Le Casabianca, un sous-marin « patriote »
SECONDE GUERRE MONDIALE
LIBÉRATION DE LA CORSE

Blason du département de la Corse
LE CASABIANCA, UN SOUS-MARIN « PATRIOTE »

Désigné comme le bâtiment de guerre rattaché à la Corse, le Casabianca a effectué sept missions clandestines entre la Corse et l’état-major français basé à Alger, avant de rallier le premier le port d’Ajaccio, le 13 septembre 1943.
UN PEU D’HISTOIRE EN BREF…
Le 4 décembre 1938, devant 20 000 personnes arborant les drapeaux corse et français, Jean-Baptiste Ferracci (1884-1950) prononça le « serment de Bastia » : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français ». Blason de la Ville de Bastia Jean-Baptiste Ferracci fut un résistant, un homme politique français apparenté à la SFIO, et maire de Sartène, de 1947 à 1950. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Corse fut occupée par les troupes italiennes et allemandes. En 1943, elle fut le premier département libéré de la métropole.
CONTEXTE
La signature de l’armistice du 24 juin 1940 mit fin aux opérations de guerre, déclenchées par Benito Mussolini (1883-1945) entre l’Italie et la France. Dès lors, une bonne partie des anciens combattants corses s’enrôlèrent dans la LFC (Légion française des combattants), organisation mise en place par le régime de Vichy par Joseph Darnand (1897-1945). Mais leur engagement ne signifiait pas pour autant que la plupart des militants adhérait au régime de Vichy. La crainte d’une annexion italienne de la Corse expliquait en grande partie ces réserves. D’ailleurs, les chefs de garnisons et les commandants militaires appelèrent à la résistance armée en cas de débarquement des soldats de l’Italie fasciste sur l’île de beauté.

Drapeau de l’Italie de 1861 à 1956
Lorsqu’à partir du 11 novembre 1942, l’armée italienne (près de 80 000 soldats) débarqua à Bastia, de nombreux Corses prirent le maquis pour rejoindre le mouvement de résistance « Combat ».
Sur les quais, un vers de Dante fut écrit dans la précipitation du moment : « Lasciate ogni speranza, voi che’ntrate ! » ; en français : « Laissez toute espérance, vous qui entrez ! ».
La résistance s’organisa rapidement. Dans la nuit du 13 au 14 décembre 1942, le commando de la mission secrète « Pearl Harbour » (composé de Roger de Saule, Laurent Preziosi, et des cousins Toussaint et Pierre Griffi) fut débarqué par le sous-marin Casabianca dans la baie de Topiti.
Après avoir organisé un réseau dans la région de Piana, le commando arriva à Corte pour en organiser un deuxième, dirigé localement par Pascal Valentini. Enfin, il rejoignit Bastia pour y créer un troisième réseau, celui de la région de Bastia et du Cap Corse.
C’est autour de Hyacinthe de Montera, au 35 du boulevard Paoli, que s’organisa le mouvement de résistance.
À partir d’avril 1943, la Corse fut soumise à un gouvernement militaire dirigé par le général Giovanni Magli (1884-1969).
Le 18 août 1943, le radio Pierre Griffi fut arrêté à Ajaccio, atrocement torturé, puis fusillé à Bastia sans avoir parlé.
La ville fut bombardée pendant la retraite allemande (conséquence directe de l’opération de libération de l’île, du 9 septembre au 4 octobre 1943), qui commença dès la signature de l’armistice de Cassibile.
Quelques jours auparavant, Jean Nicoli et Michel Bozzi (résistants corses, membres de la SFIO puis du Parti communiste) avaient été fusillés par les soldats italiens. Bastia fut libérée le 4 octobre 1943 par l’armée d’Afrique.
La Corse servit alors de base arrière pour le débarquement de Provence, le 15 août 1944.
Un patriote pas comme les autres, le Casabianca !

Le Casabianca
Alors que l’armée allemande était encore puissante en Méditerranée, le « Casabianca » mena plusieurs opérations dangereuses entre Alger et la Corse occupée. Pendant 10 mois, il débarqua furtivement des hommes, des armes, des munitions, et collabora de manière décisive à la libération de l’île le 4 octobre 1943.
Le 27 novembre 1942, alors que la flotte française se sabordait à Toulon pour échapper à l’armée allemande qui venait d’occuper le port, le sous-marin Casabianca parvint à s’échapper. Face au risque de voir leur bâtiment tomber aux mains de l’ennemi, le capitaine de frégate L’Herminier et son équipage anticipèrent leur fuite.
Quelques jours avant l’attaque, ils remplirent secrètement 100 mètres cubes de mazout dans les réservoirs, et amarrèrent le sous-marin la proue face à la mer, prêt pour appareiller le plus vite possible vers la haute mer. L’équipage fut préparé de façon extrême à l’instruction de l’appareillage et à la prise de plongée en urgence. Pour ce faire, un maximum d’hommes furent réquisitionnés pour rester sur le submersible.

HISTORIQUE
LES COMMANDANTS DU CASABIANCA
| Capitaine de corvette Bonneau | 15 février 1935 |
| Capitaine de corvette Carré | 25 septembre 1937 |
| Capitaine de corvette Sacaze | 4 novembre 1939 |
| Lieutenant de vaisseau Bellet | 27 novembre 1941 |
| Lieutenant de vaisseau Laroze | décembre 1941 |
| Capitaine de corvette L’Herminier | 15 avril 1942 |
| Lieutenant de vaisseau Bellet | 15 septembre 1943 |
| Lieutenant de vaisseau Gouttier | avril 1945 |
LE CAPITAINE BONNEAU
A l’origine, le submersible devait s’appeler « Casablanca ». Mais François Pietri, alors Ministre de la Marine, et Corse, était étonné que le nom de l’illustre marin corse Luc-Julien-Joseph Casabianca ne soit plus porté par aucun bâtiment de la Marine nationale.
Changer le nom fut donc aisé pour satisfaire le ministre, puisqu’il n’y avait qu’une lettre à modifier… Le nom de « Casablanca » fut donc remplacé par « Casabianca » avant le lancement. Le premier commandant, le capitaine de corvette Bonneau, prit comme écusson pour le bateau, les armes de la famille Casabianca et sa devise : « In bello leones, in pace colombae » (Dans la guerre, des lions, dans la paix, des colombes).
LE COMMANDANT CARRÉ
En 1938, le « Casabianca » partit en Angleterre afin de coopérer avec les Anglais.
À la déclaration de guerre, il surveillait déjà les ports de guerre espagnols pour s’assurer que les navires allemands ne soient pas tentés d’y faire escale. Lors d’une mission, le « Casabianca » rencontra accidentellement, de nuit, plusieurs croiseurs de la classe « Georges Leygues ». Persuadé que ces navires, qu’il ne put identifier, ne pouvaient pas être allemands, le commandant Carré ne lança pas de torpille. Néanmoins, un des croiseurs envoya trois obus de 152 sur le submersible, qui prit la fuite en plongeant.
LE COMMANDANT SACAZE
En décembre 1939, le « Casabianca » escorta le convoi HX 11 entre Halifax et Liverpool. L’amirauté britannique jugeant les conditions climatiques hivernales trop dures, les escortes suivantes par sous-marins furent déplacées au mois d’avril.
Le bateau effectua, du 15 avril au 1er mai 1940, une mission le long des côtes de Norvège, au départ d’Harwich. Sacaze mena trois incursions dans les fjords de Bergen (malgré les difficultés pour y manœuvrer un sous-marin de cette taille). Le retour de patrouille se fit à Dundee (nord-est de l’Écosse).
Le 9 mai 1940, la patrouille suivante partit à destination du Skagerrak (passage maritime situé entre le Sud de la Norvège, le Nord du Jutland danois, et le Bohuslän suédois). Le 13 mai, elle y repéra un convoi allemand qu’elle ne put rattraper : la vigilance allemande la dissuada de le poursuivre en surface.
Le commandant Sacaze prit le risque de sortir le périscope sur une grande longueur, pour augmenter la portée de l’antenne radio fixée dessus, et signala le convoi à l’amirauté. Le « Coastal Command » (formation de la Royal Air Force), ainsi averti, attaqua les navires ennemis, coula trois cargos, et dispersa le reste du convoi.
Dans la nuit du 15 mai, le « Casabianca » fit surface pour ventiler et pour recharger ses batteries. Il fut presque aussitôt repéré par une vedette rapide allemande qui lui lança des grenades. Celle-ci fut rapidement rejointe par un chalutier armé, portant de plus grosses charges de fond et équipé d’un ASDIC (ancêtre du sonar). Ce fut la première rencontre d’un sous-marin allié avec un chasseur de sous-marin allemand muni de l’ASDIC. Le « Casabianca » ne dut son salut qu’à l’inexpérience des opérateurs ASDIC allemands (trompés par le bouillonnement des eaux, provoqué par leurs propres grenades).
Le 21 mai, le « Casabianca » s’amarrait à «Dundee».
La patrouille suivante était prévue pour le 3 juin. Mais son départ fut annulé au dernier moment : l’Italie venait d’entrer en guerre, ce qui impliquait la nécessité d’une surveillance sous-marine en mer Méditerranée. Cette décision mécontenta les Anglais. Mais tout rentra dans l’ordre avec l’arrivée de sous-marins hollandais chassés de leurs ports par l’invasion allemande, et avec le maintien du Rubis (sous-marin mouilleur de mines de classe Saphir, qui servit dans la Marine nationale et dans les Forces navales françaises libres), déjà en patrouille (lequel fera toute la guerre dans les rangs des Forces navales françaises libres).
Le 6 juin, le ravitailleur de sous-marins « Jules Verne », accompagné de huit autres submersibles dont le « Casabianca », appareilla pour Brest (ils contournèrent l’Écosse afin éviter de traverser la mer du Nord).
L’escale à Brest fut mouvementée. Face à l’avancée allemande, le désordre s’amplifia avec le départ des Anglais. L’amirauté française, muette, était « aux abonnés absents ». Les Allemands larguèrent par avion des mines magnétiques dans la rade. L’évacuation fut ordonnée le 18 juin. Les documents secrets furent détruits. Les bateaux, chargés de tout ce qui pouvait servir (y compris pour le « Casabianca »), et les pièces de rechange du sous-marin Pasteur (qui s’avéra irréparable dans les délais) furent finalement sabordés. Un autre sous-marin de 1500 tonnes, l’ « Achille », ainsi que deux autres, l’ « Ouessant » et l’ « Agosta » furent également détruits.
Le « Jules Verne », un moment empêché par le « Surcouf » qui avait des difficultés de manœuvre, prit le sillage des cuirassés « Courbet » et « Paris », ce qui le protégea des hypothétiques mines magnétiques.
Ainsi, le 23 juin, le « Jules Verne » conduisit quatorze sous-marins valides vers Casablanca. Ceux qui n’étaient pas en état d’affronter cette traversée se rendirent en Angleterre.
Le 3 juillet, des sous-marins appareillèrent pour attaquer l’escadre anglaise qui venait de bombarder la flotte française de Mers el-Kébir. Ils arrivèrent trop tard. Le Casabianca plongea pour éviter un patrouilleur anglais qui le recherchait à l’ASDIC. Le 16 octobre, le second fut remplacé par le lieutenant de vaisseau Henri Bellet, qui restera cinq années à bord et remplacera L’Herminier comme commandant.
Le 17 décembre 1940, le « Sfax » et le « Casabianca » appareillèrent pour aller relever à Dakar le « Bévéziers » et le « Sidi-Ferruch ». Chacun escortait un bateau : le « Sfax » escortait le Rhône, pétrolier de la marine faisant huit à neuf nœuds (le « Sfax » et le « Rhône » seront torpillés le 19 décembre). Le « Casabianca » lui, protégeait le paquebot Marrakech (marchant à onze nœuds). Le « Casabianca » et le « Marrakech » arriveront à Dakar le 23 décembre.
Jean L’Herminier, qui venait de prendre le commandement du « Sidi-Ferruch », persuada le commandant de la marine, à Dakar, que son bateau devait rester au port pour remplacer le « Sfax » qui venait d’être torpillé.
Le 9 mai 1941, les deux submersibles (le « Sidi-Ferruch », et le « Casabianca ») repartirent pour Casablanca.
Le 20 octobre 1941, le « Casabianca » rentra à Toulon et perdit aussitôt son commandant, affecté ailleurs sans qu’un successeur soit désigné. Quelques mois plus tard, le capitaine de corvette Laroze fut désigné comme remplaçant. Le bateau était encore en réparation ; L’Herminier était à l’hôpital pour un début d’artérite (inflammation des parois des artères) qui pénalisera sa carrière. Laroze prit donc le commandement du « Sidi-Ferruch », dont les travaux étaient terminés ; quant au « Casabianca », il attendit L’Herminier.
LE COMMANDANT L’HERMINIER
Le 27 novembre 1942, l’invasion de la zone libre par l’Allemagne eut pour effet le sabordage de la flotte française à Toulon ; ceci afin d’empêcher qu’elle ne tombât entre les mains des Allemands.
À cinq heures du matin, le quartier-maitre de quart à la coupée déclencha l’alerte : les Allemands envahissaient le port. À bord du « Casabianca », les précautions avaient été prises depuis la veille. Les batteries étaient chargées, les amarres fixées aux crocs de remorquage, prêtes à être larguées immédiatement, et le gyrocompas (instrument de navigation indiquant le nord géographique, indépendamment du champ magnétique terrestre) était déjà lancé.
Le « Casabianca » appareilla donc très vite, juste précédé par le « Vénus », un 600 tonnes. Le « Casabianca » vira à gauche et longea la jetée du Mourillon, encore déserte d’Allemands. Il fut retardé juste le temps nécessaire au remorqueur « Le Dardennes » d’ouvrir le filet anti sous-marins, qui le séparait de la grande rade. Il franchit encore une digue anti-vedette qui venait d’être ouverte par le remorqueur « Gapeau », et plongea aussitôt. Les mines magnétiques, mouillées par des avions allemands, explosèrent, sans qu’aucun des sous-marins à l’appareillage ne fût touché. Le choc fut cependant suffisant pour provoquer une avarie au gyrocompas du « Casabianca ». De plus, les protections des têtes de périscopes n’avaient pas été retirées avant l’appareillage, ce qui obligea le sous-marin totalement aveugle à se guider au sondeur.
Le 28 novembre, à 2 heures du matin, après avoir attendu au large de recevoir des ordres (ou des ordres de ralliements), le « Casabianca » fit route vers Alger. Arrivé près des côtes algériennes, dépourvu des codes de reconnaissance des Alliés, il fut inquiété par un destroyer de la Royal Navy au moment où il faisait surface pour de se faire identifier. Parmi les cinq sous-marins qui échappèrent au sabordage avec le « Casabianca », deux autres, « Le Glorieux » et le « Marsouin », continueront la lutte aux côtés des Alliés.
À Alger, le « Casabianca » était sous les ordres de l’amiral Darlan, venu au chevet de son fils Alain gravement malade. Le sous-marin resta sous son autorité jusqu’à son assassinat, le 24 décembre 1942. Il passa alors sous les ordres du général Giraud, jusqu’à ce que celui-ci fût définitivement évincé par le général de Gaulle.
Dès sa première rencontre avec l’amiral Darlan, L’Herminier demanda à ce que son sous-marin entre en action le plus rapidement possible. À partir du 14 décembre 1942, le « Casabianca » fut utilisé à des missions de renseignement, de transport de combattants et d’armes. Ces missions étaient souvent périlleuses, comme dans le cas de l’opération « Pearl Harbour », au profit des maquisards corses.
Les premiers agents envoyés le 10 décembre 1942 étaient Toussaint Griffi, Pierre Griffi, Laurent Preziosi, et Roger de Saule. Ces hommes procédèrent à la planification des réseaux de résistance en vue du débarquement. Ils furent ensuite remplacés par Paulin Colonna d’Istria, qui assura la coordination militaire de ces réseaux avec le concours du radio Pierre Griffi, stationné dans l’île.
En septembre 1943, le rôle du « Casabianca » s’avéra déterminant pour la libération de l’île.
L’Herminier et son second Bellet pensaient qu’il était possible d’utiliser le sous-marin pour des débarquements plus importants. Avec la complicité du commandant Gambier, ils effectuèrent un essai de chargement maximum de soldats à bord du sous-marin. Le chargement optimum fut de 106 hommes, sans que les sous-mariniers ne soient gênés dans leurs manœuvres. Le 27 août, un essai fut réalisé depuis le port, à la plage de « Sidi-Ferruch ». Après une approche discrète en plongée, les 106 militaires furent débarqués, et 106 autres embarqués puis ramenés au port.
Les résistants corses se soulevèrent le 9 septembre 1943 ; ils avaient besoin d’un soutien de l’armée régulière. Le débarquement de Salerne mobilisa tous les bateaux et tous les avions alliés. L’amiral Lemonnier avait obtenu le retour à Alger des croiseurs légers « Fantasque » et « Terrible », mais ces derniers ne pouvaient débarquer les hommes du commando de choc avant la nuit du 12 au 13 septembre. Lors d’une réunion de l’état-major, l’amiral demanda à L’Herminier combien de soldats pouvait transporter le « Casabianca ». Sa réponse (« Cent, avec 48 heures d’approvisionnements de combat ») suscita le doute. « Quand pouvez-vous partir ? ». « Dans deux heures et demie ». Les 106 soldats furent embarqués, plus trois passagers secrets. Le débarquement se réalisa dans la nuit du 13 au 14 dans le port d’Ajaccio.
Cette opération, réalisée à l’insu du CFLN (Comité français de libération nationale), fut l’un des prétextes qui amena à l’éviction du général Giraud : en tant que chef, il aurait dû demander l’accord de l’autorité politique, c’est-à-dire du général de Gaulle.
Le 15 septembre 1943, L’Herminier, affaibli par son artérite, quitta le bateau. Il fut amputé des deux jambes. Avant de partir, il obtint que son second lui succédât au commandement du « Casabianca ».
LE COMMANDANT BELLET
Le « Casabianca », avec son nouveau capitaine de corvette Bellet, reprit les patrouilles en Méditerranée. Le 22 décembre 1943, il coula un chasseur de sous-marin entre les caps « Cépet » et « Sicié ». Quelques jours plus tard, il torpilla le cargo « Ghisone » qui rentrait à Toulon. Le 9 juin 1944, le « Casabianca » attaqua au canon et à la torpille un chasseur de sous-marins allemand, devant le cap « Camarat », mais sans lui causer de sérieuses avaries.
En 1943, le sous-marin, surnommé « le sous-marin fantôme » par les Allemands, se vit attribuer le « Jolly Roger » (pavillons pirates et corsaires) par la 8ème flottille britannique.
Entre le 2 août et le 30 mars 1944, « Jolly Roger » se trouvait à Philadelphie pour un indispensable carénage. Le hasard fit que le commandant L’Herminier était aussi à Philadelphie, pour des raisons médicales. Arrivé en août 1943, L’Herminier repartira fin juin 1946.
Le 2 avril 1945, le commandant Bellet quittait le bateau.
LE COMMANDANT GOUTTIER
Le 10 août 1944, en prévision du débarquement de Provence, les sous-marins furent retirés de la côte française.
À partir du printemps 1945, à l’instar de quatre autres sous-marins de 1500 tonnes, le « Casabianca » fut au mouillage en Afrique du Nord. Il passera la fin de la guerre à l’entraînement à Oran, dans l’attente d’un transfert dans le Pacifique. Une opération qui ne se fera pas : le Japon venait de capituler le 2 septembre 1945.
En août 1945, il fut affecté à l’école d’écoute. En janvier 1947, on devait le doter d’un grand carénage, mais il fut considéré trop vétuste ; les travaux furent abandonnés.
Le 15 février 1952, le « Casabianca » fut désarmé, et au printemps 1954, démantelé à Brest, au bassin Tristchler. Seul son kiosque, devenu monument commémoratif, fut préservé et installé à Bastia, sur le port de commerce, avant d’être déménagé dans la cour intérieure du palais des Gouverneurs (citadelle de Bastia). Les périscopes furent longtemps exposés dans un local technique des Affaires maritimes, sur le Vieux-Port.
Le kiosque qui s’affiche aujourd’hui sur la place Saint-Nicolas, à Bastia, est une réplique inaugurée en 2002 (faute d’entretien et de lieu d’exposition approprié, l’original s’était rapidement dégradé).
À l’instar des quelques sous-marins de 1 500 tonnes qui furent modernisés aux États-Unis, le kiosque d’origine fut énormément modifié. Deux radars y furent installés, ainsi qu’une plateforme sur son avant qui supportait un canon antiaérien « Oerlikon » de 20mm. Le Casabianca Ce canon, et les deux périscopes hissés sont visibles sur le monument du « Casabianca ». Le kiosque fut tronqué de sa partie arrière, où un second canon de 20mm « Oerlikon » remplaça la mitrailleuse double de 13,2 mm d’origine française.

Pavillon : France Le Casabianca Le Casabianca resta célèbre pour s’être échappé de Toulon lors du sabordage de la flotte le 27 novembre 1942, afin de reprendre le combat contre les Allemands et les Italiens. Il s’illustra en participant à la libération de la Corse pendant la Seconde Guerre mondiale, sous les ordres du capitaine de frégate Jean L’Herminier. Jean L’Herminier Il assura la liaison entre la France occupée et l’État-Major basé à Alger, et fut l’un des cinq sous-marins de cette classe, sur 31, à avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale. HISTORIQUE – Chantier naval : Ateliers et Chantiers de la Loire, Saint Nazaire. – Commande : le 1er juin 1925. – Quille posée : le 7 mars 1931. – Mise en eau : le 7 février 1935. – Armé : le 1er janvier 1937. – Statut : désarmé le 12 février 1959. ÉQUIPAGE – 5 officiers plus 1 britannique en opération. – 79 officiers mariniers quartiers-maîtres et matelots. FICHE TECHNIQUE & CARACTÉRISTIQUES – Longueur : 92,3 mètres. – Maître-Bau (plus grande largeur) : 8,2 mètres. – Tirant d’eau : 4,7 mètres. – Tonnage : 1570 tonnes (en surface), et 2084 tonnes (en plongée). Propulsion – en surface : 2 diesels Sulzer 9 cylindres. – en plongée : 2 moteurs électrique Alsthom. Puissance – 2 x 4300 cv (diesel). – 2 x 1200 cv (électrique). Vitesse – 17 nœuds en surface (31 km/heure). – 10 nœuds en plongée (19 km/heure). Profondeur : 80 mètres (maximum de sécurité). CARACTÉRISTIQUES MILITAIRES Le Casabianca Armement à l’origine : – 11 tubes lance-torpilles. – 1 canon de 100 mm sur le pont, devant le kiosque. – 1 mitrailleuse double de 13,2/76 sur l’arrière du kiosque. Après la modernisation aux USA : – La mitrailleuse fut remplacée par 1 canon AA de 20 mm Oerlikon, et un second canon de 20 mm Oerlikon sur l’avant du kiosque modifié. Électronique : 1 radar de veille et un autre de navigation (après modernisation aux USA). Rayon d’action (1 nautique = 1852 mètres). – en surface : 14 000 nautiques à 7 nœuds, 10 000 nautiques à 10 nœuds, et 4 000 nautiques à 17 nœuds. – en plongée : 90 nautiques à 5 nœuds.



LIBÉRATION DE LA CORSE DE L’OCCUPANT NAZI…
Du 8 septembre au 4 octobre 1943
La libération de la Corse occupée fut une opération militaire contre les forces armées allemandes, effectuée par les actions combinées des patriotes corses, d’une partie des forces italiennes d’occupation, et de l’Armée française de la Libération.
L’Italie entretenait une force de 80.000 hommes dans l’île. L’armée de Vichy, bien que plutôt hostile aux Italiens, n’avait pas la possibilité de contester cette occupation sous peine de rompre l’armistice.
Le 8 septembre 1943, à l’instigation du Front national, la diffusion de la nouvelle de l’armistice italien déclencha, par l’action coordonnée de la Résistance locale, l’insurrection des patriotes en Corse et des Forces Françaises Libres.
Ceci contre l’avis du général de Gaulle, qui jugeait que ce soulèvement était prématuré, et qui craignait qu’il ne « fasse la part belle » aux Communistes.
Le Comité de libération occupa la préfecture d’Ajaccio, et obligea le préfet de Vichy à signer le ralliement de la Corse au Comité français de la Libération nationale, le CFLN.
Le 8 septembre, à l’annonce publique de l’armistice, les résistants corses déclenchèrent l’insurrection. Le général Giovanni Magli reçut un ultimatum de Paulin Colonna d’Istria (militaire français, officier général de Gendarmerie, Compagnon de la Libération, ayant joué un rôle important dans la libération de la Corse en 1943) le sommant de choisir son camp. Après quelques hésitations, le général Magli choisira de se battre aux côtés des résistants et des renforts venus d’Afrique contre les Allemands.
Le 9 septembre 1943 fut proclamé le ralliement de la Résistance corse à la France combattante de De Gaulle.

Charles de Gaulle
Le même jour, la mairie d’Ajaccio fut occupée par le Front national (principal mouvement de résistance initié par les Communistes en 1941), et Sartène tomba le lendemain.
À Bastia, les Italiens ouvrirent le feu contre des avions et des navires allemands.
À Alger, le général Henri Giraud, contre l’avis de De Gaulle et appuyé par les Américains, organisa l’opération « Vésuve », et décida de soutenir l’insurrection. Il fit débarquer à Ajaccio les commandos paras du Bataillon de Choc à bord du sous-marin « Casabianca », puis quelque 6.000 tirailleurs, spahis et tabors marocains de l’Armée d’Afrique, pour appuyer plusieurs milliers de Corses qui avaient pris les armes.

LE « CASABIANCA », PATRIOTE ET FER DE LANCE DE LA RÉSISTANCE CORSE !
Célèbre pour s’être échappé de Toulon lors du sabordage de la flotte le 27 novembre 1942, le sous-marin Casabianca, commandé par le capitaine de frégate Jean L’Herminier, fut l’un des acteurs de la Libération de la Corse. Figure de proue de l’opération « Pearl Harbour », il effectua sept missions clandestines entre l’île de Beauté et l’état-major français basé à Alger, avant de rallier le premier le port d’Ajaccio, le 13 septembre 1943.
Les résistants corses préparèrent la libération en réceptionnant les armes parachutées par les alliés ou débarquées par des sous-marins.
Le sous-marin « Casabianca » réussit dans la clandestinité plusieurs missions de transport d’armes et d’agents de renseignement dans l’île. Il transporta 109 hommes de la troisième compagnie du 1er choc du commandant Fernand Gambiez. Il accosta le 13 septembre 1943 à 1 h 15, 24 heures avant les contre-torpilleurs français « Fantasque » et « Terrible ».
Les résistants corses furent durement réprimés par l’OVRA (Organisation de la surveillance et de la répression de l’antifascisme), par la police politique fasciste italienne, et par les chemises noires. 31 patriotes, dont 9 venus d’Alger en mission, furent tués sur le sol corse. D’autres furent arrêtés et déportés en Italie. Le 30 août, à Bastia, 3 patriotes furent exécutés par le tribunal de guerre fasciste.
Les divisions blindées allemandes se dirigeant sur Bastia pour quitter l’île furent sévèrement accrochées par la Résistance, notamment en Alta Rocca (région naturelle de Corse située dans l’arrière-pays de Sartène), dans le sud (où des dizaines d’hommes tombèrent les armes à la main près du village de Levie), et dans la plaine orientale.
À Bastia, les Allemands durent affronter les troupes italiennes qui avaient changé de camp, et qui se battaient maintenant avec les Alliés.
Des combats acharnés se déroulèrent dès lors aux portes de la ville, surtout au col de Teghime où les goumiers marocains (s’étant déjà illustrés en Italie) firent subir de lourdes pertes aux Allemands.
Les dégâts engendrés par les bombardements à très haute altitude de l’aviation américaine furent énormes. Ils firent des centaines de tués dans la population civile bastiaise.
Dans la nuit du 13 au 14, et jusqu’à la fin septembre, l’on procéda à l’acheminement massif de matériels et de troupes entre Alger et Ajaccio.
Le 17 septembre, le colonel Deleuze rencontra le général italien Magli à Ajaccio puis à Corte, afin de coordonner les mouvements des troupes alliées et italiennes.
Le 18, le « bataillon de choc » se divisa en deux, pour venir aider des partisans dans la région de Levie et pour affronter les Allemands près de Porto-Vecchio.
Le 21, le général Giraud arriva en Corse. Sartène fut définitivement libérée le 22. Un bataillon de choc américain de 400 hommes rejoignit également les forces françaises.
Les 20 et 21, diverses unités débarquèrent, comme le 1er RTM (1er régiment de tirailleurs marocains) et une partie du 2ème GTM (2ème groupe de tabors marocains), pour soutenir les troupes déjà sur place. Le général Giraud se rendit à Ajaccio pour coordonner les futures opérations sur Bastia.
Le 23, les troupes de choc et les résistants corses atteignirent Porto-Vecchio. Avec la participation des troupes coloniales marocaines, les unités italiennes de la division d’infanterie Friuli jouèrent un rôle décisif. Elles s’emparèrent du col de San Stefano le 30 septembre, puis du col de Teghime le 3 octobre.
Le 23 septembre, Giraud retourna à Alger.
Le 24, une partie du « bataillon de choc » progressa à l’est de Saint-Florent, tandis que des éléments du 2ème GTM se dirigeaient vers Ponte-Leccia.
Le 29, le 2ème GTM et un escadron de char du 4ème RSM (4ème régiment de Spahis marocains) s’installèrent à Casta.
Dans la nuit du 29 au 30 septembre débutèrent les assauts sur Bastia. L’objectif était d’empêcher les troupes allemandes de s’échapper en Italie. Les combats commencèrent avec les 1er et 6ème Tabors, qui atteignirent le col de Saint-Léonard pour poursuivre vers Patrimonio. De concert, une compagnie du « bataillon de choc » parcourut le Cap Corse à la recherche de soldats ennemies. Le 1er RTM prit le contrôle du col de San-Stefano.
Une nouvelle rencontre fut mise sur pied avec le général Magli, mais cette fois-ci en présence du général Martin et du général Peake, alors représentant du commandement en chef des troupes alliés.
Le 1er octobre, les attaques continuaient. Le 1er RTM atteignit le col de San-Antonio. Sur le Cap Corse, le « bataillon de choc » repoussa des troupes ennemies vers Porticciolo et Pietracorbara.
Le 2, le col de Teghime ainsi que Santa-Severa fut évacué par les Allemands. Le 1er Tabor atteignit la cime Orcaio, et le 1er RTM tint le col de Sant-Antonio. Le général Louchet installa son PC à Saint-Florent.
Le 3, le 1er RTM prit position à Furiani, et des avant-gardes blindés de reconnaissance du 4ème RSM atteignirent Pino. Les Tabors progressaient vers Cadro.
Le 4 octobre, le 73ème goum du 6ème Tabor entra dans Bastia à 5h45, suivi du « bataillon de choc » et du 1er RTM, puis de l’escadron de reconnaissance du 4ème RSM. Peu avant l’arrivée des Français, l’arrière-garde allemande avait abandonné une importante quantité de matériel en fuyant. Dès lors, les combats cessèrent dans l’ensemble de la Corse.
Un Goumier (régiment de Tabors marocains)
Le 5 octobre, la Corse devint le premier département libéré de France métropolitaine, et ce grâce au soulèvement de la population et de l’action conjointe des résistants corses, des Italiens et des éléments de l’Armée d’Afrique. La libération de la Corse s’effectua sans véritable intervention des Anglo-Américains, qui continuaient leur offensive en Italie au même moment.
Le 5 octobre 1943, De Gaulle arriva à Ajaccio, puis le 7 il se rendit à Bastia.
Le 08 octobre 1943, il déclara: « La Corse a la fortune et l’honneur d’être le premier morceau libéré de la France ».
La Corse libérée devint alors un « porte-avions » pour les Alliés, leur permettant grâce à ses dizaines de terrains de la côte orientale d’aller bombarder l’Allemagne en vue de la victoire finale.

Le 15 août 1944, la Corse servira aussi de base de lancement des troupes alliées pour le Débarquement de Provence (opération Dragoon).

BILAN ET PERTES
Pour les Allemands : elles s’élevèrent à environ 1600 hommes, dont 1000 tués et 400 capturés.
Pour les Italiens : elles furent de 245 soldats tués et 557 blessés, dont de nombreux membres de la division Friuli.
Pour les Français : la Résistance enregistra dans ses rangs 160 tués et environ 300 blessés ; les troupes régulières enregistrèrent 75 tués, 12 disparus et 239 blessés.

Sources :
Mes photos
Photos publique Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Casabianca_(Q183)
https://museedelaresistanceenligne.org/media2393-Le-sous-marin-iCasabianca-i
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ration_de_la_Corse
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bastia#Histoire
https://fr.wikipedia.org/wiki/Corse#Histoire
https://www.netmarine.net/g/dossiers/casabianca/index.htm