Dorothea Dix
LES FEMMES REMARQUABLES
DE LA GUERRE DE SÉCESSION
DOROTHEA LYNDE DIX
(4 avril 1802 – 17 juillet 1887)
SOMMAIRE
Dorothea Lynde Dix fut une surintendante des infirmières de guerre durant la Guerre Civile (1861-1865).
C’était aussi une militante américaine qui fit campagne et pression sur le Congrès des États-Unis afin de fonder les premiers hôpitaux (asiles) pour malades mentaux nécessiteux.
NAISSANCE & FAMILLE
Dorothéa Dix naît le 4 avril 1802 à Hampden, dans le Maine. Elle meurt le 17 juillet 1887 à Trenton, dans le New Jersey.
Elle est le premier enfant de Joseph William Dix (1778-1821) et de Mary Bigelow Dix (1779-1834), tous deux originaires de la colonie anglaise de la Baie du Massachusetts (1628-1691) (située sur la côte est de l’Amérique du Nord, c’est la plus septentrionale des nombreuses colonies qui seront réorganisées plus tard en province de la Baie du Massachusetts).
FRATRIE
Dorothea aura deux jeunes frères :
– Charles W. Dix (1812-1843).
– Joseph Dix, Jr (1815-1878).
JEUNESSE
Née à Hampden, dans l’Etat du Maine, Dorothea passe sa jeunesse avec la famille de ses parents à Worcester, dans le Massachusetts.
Sa mère, de santé fragile, est dans l’incapacité d’apporter à ses enfants le soutien et la présence maternelle souhaités. Joseph, son père, est un libraire itinérant et un prêcheur méthodiste.
À l’âge de douze ans, Dorothea, avec ses deux frères, est envoyée à Boston chez leur riche grand-mère Lynde (épouse du Dr Elijah Dix), afin de les éloigner de leurs parents alcooliques et de leur père violent.
A quatorze ans, Dorothea enseigne dans une école pour filles à Worcester, Massachusetts. Elle y organise pour sa classe son propre programme, dans lequel elle met l’accent sur la vie éthique et les sciences naturelles.
SA VIE
A Boston, vers 1821, Dorothea ouvre une école qui est fréquentée par des familles riches. Peu de temps après, dans la grange de la maison de sa grand-mère, elle enseigne aussi aux enfants pauvres et oubliés. Mais elle a une mauvaise santé, et souffre d’épisodes dépressifs majeurs.
De 1824 à 1830, elle écrit principalement des livres de dévotion et des histoires pour enfants.
Son ouvrage « Conversations on Common Things », paru en 1824, atteindra sa soixantième édition en 1869. Il sera réimprimé 60 fois, et écrit dans le style d’une conversation entre mère et fille. Son livre « The Garland of Flora », paru en 1829, sera avec le « Flora’s Dictionary d’ Elizabeth Wirt », l’un des deux premiers dictionnaires de fleurs publiés aux États-Unis. Dix écrira d’autres livres : « Private Hours », « Alice and Ruth », et « Prisons and Prison Discipline ».
Bien que de confession catholique, Dix se dirige plus tard vers le congrégationalisme, puis vers l’« unitarisme » (doctrine qui affirme que Dieu est un seul et même esprit, et qui rejette la Trinité).
Sa santé défaillante l’obligeant à abandonner son école, elle entreprend de travailler comme gouvernante à Beacon Hill pour la famille de William Ellery Channing, un intellectuel unitarien très en vue.
C’est au cours de cette période que Dix se rend à Sainte-Croix (île de la mer des Caraïbes), où elle est confrontée à l’esclavage.
En 1831, elle fonde à Boston une école modèle pour les filles ; elle la dirigera jusqu’en 1836.
Afin d’améliorer sa santé, Dix part faire un voyage en Europe. Pendant son séjour, elle rencontre des réformateurs sociaux britanniques qui vont l’inspirer. Parmi ces réformateurs figurent Elizabeth Fry, Samuel Tuke, et William Rathbone.
En 1836, dans l’espoir d’obtenir un traitement pour sa santé précaire, elle se rend en Angleterre, où elle rencontre la famille Rathbone.
Au cours de son voyage en Europe et de son séjour dans la famille Rathbone, la grand-mère de Dorothea décède. En héritage, elle lui laisse un « domaine important, ainsi que d’importants revenus » ; ce qui lui permettra de vivre confortablement jusqu’à la fin de sa vie.
Les Rathbones sont des Quakers et d’éminents réformateurs sociaux. Ils invitent Dorothea en tant qu’invitée à Greenbank (leur manoir ancestral à Liverpool). Dix va y rencontrer un cercle d’hommes et de femmes qui croient que le gouvernement doit jouer un rôle direct et actif dans le bien-être social.
Dix s’initie aussi au mouvement de réforme britannique pour les soins aux malades mentaux, mouvement connu sous le nom de « réforme de la folie ». Ses membres mènent des enquêtes recherchées sur les maisons de malades mentaux (asiles), et publient leurs études dans des rapports à la Chambre des communes.
AVANT LA GUERRE CIVILE
« TOURNÉE » DANS LES ÉTATS !
Au cours de cette période, les mouvements de réforme pour le traitement des aliénés sont liés à d’autres causes progressistes : l’abolitionnisme, la tempérance et les réformes électorales.
En 1840-1841, après son retour d’Europe, Dorothea Dix mène une enquête à l’échelle de l’État du Massachusetts, sur les soins aux malades mentaux déshérités. L’intérêt qu’elle leur porte pour les aider débute alors qu’elle enseigne des cours aux femmes prisonnières à « East Cambridge ».
Elle voit comment ces personnes sont enfermées, et combien leurs besoins médicaux ne sont pas adaptés. Seuls les hôpitaux privés et riches possèdent alors de gros moyens.
C’est pendant son séjour à la prison d’ « East Cambridge » qu’elle visite le sous-sol de l’établissement. Elle y rencontre quatre malades mentaux vivant dans des cellules « sombres, non aérées, où l’air est stagnant et infect ». Ces individus sont étiquetés comme des « pauvres fous » ; ils sont écroués avec des criminels instables et violents, et reçoivent un traitement inhumain.
Généralement, les villes ont des contrats avec des spécialistes de la région pour s’occuper des personnes atteintes de maladie mentale. Ces dernières ne sont pas autonomes, sont isolées, sans famille, et n’ont pas d’amis pour s’occuper d’elles. Par manque d’argent et de législation, les abus sont nombreux.
Finalement, sa détermination aboutit à un projet de loi visant à agrandir l’hôpital psychiatrique de l’État à Worcester, Massachussetts.
Tout au long de l’année1844, dans le cadre d’une enquête identique, Dorothea visite tous les comtés, prisons et hospices du New Jersey.
Elle prépare un écrit pour la législature du New Jersey, et fournit un compte-rendu détaillé de ses observations. Dix sollicite et presse la législature à agir et à attribuer des fonds pour construire un établissement de soins et de traitement des malades mentaux. Elle y détaille un certain nombre de cas, afin d’insister sur la gravité et l’importance de la prise en charge par l’État de cette classe de déshérités.
Sa persévérance va payer : le 25 mars 1845, le projet de loi est adopté pour la création d’un établissement d’État dans le New Jersey.
Dorothea Dix voyage du New Hampshire à la Louisiane. Elle enquête sur l’état des malades mentaux miséreux, et fait des rapports aux élus des États concernés. Elle travaille avec des comités pour voter la législation et les projets de loi de crédits indispensables.
En 1846, Dorothea se rend dans l’Illinois pour continuer son projet. A Springfield, elle tombe malade et reste en convalescence tout l’hiver.
En janvier 1847, elle propose son rapport à la session législative de l’Etat. Cette dernière adopte une loi, et le premier hôpital psychiatrique d’État de l’Illinois voit le jour.
En 1848, Dix visite la Caroline du Nord. A nouveau, elle sollicite une réforme des soins aux malades mentaux. Sa première tentative de réforme est refusée. Cependant, après qu’en guise de dernière volonté, l’épouse d’un membre du conseil d’administration demande de réexaminer le plaidoyer de Dix, le projet sera finalement approuvé.
En 1849, lorsque la Société médicale d’État de Caroline du Nord est formée, la législature autorise dans la capitale, Raleigh, l’établissement d’une institution pour soigner les malades mentaux.
Le bâtiment (qui sera nommée « Dix Hill Asylum » en l’honneur du père de Dorothea), ouvre en 1856.
L’asile de « Dix Hill » sera rebaptisé un siècle plus tard « Dorothea Dix Hospital » en son honneur.
Dorothea participe à la fondation du « Harrisburg State Hospital », le premier hôpital psychiatrique public de Pennsylvanie. En 1853, elle y établit sa bibliothèque et sa salle de lecture.
« Le Bill for the Benefit of the Indigent Insane » représente l’apogée du travail de Dix à Washington.
Une loi prévoit de réserver des terres fédérales, qui seront utilisées au profit des malades mentaux et pour les aveugles, sourds et muets. Le produit de cette vente devrait être réparti aux États pour construire et entretenir des asiles.
Le projet de loi foncière de Dix est adopté par les deux chambres du Congrès des États-Unis. Mais en 1854, le président Franklin Pierce y oppose son veto, concluant que le bien-être social est de la responsabilité des États.
Un deuxième hôpital d’État sera autorisé en 1875, le « Broughton State Hospital » à Morganton, Caroline du Nord.
Le « Goldsboro Hospital for the Negro Insane » sera également construit dans l’Est de l’État.
VOYAGE EN ANGLETERRE
En 1854 et 1855, contrariée par l’échec de son projet de loi sur les terres, Dix retourne en Angleterre et en Europe.
Elle renoue avec la famille Rathbone et, encouragée par des politiciens britanniques qui souhaitent accroître la portée de « Whitehall en Écosse », mène des enquêtes sur les maisons de fous écossaises. Ce travail aboutira à la formation de la « Scottish Lunacy Commission », visant à superviser les améliorations.
EN NOUVELLE ÉCOSSE
En 1853, Dix visite la colonie britannique de la Nouvelle-Écosse afin d’y étudier les soins aux malades mentaux. Au cours de sa visite, elle se rend à l’île de Sable pour enquêter sur les rapports de patients souffrant de troubles mentaux, et qui sont abandonnés. Ces rapports s’avèreront en grande partie erronés.
Alors qu’elle se trouve sur l’île de Sable, Dix participe au sauvetage du naufrage d’un navire. À son retour à Boston, elle mènera une campagne afin d’envoyer sur l’île des équipements de sauvetage efficaces.
Le lendemain de l’arrivée des fournitures, un autre navire fera naufrage sur l’île. Heureusement, grâce au travail de Dix, 180 personnes seront sauvées.
L’île de Sable est une petite île canadienne située à 170 km au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, dans l’océan Atlantique.
En 1854, Dix mène des investigations sur les conditions des hôpitaux psychiatriques en Écosse, et constate qu’elles sont tout aussi mauvaises. En 1857, après des années de travail et d’opposition, des lois de réforme sont finalement votées.
Dix entreprend une action identique dans les îles anglo-normandes, obtenant finalement, après treize ans de lutte, la construction d’un asile.
Dix élargit son travail à toute l’Europe, et poursuit son œuvre à Rome. Constatant une fois de plus la dégradation des édifices et les mauvais traitements infligés aux malades, Dix sollicite une audience au pape Pie IX.
Le pape sera réceptif aux découvertes de Dix, et visitera lui-même les asiles ; il sera choqué par leurs conditions, et remerciera Dix pour son travail.
LA GUERRE CIVILE
Cinq jours après la chute du Fort Sumter (le 12 avril 1861), Dorothea Dix se présente au secrétaire à la Guerre, Simon Cameron, afin de lui proposer ses services. Celui-ci les accepte, et elle est nommée surintendante des infirmières de l’armée de l’Union.
« Au Nord, les citoyens influents forment la Commission sanitaire et la Commission chrétienne, afin d’organiser l’aide aux victimes et d’enrayer la propagation des maladies au sein de l’armée. Le nombre de malades diminuera de moitié. Les volontaires de la Commission sillonnent les camps, luttent contre leur insalubrité, et réforment les conditions hospitalières. Elles veillent à la qualité des repas, distribuent des couvertures, des chaussures, et répartissent équitablement les colis et les médicaments que les familles envoient aux blessés. La Commission sanitaire est dirigée par des personnalités éminentes. L’avocat New Yorkais George Templeton Strong en est le trésorier, mais ce sont des centaines de milliers de femmes, réparties à travers sept mille unités dans le Nord du pays, qui assurent le travail : couture, tricot, pansements, mais aussi collecte de fonds et organisations de spectacles ». « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Tout au long du conflit, Dorothea Dix va recruter un peu partout des infirmières suivant des critères très stricts. (Même si, à cause de l’éloignement, elle ne peut pas tout contrôler et n’aura donc pas forcément les candidates espérées).
Les postulantes doivent être âgée de 35 à 50 ans et avoir une apparence simple, ne pas être trop jolies, ni trop jeunes, ni riches, avoir une attitude irréprochable, et s’habiller avec des vêtements sombres, sans couleurs. Elles ne doivent porter ni bijoux, ni fards ou autres colifichets.
Dorothea Dix veut éviter d’envoyer des jeunes femmes vulnérables et attirantes dans les hôpitaux, où elle craint qu’elles ne soient sollicitées et harcelées par les hommes (médecins aussi bien que patients).
Dix révoque souvent des infirmières bénévoles, celles qu’elle n’a pas personnellement choisies et formées ou embauchées (ce qui lui vaut la colère de groupes de soutien, comme la « United States Sanitary Commission »).
En mésentente avec les médecins de l’armée, elle leur dispute le contrôle des installations médicales, l’embauche, et le licenciement des infirmières.
De nombreux médecins et chirurgiens ne veulent pas d’infirmières dans leurs hôpitaux.
Pour résoudre le problème, en octobre 1863, le département de la guerre produit l’ordonnance n ° 351.
Cette prescription donne à la fois au chirurgien général (Joseph K. Barnes) et à la surintendante des infirmières de l’armée (Dorothea Dix) le pouvoir de nommer des infirmières. Cependant, la directive autorise les médecins à affecter des employés et des bénévoles aux hôpitaux, ce qui va soulager Dix de cette responsabilité. En tant que « surintendant », Dix met en œuvre le programme de soins infirmiers de l’armée fédérale (dans lequel serviront plus de 3 000 femmes jusqu’à la fin de la guerre).
Pendant ce temps, sa notoriété est effacée par d’autres femmes éminentes, telles que le Dr Mary Edwards Walker et Clara Barton.
En août 1865, Dix démissionne. Elle considèrera plus tard cet « épisode » de sa vie comme un échec.
Des centaines de religieuses catholiques ont servi avec succès comme infirmières, mais Dix s’est toujours méfié d’elles ; son anticatholicisme finira par saper sa capacité à travailler avec des infirmières catholiques, laïques ou religieuses.
Dix soignera avec impartialité et bienveillance tous les blessés, qu’ils soient du Nord ou du Sud. Cette probité et sa mémoire seront louées dans tout le Sud.
Une autre infirmière de Dix, Julia Susan Wheelock, a déclaré : « Beaucoup d’entre eux étaient des rebelles. Je ne pouvais pas les négliger. Bien qu’ennemis, ils étaient néanmoins des êtres humains sans défense et souffrants. »
Lorsque les forces confédérées se retirent de Gettysburg (du 1er au 3 juillet 1863), elles laissent derrière elles 5 000 soldats blessés. Ceux-ci seront soignés par de nombreuses infirmières de Dix.
En raison de son dévouement, Dix sera très respectée pour son travail tout au long de la guerre. Elle a mis de côté son travail précédent pour se concentrer entièrement sur la guerre civile en cours, et à la fin du conflit, son œuvre sera officiellement reconnu.
Elle recevra deux drapeaux nationaux ; ils lui seront décernés pour « les soins, le secours et le soulagement des soldats malades et blessés des États-Unis sur le champ de bataille, dans les camps et les hôpitaux pendant la guerre récente ».
Dix fondera finalement trente-deux hôpitaux. Elle est aussi à l’origine de la création de deux autres au Japon.
À la fin de la guerre, Dix aidera à collecter des fonds pour le monument national aux soldats décédés à la forteresse Monroe.
APRÈS LA GUERRE
Après la guerre, elle reprend sa croisade pour améliorer les soins aux prisonniers, aux handicapés et aux malades mentaux. En premier, lieu elle passe en revue les asiles et les prisons du Sud, pour évaluer les dommages provoqués par les destructions de la guerre.
En plus de poursuivre les réformes des prisons, après le conflit, elle travaille aussi à l’amélioration des services de sauvetage en Nouvelle-Écosse, en établissant un écrit de guerre à Hampton Roads (bataille les 8 et 9 mars 1862) en Virginie et une fontaine pour les chevaux assoiffés au Boston Custom Square.
En 1881, Dix s’installe au « New Jersey State Hospital », anciennement connu sous le nom de « Trenton State Hospital », qu’elle a construit des années auparavant.
Bien que de santé fragile, elle continuera à entretenir une correspondance avec des relations d’Angleterre, du Japon et d’ailleurs.
Dix décède le 17 juillet 1887. Elle est été enterrée au cimetière Mount Auburn à Cambridge, dans le Massachusetts.
DON’T FORGET
granges insalubres, près du champ de bataille. Elle prépara des passements de fécule de maïs et des breuvages pour nourrir les malheureux soldats blessés au visage, à la bouche, et la gorge. Elle prit aussi soin des malades et des blessés à la bataille de Gettysburg. Sur place, elle tomba sur une grange dans laquelle plus de deux cents Confédérés blessés stagnaient dans une paille puante. Helen distribua un réconfort et des fournitures à tous ces hommes. Un soldat lui demanda de chanter un hymne. Elle répondit : « Je vais vous chanter une chanson qui fera l’affaire des deux côtés. » Elle chanta « When This Cruel War is Over ». Les soldats confédérés applaudirent tous. Un homme leva alors son bras gauche, et s’excusa de ne pas se joindre à eux ; son bras droit avait été amputé.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Dorothea_Dix
https://www.geni.com/people/Dorothea-Dix/6000000003311703116
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