Les Témoins du Passé – L’abbaye de Sylvanès
LES TÉMOINS DU PASSÉ
L’ABBAYE DE SYLVANES
TYPE : abbaye.
ORDRE : Cistercien.
richesse. Un moine du nom de Robert de Molesme décide alors de revenir à la règle stricte de Saint Benoît, écrite en 534. Celle-là même qui prône l’humilité, l’obéissance, la pauvreté et le juste équilibre entre le travail et la prière. En 1098, ce dernier fonde le monastère de Cîteaux, près de Dijon, qui donnera son nom au nouvel ordre (Cistercien). A partir de 1109, Étienne Harding codifie la règle cistercienne. 1115 : Fondation de Clairvaux par Saint Bernard. 1150 : L’Ordre compte 332 abbayes d’hommes, dont 151 fondées par Clairvaux. 1300 : L’Ordre compte 697 abbayes d’hommes.
CULTE : catholique romain.
STYLE DOMINANT : roman méridional.
ABBAYE-MÈRE : Abbaye de Mazan.
ABBAYE-FILLE : Abbaye de Nonenque.
FONDATION : 1136.
DISSOLUTION : 1790.
PROPRIÉTÉ : de la commune.
PROTECTION : classement sur la liste des Monuments Historiques de 1862.
DIOCÈSE : Diocèse de Rodez & Vabres.
Le diocèse de Vabres est un ancien diocèse de l’Église catholique en France, dont le territoire s’étendait sur la partie méridionale de l’actuel département de l’Aveyron, au sud du Tarn.
SYLVANES
SITUATION
Sylvanès est une commune française située dans le département de l’Aveyron, en région Occitanie.
L’ABBAYE DE SYLVANES
LOCALISATION
L’abbaye de Sylvanès est une abbaye cistercienne située dans le Sud-Aveyron, non loin de Camarès et de Belmont-sur-Rance, dans l’ancien diocèse de Vabres, sur la commune de Sylvanès.
SYLVANES : PRES DE 9 SIÈCLES D’HISTOIRE
HISTORIQUE
FONDATION ET ÉPOQUE ANACHORÉTIQUE
Sylvanès était à l’origine (autour de 1120) un monastère établi par le seigneur de la région de Lodève, Pons de l’Héras, près de la source thermale des Bains de Sylvanès. Celui-ci habitait près du Pas de l’Escalette, sur la route commerciale qui raccordait le Languedoc à l’ancienne province du Rouergue.
Selon la légende, ce seigneur du castrum de Léras était un brigand redoutable et redouté (Pons de Léras est décrit par la chronique du moine Hugues Francigena, rédigée entre 1161 et 1171, comme un seigneur brigand, violent et avide).
Une nuit de Noël, vers 1115-1117, touché par la grâce divine, il se tourne vers la religion et cesse définitivement ses crimes pour se consacrer à une vie de pénitence et de prière. Pons de l’Eras se rend alors à Lodève le dimanche des Rameaux et répare en public ses méfaits. Il vend aux enchères tous ses biens et les restitue à chaque personne volée, afin de faire amende honorable.
Avec ses six compagnons, Pons de l’Héras effectue le grand pèlerinage du Moyen Âge : celui de Saint Jacques de Compostelle. Il profite de de ce voyage pour requérir les conseils des communautés de religieux installées sur le tracé de la Via Tolosona. Puis il refranchit les Pyrénées par la Via Turonensis, remonte jusqu’à Saintes pour ensuite prendre la direction du Mont Saint-Michel. Pons de l’Héras et ses six compagnons, partis de Saint-Guilhem-le-Désert, parcourent ainsi les grands lieux de vénération de reliques, tels que Saint-Martin de Tours, Saint-Martial de Limoges et Saint-Léonard de Noblat. Ils vont se forger au fil de leur périple une image complète de la chrétienté occidentale.
Sur les conseils des religieux rencontrés sur sa route, Pons de l’Héras choisit de s’établir avec ses disciples dans un ermitage de la vallée de Sylvanès. C’est une région aux vallées profondes, boisée, et traversée par de nombreux cours d’eau. L’endroit est favorable au recueillement et à la prière ; il y installe une communauté anachorétique (« érémitique », de « ermite »).
Finalement il établit son groupe près de Camarès, non loin du chemin de Saint-Jacques. Le seigneur Arnaud du Pont de Camarès autorise Pons de l’Héras à installer sa confrérie religieuse sur ses terres. Ils défrichent et construisent alors une église autour de la source thermale de Silvanium (du latin silva, forêt), qu’ils baptisent Salvanium (du latin salva, sauver).
VERS UN RATTACHEMENT A L’ORDRE DE CÎTEAUX…
Pons de l’Héras effectue alors un voyage jusqu’à la Grande Chartreuse pour s’entretenir avec Guigues 1er, prieur de l’ordre des Chartreux et illustre personnage, célèbre à travers tout le monde occidental. Ce dernier lui préconise de se diriger vers l’Ordre de Saint-Bernard et lui recommande de rattacher sa fondation à l’abbaye cistercienne la plus proche de Silvanès : l’abbaye de Mazan dans le Vivarais.
En 1136, le monastère est érigé en abbaye et choisit de se rattacher à l’Ordre de Cîteaux. Adhémar, un des compagnons de Pons de Léras, devient le premier abbé de Sylvanès. Les donations concédées à l’abbaye font dorénavant l’objet d’un acte écrit et sont consignés dans le cartulaire de l’abbaye de Sylvanès. Ce dernier est conservé de nos jours aux archives départementales de l’Aveyron.
Le 20 mai 1140, la fondation de Sainte-Marie de Sylvanès reçoit sa première bulle de protection papale. Par cet acte, Innocent II place ainsi le monastère sous la garde de Saint-Pierre, ratifie l’adoption de la Règle cistercienne, et atteste la perpétuité de cet engagement. Il garantit la propriété des biens acquis par l’abbaye en les plaçant sous la protection de Dieu, et la dispense de la dîme et des autres divers impôts sur les biens qu’elle possède. L’abbaye trouve ainsi sa place au sein des structures de l’Eglise, confortant son prestige, son influence et son immunité.
VERS LE DÉCLIN
Tant de privilèges accordés par le pape (notamment l’exemption de la dîme) provoquent des discordes et des litiges avec les autres propriétaires terriens, particulièrement avec les Ordres des Templiers et Hospitaliers.
En 1154, un accord est trouvé entre les deux communautés religieuses, notamment avec les Hospitaliers de la paroisse de Prugnes, mais la rivalité restera omniprésente entre les deux requérants.
En 1165, à Montpellier, il faudra l’intervention du cardinal Raymond de l’Arêne pour mettre un terme au conflit et en imposer l’application.
LA CROISADE DES ALBIGEOIS
En 1173, Roger Trencavel II (né vers 1204-mort vers 1267), vicomte de Béziers et fils de Raymond-Roger Trencavel (1185-1209), confirme, garantit et pérennise à perpétuité les biens, droits et privilèges acquis par la maison de Sylvanès. Le statut accordé par le Comte de Toulouse à la communauté est démesuré par rapport à la Règle. Désormais, le monastère de Sylvanès est en possession du droit de justice, ainsi que du droit de redevance sur les laïcs, les ouvriers et sur les salariés agricoles.
La croisade albigeoise ne laissera que peu de traces à Sylvanès.
Le premier tiers du XIIIème siècle est suivi d’une longue période de déclin.
A la même époque, la fin de l’indépendance du Midi et le rattachement définitif en 1271 du comté de Toulouse à la couronne de France, placent l’abbaye, économiquement affaiblie, sous la protection royale.
Sur les régions rattachées au trône de France, Louis IX fondera un port artificiel connu sous le nom d’Aigues-Mortes, duquel il s’embarquera pour la 7ème croisade le 25 août 1248. Le Comte de Toulouse Raymond VII conserve quelques fiefs jusqu’à sa mort. En outre, il consent à donner en mariage sa fille unique Jeanne à l’un des frères du roi Alphonse de Poitiers. Il prend conscience alors que par cette décision, il accepte la fin de sa dynastie et de la souveraineté de son Comté.
LA GUERRE DE CENT ANS
La Guerre de Cent ans affaiblit considérablement l’influence de l’abbaye et précipite gravement son déclin. La Guyenne anglaise toute proche est le foyer d’incessants conflits entre les Plantagenets et les Capétiens ; de plus elle jouxte le Rouergue. La région est source de conflits et les incidents sont légions.
En 1360, avec la signature du « Traité de Brétigny » (ou « Paix de Brétigny »), le Rouergue devient, pour une décennie, une possession anglaise. L’insécurité règne. Les bandes de routiers et mercenaires arpentent les campagnes en commettant vols et rapines en tous genres. Les difficultés économiques liées au départ des paysans affaiblissent la région. Les épidémies de peste ravagent le Rouergue et déciment la moitié de la population de l’Europe. Autant de causes qui vont faire décliner le prestige de l’Abbaye de Sylvanès.
L’exemple de Sylvanès en est un parmi tant d’autres du déclin de l’Ordre Cistercien. Après une croissance rapide au XIIème siècle et un rayonnement spirituel au XIIIème siècle, l’Ordre entame une lente descente. Cette décadence est essentiellement due aux tolérances permises à la Règle dans de nombreux monastères, et à la prépondérance des Ordres mendiants.
En 1477, l’abbaye est placée sous le régime de la commende ; ce qui provoque un étiolement de la communauté des moines.
LES GUERRES DE RELIGION
Les Guerres de Religion qui sévissent au XVIème siècle n’épargnent pas le Rouergue.
En 1573, l’abbaye de Nonenque est incendiée et mise à sac par les Calvinistes.
En 1591, l’abbaye de Sylvanès ne doit son salut qu’au renforcement de ses fortifications de clôture, et à l’intervention de François de Lauzières qui refoule l’armée des huguenots in-extrémis.
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
A la veille de la Révolution Française, l’abbaye de Sylvanès ne compte plus que quatre religieux.
En 1790, le monastère est saisi.
En 1791, dans le bouleversement révolutionnaire, le premier étage de la galerie Est du cloître, ainsi que l’abbatiale et un arpent de jardin, deviennent des biens municipaux. Les derniers religieux sont chassés, une partie des bâtiments est démantelée et les pierres sont revendues comme matériau de construction. Le reste de l’ensemble conventuel sera vendu comme bien national.
L’église, fermée pendant 10 ans, épargnée par la fureur révolutionnaire, reprendra une activité paroissiale dès 1801.
A partir de 1815 les bâtiments conventuels sont progressivement démolis par les différents propriétaires.
Le logis abbatial sera employé comme mairie, école et presbytère. Tandis que l’aile est transformée en bâtiment agricole, et que le scriptorium sera utilisé comme bergerie jusqu’en 1969.
LE RENOUVEAU
Dès 1800, l’on procède à la restauration de la nef qui montrait des signes d’usures. Deux ans plus tard, c’est la première travée du cloître qui s’effondre ; elle ne sera pas reconstruite dans le respect de son style d’origine.
En 1834, ce qui reste de l’abbaye est inscrit au titre des Monuments Historiques, bien que son classement ne soit effectif qu’en 1862.
L’abbaye, pratiquement abandonnée, abrite des brebis et des bottes de foin jusqu’à son acquisition par la commune de Sylvanès, en 1970.
En 1975, le père dominicain André Gouzes et l’actuel directeur Michel Wolkowitsky redécouvrent l’abbaye, avec notamment sa nef à l’acoustique exceptionnelle. Ils vont restituer à l’ensemble sa vocation première d’accueil, de louanges, d’art et de rencontres. Ils fondent l’Association des Amis de l’Abbaye et, en 1979, commencent leurs travaux de restauration.
Aujourd’hui, l’abbaye de Sylvanès est un centre de formation reconnu pour la qualité de ses formateurs et la richesse de ses enseignements, destinés aux débutants, amateurs et professionnels. Son abbatiale à l’acoustique exceptionnelle accueille chaque été une trentaine de concerts dans le cadre du Festival international de Musique sacrée et Musiques du Monde.
L’abbaye de Sylvanès est devenue un point fort du tourisme culturel dans le Sud-Aveyron. En 2009, elle a été labellisée Grand Site de Midi-Pyrénées.
L’ABBAYE DE SYLVANES
PRÉSENTATION
LE PLAN
LES BÂTIMENTS CONVENTUELS
Les bâtiments conventuels sont répartis suivant un plan typiquement cistercien. Il s’agit d’un plan carré, rappelant l’ordonnancement du plan bénédictin dont les qualités fonctionnelles sont rigoureusement adaptées à la vie en communauté. L’église, quant à elle, est orientée à l’Est, ce qui permet à la lumière des premiers rayons de soleil d’illuminer l’abbatiale, symbole du Christ ressuscité.
Dans un esprit résolument cistercien, on note l’absence de toute décoration, excepté des motifs floraux sur les chapiteaux.
DISPOSITION
Le prolongement du bras Sud du transept constitue l’aile Est du cloître. C’est la seule de nos jours qui est encore présente. (Cela s’explique, car après la Révolution et jusqu’en 1969, l’aile Est a été transformée en bâtiment agricole et le scriptorium utilisé comme bergerie).
Cette aile comprend la sacristie, la salle capitulaire et le scriptorium. Au-dessus se trouvait le dortoir des moines, accessible directement depuis l’église en utilisant l’escalier des matines. Ce dortoir a été transformé aux XVIIème et XVIIIème siècles en logis abbatial par les abbés commendataires. De l’autre côté, l’aile ouest, aujourd’hui disparue, abritait le réfectoire et le dortoir des frères convers ainsi que l’hôtellerie.
L’aile Sud, également disparue, était destinée au réfectoire des moines, au cellier et à la cuisine. Elle fut utilisée comme carrière de pierres après la Révolution.
Contre le mur de l’église, depuis l’aile Est du cloître, on remarque les restes des traces d’arrachement de la galerie Nord, aujourd’hui disparue.
INTÉRIEURS
LE CLOÎTRE
C’est la seule galerie subsistante. Elle est couverte et permet de se déplacer entre l’église et d’accéder aux différents bâtiments de l’abbaye. Sa longueur laisse imaginer les dimensions du cloître à son origine. Il suffit d’observer les arrachements de la galerie Nord, encore visibles sur le mur de l’église.
A l’origine, lors de l’édification du transept, le cloître était recouvert d’une charpente en bois. C’est en 1230 que les quatre galeries seront édifiées en dur, permettant ainsi l’aménagement d’un étage supérieur. Cette construction tardive doit s’accommoder des ouvertures et maçonneries déjà présentes. Le pur style roman, visible sur les ornementations des baies géminées de la salle du chapitre, est abandonné. Ce qui explique l’asymétrie de l’ensemble. Le façonnage plutôt sommaire de ce voûtement est ensuite recouvert par du plâtre enduit, qui cache ainsi les quelques imperfections.
Chaque travée est constituée de cinq baies agrémentées par des colonnettes jumelées. D’une grande sobriété, la colonnade est réalisée en grès provenant de la région. Soit cylindriques, soit octogonales, les colonnes sont jumelées et chapeautées de chapiteaux épannelés.
A la fin du XIIIème siècle, l’ancien plafond de bois qui desservait le dortoir et l’infirmerie est remplacé par des croisées d’ogives, soutenant un étage sur les galeries Est et Sud. Il en est de même pour la sacristie et la salle capitulaire, qui ne seront voûtées que tardivement lors du réaménagement du premier étage, et du dallage de ce dernier en remplacement du plancher d’origine.
LA SACRISTIE (actuelle boutique)
On y accède par le bras du transept de l’église ; sa porte principale nous permet d’entrer directement dans la galerie Est du cloître.
La porte d’entrée de la sacristie est surmontée d’un splendide tympan monolithe en faible relief, taillé et gravé. Il affiche un puissant message symbolique, dont l’interprétation pourrait se faire selon l’Apocalypse de Saint-Jean.
Sa composition épurée et stricte est vouée à la gloire trinitaire de Dieu :
Au centre se trouvent trois arcades symbolisant la Trinité, qui nous renvoient à la Jérusalem céleste, cité de Dieu.
À gauche, l’agneau mystique, « agnus Dei », porte une croix « haussée », dite de résurrection ; il symbolise le Christ rédempteur et sauveur.
À droite, on découvre une colombe posée sur une tige provenant d’un pétale de fleur de lys, et portant à son extrémité un autre lys à peine éclos. La scène évoque les versets bibliques « De la racine florifère de Jessé, il a poussé, le rejeton, sa tige avec sa fleur que baigne une rosée où se repose l’Esprit Saint » (Livre d’Isaïe, v. 1-3, chap. V).
La première fleur représente Marie, le rameau Jésus, et la colombe le Saint-Esprit.
L’intérieur de la sacristie a été voûté tardivement en cintre surbaissé. Cette salle renferme encore des fresques : le côté droit porte des peintures murales du XIVème siècle, partiellement enduites de chaux, qui se dévoilent peu à peu sous le plâtre.
LA SALLE CAPITULAIRE
Achevée en 1164, voûtée au XIIIème siècle et fortement restaurée au XVIIIème siècle, la salle capitulaire, appelée aussi salle du chapitre, est la pièce centrale de l’abbaye (lire encadré ci-dessus). Elle s’ouvre sur le cloître par une large porte encadrée de deux puissantes baies géminées sur doubles colonnes centrales, décorées par d’élégants chapiteaux aux motifs végétaux.
Cette pièce sera transformée en salon au XVIIème siècle par les abbés commendataires, alors plus attirés par la beauté du lieu que par son identité claustrale.
Un décor fait de stuc « en rocaille », agrémenté de luxueuses ornementations de gypseries, évoque clairement la vie mondaine des abbés en ce temps-là. Cette salle, qui tranche avec le rigorisme de la Règle cistercienne, contraste encore aujourd’hui avec la simplicité originelle des autres bâtiments de l’abbaye.
LE SCRIPTORIUM
C’est la salle de travail des moines copistes, destinée à la lecture, l’écriture, et l’enluminure. Le scriptorium abritait également la bibliothèque communautaire. Nous trouvons en ce lieu le même esprit architectural que dans le transept. Contrairement au transept, où les croisées d’ogives sont uniquement décoratives, ici elles sont réelles.
Cette pièce a subi d’importantes modifications. Les fenêtres romanes du mur sont les seuls vestiges du bâtiment roman construit au XIIème siècle. D’ailleurs, afin de fournir un maximum de luminosité, les ouvertures sont ici plus nombreuses qu’ailleurs dans l’édifice.
Notons que les quatre piliers porteurs alignés sur l’axe central créent de chaque côté deux allées parallèles.
Remarquez les bases des piliers : la plus éloignée de l’église est carrée, symbole de ce qui est temporel, alors que la plus proche de l’église est circulaire, symbole du divin, du spirituel. Les moines ne passent de l’une à l’autre qu’au soir d’une vie laborieuse, symbolisée ici par une base octogonale.
L’architecture accueillante de cette pièce reste cependant remarquable ; l’ensemble donne une impression de finesse et d’audace.
L’ABBATIALE
La construction de l’église abbatiale s’étend de 1151 à 1252, soit sur plus d’un siècle. On peut donc, au fil du temps, voir les évolutions de style d’architecture (du style roman qui tend vers le gothique).
LA NEF & LE CHŒUR
Elle est l’une des nefs romanes les plus larges de France ! Sa hauteur sous voûte (18m) égale approximativement sa largeur (14,50m).
Lorsqu’on pénètre dans la nef, on est saisi par le vaste espace et par la luminosité qui s’offrent à notre regard. La voûte est en berceau brisé, ce qui permet de la différencier du style roman pur et du style gothique. On note l’absence de collatéraux pour supporter le poids de la voûte : celui-ci est soutenu par de massifs « piliers contrefort » intérieurs. Cette particularité permet d’avoir une élévation, un volume intérieur et une luminosité inhabituelle pour un monument de cette sorte.
On note que dans sa partie supérieure, le grès est remplacé par du tuf, un calcaire dur et résistant dont la porosité atténue en partie l’écho et améliore l’acoustique.
L’ORGUE
Le buffet est en châtaignier naturel ; il a été dessiné et réalisé en 1997 par le facteur d’orgues Daniel Birouste.
Il mesure 12 m de haut, 9m de large, et 3m de profondeur. Il a été conçu et bâti dans un premier temps dans l’atelier du facteur d’orgue à Plaisance du Gers. Sa réalisation a nécessité 10 tonnes d’acier, 20m3 de bois, 3,900 kg d’étain et de plomb. Au total, 30 000 heures de labeur ont été effectuées. L’orgue est composé de 5000 tuyaux produisant chacun une note et un son différent.
C’est l’orgue contemporain le plus important d’Occitanie.
LES CHAPELLES
LES CHAPITEAUX
Les chapiteaux surmontant les piliers présentent des décors de motifs végétaux stylisés. Plus on se déplace vers le fond de la nef (vers le style gothique), plus la décoration de ceux-ci est raffinée, à feuilles d’acanthe et figures humaines.
PEINTURES ET FRESQUES
EXTÉRIEURS
FAÇADE OUEST
Ci-dessous : majestueuse, équilibrée par l’alliance de fines lancettes verticales et de gracieuses rosaces, la grande verrière est l’une des plus belles réalisations du gothique rayonnant en Aveyron.
Ci-dessous : on remarque, de part et d’autre de la grande verrière de la façade Ouest, deux petites portes de style roman, bien plus anciennes.
FAÇADE LATÉRALE NORD
Ci-dessous : dans le transept nord, on distingue une autre rose mariale, elle-même entourée de douze lobes symbolisant les 12 apôtres.
FAÇADE EST – LE CHŒUR & LES ROSACES
Ci-dessous : on distingue les « arcatures lombardes » qui circulent le long des murs. Elles donnent juste ce qu’il faut de légèreté et d’élégance en orientant la lumière sur le faible relief. La grande rosace centrale fait 3,50 m de diamètre.
Ci-dessous : les grilles de fer forgé des deux fenêtres latérales représentent un rare bijou de ferronnerie de la fin du XIIème siècle.
Ci-dessous : plus bas à droite, sur le mur, une inscription gravée sur l’une des pierres fait référence à l’identité d’un généreux donateur qui pourrait être Jean, fils de Roger Trencavel, vicomte de Béziers.
1 réponse
[…] leur cartulaire de 1135 à 1167, les moines de l’abbaye de Sylvanès ont reporté les dons faits par Raymond de Montaigut pour la construction de cette […]