La bataille de Crécy
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LA BATAILLE DE CRÉCY
Le 26 août 1346
LOCALISATION
Crécy-en-Ponthieu est une commune française située dans le département de la Somme, en région Hauts-de-France.
Elle se situe à 20 km d’Abbeville, 59 km d’Amiens, et à 71 km d’Arras.
Depuis le décret du 28 juillet 2020, la commune fait partie du parc naturel régional Baie de Somme – Picardie maritime.
UNE GUERRE QUI ALLAIT DURER CENT SEIZE ANS…
CONTEXTE
De nombreuses querelles entre la France et l’Angleterre conduisirent, en 1337, au début de la Guerre de Cent Ans.
Un bon nombre de souverains anglais avaient été contraints de prêter allégeance au roi de France pour leurs domaines et possessions situés sur le sol français de cette époque, ce que l’orgueil d’Édouard III, roi d’Angleterre, ne pouvait supporter.
Mais d’autres revendications le poussèrent à la guerre. Depuis longtemps, la Manche était le théâtre de heurts entre navires anglais et français. Plus insupportable encore pour le roi Édouard, les Français ne cessaient d’inciter et d’aider l’Écosse, alors en guerre contre l’Angleterre.
En 1328, le roi de France Charles IV le Bel mourut sans héritier. Philippe de Valois fut couronné roi de France, et réclama l’allégeance d’Édouard III. Ce dernier avait lui aussi des exigences sur le trône de France, par sa mère Isabelle (fille de Philippe le Bel). Ce fut une bonne occasion pour lui d’engager une guerre qui allait durer 116 ans.
SOMMAIRE
Le 11 juillet 1346, Édouard III embarque avec ses troupes à Portsmouth, et pose le pied en Normandie le lendemain. Il entreprend aussitôt une campagne ayant pour but initial de prendre Paris.
La bataille de Crécy se déroule le 26 août 1346. Elle oppose l’armée du royaume de France, commandée par Philippe VI de Valois, à l’armée d’Angleterre menée par Édouard III Plantagenêt. Ce dernier, à la tête d’une armée forte de 12 000 hommes environ, dont plus de la moitié sont des archers yéomen, a posé le pied sur le sol de France. Il est venu pour saccager et piller les contrées proches des rivages de la Manche.
La bataille s’achèvera dans la nuit par une éclatante victoire de l’armée anglaise, pourtant en infériorité numérique, sur la chevalerie et la piétaille française et ses alliés. Elle sera un des affrontements majeurs de la Guerre de Cent Ans, et marquera la prédominance d’une technique traditionnelle : l’archerie.
CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS
1328
La crise économique agite le comté de Flandre. Philippe VI vient au secours du comte de Flandre, et défait les milices flamandes à Cassel. Le peuple flamand révolté trouve alors le soutien des Anglais, qui font du commerce de la laine en Flandre.
1337
L’année 1337 marque le début de la première phase de la Guerre de Cent Ans. Les premières séries de conflits débutent, et pendant 116 ans, vont opposer la France à l’Angleterre. L’intensité des affrontements atteindra son apogée en 1346, avec une série de sièges et de contre-sièges en Aquitaine.
Le roi de France Philippe VI (1293-1350) s’empare de la Guyenne, alors anglaise. En réponse à cette agression, Edouard III (1312-1377), roi d’Angleterre, lui envoie une lettre de défi qui certifie la rupture officielle entre le royaume de France et celui d’Angleterre.
Le 7 octobre, à l’abbaye de Westminster, le roi d’Angleterre Édouard III lance publiquement un défi à son cousin Philippe VI de Valois : il conteste sa légitimité sur le trône de France et revendique la couronne pour lui-même. C’est le « casus belli » (facteur déclenchant de la guerre de Cent Ans).
1338
La population de Gand se soulève contre le comte de Flandre.
Le leader du soulèvement, Jacques van Artevelde, s’allie à Édouard III, qui débarque à Anvers.
1339
Dès la première campagne du monarque anglais, la Thiérache est saccagée. Malgré sa supériorité numérique, le roi de France Philippe n’ose pas engager le combat. En Guyenne, la guerre de siège sur les frontières ne donne aucun résultat probant.
1340
A Gand, Édouard III s’octroie le titre de « roi d’Angleterre et de France ».
Une nouvelle campagne d’été ne donne aucun résultat sur terre, mais sur mer, le 24 juin, la flotte française est vaincue à la bataille de l’Écluse.
Les deux monarques, dans l’impossibilité de payer la solde de leurs forces armées respectives, sont contraints de signer une trêve, un arrêt des hostilités qui se prolongera jusqu’en 1345.
1346-1347
Édouard III reprend les hostilités. Il débarque avec son armée dans le Cotentin, se dirige vers Paris, et enfin remonte vers le Nord.
Il remporte, bien qu’en étant en infériorité numérique, une précieuse victoire à Crécy.
Dans la foulée, il met le siège devant Calais qui se rendra après plusieurs mois de résistance. C’est une étape importante de la guerre. La tête de pont ainsi créée servira de manière permanente aux Anglais au cours du confit. La ville restera aux mains des Anglais jusqu’en 1558.
LA BATAILLE DE CRÉCY,
LA VICTOIRE DE LA DISCIPLINE SUR LA BRAVOURE…
PRÉLUDE A LA BATAILLE
Édouard III, qui a mis sur pied une armée d’invasion de la France, prépare un nouveau débarquement ; mais il hésite, il ne sait pas où accoster. Philippe VI va lui donner l’occasion de choisir le lieu ; en effet, il vient de condamner à l’exil un grand seigneur normand, Geoffroy d’Harcourt, sire de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Celui-ci, en venant demander protection au roi d’Angleterre, offre ainsi au monarque anglais Edouard III le prétexte parfait pour envahir le Cotentin.
Le 7 juillet, Édouard III réunit sa flotte dans les rades de Portsmouth, Southampton et des ports de l’île de Wight, et hisse les voiles. Il s’apprête à traverser la Manche.
VERS L’AFFRONTEMENT…
Le 12 juillet 1346, il débarque à Saint-Vaast-La-Hougue, dans le Cotentin, avec environ 12 000 hommes et dans la foulée s’empare de la Normandie.
Les Normands, surpris et terrifiés de voir surgir les Anglais, ouvrent leurs villes. Ils savent que leurs défenses n’auraient pas pu résister à une attaque en masse. Après avoir saccagé et pillé le Cotentin, l’armée anglaise assiège et prend la ville de Caen, pourtant bien défendue, et massacre sa population.
La flotte anglaise repart d’Ouistreham vers l’Angleterre, chargée d’un butin considérable.
Édouard III se dirige vers Paris, puis oblique vers le Nord pour rejoindre ses alliés flamands. Il doit pour cela traverser les obstacles naturels que sont la Seine et la Somme.
Il tente de franchir la Seine à Rouen, qui lui refuse le passage. Il se retire sans livrer bataille, et s’installe à Poissy. Il lui faut un délai pour construire un pont sur la Seine, qu’il traversera le 15 août.
Pendant ce temps, le roi de France Philippe VI de Valois réunit ses forces à Saint Denis, auxquelles des renforts viennent se rallier en masse. Il se prépare à livrer bataille.
Mais Édouard III poursuit sa chevauchée, tout en évitant l’affrontement. Il sait qu’il doit encore franchir la Somme ; pour cela, il doit repérer les passages adéquats et sûrs.
Contrairement aux villes normandes, les cités de la Somme sont équipées de puissantes fortifications et bien défendues.
Philippe VI, à la tête d’une armée colossale, a rejoint Amiens et risque de prendre l’ennemi anglais en tenaille entre le fleuve et la mer.
Le 24 août au matin, Édouard III se dirige vers le passage de Blanque Taque. Il s’agit d’un gué non loin de Noyelles-sur-Mer, entre Abbeville et Saint-Valery-sur-Somme. Il franchit le fleuve (dont l’accès est possible seulement à marée basse) après avoir bataillé et battu les forces de Godemars du Fay, qui défendait le passage. Ce dernier s’enfuit et part se réfugier avec les survivants à Saint-Riquier.
L’objectif de Philippe VI est de pousser les Anglais dans un espace constitué par l’embouchure de la Somme et la mer. Tous les ponts sur le fleuve sont surveillés et puissamment gardés. Le roi Édouard III promet alors cent pièces d’or à quiconque lui indiquera la présence d’un gué. Ses espérances seront couronnées de succès grâce à un prisonnier, Gobin Agache, qui, par la même occasion, retrouvera sa liberté, ainsi que celle de ses compagnons de captivité. Malgré la résistance acharnée de Godemar du Fay, bailli de Saint-Quentin, l’armée anglaise franchira le fleuve. Après la défaite, Philippe VI fera retomber son échec sur le bailli, qui sera arrêté pour trahison et condamné à être pendu. Cependant, les proches du monarque avanceront le fait que les troupes de l’ost royal n’ont guère fait mieux que l’accusé. Plus tard, Godemar du Fay sera gracié et deviendra sénéchal de Beaucaire.
Le même jour, Philippe VI arrive à Oisemont, que les Anglais viennent de quitter. Les troupes françaises passent la nuit à Abbeville. Elles y resteront toute la journée du lendemain, le 25 août, fête de la Saint Louis. Des renforts importants continuent d’affluer et viennent grossir les rangs français.
Pendant ce temps, Édouard III remonte en direction du Nord et encercle Noyelles. Il y est accueilli par Catherine d’Artois, fille de Robert III d’Artois, son ancien compagnon d’armes ; son château sera épargné.
Les Anglais se dirigent vers Labroie et y s’arrêtent pour la nuit ; les hommes sont épuisés. Les troupes d’Hugues Spencer s’aventurent jusqu’au port du Crotoy, qu’ils détruisent. Dans cette région particulièrement pourvue en étangs et marais, où les champs sont inondés, il devient très difficile, pour une armée en campagne, de progresser. Puis Hugues Spencer continue son avancée sauvage, entre dans Rue, qu’il pille et brûle, tout en s’emparant d’une grosse quantité de vivres.
Le 25 août, Édouard III change soudainement de direction et se dirige vers l’Est. Pour éviter les marécages, il passe plus au sud, entre les forêts de Crécy et de Cantâtre. Il traverse Sailly-Bray, Nouvion, Forest-l’Abbaye, et Marcheville. Au terme d’une longue journée de marche (21 kilomètres environ), il fait halte à Crécy-en-Ponthieu pour y attendre l’armée française qu’il sent très proche, à Abbeville.
Les chariots qui contiennent les réserves de flèches sont ordonnés en cercles fermés, et à proximité des archers. Édouard décide alors d’envoyer ses barons en reconnaissance.
Les soldats anglais ont repris des forces ; ils sont maintenant reposés, ils ont mangé, ils sont prêts à affronter les Français et livrer bataille.
Le matin du 26 août, Édouard attend son ennemi français de pied ferme ; il sait que sa position est la meilleure pour vaincre…
Son armée est déployée le long d’une crête orientée sud-ouest-nord-est sur environ 2 km entre les villages de Crécy et Wadicourt. Situé à l’arrière de cette crête, il y a le bois de Crécy Grange ; à l’avant, le glacis s’avance en pente douce, à découvert.
En fin d’après-midi, un guetteur posté à l’affut dans le moulin à vent (le « tertre », une butte sur laquelle il s’élevait, existe encore aujourd’hui), alerte ses troupes de l’arrivée des Français.
FORCES EN PRÉSENCE
De nombreuses sources ont donné depuis des chiffres contradictoires. Il est donc très difficile d’avancer un nombre précis des forces en présence.
CÔTE ANGLAIS
Nonobstant, les archers d’Édouard III étaient des soldats choisis et bien rémunérés, qui avaient suivi un entrainement de tir permanent, régulier, et nécessaire. Appréciés à leur juste valeur, ils touchaient une solde assez conséquente de six pence par jour. Ils étaient vêtus d’un pourpoint (justaucorps) de cuir, ainsi que d’un casque de cuir, renforcé quelquefois par des armatures de fer. Pour compléter la panoplie, ils avaient un manteau qui leur servait à la fois de couverture pour dormir, et de protection pour abriter de la pluie la corde de leur arc. Tout au long de la campagne de Crécy, ils chevauchaient leur monture mais combattaient à pied
La première ligne anglaise s’étire tout au long de cette pente. Elle est constituée de deux corps de piétaille (fantassins) : 1800 à droite et 800 à gauche. Ces deux formations sont flanquées des deux côtés par des groupes pouvant compter jusqu’à 1000 archers disposés en saillie.
Devant les archers, des tranchées ont été creusées et munies de pieux plantés solidement, comme protection pour se prémunir des assauts de la cavalerie lourde française. Ces fosses doivent aussi servir d’entonnoir pour concentrer la charge des cavaliers, les exposant ainsi de flanc aux tirs des archers.
La verge, de 2 mètres de longueur, en if ou en orme, bandée par une corde, pouvait envoyer avec précision à 260 mètres, des flèches à pointes métalliques. Chaque archer portait en outre un pieu à bout ferré qu’il plantait dans le sol, devant lui, et qui lui assurait une bonne protection contre les charges de cavalerie.
Une seconde ligne, placée au centre à l’arrière, est constituée de 700 hommes d’armes, et flanquée de 2000 archers sur ses ailes. C’est la position qu’Édouard va tenir…
Le 26 août, à Abbeville, le jour n’est pas encore levé que toute la ville est en ébullition.
C’est alors que Philippe VI sort de la ville sur son cheval à la tête de sa puissante armée, dans un désordre indescriptible, pour aller sus aux Anglais. Il a dépêché des éclaireurs dans toutes les directions pour les localiser.
L’armée française est si importante qu’elle mettra une demi-journée pour quitter Abbeville. Dans ce tumulte, les ordres sont mal compris. On entend dans les rangs de nombreuses langues et dialectes : le français, le picard, l’italien, l’allemand, le tchèque….
En face, Édouard III l’attend patiemment ; ses hommes ont été ménagés, ils seront frais et dispos pour le combat qui s’annonce.
CÔTE FRANÇAIS
Selon certaines sources, Philippe VI de Valois sort d’Abbeville à la tête d’une impressionnante armée composée d’environ (selon Jean Froissart) 20 000 à 25 000 hommes. D’autres prétendent 40 000, mais ces chiffres font débat chez les historiens.
Lire : Mercenaires routiers et écorcheurs au Moyen Âge.
Dans cette masse armée, on dénombre 6000 mercenaires génois, dirigés par Carlo Grimaldi et Antonio Doria (ils sont tous deux réputés pour être des habiles arbalétriers et les meilleurs marins d’Europe).
Antonio Doria naît vers 1300 à Gênes. Il fut l’un des chefs des Gibelins de Gênes et amiral de France en 1339. Il meurt au combat en 1346, à la bataille de Crécy-en-Ponthieu.
Le roi Philippe VI a, en outre, fait appel à l’« ost » royal, à ses vassaux, et à ses alliés extérieurs au royaume de France.
C’est ainsi que l’on trouve dans les rangs français, entre autres, Jean Ier de Luxembourg (roi de Bohême), Charles IV (fraîchement élu roi des Romains), et Charles II de Valois (duc d’Alençon et frère du roi).
A la tête de sa puissante armée, le roi Philippe se dirige vers l’ouest. Il parvient lourdement, par la route basse, à proximité du plateau. Il s’approche des collines et des petites vallées, entre Crécy au sud et Wadicourt au nord. Un orage éclate, rendant le terrain glissant ; un inconvénient qui va s’avérer lourd de conséquences pour sa chevalerie.
LES COMMANDANTS RESPECTIFS DES DEUX ARMÉES
POUR LES ANGLAIS
– Édouard III d’Angleterre
Édouard naît le 13 novembre 1312 au château de Windsor (Berkshire), et meurt le 21 juin 1377 au palais de Sheen (Richmond, Angleterre). Il fut roi d’Angleterre et seigneur d’Irlande du 25 janvier 1327 à sa mort. Il fut également duc d’Aquitaine à compter du 10 septembre 1325, avant de céder ce titre à son fils aîné, Édouard de Woodstock (le prince Noir), en 1362. Son règne sera marqué par les ravages de la peste noire dans une Europe en crise économique et sociale. Ses prétentions au trône de France seront la cause de la Guerre de Cent Ans. Il remportera (entre autres) les célèbres batailles de Crécy (26 août 1346) et de Poitiers (19 septembre 1366).
– Édouard de Woodstock dit « le Prince Noir »
Édouard de Woodstock naît le 15 juin 1330, au palais de Woodstock (dans l’Oxfordshire), et meurt le 8 juin 1376, au palais de Westminster. Il était le fils aîné du roi d’Angleterre Édouard III. Il fut prince de Galles, comte de Chester, duc de Cornouailles et duc d’Aquitaine.
Guerrier redoutable, il participa activement à la Guerre de Cent Ans, au cours de laquelle il remporta de nombreuses batailles. Notons les plus célèbres : Crécy (26 août 1346), Poitiers (19 septembre 1366), Winchelsea (29 août 1350), la Chevauchée de 1355, la Bataille de Nájera (3 avril 1367), et le sac de Limoges (19 septembre 1370). Il mourra un an avant son père, et ne sera donc jamais roi d’Angleterre.
– Guillaume de Bohun
Guillaume de Bohun naît vers 1312 à Caldecot (dans le nord du Northamptonshire), et meurt le 16 septembre 1360. Il fut le 1er comte de Northampton. C’était un homme de guerre et diplomate anglais qui s’illustra dans de nombreuses campagnes militaires, en France et en Grande-Bretagne.
Issu d’une famille anglo-normande originaire du Cotentin, il avait pour ancêtre Onfroi de Bohon (ou Bohun, dit « le Barbu »), compagnon d’arme du duc Guillaume le Bâtard (surnommé le « Conquérant » après sa conquête de l’Angleterre).
En 1339, il suit le roi Édouard III en Flandre, et participera à de nombreuses campagnes militaires en France et en Écosse. Il prendra part aux victoires anglaises des batailles de L’Écluse (24 juin 1340) et de Crécy (26 août 1346).
– John Chandos
John Chandos (aussi appelé « Jean Chandos » en français) naît vers 1320 dans le Derbyshire et meurt le 31 décembre 1369 à Valdivienne (département de la Vienne, France). Il est probablement le plus grand capitaine anglais de la première phase de la Guerre de Cent Ans.
En 1349, il est parmi les membres fondateurs de l’ordre de la Jarretière.
En 1355 et 1356, il sera le conseiller et le second du Prince Noir dans son combat contre le roi Jean II le Bon.
En 1369, le Prince Noir le nommera sénéchal du Poitou.
Il est blessé mortellement le 31 décembre de la même année, lors d’une escarmouche près du pont de Lussac-les-Châteaux. On le transportera à Valdivienne, où il rendra son dernier soupir. Il sera regretté par Édouard III, et aussi par Bertrand du Guesclin, qui admirait son courage et son talent militaire.
POUR LES FRANÇAIS
– Philippe de Valois
Philippe de Valois est roi de France de 1328 à 1350 sous le nom de Philippe VI. Il est le fils de Charles de Valois et de Marguerite d’Anjou. Il naît en 1293, et meurt le 22 août 1350 à Nogent-le-Roi. Il est issu de la branche cadette de la maison capétienne (dite maison de Valois, fondée par son père Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV le Bel).
En conflit avec Édouard III d’Angleterre, Philippe finira par obtenir de celui-ci l’hommage pour la Guyenne, mais leurs querelles pour le contrôle des Flandres, l’alliance franco-écossaise et la nécessité de justifier les impôts supplémentaires, les conduiront à la Guerre de Cent Ans.
– Charles II d’Alençon
Charles II d’Alençon (dit Charles II le Magnanime) naît en 1297, et meurt le 26 août 1346. Il est le deuxième fils de Charles, comte de Valois, et de Marguerite d’Anjou, et donc frère du roi de France Philippe VI de Valois. Il est comte de Chartres, du Perche et d’Alençon.
Il sera tué à la bataille de Crécy, alors qu’il commandait l’avant-garde de l’ost royal.
– Pierre Ier de Bourbon
Pierre Ier naît en 1311, et meurt à Poitiers le 19 septembre 1356. Il est duc de Bourbon de 1342 à 1356. Il est fils de Louis Ier (1er duc de Bourbon et comte de la Marche) et de Marie d’Avesnes.
Il sera blessé le 26 août 1346 au cours de la bataille de Crécy.
– Louis Ier de Flandre
Louis Ier de Flandre (dit Louis de Dampierre, Louis de Nevers, ou Louis de Crécy) naît vers 1304, et meurt au combat le 26 août 1346 lors de la bataille à Crécy.
Il sera comte de Flandre et de Nevers de 1322 à 1346, ainsi que comte de Rethel de 1328 à 1346.
– Raoul de Lorraine
Raoul, ou Rodolphe, de Lorraine (dit le Vaillant) est duc de Lorraine de 1329 à 1346. Il naît en 1320, et meurt au combat le 26 août 1346, à la bataille de Crécy.
Il est le fils du duc Ferry IV de Lorraine et d’Élisabeth d’Autriche.
– Louis Ier de Blois-Châtillon
Louis Ier (comte de Blois, de Dunois et de Fréteval) naît vers 1320, et meurt en 1346 à Crécy, sur le champ de bataille. Il est le fils de Guy Ier de Châtillon (comte de Blois) et de Marguerite de Valois. Il est aussi petit-fils de Charles de France, donc neveu du roi de France Philippe VI.
– Jean de Luxembourg
Jean de Luxembourg (dit l’Aveugle) naît le 10 août 1296, et meurt tué à la bataille de Crécy le 26 août 1346. Il fut roi de Bohême en 1310 par son premier mariage, comte de Luxembourg en 1313, et roi titulaire de Pologne.
En 1340, il devient aveugle suite à l’échec d’une opération aux yeux. Au cours de la bataille de Crécy, il demande à être attaché sur son cheval avec des chaînes reliées à quatre de ses cavaliers. Ceux-ci sont censés le protéger et lui signaler où se trouve l’ennemi, et où frapper avec son épée.
Se ruant ainsi au cœur de la mêlée, il tue sur son passage autant d’amis que d’ennemis. Il recevra plusieurs coups d’épée mortels et agonisera sur le champ de bataille.
La peinture représente Edward de Woodstock rendant hommage au roi Jean de Bohême (Jean l’Aveugle) au lendemain de la bataille de Crécy, en 1346. Les hommes d’Édouard sont sur leurs montures, et regardent le prince Noir se tenir devant la dépouille du roi défunt, coincé sous son cheval mort. Une scène de mouvement et d’anticipation est créée dans un moment sombre, alors que le vent balaie les vêtements en lambeaux du Prince Noir et que son cheval derrière semble agité. Au Grand-Duché de Luxembourg, Jean l’Aveugle est considéré comme héros national.
– Antonio Doria
Antonio Doria (ou Aithone Doria) naît vers 1300, et sera tué en 1346, sur le champ de bataille de Crécy. C’était l’un des chefs des Gibelins de Gênes.
En 1338, Philippe VI de Valois enrôle à son service 20 galères armées par les Gibelins de Gênes, et 20 autres armées par les Guelfes de Monaco. Antonio Doria sera fait amiral de France en 1339.
Elles tiraient leur nom de deux maisons allemandes rivales, celle des Welfs (maison de Souabe), et celle des Hohenstaufen (seigneurs de Waiblingen, près de Stuttgart). Ces deux familles se disputèrent le trône impérial à partir de 1125. Leurs partisans se nommaient respectivement « Guelfes » et « Gibelins ». Guelfes : factions italiennes (en italien « parte guelfa »), partisantes de la famille princière allemande des Welfens et de l’empereur. Gibelins : factions rivales (en italien « parte ghibellina »), partisantes des Hohenstaufens, seigneurs de Waiblingen, et du pouvoir du pape en Italie.
– Charles Ier Grimaldi (seigneur de Monaco)
Charles Grimaldi (en italien Carlo Grimaldi) seigneur de Monaco. Il est, à partir de 1342, Charles Ier de Monaco, de Menton et de Vintimille. En 1346, il acquiert la seigneurie de Menton. Il meurt en 1357 après avoir combattu le doge de Gênes, Simone Boccanegra.
DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
Au matin du 26 août, après avoir entendu la messe à Abbeville, le Valois se met en route à la tête de son armée. La colonne est si importante qu’il aura fallu une demi-journée pour démarrer d’Abbeville. L’ost royal chevauche en armure sous la chaleur pesante de ce mois d’août. Les Anglais, eux, sont bien reposés, et à l’abri de leurs fortifications, attendent à Crécy. Bientôt, les éclaireurs français ont repéré leur ennemi anglais.
Bruyante et tumultueuse, la colonne française est constituée de piétons, de piquiers, d’hommes d’armes, de chevaliers, d’archers, d’écuyers, de chevaux, de chariots, de valets d’armes, et de palefreniers. Cette cohue désordonnée se rassemble enfin dans la vallée des Clercs, entre Estrées et Crécy, et se regroupe plus ou moins en trois corps : celui des mercenaires génois, celui du Comte d’Alençon (frère du roi), et enfin celui du roi lui-même, entouré du roi Jean de Bohème et des autres princes étrangers.
On essaie de s’organiser et de mettre au point une tactique avant de livrer bataille le lendemain. Philippe VI approuve. Mais ses ordres sont mal interprétés. Alors qu’il ordonne à ses hommes de s’arrêter, l’arrière-garde continue d’avancer ; comme toujours, les Français s’excitent et se pressent d’écraser leur ennemi séculaire. Le gros de la troupe talonne maintenant l’avant-garde, qui croit qu’on veut la doubler ; c’est la cohue, la bousculade…
Et voilà que brusquement, dans cette confusion la plus totale, sans avoir décidé aucune tactique, l’armée française se retrouve face à l’armée anglaise. L’affrontement est inévitable.
Soudainement, un orage éclate ; le ciel s’assombrit, tout en diminuant la visibilité des manœuvres de la troupe, qui évolue maintenant dans la gadoue. La pluie abondante transforme le champ de bataille en un véritable bourbier. La boue, ça fatigue les hommes… De plus, les armes sont détrempées et l’arbalète est difficile à charger ; le mécanisme s’enraye facilement.
Face aux archers ennemis, le roi Philippe compte faire riposter justement ses arbalétriers génois. Mais les archers anglais ont déjà décoché une pluie de flèches sur ceux-ci. Sans armures, sans boucliers, dans l’impossibilité de se servir de leurs arbalètes rendues inutilisables par la pluie, les Génois sont sans défense et tombent comme des mouches. C’est le sauve-qui-peut général…
La débandade des Génois n’est pas appréciée par Philippe VI, qui ordonne de massacrer ces traitres qui freinent ses hommes en armes : « Tuez toute cette ribaudaille, car ilz nous empeschent la voie au moment du plus grand besoin! » dira-t-il. Ordre est donné de tuer les Génois pour laisser le passage libre à la chevalerie française qui, du coup, se retrouve de face et de front aux archers anglais. Les uns après les autres, les chevaliers tombent sous les flèches anglaises.
Le soleil revenu assez bas sur l’horizon interdit désormais de distinguer l’armée adverse. On ne distingue plus l’évolution des événements de la mêlée. Depuis son poste d’observation, sur le tertre d’un moulin, Édouard III comprend que la victoire lui tend les bras, sans pour cela donner l’assaut à l’ennemi.
La piétaille est devenu un gros problème, car elle encombre les mouvements de la chevalerie française. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Vers 19h00, ces messires les chevaliers décident de lancer leur assaut, et passent à l’action.
Mais la cavalerie française est sérieusement handicapée par les lourdes armures qui ne servent que dans les combats au corps à corps, mais pas du tout contre les traits des archers anglais. La chevalerie française lance une charge impétueuse mais inutile ; bien peu parviendront à croiser le fer avec les archers de la piétaille anglaise. Le combat est vain et épuisant pour les cavaliers et les chevaux, qui s’embourbent dans un terrain rendu impraticable par la pluie. Mais côté français, l’honneur exige de se laisser massacrer plutôt que de renoncer. Cette valeureuse attitude permet à un groupe de cavaliers, menés par Jacques d’Estracelles, de parvenir jusqu’au prince de Galles (le futur prince Noir), et de le menacer. Mais cette offensive menée avec bravoure échouera, des forces de soutien anglaises envoyées par Édouard III repousseront l’assaut.
Les fantassins français viennent mourir par milliers en avant de leurs lignes, simplement pour prouver leur bravoure. Les anglais, quant à eux, ont reçu des ordres : ne pas faire de prisonniers ; une vraie boucherie…
L’entourage de Philippe VI, à l’instar de Jean de Hainaut, lui conseille de battre en retraite. Ce qu’a déjà fait Charles de Luxembourg (le futur empereur Charles IV, fils de Jean 1er de Bohême). Le Valois l’a bien compris, et abandonne le champ de bataille, entouré de quelques barons survivants. Il se réfugie au château de Labroye, se restaure, change de cheval, puis, dans la nuit noire, flanqué de 50 hommes tout au plus, galope et rejoint Amiens…
Le dimanche 27 août à l’aube, il se trouvera à l’abbaye du Gard, à trois lieues d’Amiens. Il recevra toute la journée des nouvelles du front et prendra conscience du désastre : des morts par milliers, la chevalerie décimée, et l’oriflamme royale perdue. La bataille de Crécy est un désastre …
Le lendemain, une trêve de trois jours est ordonnée. Il faut du temps aux Français pour enterrer leurs morts.
Le 29 août, Édouard III, le roi victorieux, lève le camp et reprend sa fuite vers le nord, ses pillages, et ses incendies : Montreuil, Etaples, Waben, St Josse. Puis il se dirige sur Calais, dont il a bien l’intention de s’emparer, mais qui résistera un an.
TOTAL DES PERTES
Au total, les Français ont perdu mille cinq cents chevaliers et deux mille hommes de troupe. Du côté anglais, on déplorera la mort de quelques chevaliers et de moins d’une centaine d’archers.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
« Grandes batailles de l’Histoire » de John Macdonald – Éditions Albin Michel
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Cr%C3%A9cy
https://www.nordmag.fr/patrimoine/histoire_regionale/Crecy/bataille_crecy.htm
11 réponses
[…] de France seront la cause de la Guerre de Cent Ans. Il remportera (entre autres) les célèbres batailles de Crécy (26 août 1346) et de Poitiers (19 septembre […]
[…] Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury Gisant du Prince Noir, cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir […]
[…] du pouvoir royal, et sort le Royaume d’une période mouvementée (les défaites militaires de Crécy et de Poitiers – 1346 et 1356 – et la grande peste noire des années […]
[…] Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Blason du Prince Noir, cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir cathédrale de Canterbury. Gisant du Prince Noir […]
[…] suivante, le Prince Édouard poursuit son apprentissage des armes, et connaît sa première grande bataille à Crécy en 1346. Son père lui a confié un corps de troupe qu’il a prudemment placé en retrait. Une […]
[…] L’Écluse marque la fin du rêve de Philippe VI d’envahir l’Angleterre et de détruire sa flotte. La France, à ce moment-là, n’a plus de marine de guerre. Il ne lui reste plus que la chevalerie, mais celle-ci sera anéantie en 1346, au cours de la bataille de Crécy. […]
[…] se trouve à 54,7 km d’Arras, 58,2 km de Boulogne-sur-Mer, à 72,2 km de Calais et à 35,4 km de Crécy-en-Ponthieu. (Sources Google […]
[…] victorieuses chevauchées de ce dernier sur le sol français (Crécy, Poitiers), et surtout l’inattendue défaite de l’ost royal français à Azincourt, le 25 […]
[…] sous les coups des archers anglais (une histoire dramatique qui se répète encore, comme à Crécy, Poitiers, Azincourt…). La retraite s’impose elle se transforme vite en […]
[…] 1 La bataille de Crécy […]
[…] rangées en rase campagne, qui ont vu la destruction de la chevalerie française (comme à Crécy ou à Poitiers), et reprend une à une toutes les places fortes par une guerre de […]