Dagobert le protecteur de Saint-Denis

LES MÉROVINGIENS

Tiers de sou en or de Dagobert Ier

DAGOBERT, LE PROTECTEUR

DE

SAINT-DENIS

Le roi Dagobert avec ses maçons sur le chantier de Saint Denis

Du Vème siècle au milieu du VIIIème siècle, la dynastie des Mérovingiens régna sur une très grande partie de la France et de la Belgique actuelles, ainsi que sur une partie de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays-Bas.

Clotaire 1er roi des Francs

Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, et par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident.  

Tiers de sous d’or de Dagobert Ier

Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511).

Mérovée

Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.

Lire :

– Le « Bon roi Dagobert ».

– Dagobert, le dernier des grands mérovingiens.

– Dagobert fait de Paris sa capitale.

– L’armée franque sous le règne de Dagobert.

SOMMAIRE

Au VII^ème siècle, Dagobert I^er, roi des Francs, entreprend l’édification d’une église abbatiale sur l’emplacement du sanctuaire fondé par Sainte Geneviève.

Geneviève sainte catholique

Le roi, voulant renforcer son pouvoir, quitte Saint-Germain-en-Laye, lieu où reposaient tous lesrois de France jusqu’alors. Il vient à Saint-Denis dans le but de se placer sous la protection de l’illustre figure du Christianisme.

Dagobert Ier

Dagobert s’inscrit dans l’entreprise de Sainte Geneviève, la fondatrice de la première église de Saint-Denis au V^ème siècle. En poursuivant l’œuvre créatrice de la Sainte, il devine tout le bénéfice politique qu’il peut tirer de la vénération populaire du martyr parisien. Il va donc rénover et embellir le sanctuaire. A sa mort, sa dépouille sera entreposée près du Saint et y demeurera pour l’éternité. Désormais, Saint Denis sera le lieu sacré qui servira de nécropole aux rois de France.

Peu à peu, avec le temps, l’abbaye de Saint-Denis va prendre de l’importance et s’afficher comme un lieu de connaissances et de prestige. Elle abritera une école, une riche bibliothèque, et un scriptorium.

Tombeau du roi Dagobert

 Autant d’éléments qui participeront à la préservation et au développement des textes anciens religieux et laïques. Grâce à ses abbés et aux legs royaux, le monastère s’enrichit, et deviendra l’un des plus prospères du monde occidental.

UN PEU D’HISTOIRE

– Vers 250, Denis, l’évêque de Paris, est décapité par les chefs gallo-romains. Ses compagnons Rustique et Eleuthère subiront le même sort.

Plusieurs siècles plus tard, la légende racontera que le saint homme avait rattrapé sa tête avant qu’elle ne touche le sol, puis l’avait portée dans ses mains sur près de « deux mille pas » jusqu’à la Plaine, au nord de Paris, où il fut inhumé.

Saint Denis

Le tombeau de Denis fut presque aussitôt entouré par les sépultures des fidèles souhaitant reposer auprès du saint dans leur sommeil éternel, et profiter de sa protection divine.

– En 475, Sainte Geneviève, la patronne de Paris, fonde Saint Denis et instaure également un pèlerinage.

UN SAINT CÉPHALOPHORE

Statue céphalophore de Saint Mître Aix en Provence

Statue céphalophore de Saint Mître Aix en Provence

Statue céphalophore de Saint Denis – La Celle Condé

DAGOBERT, LE PROTECTEUR ET LE RÉFORMATEUR DE

SAINT DENIS

Le roi Dagobert avec ses maçons sur le chantier de Saint Denis

La Gesta Dagoberti, écrite aux alentours de 835 (deux siècles après les événements), nous raconte que le roi Dagobert constata, au cours d’une partie de chasse, qu’un cerf réfugié sur la tombe de Saint Denis avait bénéficié d’une protection miraculeuse.

Dagobert Ier chassant le cerf

Quelques années plus tard, alors qu’il est danger de se faire assassiner, le jeune Dagobert ira se réfugier sur le tombeau du saint et y trouvera le soutien espéré. Dans un songe, Denis lui promettra la vie sauve à une condition : d’embellir son tombeau et d’en assurer sa protection.

Le martyre de saint Denis

A l’époque de Dagobert, l’endroit n’est autre que le lieu-dit de Saint-Denis.

Le roi Franc fît bâtir cette grande église et fît le vœu d’être inhumé près des reliques des martyrs. La légende veut qu’à la mort du roi, saint Denis ait intercédé en faveur de son âme.

Il rassemble l’église construite par Sainte Geneviève, un monastère bénédictin (fondé en 630), un hameau (dans lequel habitent tous les artisans de tous les corps de métiers au service de la confrérie des moines), et plusieurs centaines de tombes réparties tout autour. Dès 620, un acte de Clotaire II (le père de Dagobert) atteste de l’existence de ce petit bourg et de sa minuscule communauté.

Pour le roi, le travail à accomplir est double :

– d’une part, en 627, il met en place le transfert des « Corps Saints » depuis l’église Saint-Denys (située au village de de la Chapelle) jusqu’à l’endroit où sera édifiée la basilique en 636.

– d’autre part, Dagobert I^er fait don à l’abbaye de Saint-Denis de plusieurs domaines et fiefs.

Enfin, il confie à son ministre Saint Eloi, orfèvre de grande renommée, la réalisation d’un tombeau pour le saint.

LES ENJEUX SECRETS DU ROI

Dagobert Ier

Mais la générosité du roi a ses limites, et de toute évidence elle n’est pas sans intérêts politiques. Dagobert a tout de suite réalisé l’importance du profit qu’il peut obtenir sur le prestige du Saint qui ne cesse de croître auprès du peuple. Il sait que la religion est la pierre angulaire qui unit le royaume franc. C’est ainsi qu’en 626, un concile rassemblant quarante-deux évêques a lieu à Saint-Denis. C’est aussi à cet endroit que les Basques, nouvellement conquis, viendront faire allégeance à leur nouveau suzerain.

Basilique Saint Denis

En 638, Dagobert meurt à Saint-Denis. Sa dépouille est inhumée tout près du sanctuaire des saints martyrs.

Nonobstant, si Dagobert I^er n’est pas le concepteur de l’église originelle de Saint-Denis, il l’aura richement embellie, choisie pour y être enseveli, et aura décidé qu’elle serait dorénavant la nécropole des rois de France.

Tombeau du roi Dagobert 1er

Denis est vénéré au rang de « bouclier céleste » des Mérovingiens et des dynasties qui vont se succéder.

SAINT ÉLOI, L’ORFÈVRE TALENTUEUX !

Avec les riches donations de Dagobert à Saint Denis, on cite les magnifiques et précieux travaux exécutés par Éloi, son ministre des finances. Cet orfèvre de formation réalise pour l’abbaye un splendide mausolée « d’un merveilleux travail d’or et de pierres précieuses ».

Saint Éloi dans son atelier

Les balustrades sont recouvertes d’or, le pupitre et les portes d’argent, et le toit est fabriqué en marbre.

Saint Éloi

 Éloi est aussi le concepteur du tronc en argent qui reçoit les dons et les offrandes des ouailles (tels les cent sous d’or versés chaque année par le trésor royal).

Saint Éloi

Cet artisan de talent a aussi conçu une fabuleuse croix en or, nantie de grenats. Elle mesure plus de deux mètres et surplombe l’autel. Malheureusement, tous ces trésors ont disparu. On ne connaît l’existence de la croix qu’à travers un tableau anonyme où elle apparaît, et qui date de la fin du XVIIIème siècle.

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dagobert_Ier

http://passerelles.bnf.fr/dossier/basilique_saint_denis_01.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dagobert_Ier#Tombeau

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens

https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier