Guerre mondiale. Avec celle de Verdun, où les Français sont, depuis le 21 février de la même année, engagés dans une lutte à mort avec l’armée allemande, elle se révèle comme une des batailles de première importance. Elle marquera un tournant dans les orientations stratégiques, et des moyens colossaux seront mobilisés en hommes et en matériels pour la conduite du conflit.

 

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Plan de l’article :

 



Falkenhayn attaque sur la Meuse à Verdun, et prend l’initiative

La bataille de Verdun, qui se déroule du 21 février au 19 décembre 1916, est par excellence la bataille du peuple français. C’est la plus longue et la plus dévastatrice de la Première Guerre Mondiale. Tout au long de cette période, des moyens gigantesques seront engagés par les Français pour contenir les assauts allemands. La soudaine offensive allemande, conduite par Falkenhayn, vient cependant contrarier les préparatifs des plans alliés. Elle contraint les Français à raccourcir leur front initial sur la Somme et à réduire leur participation, en n’engageant que

la 6ème armée du général Fayolle.

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Projet interallié

Dès le 6 décembre 1915 à Chantilly, les Alliés élaborent conjointement une offensive plus à l’Ouest, sur la Somme, là où les deux armées font leur jonction. Alors que Français et Allemands s’entretuent sur la Meuse, l’effort de guerre britannique s’accentue ; il devient urgent de soulager les Français à Verdun. La percée sur la Somme doit dégarnir, et affaiblir, pense-t-on, la poussée allemande à l’Est. La stratégie de Joffre reste inchangée : il faut percer et reprendre la guerre de mouvement. La direction générale de l’attaque est fixée sur une ligne Bapaume-Péronne-Ham.

Chez les Britanniques, le général en chef John French est remplacé en décembre 1915 par Douglas Haig.

Le 14 février 1916, la conférence de Chantilly fixe le début de l’opération pour le 1er juillet.

La bataille qui s’annonce prend des proportions démesurées. Des forces considérables sont amassées entre Albert et Chaulnes. Les armées des généraux Fayolle et Micheler se positionnent au sud de la ligne d’attaque, les armées anglaises des généraux Rawlinson, Cough et Allenby, au nord. En face se dresse la 2ème armée allemande du général Von Below. Des bataillons, provenant de tous les régiments de l’armée britannique, sont régulièrement déplacés et déployés dans ce secteur. La Somme prend une place importante dans la mémoire collective de la Grande-Bretagne ; elle devient le Verdun des Anglais.



Les Britanniques

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Le groupe d’armées, sous le commandement du général fraîchement nommé Douglas Haig, comprend :

  • La 4ème armée (Rawlinson) qui est composée de cinq corps (3ème, 8ème, 10ème, 13ème et 15ème CA).
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Rawlinson

  • La 3ème armée (Allenby) avec le 7ème CA.
Allenby

Allenby

  • L’armée de Réserve (Gough).
gough

Gough

Soit un effectif total de 26 divisions en ligne et trois de cavalerie, se déployant sur un front de 25 kilomètres. Avec une artillerie composée de 868 pièces de campagne et 467 pièces lourdes, pour un approvisionnement d’environ 4 millions d’obus, tous canons confondus.
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Les Français

  • La 6ème armée (Fayolle) composée de trois corps (1er, 20ème et 35ème).
FAYOLLE

Fayolle

  • La 10ème armée (Micheler) composée de cinq corps d’armées.
Joseph-Alfred-Micheler

Micheler

En tout, quatorze divisions en ligne, quatre de réserve et quatre de cavalerie, se déployant sur un front de 15 kilomètres. L’artillerie comprend 696 pièces de campagne, 732 pièces lourdes, 122 ALGP (artillerie lourde à grande puissance) et 1100 mortiers de tranchée. Pour une réserve de 6 millions d’obus de 75 mm, 2 millions pour l’artillerie lourde et 400 000 pour l’artillerie de tranchée.



Les Allemands

La 2ème armée (Fritz Von Below) comprend 3 groupements (1er Hermann Von Stein, 2sd Konrad Ernst Von Gossler, 3ème Ferdinand Von Quast).

Soit un total de 8 divisions en ligne et 13 de réserve. L’artillerie comprend 454 canons de campagne et 390 lourds, ce qui représente le tiers de la puissance de feu alliée. De plus, les Allemands disposent de 129 aéroplanes face aux 300 appareils Franco-britanniques.



Préparation d’artillerie

  • Le 24 juin 1916 à 6 heures du matin, débute le bombardement des lignes allemandes par des tirs de réglages et de destruction. Le bruit de la canonnade est si intense qu’il se perçoit en Angleterre ; il va durer 7 jours.
  • Le 28, l’offensive est reportée de 48 heures à cause du mauvais temps. Les précipitations de ces derniers jours ont transformé le champ de bataille en un océan de boue. Les préparatifs ont dû être considérablement ralentis. L’attaque initialement prévue le 29 juin est reportée au 1er juillet.

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30 juin 1916

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Amélioration du temps. La préparation d’artillerie touche à sa fin ; elle durait depuis six jours. Les Alliés ont tiré 1.7 millions d’obus. Le général Haig est confiant : « Le temps sera beau demain, le moral des hommes est splendide. » Ce sont ses propres paroles, le concert diabolique peut commencer, avec sa bénédiction ! Britanniques et Français se préparent pour l’assaut qui se doit d’être à la fois victorieux mais aussi le dernier. C’est du moins ce que l’on croit en hauts lieux ! Les Alliés sont convaincus d’avoir annihilé toutes les fortifications ennemies. Ils en sont si persuadés que le général Rawlinson, soucieux d’épargner de la fatigue supplémentaire à ses hommes, leur demande d’attaquer en ordre de marche et non en courant.

Les Allemands occupent presque partout les hauteurs. Ils sont sur place depuis déjà des mois et ont eu tout le temps de se renforcer. Leur système de défense repose sur une puissante organisation de combat, avec des tranchées de premières lignes, d’appui et de réserve, et un labyrinthe d’abris enterrés. Leur deuxième ligne intermédiaire est moins forte ; elle a pour objectif la protection de l’artillerie de campagne. Enfin, encore en arrière, une deuxième position aussi puissante que la première. Puis, en retrait, se trouvent des bois et des villages fortifiés, reliés par tout un réseau de boyaux et de tranchées, de manière à disposer d’une troisième et quatrième ligne de défense.



Côté britannique

Le 1er juillet 1916, à 6 heures 30, l’assaut est donné. Sur un front de 40 km, de part et d’autre de la Somme, 26 divisions anglaises et 14 divisions françaises se ruent hors des tranchées baïonnettes aux canons et s’élancent à l’assaut des positions adverses. Les Allemands sortent de leurs abris et fauchent les troupes d’assaut avec leurs mitrailleuses. Le 1er juillet 1916 s’avèrera comme le jour le plus meurtrier dans toute l’Histoire militaire britannique. Le Haut Commandement anglais, persuadé que les défenses allemandes seront détruites par le feu du bombardement, demande aux Tommies d’avancer au pas. En fait, c’est avec une mort annoncée que les fantassins britanniques ont rendez-vous. Il faut attendre midi pour que l’Etat-major annule cet ordre et retienne les vagues d’assaut suivantes. Mais il est trop tard ; dès les six premières minutes de l’attaque, le carnage fera 30 000 victimes, blessées ou tuées.

Le bilan de l’assaut du 1er juillet est catastrophique pour l’Angleterre. On dénombrera 20 000 morts et 40 000 blessés, sur les 320 000 soldats engagés dans la bataille.



Côté français

En six jours, la 6ème armée du général Fayolle a progressé sur une profondeur d’environ 10 kilomètres. Son objectif, le plateau de Flaucourt, principale défense de Péronne, est atteint. Pour des pertes minimes, elle fait 12 000 prisonniers, prend 85 canons à l’ennemi, ainsi que 26 minenwerfer et 100 mitrailleuses. C’est le plus beau succès obtenu par l’armée française depuis la bataille de la Marne, en septembre 1914. Conséquence directe, 35 divisions allemandes sont prélevées sur le front de Verdun pour renforcer le secteur devant Bapaume.



Côté allemand

Les Allemands auront des pertes minimes qui s’élèveront à environ 6000 hommes, blessés, disparus ou tués.



Mouvements durant la bataille (juillet-août)

  • Le 3 juillet 1916, prise par les troupes britanniques du bois de Mametz.
  • Le 14 juillet 1916, prise de la Crête de Bazentin par les Britanniques.
  • Le 14 juillet 1916, début de la bataille du bois Delville, qui va se dérouler jusqu’au 15 septembre 1916, et se soldera par une victoire britannique.


De septembre à la mi-novembre 1916

  • Le 3 septembre, prise de Guillemont.
  • Le 4 septembre, bataille de Vermandovillers. Le village sera détruit par les différents affrontements. Le combat cessera le 9, faute de combattants.
  • Le 9 septembre, bataille indécise de Guinchy.
  • Du 25 au 28 septembre, bataille de la Crête de Thiepval (victoire britannique).
  • Du 25 au 28 septembre, bataille de Morval (victoire franco-britannique).


Première apparition des chars d’assaut : les tanks

C’est le 15 septembre 1916, lors de la Bataille de la Somme, que les premiers chars d’assaut britanniques Mark I font leur apparition. Ils participent à la prise de Courcelette, Martinpuich, du bois des Foucaux et du village de Flers. Les soudaines irruptions de ces monstres d’acier épouvantent les fantassins allemands, tapis de frayeur dans leurs tranchées.



Spécifications techniques du Mark I :

Il existait deux versions : la version mâle munie de canons, et la version femelle dotée de mitrailleuses sur les balcons latéraux.

  • 8 hommes d’équipage.
  • D’une longueur de 9.75 m.
  • D’une largeur de 4.12 m pour la version mâle et 4.30m pour la version femelle.
  • D’une hauteur de 2.41 m.
  • D’un poids de l’ordre de 28 tonnes.
  • D’un blindage compris entre 0.6 et 1.2 cm.
  • D’une puissance de 4 chevaux/tonne.
  • D’une autonomie de 40 km.
  • D’une vitesse de 5 km/h.

Lors de la construction des Mark I, les Anglais, soucieux de conserver le secret, les nomment « water carriers » (porteur d’eau), en annonçant qu’ils sont destinés au ravitaillement en eau des troupes russes. De par la forme rhomboïde de leur caisse, qui ressemble à une citerne, ils reçoivent finalement le nom de tank. (Lire les nouvelles « La Plume blanche et On garde le moral» extraits du livre « Des Poppies et des larmes » de Jean-Marie Borghino).

  • Le 26 septembre 1916, prise de Comble, entre Bapaume et Péronne, par les Franco-britanniques.
  • Le 18 novembre, fin de la bataille de la Somme.


Conséquences

A la fin de la bataille, les Alliés ont peu progressé, l’issue est indécise, et les gains en terrains conquis sont dérisoires. Le 1er février 1917, les Allemands annoncent la reprise de la guerre sous-marine à outrance. Ce qui a pour conséquence directe, le 3 février 1917, la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Allemagne. De plus, le 24 février 1917, l’interception du message codé allemand «Zimmerman », incitant le Mexique à se ranger aux côtés des Empires Centraux, contre les Etats-Unis, provoque l’entrée en guerre des Américains dans le conflit mondial. Le rapport des forces vient de basculer.



Pertes

Pour les britanniques : 420 000 pertes humaines dont 213 000 blessés et 206 000 morts ou disparus.

Pour les Français : 203 000 pertes humaines dont 136 000 blessés et 67 000 morts ou disparus.
Pour les Allemands : 437 000 pertes humaines dont 267 000 blessés et 170 000 morts ou disparus.

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1 réponse

  1. 29 janvier 2023

    […] Les graves erreurs commises lors de la bataille de Loos-en Gohelle vont se répéter quelques mois plus tard. Ce qui, le 1er juillet 1916, se terminera par le plus grand massacre de toute l’histoire militaire britannique : la bataille de la Somme. […]

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