Les Croisades – Godefroy de Bouillon
LES CROISADES
(1095 – 1291)
GODEFROY DE BOUILLON
(Vers 1058 – 1100)
Un long chemin vers la terre du Christ
INTRODUCTION
GODEFROY DE BOUILLON
(Vers 1058 – 1100)
« Avoué du Saint-Sépulcre »
Lire :
1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II
« Dieu le veut ! »
LIEU DE NAISSANCE
La date et le lieu de naissance de Godefroy, Duc de Bouillon ne sont pas définis avec certitude. Il naît vers 1058, soit à Baizy-Thy dans la province du Brabant wallon, en Belgique, soit à Boulogne, dans le comté de Boulogne (aujourd’hui Boulogne-sur- mer, France).
TITRES
Duc de Basse-Lotharingie de 1089 à 1096.
Avoué du Saint-Sépulcre de 1099 à 1100.
FAMILLE
Duc de Lorraine, petit-neveu du pape Étienne IX, descendant de Charlemagne, Godefroy de Bouillon est issu d’une illustre famille des seigneurs du Nord, héritiers des Ducs de Basse-Lotharingie.
Il est le fils d’Eustache II, Comte de Boulogne, et Ide de Boulogne (une descendante de Charlemagne). Il est aussi le neveu de Godefroy le Bossu, duc de Bouillon, dont il héritera en 1089 de la Basse-Lotharingie.
JEUNESSE
C’est à Bouillon, en Belgique, que son oncle Godefroy III le Bossu va parfaire son éducation de chevalier. A sa mort, le 27 février 1076, il désignera dans son testament son neveu Godefroy de Bouillon comme son successeur. Mais contrairement à son souhait, l’Empereur d’Allemagne Henri IV nommera son fils Conrad de Germanie, duc de Basse-Lotharingie, à la place de Godefroy. Malgré tout, la même année, l’Empereur lui octroiera le marquisat d’Anvers.
Nonobstant, Godefroy de Bouillon combattra fidèlement aux côtés de l’Empereur germanique Henry IV dans la « Lutte d’Investiture » contre le pontife Grégoire VII, principal artisan de la « Réforme grégorienne ». Enfin, probablement en 1087, l’Empereur d’Allemagne le reconnaîtra duc de Basse-Lotharingie, en récompense de ses loyaux services.
En 1095, au Concile de Clermont, Urbain II réitèrera l’interdiction aux religieux de se soumettre à un laïc, même au roi, préservant ainsi l’indépendance des pouvoirs de l’Église versus ceux de l’État.
C’est durant cette expédition au Saint-Siège à Rome que Godefroy de Bouillon tombe gravement malade. Dès lors, il fait vœu, afin de réparer ses fautes, de partir pour la Palestine et d’aller protéger les Chrétiens persécutés.
Godefroy de Bouillon est désormais à la tête d’un immense duché s’étendant sur ce qui deviendra le duché de Brabant, le comté de Hainaut, le duché de Limbourg, le comté de Namur, le duché de Luxembourg et une partie du comté de Flandre.
1095, LE CONCILE DE CLERMONT
ET L’APPEL D’URBAIN II
LIRE :
1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II
1095
– 27 novembre : Concile de Clermont. Il se tient près de Notre-Dame du Port, au pied des remparts.
En ce jour de novembre 1095, la capitale de l’Auvergne grelote sous la neige. Malgré les morsures du froid, une foule considérable s’est réunie à Clermont pour l’arrivée du pape Urbain II. Lorsque celui-ci s’adresse à la foule perché sur une simple estrade en bois, la foule se tait et observe un grand silence. Tous les fidèles connaissent les bruits qui ont traversé toute l’Europe Occidentale concernant les événements en Terre Sainte ; et ils sont désastreux pour la chrétienté.
Lors du Concile, Urbain II, assisté de l’évêque Adhémar de Monteil, lance un appel aux chevaliers d’Europe occidentale, et prêche la Première Croisade afin de libérer les routes de la Terre Sainte. Il leur demande d’aller aider les Chrétiens d’Orient et de rétablir le Saint Sépulcre de Jérusalem. Ceux qui font le vœu de répondre à la requête du pape doivent coudre une croix d’étoffe sur leur tunique (d’où le nom de Croisé). Urbain II promet le salut aux pèlerins, lesquels seront absous de leurs péchés. Cet appel est considéré comme le facteur déclenchant de la Première Croisade.
« Ô fils de Dieu ! Après avoir promis à Dieu de maintenir la paix dans votre pays et d’aider fidèlement l’Église à conserver ses droits, et en tenant cette promesse plus vigoureusement que d’ordinaire, vous qui venez de profiter de la correction que Dieu vous envoie, vous allez pouvoir recevoir votre récompense en appliquant votre vaillance à une autre tâche. C’est une affaire qui concerne Dieu et qui vous regarde vous-mêmes, et qui s’est révélée tout récemment (1). Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide. En effet, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays. Ils se sont avancés jusqu’à la mer Méditerranée et plus précisément jusqu’à ce qu’on appelle le Bras Saint-Georges (2). Dans le pays de Romanie (3), ils s’étendent continuellement au détriment des terres des chrétiens, après avoir vaincu ceux-ci à sept reprises en leur faisant la guerre. Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu. Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie – et ce n’est pas moi qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même – vous, les hérauts du Christ (4), à persuader à tous, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le Christ l’ordonne. À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui participeront à ce voyage, en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu. Quelle honte, si un peuple aussi méprisé, aussi dégradé, esclave des démons, l’emportait sur la nation qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! Quels reproches le Seigneur Lui-même vous adresserait si vous ne trouviez pas d’hommes qui soient dignes, comme vous, du nom de chrétiens ! Qu’ils aillent donc au combat contre les Infidèles – un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de s’achever en victoire –, ceux-là qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam des fidèles ! Qu’ils soient désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n’étaient que des brigands ! Qu’ils luttent maintenant, à bon droit, contre les barbares, ceux-là qui se battaient contre leurs frères et leurs parents ! Ce sont les récompenses éternelles qu’ils vont gagner, ceux qui se faisaient mercenaires pour quelques misérables sous. Ils travailleront pour un double honneur, ceux-là qui se fatiguaient au détriment de leur corps et de leur âme. Ils étaient ici tristes et pauvres ; ils seront là-bas joyeux et riches. Ici, ils étaient les ennemis du Seigneur ; là-bas, ils seront ses amis ! ». Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana, dans Recueil des historiens des croisades, historiens occidentaux. Cité par M. Balard, A. Demurger, P. Guichard dans Pays d’Islam et monde latin Xe-XIIIe siècles. Hachette, Paris, 2000.
- Allusion possible à la venue d’une ambassade byzantine au concile de Plaisance en mars 1095.
- Le Bosphore.
- L’Empire byzantin en tant que seul héritier de l’Empire romain.
- Le pape s’adresse aux évêques.
En 1096, pour réunir les fonds nécessaires à la Croisade, Godefroy de Bouillon décide de vendre plusieurs de ses châteaux : celui de Bouillon, à Otbert, prince-évêque de Liège, et celui de Stenay, à Richer prince-évêque de Verdun. Avec l’aide et le soutien de ses frères, Baudouin et Eustache de Boulogne, il va assembler une des plus puissantes armées de Croisés soutenue par les chevaliers des régions de Meuse et du Rhin.
LIRE :
DEUX SORTES DE CROISADES VOIENT LE JOUR :
1- « LA CROISADE DES GUEUX »
Urbain II avait projeté au mois d’Août le départ des fidèles vers la Terre-Sainte. Mais des dizaines de milliers de chrétiens de toutes conditions, femmes suivant leurs époux, enfants, vieillards, s’étaient mis immédiatement en route avant la date fixée par le pape. Au cri évocateur de « Dieu le veut ! Dieu le veut ! », ils étaient sûrs de leur foi inébranlable et de leur force. Leurs prières, d’après eux, suffiraient à faire tomber les remparts de Jérusalem. Partis de France en mars, sans protection militaire, ils étaient plus de 12 000 avec, à leur tête, un fanatique illuminé, Pierre l’Ermite, et un noble, Gauthier Sans Avoir. Presque en même temps, deux autres colonnes de pèlerins quittaient l’Allemagne. Totalement démunis en armes et en ravitaillement, ils longèrent le Danube pour rejoindre Constantinople, puis la Palestine. Méconnaissant les contrées traversées et sans repères géographiques, ils ignoraient presque tous où se trouvait leur destination. Pillant et dévastant tout sur son passage pour se nourrir, la « Croisade des Gueux » se transforma vite en désastre. Nonobstant, ils furent nombreux à atteindre Constantinople, où l’Empereur Alexis 1er leur fit traverser le Bosphore. N’écoutant que leur foi, alors que le Basileus leur avait recommandé d’attendre l’arrivée de la Croisade des Barons, ils poursuivirent leur route jusqu’à Nicée, place forte tenue par les Seldjoukides. Là, ils furent anéantis par les archers turcs. Quelques navires de la flotte byzantine récupérèrent les malheureux rescapés.
2- « LA CROISADE DES BARONS », ou « LA CROISADE DES SEIGNEURS ».
Dans les six derniers mois de l’année 1096, un énorme dispositif militaire prend forme en Europe. Les préparatifs vont bon train pour donner naissance à la formation de la 1ère Croisade. Des moyens considérables sont rassemblés en hommes et en matériels. Ils ont pour objectif, le pense-t-on avec ferveur, de libérer les routes de la Terre-Sainte. Cette colossale expédition prend le nom de « Croisade des Seigneurs », car aucun monarque n’y prend part ; ils ont tous été excommuniés par le pape. Ce sera donc sans Philippe 1er, roi de France, ni Guillaume II le Roux, roi d’Angleterre, et sans l’Empereur germanique Henri IV, du Saint-Empire, que la puissante armée chrétienne partira pour la Palestine.
Les seigneurs qui dirigent l’expédition vont se montrer courageux et intrépides et s’assurer d’une grande renommée.
LA CROISADE SE COMPOSE DE QUATRE ARMÉES :
1- Hugues de Vermandois (frère du roi de France Philippe 1er), Robert Courteheuse (fils de Guillaume le Conquérant), et Robert de Flandres dirigent l’armée du Nord.
2- l’armée du Rhin et de la Meuse est conduite par les deux frères, Baudouin de Boulogne et Godefroy de Bouillon.
3- l’armée du Midi de la France est placée sous le commandement de Raymond IV de Saint-Gilles.
4- l’armée d’Italie est sous les ordres du Normand Bohémond de Tarente, accompagné de son neveu Tancrède de Hauteville.
GODEFROY DE BOUILLON ET LA PREMIÈRE CROISADE
CHRONOLOGIE
*Durant la Première Croisade, Raymond d’Aguilers était le chapelain du Comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles. Il a écrit lors de cette campagne une chronique en latin : « Historia Francorum qui ceperunt Jerusalem » (Histoire des Francs qui ont pris Jérusalem).
1096
– Printemps-été : une première vague de Croisés issue du peuple se met en route pour la Terre Sainte. Elle est conduite par Pierre l’Ermite et Gauthier Sans Avoir. Elle prendra le nom de « Croisade populaire ».
– Mars : Le pape Urbain II étend les croisades à l’Espagne.
CIVITOT
– 21 octobre : à Civitot (camp militaire près de Nicée) les pèlerins de la « Croisade Populaire » de Pierre l’Ermite sont massacrés par Kilij Arslan, le sultan seldjoukide de Roum (sultanat de Roum en Anatolie de 1077 à 1307)). Gauthier de Poissy et son neveu Gauthier Sans-Avoir seront tués lors du combat.
CONSTANTINOPLE
– 23 décembre : Godefroy de Bouillon approche de Constantinople.
1097
– Avril-mai : arrivée à Constantinople de Godefroy de Bouillon, de Bohémond de Tarente et de Raymond de Saint-Gilles.
NICÉE
– 19 juin : prise de Nicée par les Francs. Avec ses 40 000 Croisés, Godefroy de Bouillon assiège Nicée tenue par les Turcs. Après sa reddition, la ville sera rendue aux Byzantins.
DORYLEE
1er juillet : bataille de Dorylée, en Anatolie.
L’armée croisée d’occident, dirigée par Bohémond de Tarente, Adhémar de Monteil, et Godefroy de Bouillon, est attaquée par la cavalerie du sultanat de Roum commandée par Kilij Arslan 1er. Après six heures de combats acharnés, les Francs remportent la victoire ; les troupes Seldjoukides sont en déroute. La domination des Turcs sur l’Asie Mineure se voit remise en cause pour une longue période.
Malgré les divergences qui les opposent, après la bataille de Dorylée, Occidentaux et Orientaux, Francs et Turcs, s’accordent respectivement sur la bravoure de leur adversaire. Les Francs eux-mêmes, qui ont subi tant de dangers, reconnaissent qu’ils n’ont jamais rencontré des combattants semblables aux Seldjoukides (Turcs), tant ils firent preuve de courage, de bravoure et de vaillance au combat (notes du moine historien Guilbert de Nogent). De part et d’autre, une grande estime se développe, surtout parmi les cavaliers des deux camps. Même si ce sont les seules valeurs qu’ils peuvent accorder à ces « infidèles » venus d’Occident, les musulmans demeurent élogieux quant à l’« incomparable » valeur militaire des Croisés.
ANTIOCHE
– 20 octobre : début du siège d’Antioche, en Turquie.
1098
– Les Fatimides reprennent Jérusalem aux Turcs seldjoukides.
– Mars : Les Francs fondent le comté d’Edesse en Turquie. Alors qu’ils s’étaient engagés à rendre la ville aux Byzantins, ils décident de la conserver et provoquent la colère légitime du Basileus.
– 3 juin : dans le Nord, les Croisés s’emparent d’Antioche. La ville sera prise grâce aux renforts du prince Bohémond de Tarente, chef des Croisés normands de Sicile.
– 28 juin : sous le gouvernement de Bohémond de Tarente, devenu Bohémond 1er, Antioche devient « Principauté franque » en dépit de la forte contestation de Raymond IV de Toulouse.
– 1 août : mort à Antioche d’Adhémar de Monteil, évêque du Puy, légat du Pape.
– 26 août : les Égyptiens prennent Jérusalem aux Turcs.
1099
– Janvier : depuis le nord de la Syrie, les Francs avancent sur Jérusalem. Conduits par Raymond de Saint-Gilles, ils sont rejoints par Godefroy de Bouillon.
– juin : début du siège de Jérusalem.
– 15 juillet : prise de Jérusalem.
Après un terrible assaut, au cours duquel les deux tiers des assaillants sont tués, la ville est investie par les Croisés ; elle sera purifiée dans le sang. A l’issue de la bataille, Godefroy de Bouillon prend le titre d’«avoué (défenseur) du Saint Sépulcre ».
– Fondation des États latins d’Orient.
– 29 juillet : mort du pape Urbain II à Rome.
– 12 août : bataille d’Ascalon (en Israël sur la côte méditerranéenne).
L’armée des Croisés, commandée par Godefroy de Bouillon, affronte celle des Fatimides, placée sous les ordres du vizir d’Égypte Al-Afdhal. La puissante charge des cavaliers francs met les Égyptiens en déroute. Le massacre est à la hauteur du butin récolté : énorme. Cette victoire assoit la possession de la Palestine aux Chrétiens. Dorénavant il va falloir la tenir et l’administrer…
– 12 août : départ des barons croisés. Raymond de Saint-Gilles, le Comte de Normandie et le Comte de Flandre quittent la Palestine. Seuls 3000 chevaliers, sur les 130 000 hommes qui ont pris part à la Première Croisade, restent auprès de Godefroy de Bouillon. Commence alors la difficile construction des États Latins : le royaume de Jérusalem, la principauté d’Antioche et les Comtés de Tripoli et d’Edesse.
LES CROISES, ENFIN SUR LE TOMBEAU DU CHRIST !
Le 15 juillet 1099, « Jérusalem était conquise, la grande tour livrée. Ah ! Dieu ! Quelle allégresse en ce jour ! », rapportent Richard le Pèlerin et Graindor de Douai dans la chanson de geste La Conquête de Jérusalem.
En Occident, l’événement a un retentissement colossal. La Première Croisade, prêchée par le pape Urbain II lors du Concile de Clermont en 1095, a atteint son but. Dorénavant, il faut conserver et administrer ces succès. Dès lors, il faut protéger la Ville Sainte et le tombeau du Christ, conquis à grande peine et désormais dans le giron de la Chrétienté occidentale. Mais les Francs sont partagés quant à l’avenir de Jérusalem. Les pauvres prétendent que la cité où le Seigneur a été crucifié ne doit pas être dirigée par un monarque du temporel. Pour les religieux, cette Terre sacrée doit en toute logique dépendre de l’Etat pontifical. Le pape ne pouvant y exercer personnellement son autorité, celle-ci ne peut être attribuée qu’à son légat, l’évêque Daimbert de Pise.
Mais les grands seigneurs ne sont pas disposés à abandonner le gouvernement de la Palestine, ni à renoncer aux richesses et aux terres pour lesquelles ils se sont battus. Pourtant, c’est d’un accord unanime qu’ils vont refuser la couronne du Royaume de Jérusalem :
– Le 1er à être sollicité, c’est le comte de Toulouse. Mais d’aucuns pensent qu’il est pressé de regagner son Languedoc, alors il refusera la royale proposition.
– Le 2ème, le plus ambitieux de tous, le prince Bohémond de Tarente, chef des Croisés normands de Sicile, rejette aussi l’offre. Il ne se préoccupe pas de Jérusalem ; il brûle d’impatience de rejoindre la Principauté d’Antioche qu’il a fondée.
– Le 3ème, Robert II le Frison, comte de Flandre, a fait la promesse à son épouse de prendre « la route du retour sans délai, aussitôt après s’être rendu au Temple de Salomon, avoir embrassé le Sépulcre et fait oraison ».
– Robert de Courteheuse (duc de Normandie), le comte Hugues du Maine et plusieurs candidats potentiels, partis guerroyer pour la Croisade depuis près de quatre ans, n’aspirent qu’à rentrer dans leurs foyers.
C’est donc vers Godefroy de Bouillon que les barons et chevaliers dirigent leur choix. Le duc de Lorraine est connu pour sa vaillance, son courage et sa foi immuable. Mais lui-aussi refuse spontanément, arguant qu’il ne peut porter une couronne d’or là où Jésus a dû porter une couronne d’épines. Ce seigneur très pieux se juge indigne d’être « roi de Jérusalem et de Terre Sainte ». Il estime ce lieu saint comme propriété du Christ, et donc du Saint Siège.
D’IMPORTANTES ET INNOMBRABLES RESPONSABILITÉS
Le destin va en décider autrement, et à l’issue de la prise de Jérusalem, Godefroy de Bouillon est finalement élu. S’il accepte le choix de ses pairs, il refusera le titre de roi pour celui d’« avoué » (protecteur) du Saint-Sépulcre. C’est ainsi que, humblement et non en monarque, Godefroy de Bouillon entend servir Rome et la Chrétienté. Pour ne point léser l’Église, et afin de ne pas provoquer l’hostilité des clercs et du Saint Siège, l’évêque Daimbert de Pise est élu patriarche de Jérusalem.
Godefroy de Bouillon a maintenant 38 ans ; il doit assumer la lourde tâche qui lui a été attribuée. Il doit veiller à ce que les Chrétiens conservent leurs conquêtes. Il doit en outre protéger Jérusalem et le tombeau du Christ. Il lui faudra distribuer des terres aux chevaliers, guerroyer contre les villes qui sont une menace alentour, commencer la pacification et soumettre les infidèles musulmans. Enfin, il a le devoir de s’assurer que la justice est rendue en toute impartialité, et de favoriser l’essor de l’économie sur le territoire conquis.
MORT
Godefroy de Bouillon meurt le 18 juillet 1100 de causes inconnues, probablement emporté par les fièvres. Le 25 décembre, son frère, Baudouin de Boulogne, lui succède à la tête du royaume franc de Jérusalem. Ce dernier n’aura de cesse d’agrandir l’héritage de son frère. Jusqu’en 1118, il reprendra aux Turcs les villes de Saint-Jean d’Acre, de Beyrouth et de Sidon.
POSTÉRITÉ
Godefroy de Bouillon s’est rapidement distingué comme étant un chef d’expédition valeureux et intrépide. Au siège de Nicée, il s’est affirmé par sa vaillance au combat. Après la chute d’Antioche, il a encouragé les Croisés déprimés et abattus à continuer la lutte et à poursuivre la route vers Jérusalem. Enfin, en juin 1099, près de trois ans après son départ pour la Palestine, Godefroy de Bouillon se présentera sous les murailles de la Ville Sainte. Aussi pieux que brave, nanti d’une force physique peu commune, il jouera un rôle déterminant lors de la prise de la cité. Fermement attaché à ses convictions de chrétien, il se révèlera comme un véritable chef de guerre. Ayant gagné la fidélité et le respect de ses pairs, Godefroy de Bouillon s’attachera la reconnaissance de ses contemporains. Ce preux chevalier, présenté comme le premier roi de Jérusalem, même s’il n’a jamais désiré porter le titre mais celui d’ « avoué du Saint-Sépulcre », est entré dans la légende et dans les livres d’Histoire comme le modèle du Croisé.
Bonjour, tout d’abord merci pour votre article.
Vous affirmez que Robert II le Frison, comte de Flandre, a fait la promesse à son épouse de prendre « la route du retour sans délai, aussitôt après s’être rendu au Temple de Salomon, avoir embrassé le Sépulcre et fait oraison » tiré vous cela de la chanson la Conquête de Jérusalem ou d’une autre source.
Bonjour,
J’ai pris l’info dans la collection « Les rois de France » des Éditions Atlas. « Godefroy de Bouillon avoué du Saint Sépulcre », dans la rubrique :(Les Capétiens, Philippe 1er, le roi et les hommes).
Merci de m’avoir lu
Jean-Marie Borghino