Les Témoins du Passé – Le château de Winchester
LES TÉMOINS DU PASSÉ
LE CHÂTEAU DE WINCHESTER
« Le Grand Hall »
Winchester, Angleterre
Type : château fort.
DÉBUT DE CONSTRUCTION :1067.
FIN DE CONSTRUCTION : 12ème siècle.
DESTINATION ACTUELLE : musée.
STATUT : monument classé de grade 1.
COMTE : Hampshire.
VILLE : Winchester.
WINCHESTER
HISTORIQUE
La ville de Winchester est fondée vers 70 av J.-C, avant l’époque romaine. C’est avant tout une importante colonie « Belge ». Les populations belges se sont implantées avant les Romains dans l’île de Bretagne.
La Bretagne, ou Britannie (Britannia en latin), est une province romaine qui, du 1er au 5ème siècle, s’étendait sur une portion de l’île de Grande Bretagne. Ces territoires deviendront par la suite ceux de l’Angleterre, du Pays de Galles, et du sud de l’Écosse. Cette terre de Britannie représentait pour les Romains « la terre la plus écartée et le dernier boulevard de la liberté ». D’après Tacite, écrivain, historien et sénateur romain, « Il n’y a plus de peuples au-delà, rien que des flots et des rochers ».
Après la conquête de Claude (10 -54 av J.C.), 4ème empereur romain, le site fortifié (castrum) se transforme et devient une cité qui prend un brillant essor. La ville est alors habitée de Bretons et de Romains, mais principalement de Belges brittons ou continentaux.
Peuples celtes qui occupaient (au moins depuis le 3ème siècle av J.C) la Gaule septentrionale (essentiellement la Gaule Belgique), située entre la Manche et la rive gauche du Rhin, au nord de la Seine. Ces populations (Belges) ont aussi colonisé des territoires sur l’île de Grande Bretagne. Aujourd’hui, les Belges désignent les habitants de la Belgique. La Gaule Belgique. C’est l’une des quatre provinces (avec la Gaule Aquitaine, la Gaule lyonnaise et la Gaule narbonnaise) créées par Auguste suite aux conquêtes de Jules César en Gaule, entre 58 et 51/50 av J.C.
– En 519, Cerdic, chef saxon, conquiert l’ouest de l’île, s’empare de la ville où il y établit sa résidence, et en fait sa capitale.
– En 660, de par son influence sans cesse grandissante, la ville est le siège d’un des plus grands évêchés d’Angleterre.
– Vers 686, après la victoire du roi du Wessex Cædwalla (659-689) sur le roi du Sussex Æthelwalh (? -685), la ville devient de fait la capitale du royaume de Wessex, et supplante Dorchester (County of Oxford ou en abrégé Oxon), située sur la Tamise.
– En 827, sous le règne d’Egbert (roi du Wessex de 802 à sa mort en 839), la cité prend définitivement la fonction de capitale du royaume.
– A partir de 871, Alfred le Grand (né en 848 ou 849 et mort le 26 octobre 899), roi du Wessex de
871 à sa mort, en fait sa capitale. Après les saccages des guerres face aux Normands, la cité fortifiée devient la protectrice du trésor royal et des archives du gouvernement.
– Au 10ème siècle, une gigantesque cathédrale est érigée.
A partir de 950, sous l’influence de son abbaye, réformée par les bénédictins, Winchester devient le centre d’une école d’art réalisant des manuscrits, des peintures et des ivoires. Ce courant d’art religieux s’étend depuis tout le sud de l’Angleterre. Sous l’épiscopat d’Æthelwold (ecclésiastique anglo-saxon, né entre 904 et 909 et mort le 1er août 984, évêque de Winchester de 963 jusqu’à sa mort), l’art de l’enluminure et des éditions prestigieuses se développe et atteint une ampleur sans précédent.
– En 983, une puissante abbaye bénédictine est édifiée par le pouvoir royal.
– Vers l’an mil, des rapports artistiques se nouent et s’accentuent avec Fleury-sur-Loire, centre concepteur de psautiers (recueils de psaumes) et d’évangiles. Winchester, chef-lieu d’un puissant évêché médiéval, demeure ainsi le centre politique de l’Angleterre jusqu’en 1066, date de la conquête normande par Guillaume le Conquérant.
Après l’annexion de la ville par les Normands, la cité fait l’objet de grands travaux d’urbanisme, notamment avec :
– La construction d’un château dans l’angle sud-ouest de l’enceinte de la ville.
– Le doublement de la surface de l’ancien palais royal.
– La construction d’un monastère contigu à la cathédrale érigé par Guillaume le Conquérant. Cet édifice est utilisé pour abriter et protéger des biens confisqués et des reliques jadis éparpillées.
– La construction en 1079 de l’imposante cathédrale et du palais de l’évêché.
Tous ces aménagements donnent à Winchester une place prépondérante dans le royaume ainsi que dans la gestion des affaires religieuses.
– Au 12ème siècle, lors de la Guerre Civile, la cité est brûlée et son château détruit.
– Au milieu du 12ème siècle, les écoles d’art ressuscitent grâce à l’appui financier d’Henri de Blois
(né vers 1096 ou 1100 – mort en 1171). Ce mécène est abbé de Glastonbury (à partir de 1126), puis évêque de Winchester (en 1129), et légat papal d’Angleterre. Il fut un personnage important de la politique anglaise de son temps, et particulièrement durant le règne de son frère Étienne d’Angleterre (1135-1154). Sous son patronage, plusieurs manuscrits précieux y seront réalisés, dont la bible de Winchester, ou encore le psautier d’Henri de Blois.
– Au 13ème siècle, la cité bourgeoise joue un rôle prééminent dans le commerce des laines.
– Sous Henri Ier, la ville est puissante et voit la naissance d’Henri III. Elle commencera à régresser inexorablement sous le règne d’Henri VI. La ville conserve néanmoins son statut rentable de résidence royale, et garde son prestige. Elle accueille ainsi des barons et des grands souverains : Henri VIII Tudor y reçoit Charles Quint et Philippe II d’Espagne y épouse la reine Marie Tudor.
La ville est un important nœud routier ; elle est située à 100 km à l’ouest-sud-ouest de Londres, et à 20 km au nord-nord-est de Southampton. C’est en 1865, au milieu du 19ème siècle, que Winchester sera desservie par le chemin de fer. Elle compte alors 14784 habitants. Durant la période victorienne, l’évêché est le plus riche d’Angleterre après Durham.
LE CHÂTEAU DE WINCHESTER
Le Château de Winchester est un édifice médiéval situé à Winchester, dans le comté de Hampshire. Son début de construction date de 1067, sous le règne de Guillaume le Conquérant. Il a été achevé au 12ème siècle. Il ne subsiste aujourd’hui que le Grand Hall de la bâtisse originelle. Le château abrite le musée d’histoire de Winchester.
LE GRAND HALL
Le Grand Hall (34 x17 x 17m), date du 13ème siècle. Il est de nos jours le seul vestige qui subsiste au Château de Winchester, construit au temps des Normands (1222-1236). Le Grand Hall est un admirable exemple de bâtisse médiévale, avec sa charpente en bois supportée par des colonnes de marbre.
LES COLONNES & LES CHAPITEAUX
LES MURS & LES PORTES
LES VITRAUX
DÉCORATIONS & MOBILIER
PERSONNAGES CÉLÈBRES
LE JARDIN MÉDIÉVAL
LA TABLE RONDE DU ROI ARTHUR
Sur le mur occidental se trouve suspendue, depuis 1348, la Table ronde du roi Arthur (5 m de diamètre), tout en chêne. Cette table décorée de peintures, représentant le roi Arthur et les noms
de ses chevaliers, est mentionnée dans les archives du 14ème siècle. Datant du 13ème siècle ou début 14ème, elle n’a été peinte qu’en 1522, par ordre du roi Henri VIII. On remarque que les places de la table sont peintes successivement en vert et blanc. Les noms des 24 chevaliers apparaissent inscrits en lettres d’or. Il est à noter que le visage du roi n’est pas, bien entendu, celui du roi Arthur, mais celui d’Henri VIII : on découvre au centre la double rose des Tudors, symbole d’Henri VIII. Celle-ci réunit à la fois la rose rouge des Lancastre (dont il est héritier par son père, Henri VII) et la rose blanche des York (dont il est héritier par sa mère, Elisabeth d’York).
On pense qu’à l’origine cette œuvre aurait été réalisée entre 1250 et 1290, sous le règne d’Edward 1er : ce dernier était un fervent adepte du récit arthurien et de la légende. Le motif actuel peint sur la table fut commandé en 1522 par Henri VIII, au cours de la visite de l’empereur Charles V.
DIMENSIONS & POIDS
Elle est soutenue par 12 pieds extérieurs et un support central. Elle mesure 5,5m de diamètre, pour un poids de 1200 kg, et a été construite en bois de chêne anglais. Des études ont été nécessaires pour évaluer la véritable origine de cette table construite par Henri VIII, et qui demeure de nos jours le seul vestige originel conservé au château.
LISTE DES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE :
Dans le sens des aiguilles d’une montre, en partant de la droite d’Arthur (Le « S » écrit en rouge devant chaque nom signifie « Sir ») :
Force est de constater que la Table ronde du château de Winchester a, au premier abord, traversé les siècles pour nous parvenir intacte. Si son état de conservation parait admirable, il est notoire de remarquer que cette œuvre ne date pas du 6ème siècle, période à laquelle aurait vécu le roi Arthur. Elle ne représente donc pas un vestige d’époque de la fabuleuse légende. Nonobstant, elle témoigne de la progression de la monarchie anglaise au cours des siècles. Cette table nous permet de mieux percevoir l’empreinte de la légende arthurienne dans la culture anglo-saxonne depuis le 12ème siècle.
LE ROI ARTHUR, ENTRE LÉGENDE ET RÉALITÉ ?
Nous connaissons tous, ne serait-ce que de nom, ce roi légendaire et ses non moins célèbres
« chevaliers de la table ronde ». Le personnage d’Arthur se situe aux frontières du réel et de l’imaginaire. Son existence dans l’Histoire n’est pas attestée. Sa légende est essentiellement inspirée par le folklore et par la créativité littéraire qui vont, au cours des siècles, magnifier ce roi mythique, au point de lui donner un destin peu commun pour un individu de cette époque. Une époque où le terme « Bretagne » désignait la grande moitié du sud de l’actuelle Grande Bretagne.
Le roi Arthur, ou Arthur Pendragon (né vers 470 date variable entre 456 et 492 – mort vers 535 ou 542), est, selon les romans de chevalerie du Moyen-Âge, un seigneur breton qui aurait vécu à la fin du 5ème siècle ou au début du 6ème siècle. Il aurait pris la défense des populations celtes des îles britanniques et de la Bretagne armoricaine. Arthur aurait combattu les invasions des tribus barbares germaniques qui attaquaient l’Est du pays.
On trouve la trace d’Arthur dans des sources historiques à travers de rares textes contradictoires.
La plupart sont des poèmes et des contes en dialectes gallois, ou encore des chroniques relatant la romanisation et la christianisation de la Grande Bretagne.
Mais au fait, quelle est la part de réalité dans la légende ? et quelle est son origine ?
LE CONTEXTE HISTORIQUE
La Bretagne (actuelle Grande Bretagne) fut pendant des siècles, tout comme une grande partie de l’Europe, sous la domination de la puissance romaine. Cette occupation a commencé en 43 après J.C.
Une partie de la population devient « romano bretonne ». Cette romanisation se traduit aussi bien
au niveau de la culture que de la religion, sans compter les nombreux mercenaires bretons qui servent dans l’armée de l’occupant. Il faut noter que les tribus celtes qui habitent dans des régions difficiles d’accès restent, dans leur grande majorité, païennes. On peut donc faire une comparaison identique avec la Gaule et ses Gallo-romains.
Mais alors que la Gaule subit les invasions des Goths, des Francs, et des Burgondes, la Bretagne doit se défendre sur deux fronts : à l’Est, contre les attaques des Angles, des Jutes, des Saxons et des Frisons ; à l’Ouest venus d’Irlande ou du Nord du pays contre les Pictes, les Irlandais et les Scots.
Face à l’afflux toujours plus important des raids de ces peuples, les légions romaines sont dépassées. Tout l’empire romain est envahi. Au début du 5ème siècle, l’Empereur romain Honorius décide d’abandonner la Bretagne : trop lointaine, donc trop difficile à protéger. Dès ce jour, les « romano-bretons » sont isolés et seuls pour se défendre contre les attaques barbares. Mais une résistance « romano-bretonne » commence à voir le jour. Désorganisée, elle manque d’union et de cohésion. Cette situation favorise l’émergence de chefs de guerre, de coordinateurs, qui vont structurer la défense de tout un peuple. Ces derniers sont, pour la plupart, des descendants de l’ancienne aristocratie romaine ; ce sont de grands propriétaires possédant terres et fiefs. Ils vont être les fondateurs de la future classe féodale. Parmi ces chefs de guerre se trouve un dénommé Artus, ou Artorius, qui aurait vécu durant la seconde moitié du 5ème siècle et au début du siècle suivant : il aurait réussi à coaliser les autochtones « roman-bretons » face aux assauts des barbares irlandais, pictes et saxons. La légende d’Arthur venait de naître.