La bataille de Glorieta Pass

                                                                                      

 

LA GUERRE DE SÉCESSION

(1861-1865)

LA BATAILLE DE GLORIETA PASS

Les 26 et 28 mars 1862

La bataille de Glorieta Pass

SOMMAIRE

La bataille de « Glorieta Pass » se déroula du 26 au 28 mars 1862 au Col de Glorieta, dans le nord du Nouveau Mexique. Ce fut une bataille importante et décisive de la campagne du Nouveau-Mexique (entreprise au cours de l’été 1861 par les forces confédérées du général Henry Hopkins Sibley).

Henry Hopkins Sibley

L’issue des combats vit les forces nordistes stopper l’invasion sudiste des territoires situés à l’est des montagnes Rocheuses.

Bataille de Glorieta Pass

D’aucuns ont appelé la bataille de « Glorieta Pass » le « Gettysburg de l’Ouest », du fait qu’elle a constitué le tournant de la guerre au Nouveau-Mexique.

Bataille de Glorieta Pass

La destruction de leurs colonnes d’approvisionnements obligera les forces sudistes à se replier sur le Texas. Le 28 mars, la bataille se terminera par une apparente victoire tactique des Confédérés sur le terrain, et une victoire stratégique fédérale.

Elle mettra fin aux efforts de la Confédération pour s’approprier le territoire et d’autres parties de l’ouest des États-Unis.

Le Glorieta Pass (altitude 7500 pieds, soit 2286 m) est un col qui se situe dans les montagnes « Sangre de Cristo » du nord du Nouveau-Mexique.

Le col se trouve près de l’extrémité sud du « Sangre de Cristos » (dans le centre-est du comté de Santa Fe), à environ 16 km au sud-est de la ville de Santa Fe. Il permet de relier la haute vallée du Pecos (affluent du Rio Grande) et celle du Rio Grande.


Ce col fait partie de la piste de Santa Fe qui permettait aux immigrants et aux marchandises, partis du Missouri, de gagner le sud-ouest du pays, puis la Californie.

C’est aussi la bataille la plus haute (en altitude) de l’ensemble du conflit.

CONTEXTE

Au cours de l’été 1861, le général confédéré Henry Hopkins Sibley commande une brigade de cavalerie de volontaires dans l’ouest du Texas.

En recrutant dans les comtés de l’Est du Texas, Sibley met sur pied une force armée qu’il surnomme l’armée du Nouveau-Mexique, et commence à planifier une campagne du Nouveau-Mexique.

Son objectif est de s’emparer des villes d’Albuquerque, de Santa Fe et de Fort Union, sur le « Santa Fe Trail » (piste de Santa Fe), pour y établir une base avancée de ravitaillement.

Le « Santa Fe Trail » est une piste américaine historique du XIXème siècle traversant le Sud-Ouest de l’Amérique du Nord, et reliant le Missouri à Santa Fe, au Nouveau-Mexique.

Piste de Santa Fe

Au début de 1862, les Sudistes ont formé le Territoire confédéré de l’Arizona, avec Mesilla comme capitale (à environ 45 miles -72 km- d’El Paso, et à proximité de la grande ville actuelle de Las Cruces). Ce territoire s’étend sur les moitiés sud des actuels états d’Arizona et du Nouveau-Mexique.

Territoire du Nouveau-Mexique

La partie basse du territoire du Nouveau-Mexique a été largement oubliée, à la fois par le gouvernement de l’Union et par l’administration territoriale de Santa Fe. La sympathie confédérée y est forte.

Suite à la Sécession des États du Sud, les forces confédérées s’emparent de Mesilla (Arizona) et pourchassent les troupes nordistes, qui s’enfuient à Santa Fe.

Cette opération est vitale pour les Sudistes. Ils doivent rallier les ports californiens (la marine fédérale ayant mis en place un blocus naval à l’Est), et établir impérativement une ligne d’approvisionnement indispensable vers le sud.

AVANT LA BATAILLE DU COL DE GLORIETA

Bataille de Valverde

LA BATAILLE DE VALVERDE

La bataille de Valverde.

En février (les 20 et 21), les actions de Sibley obligent son adversaire, le colonel Edward Canby (commandant des forces de l’Union), à se replier après la défaite de son armée à la bataille de Valverde.

Edward Richard Sprigg Canby

Le 21 février 1862, les troupes de l’Union, commandées par le colonel Edward Canby, et l’armée confédérée du Nouveau-Mexique du général Sibley se rencontrent une première fois lors de la bataille de Valverde (un gué sur le Rio Grande juste au nord du « Fort Craig »).

Fort Craig

À la fin de la journée, les deux camps ont subi de lourdes pertes. Les Confédérés tiennent le champ de bataille, mais l’Union tient encore le Fort Craig. Henry Hopkins Sibley tente alors de s’emparer du Fort.

Ruines de Fort Craig.

La bataille de Valverde est considérée comme une victoire confédérée. Néanmoins, les unités du 2ème régiment de volontaires du Nouveau-Mexique (sous le commandement du général Miguel Pino) trouvent les chariots de ravitaillement de l’armée sudiste sommairement gardés, et les brûlent.

Général Nicolas Pino

Sibley est alors obligé de marcher vers le nord sans le ravitaillement qui lui fait défaut. Le 23 février 1862, il poursuit sa campagne, contourne l’armée du colonel Edward Canby, et se dirige sur Albuquerque.

Le 10 mars, Sibley occupe Santa Fe.

Le 8 avril, il prend position à Albuquerque.

FORCES EN PRÉSENCE

Bataille de Glorieta Pass

POUR LE NORD

 

Les forces nordistes comprennent des unités de l’armée régulière U.S, et des groupes de volontaires levés par les États.

Les forces du général John Potts Slough s’élèvent à 1300 hommes. Une partie de ces régiments est dirigée par le commandant John Milton Chivington.

Le 26 mars, Chivington dispose de 4 compagnies du « 1st Colorado Volunteers » et de détachements des 1er et 3ème régiments de cavalerie US.

Au cours des combats du 28 mars, John Potts Slough commande personnellement les 9 compagnies du « 1st Colorado Volunteers », un détachement des 2ème et 3ème régiments de cavalerie US, ainsi que 2 batteries d’artillerie.

John Milton Chivington commande 5 compagnies du « 5th U.S. Infantry », 1 compagnie du « 1th Colorado », la compagnie de James H Ford (issue du « 2nd Colorado »), et quelques unités de la milice du Nouveau-Mexique.

POUR LE SUD

 

Les forces sudistes du général Henry Hopkins Sibley s’élèvent à environ 1100 hommes.

Le 26 mars, les forces texanes, commandées par Charles L. Pyron et William Read Scurry, disposent des régiments suivants : le « 2nd Texas Mounted Rifles », le « 4st Texas Mounted Rifles », le « 5st Texas Mounted Rifles », et le « 7st Texas Mounted Rifles ».

LES OPERATION DE GLORIETA PASS

Les 26 et 28 mars 1862

APACHE CANYON

Le 26 mars 1862

Glorieta Pass Battlefield, New Mexico

Les 300 hommes des forces texanes, commandées par Charles L. Pyron, se sont établis à Apache Canyon (un des accès vers Glorieta Pass). Une avant-garde de 50 hommes surveille le col.

Glorieta Pass Battlefield, New Mexico

Le 28 mars au matin, le commandant John Milton Chivington arrive au col avec une troupe de 418 hommes, et attaque les forces sudistes. À midi, il se rend maître du poste de garde et parvient au contact de la ligne principale confédérée. Mais ses forces sont repoussées par l’artillerie ennemie. Elles retournent à l’attaque en passant par les deux bords du col, et prennent les positions de Sibley entre deux feux. Les Sudistes sont contraints de se replier de 2 500 mètres environ, jusqu’à une partie plus étroite formant un goulet sur le col.

Kozlowski’s Ranch

Chivington réitère la même opération et prend à nouveau les Sudistes entre deux feux. Ces derniers, une fois de plus, cherchent à se replier, mais en désordre. Une compagnie montée du Colorado en profite pour charger les canons que les sudistes cherchaient à atteler, capturant des prisonniers et mettant les autres en déroute.

Kozlowski’s Ranch at Glorieta Pass

Mais Chivington ne profite pas de son avantage ; il ignore si d’autres forces confédérées sont dans les alentours et susceptibles d’intervenir. Il se retire donc sur « Kozlowski’s Ranch », et attend l’arrivée de John Potts Slough et de ses troupes. Ce petit succès permet d’améliorer le moral des troupes fédérales.

GLORIETA PASS

Les 27 et 28 mars 1862

Glorieta Pass, New Mexico le 26 mars, 1862

La journée du 27 mars est calme, aucun combat n’est à signaler ; chaque camp reçoit des renforts.

Vers 15 heures, William Read Scurry et ses troupes arrivent, ce qui porte les effectifs sudistes à près de 1 100 hommes et 5 pièces d’artillerie. Faisant valoir son ancienneté, Scurry prend le commandement de la petite armée confédérée.

Il fait aussitôt organiser une ligne de défense pour se prémunir d’une éventuelle attaque des Fédéraux.

Glorieta Pass

John Potts Slough arrive tôt dans la matinée du 28, avec près de 900 hommes. Ce qui porte les effectifs nordistes à 1 300 combattants.

Des deux côtés, on se prépare à attaquer dans la matinée du 28.

Glorieta Pass Battlefield

Slough pense que les Confédérés attendront dans Apache Canyon, à l’abri dans leurs retranchements. Son plan consiste à envoyer Chivington, avec une force de 400 hommes, contourner par le sud les positions confédérées pour lancer une attaque de flanc. Pendant ce temps, le reste de son armée attaquera de front.

La bataille de Glorieta Pass

De son côté, Scurry estime que les Fédéraux vont se replier vers Fort Union, et décide d’avancer. Un millier d’hommes environ progressent vers l’est, le long de la piste de Santa Fe, ne laissant que peu de troupes et un seul canon à Johnson’s Ranch.

Vers 11 heures, les adversaires se rencontrent, à 800 mètres environ du Pigeon’s Ranch.

Slough déploie en travers de la piste les 4 compagnies du bataillon (le « 1st Colorado », commandé par le lieutenant-colonel Samuel Tappan), ainsi que deux batteries d’artillerie. Les Confédérés, eux, mettent pied à terre et se déploient en ligne sur un terrain difficile ; les différentes compagnies vont se mélanger.

Malgré son infériorité numérique, Tappan résiste jusque vers midi. C’est à ce moment-là que ses lignes sont contournées par les Sudistes, qui avancent sur ses ailes. Slough reforme une ligne de défense sur ses arrières, plus proche du Pigeon’s Ranch. Puis il ferme le centre du col avec deux compagnies et une batterie d’artillerie. Sur ses côtés, il dispose encore de plusieurs compagnies prêtes à intervenir.

Les sudistes attaquent sur trois colonnes. Pyron et Raguet attaquent la droite fédérale, Shropshire, la gauche. Scurry, appuyé par son artillerie, se jette à l’assaut contre le centre des positions nordistes, avec le reste des troupes confédérées. L’aide droite sudiste échoue dans son assaut et recule en désordre. La gauche et le centre ne font guère mieux. L’artillerie sudiste se replie elle aussi (un des canons a été détruit, ainsi qu’un caisson).

James Henry Whitlock dira : « Les Sudistes bataillent par petits groupes, avec un désespoir jamais atteint dans un autre engagement de la guerre ».

James Henry Whitlock (1829-1901) fut un représentant à l’Assemblée législative de la Californie, et servit dans les rangs de l’Union pendant la guerre de Sécession.  

Vers 15 heures, les Confédérés commencent à déborder l’aile droite nordiste ; et le Major Henry W.Raguet (commandant le « 4th Texas Mounted Volunteers ») est tué. Du haut d’un sommet, lieu qui gardera plus tard le nom de « Sharpshooters Ridge » (« la Crête des Tireurs d’élite »), les Sudistes tirent sur les artilleurs et les fantassins nordistes, placés en contrebas. William Read Scurry se lance à nouveau à l’attaque du centre des positions de l’Union.

Slough fait alors reculer sa ligne à 800 mètres environ, à l’est de « Pigeon’s Ranch ». Les combats vont durer. Jusqu’à la nuit, les deux camps tirailleront sans plus bouger de leurs positions. Puis Slough amorce une retraite sur Kozlowski’s Ranch, en abandonnant le terrain aux Confédérés.

Kozlowski’s Ranch

Au cours des combats, les hommes de Chivington tombent sur les arrières de l’armée de Sibley. Le chef des volontaires du Nouveau-Mexique, Manuel Chavez (du 2nd régiment des volontaires du Nouveau-Mexique), rapporte que ses éclaireurs ont repéré le convoi de ravitaillement sudiste.

Les guetteurs ont remarqué que celui-ci est peu surveillé et très peu gardé. Les Nordistes se lancent alors à l’assaut en contrebas, et dispersent l’escorte sans trop de difficultés. Après avoir pillé puis brûlé 80 chariots, et encloué un canon, ils abattent ou dispersent 500 chevaux et mules. Le détachement nordiste regagne ensuite « Kozlowski’s Ranch ».

Le convoi de ravitailement confédéré brûlé

Sans ravitaillement, William Read Scurry ne peut plus continuer à se battre, et n’a pas d’autre choix que de reculer jusqu’à Santa Fe. La longue retraite qui s’ensuit ramènera les Sudistes à San Antonio, au Texas.

Ainsi prend fin la dernière tentative de la Confédération de prendre le contrôle des territoires de l’Ouest. Glorieta Pass marque le tournant de la guerre civile dans le Nouveau-Mexique.

De nos jours, certaines zones des combats sont placées sous l’administration du « Pecos National Historical Park ».

PERTES

Cimetière national de Santa Fe

POUR LE NORD

 

Sur un effectif total de 1300 hommes, les pertes de la bataille pour l’armée de l’Union s’élèvent à 51 tués, 78 blessés, 15 capturés et 3 disparus.

POUR LE SUD

 

Sur un effectif total de 1100 hommes, les pertes de la bataille pour les Confédérés s’élèvent à 50 morts, 80 blessés, et 92 prisonniers.

Cimetière national de Santa Fe

BILAN

Bataille of Glorieta Pass

Le théâtre de guerre le moins connu de la guerre civile était celui de l’extrême-ouest, où les deux camps se disputaient pour la domination du territoire du Nouveau-Mexique. Les forces qu’ils pouvaient mobiliser étaient bien moins nombreuses que celles engagées à l’est, dans les affrontements de masse de dizaines de milliers de soldats. Néanmoins, la domination du Nouveau Mexique était stratégiquement importante. Le Sud souhaitait faire valoir sa revendication sur le territoire confédéré de l’Arizona, avec l’appui espéré des sécessionnistes locaux qu’il croyait prêts à se soulever. À cette fin, le président Jefferson Davis fut convaincu par le général Henry Hopkins Sibley de mettre sur pied un plan ambitieux pour développer de nouvelles routes d’approvisionnement vers l’ouest.

Bataille of Glorieta Pass

Les conséquences de cette bataille sont très importantes :

– d’abord, la victoire des Confédérés sur le terrain n’est que temporaire ; l’issue de la bataille est indécise. La destruction de leur convoi d’approvisionnement les force à se retirer vers le Texas, relâchant ainsi la pression sur Santa Fe et le Nouveau-Mexique.

– ensuite, la bataille de Glorieta Pass a anéanti complètement l’objectif de Sibley, qui visait la capture de l’importante base nordiste de Fort Union. Ce qui aurait repoussé les nordistes du territoire jusqu’au nord de « Raton Pass » (un col de montagne d’une altitude de 7 834 pieds – 2 388 m- qui se situe à la frontière entre le Colorado et le Nouveau-Mexique, dans l’ouest des États-Unis).

Au bout du compte, le rêve sudiste d’établir un bastion dans le sud-ouest du continent se révéla impossible, le Nouveau-Mexique ne pouvant offrir de ressources suffisantes pour pourvoir aux besoins d’une armée en campagne.

Sources :

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Hopkins_Sibley

https://en-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Henry_Hopkins_Sibley?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://www.geni.com/people/Brig-Gen-Henry-Hopkins-Sibley-CSA/6000000012357879365

https://en-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Battle_of_Glorieta_Pass?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Glorieta_Pass#cite_note-20

 

 

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