Katherine Prescott Wormeley
LES FEMMES REMARQUABLES
DE LA GUERRE DE SÉCESSION
KATHERINE PRESCOTT WORMELEY
Souvent appelée « Katharine »
(14 janvier 1830-4 août 1908)
SOMMAIRE
Avant le début de la Guerre Civile et les horreurs qui vont suivre, les Etats-Unis sont dépourvus de services de santé. Les militaires ne disposent que de très peu de groupes d’infirmières évoluant à leurs côtés sur le théâtre du conflit. Il existe très peu d’hôpitaux, et les soins infirmiers ne sont pas encore pris en charge par le gouvernement. La profession d’infirmiers formés est presque inexistante. Peu importe qui s’occupe des soldats agonisants sur le champ de bataille, les soins apportés aux blessés sont laissés à quelques infirmières et aux autres soldats. Cette déficience va engendrer l’apparition spontanée d’une multitude d’hôpitaux de campagne, bien souvent dans les maisons du voisinage, à proximité des lieux de combats.
Aussi bien dans le Nord que dans le Sud, on pense généralement que le conflit armé sera de courte durée. Après la première bataille de Bull Run (le 21 juillet 1861), les deux camps réalisent que la guerre sera beaucoup plus longue que ce qu’on imaginait. Les premiers affrontements apportent un flot ininterrompu de blessés gravement atteints. La population, choquée, est prise de court. Il devient urgent et nécessaire de réagir, de former des infirmières et de créer des hôpitaux.
Le président Abraham Lincoln convient lui-même de la nécessité de créer des soins de santé. Il ordonne au secrétaire à la guerre Simon Cameron de nommer Dorothea Dix comme surintendante infirmière de l’armée de l’Union.
En 1861, des personnes, surtout des femmes, se regroupent pour fonder « la Commission sanitaire des États-Unis », destinée à organiser l’aide médicale et à fournir des soins aux soldats de l’Union.
« Au Nord, les citoyens influents forment la Commission sanitaire et la Commission chrétienne, afin d’organiser l’aide aux victimes et d’enrayer la propagation des maladies au sein de l’armée. Le nombre de malades diminuera de moitié. Les volontaires de la Commission sillonnent les camps, luttent contre leur insalubrité, et réforment les conditions hospitalières. Elles veillent à la qualité des repas, distribuent des couvertures, des chaussures, et répartissent équitablement les colis et les médicaments que les familles envoient aux blessés. La Commission sanitaire est dirigée par des personnalités éminentes. L’avocat New Yorkais George Templeton Strong en est le trésorier, mais ce sont des centaines de milliers de femmes, réparties à travers sept mille unités dans le Nord du pays, qui assurent le travail : couture, tricot, pansements, mais aussi collecte de fonds et organisations de spectacles ». « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
NAISSANCE & FAMILLE
Katherine Prescott Wormeley naît le 14 janvier 1830 à Ipswich, dans le Suffolk, en Angleterre. Elle meurt le 4 août 1908 (à l’âge de 78 ans) à Jackson, dans l’État du New Hampshire.
C’est une infirmière de la guerre civile américaine (1861-1865). Elle est aussi auteure, éditrice et traductrice d’œuvres littéraires de langue française. Son prénom est souvent orthographié « Katharine ».
Katherine Prescott Wormeley est la fille de l’amiral Ralph Randolph Wormeley (29 octobre 1785-26 juin 1852) et de Caroline Preble (1799-1er mars 1872).
FRATRIE
Katharine aura un frère et deux sœurs :
– James Preble Wormeley (27 mars 1826-10 janvier 1851).
– Mary Elizabeth Wormeley Latimer (28 juillet 1822-4 janvier 1904).
– Ariana Randolph Wormeley Curtis (14 octobre 1834-10 février 1922).
Katharine aura aussi un demi-frère :
– Charles Preble (naissance inconnue- décédé le 28 avril 1794).
AVANT LA GUERRE CIVILE
Katherine Prescott Wormeley émigre toute jeune aux États-Unis. Elle est issue d’une famille anglo-américaine aisée vivant en Angleterre. Elle est la troisième des quatre enfants de l’amiral Ralph Randolph Wormeley, un officier de marine britannique et Virginien. Sa mère, Caroline Preble, est une riche américaine de Boston. Lorsqu’en 1852, l’amiral Wormeley décède prématurément, la famille Wormeley s’installe à Newport, Rhode Island.
LA GUERRE CIVILE
En 1861, dès le début de la guerre civile, Katharine consacre tous ses efforts envers l’Union. Elle devient surveillante de la « Ladies ‘Union Aid Society », et crée des organisations d’aide aux femmes.
À l’hiver 1861, elle dirige une organisation de fourniture de vêtements, sous contrat avec le gouvernement. Cette structure est créée pour subvenir à la guerre sur les deux fronts : à l’arrière et sur le front. Elle emploie les épouses et les familles des soldats enrôlés (nombreuses sont pauvres et nécessiteuses). Ces dernières cousent et assemblent des dizaines de milliers de chemises de flanelle pour les hommes au front.
Pendant un peu moins d’un an, Katharine va diriger avec succès l’entreprise de fabrication d’uniformes. Puis elle quitte Newport, voyage à travers le pays, et vient travailler pour les services de transport hospitalier de la « Commission sanitaire des États-Unis ».
Dans une lettre écrite à sa famille, Katherine Wormeley, alors infirmière sur un navire hôpital, raconte, avec des mots poignants, la confusion et le chaos qui règnent à bord. Mais elle termine son récit par ces mots : « au revoir, c’est la vie ! ».
Dans ma section, dès que chaque malade était allongé sur sa couchette, je lui donnais du brandy et de l’eau, et aussi du thé, du pain et du beurre s’il pouvait manger, ou plus de brandy ou de thé. Bien sûr, c’était douloureux ; mais il y avait tellement de choses à faire minutieusement et rapidement, qu’on n’avait pas le temps d’être conscient de la douleur. Un petit tambour pensait qu’il allait mourir instantanément. « Pooh », ai-je dit, « vous quitterez le navire à New York, pour prendre votre thé. » Nous n’avons pu calmer tous nos patients qu’après 1 h du matin, lorsqu’ils furent transférés à bord du Wilson Small. » Katharine Prescott Wormeley, Union nurse. « The Healing: Conversations Between Nurses North and South ».
Katharine Prescott Wormeley, Union nurse. « The Healing: Conversations Between Nurses North and South ».
Même pour Katharine Wormeley, infirmière résistante et qualifiée, travailler sur le Daniel Webstern est très difficile. Les navires de transport accueillent des centaines de soldats à la fois, mais beaucoup de ces bateaux sont mal équipés en fournitures médicales, et incapables de nourrir les blessés à bord.
Tout au long de son service, Katharine écrit fréquemment sur les provocations que les infirmières doivent supporter, tout en essayant de donner des soins appropriés.
Et alors même que les blessures sont de plus en plus nombreuses et horribles, Katharine et la Commission sanitaire poursuivent leur travail avec persévérance : « Bien sûr, la Commission s’investit et fait tout », écrit-elle. Ces souvenirs sont inclus dans le livre de Katharine de 1889, « The Other Side of War », qui comprend des lettres et des souvenirs de travail sur les transports hospitaliers. Elle quittera le service des transports hospitaliers en août 1862, à peine 3 mois après son entrée, pour un court repos à son domicile.
Le chirurgien général William A. Hammond l’appelle pour lui proposer le poste d’infirmière surintendante à l’hôpital général de Lovell, à Portsmouth Grove (dans son État d’origine, le Rhode Island). Katharine Wormeley débute en septembre 1862, en amenant avec elle son propre groupe d’infirmières. Elles ont pour mission de diriger des sections individuelles de l’hôpital, qui comprend 1700 lits.
Le 6 juillet 1862, les premiers blessés y arrivent par navire à vapeur de l’hôpital militaire. Pendant les années qui suivent et jusqu’à la fin de la guerre, quelque 10000 militaires seront soignés dans l’hôpital de Portsmouth Grove. De nombreuses infirmières dévouées, rémunérées ou bénévoles, y exerceront, notamment Katherine Prescott Wormeley.
Au début, les infirmières sont trop peu nombreuses et manquent cruellement. Elles n’ont pas de logement sur place, et tous les jours elles doivent chercher leur route pour se rendre à l’hôpital depuis Melville. Elles ne peuvent souvent pas payer le prix du transport, en privé, en autocar, en train ou en bateau à vapeur.
Plus tard, Katherine se portera volontaire, d’abord pour aller au front en Virginie, puis pour travailler à bord d’un navire hôpital militaire, qui transporte des malades et des blessés vers le nord pour y être soignés. C’est en soi une tâche pénible et difficile, car les hommes sont en mauvais état, et leur transport en mer ne facilite pas les choses.
Sa persévérance et ses efforts durant toute la campagne péninsulaire attirent l’attention du médecin général William Hammond. En août 1862, celui-ci lui offre le poste de directrice. Peu de temps après les débuts de l’hôpital, elle devient la surintendante de « Portsmouth Grove ». Katharine est responsable des opérations quotidiennes de l’hôpital, sous le contrôle et avec l’appui du commandant et du directeur médical.
À ce moment-là, la santé de Katherine est défaillante, mais elle continue sans compter son travail, et innove.
Katharine fait venir près d’elle plusieurs de ses amis pour l’assister. Des dizaines d’infirmières créent alors un système très pratique de soins individuels en salle. Ces femmes, qui ont déjà travaillé avec la Commission sanitaire, acceptent avec plaisir l’invitation de Katherine.
Katherine recrute également sa cousine, Harriet Whetten, qui deviendra plus tard surintendante de l’hôpital militaire « Carver à Washington, D.C ».
Wormeley obtient bientôt une résidence pour ses infirmières.
Ensuite elle supervise les repas pour qu’ils soient appropriés en fonction des besoins de chaque patient. Elle nettoie le linge (décrassé par un lavoir à vapeur) et veille à l’amélioration des dossiers individuels de chaque patient. (Les médicaments et les soins médicaux de chaque homme doivent être adaptés).
On y trouve un mess (qui sert principalement des repas nourrissants, souvent peu appétissants), une caserne pour les soldats de l’Union qui gardent l’hôpital, et d’autres bâtiments. Il y a aussi une chapelle, une boulangerie, une buanderie (pouvant laver et sécher des milliers de pièces de linge par jour), une menuiserie, un forgeron, une écurie, une glacière, et un bâtiment pour le cantinier.
Katherine Wormeley veille à ce que tous les services fonctionnent et donnent le maximum d’efficacité. Elle va tout de suite gagner le respect des officiers de l’établissement ainsi que l’affection de ses patients. Parmi les infirmières, on trouve les trois sœurs de New York, Georgeanna, Sarah et Jane Woolsey. Elles vont devenir ses amies à Portsmouth Grove.
Katherine poursuit son implication auprès de la Commission sanitaire. La Commission soutien ses activités dans le Nord, en organisant une série de foires sanitaires et des événements communautaires de bienfaisance.
A Boston, Katherine rédige en un temps record une brochure de onze pages qui va se révéler lucrative pour soutenir les efforts de la Commission.
Mais la santé de Katherine se détériore de plus en plus, aggravée par le rythme infernal de son travail. En septembre 1863, elle est forcée de démissionner pour raison de santé. Mais son influence sur l’hôpital perdurera pour toujours à Portsmouth Grove.
Néanmoins, elle continuera à s‘impliquer dans le travail de la Commission sanitaire. Elle sera directrice associée de la « New England Women’s Auxiliary Association », responsable du Rhode Island, où elle œuvrera aux besoins des anciens combattants.
APRÈS LA GUERRE
KATHERINE LA TRADUCTRICE
Après la guerre, Katherine vit un certain temps à Newport, dans un collège construit par l’architecte américain Stanford White elle devient une traductrice bien connue de la littérature française, concernant notamment les œuvres d’Honoré de Balzac et, en 1892, de Molière (6 volumes).
En 1892, elle publie un recueil de ses communications pour la Commission sanitaire sous le titre « Letters from Headquarters during the Peninsular Campaign : The Other Side ».
Elle traduit également le Récit de Marie-Thérèse Charlotte de France (l’aînée des enfants du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette), les mémoires de Madame de Motteville sur Anne d’Autriche, ainsi que des ouvrages de Louis de Rouvroy (duc de Saint-Simon), d’Alphonse Daudet, et d’Alexandre Dumas (entre autres).
En 1904, elle publie une sélection en 2 volumes d’essais traduits des Causeries du Lundi, de Charles Augustin Sainte-Beuve (Portraits de Femmes, et Portraits Littéraires).
Ses sœurs, Elizabeth Wormeley Latimer et Ariana Randolph (Wormeley) Curtis, seront également des écrivaines.
SA MORT
Katherine Prescott Wormeley ne s’est jamais mariée. Elle décède le 4 août 1908, à l’âge de 78 ans, dans sa résidence d’été à Jackson, New Hampshire. Elle est enterrée au cimetière de l’île à Newport, Rhode Island.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Photos publiques Facebook
https://fr.findagrave.com/memorial/6699119/katherine_prescott-wormeley