Naissance de l’imprimerie française sous Louis XI

CHRONIQUES MÉDIÉVALES

Blason du royaume de France

 NAISSANCE DE L’IMPRIMERIE FRANÇAISE

SOUS LOUIS XI

Un atelier d’imprimerie au Moyen Âge

SOMMAIRE

Johannes Gutenberg

Johannes Gutenberg

L’invention de la première presse à imprimer date de 1434. C’est un Allemand, Johannes Gutenberg, qui sera le premier, après bien des épreuves, à parvenir à imprimer un livre : la Bible, dite « Bible de Gutenberg », qui parait en 1454.

C’est en 1450, dans son atelier de Mayence, qu’il met au point un système d’impression innovant. Le procédé se présente sous la forme d’une presse actionnée à la force des bras, permettant de reproduire, sur papier, une forme de caractères métalliques préalablement encrés.

En 1451, Gutenberg édite la grammaire latine de Donatus. C’est le premier livre européen imprimé avec des caractères mobiles.

En 1453, Gutenberg édite la première édition latine de la Bible, celle dite de la « Bible à quarante-deux lignes » (premier livre imprimé en Europe à l’aide de caractères mobiles).

Cette invention va révolutionner le monde des lettres. Jusqu’alors, les manuscrits étaient réservés à des copistes (une élite religieuse et intellectuelle). Le gain de temps est colossal car il n’est plus nécessaire d’écrire à la main.

Presse d’imprimerie

Un copiste

La duplication des pages imprimées va permettre de diffuser à profusion les œuvres écrites des auteurs, anciens et contemporains, dans les écoles et les universités. Les premières publications, de quatre à cinq cents unités, sont vite dépassées, pour atteindre des records de 1500 à 2000 exemplaires.

Cependant, ces premières impressions de livres, appelés « incunables » (parce que parus avant 1500), sont longues à produire.  Il devient urgent d’accélérer la production et de se mettre au travail.

Tous les pays d’Europe vont rivaliser pour installer des ateliers dans leurs grandes villes. Ils vont débaucher les imprimeurs allemands devenus, par la force des choses, des spécialistes, car ils maîtrisent à la perfection cette nouvelle technique…

Le mot « scriptorium » (au pluriel, des scriptoria ou des scriptoriums) est un mot latin dérivé du verbe « scribere » qui signifie « écrire ».

Atelier des moines copistes

Avant l’introduction de l’imprimerie en Occident, ce nom désignait l’atelier dans lequel les moines copistes réalisaient des livres copiés manuellement.

On estime qu’au total, en Europe, dans les cinquante premières années qui ont suivi l’invention de Gutenberg, ce sont quinze à vingt millions de livres qui seront imprimés avant 1500, dont plus de trois quarts en latin. La population européenne était alors estimée à environ cent millions d’habitants.

Un copiste

En 1457, un livre de psaumes imprimé à Mayence arrive à Paris. Le roi de France Charles VII, qui s’intéresse aux sciences et aux arts, est fortement intrigué par cette nouvelle technique.

Le 3 octobre 1458, il dépêche un de ses espions à Mayence, en Allemagne, le Champenois Nicolas Jenson. Celui-ci a pour mission de découvrir les secrets de cette nouvelle méthode d’écriture (la typographie) et de la ramener à Paris : « parvenir à l’intelligence du nouvel art et execucion d’icelui audict Royaume de France ».

Pourtant, malgré les insistances du monarque français, ce n’est pas Nicolas Jenson qui introduira l’imprimerie en France, mais trois ouvriers d’origine allemande. Ces derniers installeront un premier atelier d’imprimerie à la Sorbonne en 1470.

 

EN FRANCE

HISTORIQUE

Un copiste

En 1470, Jean Heynlin (dit « de Lapide »), alors prieur de la prestigieuse faculté, fait appel à trois spécialistes, des ouvriers typographes : Ulrich Gering, Martin Crantz et Michel Friburger, venus respectivement de Constance, Stein et Colmar. Lapide envisage de mettre à la disposition des étudiants et des enseignants de nombreux ouvrages qui remplaceront les écrits plus ou moins défectueux des copistes.

En 1470, en France, grâce à Jean Heynlin et Guillaume Fichet (tous deux maîtres de théologie à la Sorbonne), le premier livre est imprimé à Paris, au collège de la Sorbonne. Il s’agit des lettres du rhétoriqueur italien Gasparino Barzzizi (ou Garsparin de Bergame), rédigées en latin. Il est composé en caractères romains et contient des enluminures manuscrites.

Un « orthographia » du même auteur est imprimé dans les presses de la Sorbonne. Puis en 1471, un « Salluste » (historien latin très apprécié au Moyen Âge), puis « Les Harangues » du cardinal Bessarion, et « La Rhétorique » du bibliothécaire et professeur Guillaume Fichet.

En 1472, Fichet part pour l’Italie. Les trois ouvriers imprimeurs continuent de travailler pour le prieur Jean Heynlin. Mais en 1473, ce dernier est remplacé par Jean Royer. Tous trois abandonnent alors les ateliers de la Sorbonne et s’établissent rue Saint Jacques, à l’enseigne du « Soleil d’Or ».

En 1476, c’est à cette adresse que sera imprimée la première bible latine française.

C’est à Lyon, en 1476, que sera imprimé le premier livre en langue française, « La Légende dorée », de Jacques de Voragine (dominicain et archevêque de Gênes).

En 1476, à l’enseigne de « L’image de Saint Christophe », Pasquier Bonhomme édite le premier livre imprimé en langue française, « Les Chroniques de France », du religieux de Saint Denis.

Dès octobre 1477, seul Ulrich Gering demeure dans les locaux. Il fait graver des nouveaux caractères romains et, en 1483, abandonne la rue Saint Jacques pour la rue de la Sorbonne.

En 1494, il s’associe avec Berthold Renbolt et, en 1494, il édite un magnifique Missel romain.

A Paris, deux anciens ouvriers de l’imprimerie de la Sorbonne, Pierre César et Jean Stoll, fondent un second atelier. Rapidement, rue Saint Jacques, le « Soufflet Vert » exerce une rude concurrence au « Soleil d’Or ».

Louis XI apporte un fort soutien à ce nouvel art « d’écrire artificiellement », ce qui va lui permettre de se développer rapidement.

LYON, UNE CONCURRENTE DE PARIS

Imprimerie au XVème siècle.

Lyon, riche cité commerçante dont les foires sont les plus prisées du royaume, est idéalement située au carrefour des routes reliant la France, l’Italie, l’Allemagne et la Suisse. Elle est la deuxième ville de France à faire venir les disciples de Gutenberg. Bientôt, la « capitale des Gaules » va devenir une rivale de Paris…

En novembre 1473, Barthélémy Buyer (un riche bourgeois et ancien élève de Guillaume Fichet à la Sorbonne) fonde son premier atelier lyonnais.

A sa mort, dix ans plus tard, le Liégeois Guillaume Le Roy lui succède. Engagé pour ses compétences techniques en la matière, il y restera jusqu’à sa mort, en 1493.

Buyer et Le Roy vont réaliser tous leurs livres en caractères gothiques, jugés plus typiques de l’écriture française, alors que les caractères romains ne verront le jour dans la région lyonnaise qu’à la fin du XVème siècle.

Paris et Lyon s’affirment ainsi comme des cités possédant les imprimeries parmi les plus florissantes et les plus célèbres de France. De nombreux ateliers voient aussi le jour dans toutes les grandes villes des provinces du royaume, comme à Angers, et à Toulouse dès 1476.

JEAN NEUMEISTER, IMPRIMEUR DE TALENT ET MISÉREUX…

Au musée Théophraste Renaudot, à Loudun, on peut voir une rare presse d’imprimeur du XVIème siècle …

Si la nouvelle technique de l’imprimerie devient rapidement prospère et gagne ses titres de gloire, il n’en est pas de même pour les premiers ouvriers spécialisés, qui sont souvent dans la misère.

Ces malheureux sont contraints de parcourir l’Europe à la recherche d’employeurs. Ces derniers profitent de leur crédulité pour profiter de leur science et les exploiter. Ce qui rend leur vie très difficile.  

On cite la vie de Jean Neumeister, un ancien compagnon de Gutenberg, qui est très significative de dénuement.

En 1462, sa vie étant devenue misérable, il se voit obligé de fuir Mayence pour l’Italie. Il séjourne à Subiaco, puis à Rome jusqu’en 1470, où il part pour Foligno avant de s’en retourner à son point de départ, Mayence.

En 1480, on le retrouve à Albi, où il installe l’imprimerie. Puis en 1485, il part s’établir à Lyon.

En 1490, 1499 et 1503, il est signalé comme « pauvre » par les registres des impôts de la ville. Et pourtant, ce malheureux indigent est à l’origine de l’éblouissant « Missel de Lyon », l’un des plus magnifiques ouvrages imprimés à l’époque.  

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Imprimerie

https://fr.wikipedia.org/wiki/Johannes_Gutenberg

 

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