796, Charlemagne à la conquête de l’Espagne

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

796, CHARLEMAGNE A LA CONQUÊTE DE L’ESPAGNE

Vitrail de Charlemagne, 13ème siècle, Cathédrale de Chartres.

 

Armoiries imaginaires attribuées à Charlemagne

777 – 778, PREMIÈRE EXPÉDITION

Lire :

Charlemagne subit un échec en Espagne contre les Sarrasins.

Bataille de Roncevaux

La légende de Roland à Roncevaux.

La mort de Roland au col de Roncevaux

ASSURER LA SÉCURITÉ DES FRONTIÈRES COÛTE QUE COÛTE…

Frise de la Cathédrale d’Angoulême – Roland triomphe d’un cavalier maure au début de la bataille de Roncevaux

Lors de sa première expédition, Charlemagne, voulant assurer la sécurité des frontières de son royaume avec l’Aquitaine, a tenté vainement de conquérir l’Espagne. Campagne qui s’est terminée par le désastre de Roncevaux, où son neveu Roland a trouvé la mort.

VITRAIL DE ROLAND A RONCEVAUX – XIIIème SIÈCLE, CATHÉDRALE DE CHARTRES.

Roland, souffrant des blessures et des coups qu’il a reçus des Sarrasins, s’en va jusqu’au défilé de Cisaire. Là, devant une pierre de marbre près de Roncevaux, il descend de cheval ; il a encore avec lui son épée Durandal, qu’il tire de son fourreau. Craignant qu’elle ne tombe entre les mains des Sarrasins, il en frappe trois coups sur la pierre de marbre qu’il fend en deux, du sommet à la base ; mais l’épée n’est pas ébréchée. Il sonne bien fort de l’olifant, pour que ceux qui ont déjà passé les défilés reviennent sur leurs pas, l’assistent à sa mort, prennent sa Durandal et son destrier, et poursuivent les Sarrasins. Il sonne alors avec tant de force dans son olifant d’ivoire, que son souffle fend le cor par le milieu, et que les nerfs de son cou en sont rompus.

Vitrail de Roland à Roncevaux, 13ème siècle, Cathédrale de Chartres.

Chose rare, le dessin représente Roland à deux reprises, sur deux tableaux distincts : alors qu’il fend le rocher, et pendant qu’il sonne du cor. À ses pieds, le sol est couvert de morceaux de Sarrasins découpés lors du combat précédent. On observe deux têtes sans corps, et deux corps sans tête. Le plus spectaculaire étant le Sarrasin en cotte de mailles verte, coupé en deux au niveau du ventre, dont les boyaux rosâtres sortent en nappe de la moitié inférieure.

Comme toujours, les Sarrasins sont représentés avec des casques pointus et des boucliers ronds. Roland n’a plus son bouclier ; il garde son heaume à sommet plat dans sa tentative de briser Durandal, mais son heaume est posé à ses pieds pendant qu’il sonne de l’olifant. Dans ces deux représentations, un nimbe rouge le désigne comme martyr de la foi ; et la main de Dieu sortant des nuages bénit les deux scènes, montrant qu’il a gagné son paradis par sa mort contre les infidèles.

Un « nimbe » est un cercle, un disque de lumière qui, depuis l’Antiquité, coiffe d’une auréole la tête des personnages sacrés, des héros divinisés, des Dieux ou des Saints.  


796, NOUVELLE EXPÉDITION

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Près de vingt ans après le carnage de Roncevaux, Charlemagne décide de venger les morts de Roncevaux et de prendre sa revanche sur les Sarrasins.

Les Sarrasins : En Europe, durant le Moyen Âge, le mot « Sarrasins » ou « Sarrazins » était employé pour dénommer les peuples de confession musulmane. On les appelait aussi « Mahométans », « Arabes », « Ismaélites », ou bien « Agarènes ». Quant au terme « Maures », il faisait allusion aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête des Omeyades. Les mots « Islam » et « Musulmans » n’existaient pas encore en Occident médiéval. En français, le mot « Musulman » est cité pour la première fois en 1551 ; « Islam » en 1697. Avant ces dates on utilisait, pour définir la religion des peuples musulmans, l’expression « loi de Mahomet », ou « loi des Sarrasins ».

Les nouvelles campagnes dirigées par le roi des Francs vont déboucher sur la création de la « Marche d’Espagne ». Cette zone tampon gagnée sur les Musulmans va protéger, pour longtemps, l’Aquitaine des excursions sarrasines venant du versant sud des Pyrénées.

 

LES MARCHES

Au haut Moyen Âge, une marche est un fief créé dans une zone frontalière, soit après conquête, soit par détachement d’un autre territoire, et auquel le souverain attribue une fonction particulière de défense contre les territoires voisins.

Les marches désignent à l’origine de nombreux territoires frontaliers de l’Empire carolingien (espaces limitrophes, périphériques ou frontaliers qui, jadis, tenaient lieu d’espaces tampons entre deux souverainetés). Par extension, le terme a également désigné une province frontalière, militarisée ou non.

La marche est l’ancêtre du marquisat ou du margraviat.


Par la suite, Charlemagne n’interviendra plus personnellement en Espagne. Il délèguera les opérations aux responsables militaires de l’Aquitaine : les comtes de Toulouse Chorson, puis Guillaume de Gellone, puis son fils, le roi Louis Ier lui-même, dit « le Pieux ».

Louis 1er le Pieux

Malgré une défaite subie par Guillaume de Gellone en SeptimanieVillalier, près de Carcassonne, sur les rives de l’Orbiel), les Aquitains réussissent à s’emparer de quelques territoires en Espagne, notamment Gérone (en 785), Barcelone (en 801), puis la Cerdagne et Urgell.

La Septimanie en 537 (en marron).

Cependant, malgré trois tentatives menées par le fils du roi Louis Ier, ils ne réussissent pas à se rendre maîtres de Tortosa. En 814, Saragosse et la vallée de l’Èbre restent donc musulmanes, pour encore très longtemps.

 

785-810, CONSTITUTION DE LA MARCHE D’ESPAGNE

Zone tampon de l’Empire carolingien puis de la Francie occidentale, la « Marche d’Espagne » (ou la « Marche hispanique ») représente la frontière politico-militaire de l’Empire carolingien dans la partie orientale des Pyrénées.

Après la conquête musulmane de la péninsule Ibérique, en 711, l’Espagne est défendue par l’installation de garnisons militaires sur des territoires comme Barcelone, Gérone ou Lérida. Cependant, à la fin du VIIIème siècle, les Carolingiens interviennent dans le Nord-Est péninsulaire avec l’appui des populations issues des montagnes. La domination franque s’accroît après la conquête de Gérone et de Barcelone.

Le gain de terrain pris sur les Musulmans devient la Marche d’Espagne, territoires qui seront dépendants des monarques carolingiens. Parmi eux, celui qui jouera le plus grand rôle sera le comté de Barcelone.


Au cours des années suivantes, de multiples accrochages se produiront dans les territoires frontaliers des régions détenues par les Sarrasins ; il faut dire que l’émir de Cordoue lorgne toujours sur l’Aquitaine avec des intentions expansionnistes.

La situation est excellente, et se présente sous les meilleurs auspices pour une expédition franque. De plus, les Chrétiens, qui sont nombreux au nord de l’Espagne, y sont favorables, et espèrent sérieusement en profiter pour se défaire de l’emprise musulmane.

De son côté, le vieil émir de Cordoue Abd er-Rahman est diminué par des luttes internes. Chez les Sarrasins, les Francs ont de nombreux partisans, même après la campagne de 778 qui s’est soldée par le carnage de Roncevaux. Ils sont tous prêts à se rallier à Charlemagne, même s’ils le font plus par intérêt que par conviction religieuse.

LES SARRASINS LANCENT LA « GUERRE SAINTE »

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Le 5 octobre 788, l’émir de Cordoue Abd er-Rahman meurt. Son fil Hicham Ier (757-796) lui succède. Celui-ci va se montrer intolérant et cruel, encore plus que son père (qui fut pourtant un modèle du genre tristement célèbre).

Dès le début de son règne, il commence par combattre tous ses opposants. Ensuite, il prône la « Guerre Sainte » en réunissant tous les Musulmans d’Espagne. Dans toutes les mosquées, les fidèles sont exhortés à « relever la gloire de l’Islam par l’épée des champions de la foi » ; une immense armée de plusieurs milliers d’hommes est levée.

En 791, cette force arabo-musulmane se met en route pour aller « ravager les Gaules » et pénètre en Septimanie.

La puissante armée atteint Narbonne, qui résiste, puis saccage le pays, s’adonnant aux pires exactions dans les campagnes et les villages. Enfin, elle se dirige vers Carcassonne.

L’expédition musulmane est la plus importante de toutes les attaques réalisées jusqu’alors par les Sarrasins. Les Aquitains sont surpris, et se hâtent de mettre sur pied la riposte sous la direction du comte Guillaume de Toulouse.

Mal préparées, les forces aquitaines combattent l’ennemi sur les rives de l’Orbieu. Mais après une lutte acharnée, elles doivent céder du terrain et se retirer. La résistance désespérée des Aquitains a malgré tout porté ses fruits, et les envahisseurs sarrasins décident de lâcher prise en Septimanie, d’abandonner leur conquête, et de refranchir la frontière des Pyrénées.

L’invasion a été stoppée, mais les Musulmans se sont emparés d’un colossal butin de guerre, et ont fait de nombreux prisonniers qui seront vendus comme esclaves.

LES REPRÉSAILLES DES AQUITAINS…

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Le roi des Francs, lui, prépare une campagne contre les Avars. Il devra patienter, comme il l’avait déjà fait après Roncevaux, pour attaquer en Espagne. Ce n’est qu’en 796 que Charlemagne va entreprendre des représailles outre Pyrénées.

Il commence par envoyer une armée pour piller et saccager le nord de l’Espagne. Cette expédition franque sera couronnée de succès ; ne rencontrant aucun obstacle, elle rentrera en Aquitaine sans encombre.

La même année, l’émir de Cordoue Hicham Ier meurt. Cette mort entraîne des dissensions politiques qui divisent les Sarrasins et fragilisent El-Hakem, son successeur.

Les « wali » (gouverneurs) du nord de l’Espagne profitent de ce flottement pour s’extirper de la tutelle de l’émir de Cordoue, se rapprocher des Francs et entamer des pourparlers.

Dès lors, Charlemagne peut, pour envahir l’Espagne, s’appuyer sur les forces aquitaines de son fils Louis Ier le Pieux, et celles du comte de Toulouse Guillaume de Gellone.

Charlemagne et son fils Louis 1er le Pieux

Dans la foulée, Gérone, Urgel et Vich sont prises et leurs défenses renforcées. Puis les Francs se rendent maîtres d’un territoire s’étalant de la Méditerranée à la Navarre, ce qui va permettre la création de la « Marche d’Espagne ». Cette zone tampon va, d’après le roi, mettre les Aquitains hors d’atteinte des incursions sarrasines.

Dès lors, les Chrétiens amorcent la reconquête. Aidée par les Francs, la population des Baléares chasse l’occupant musulman et fait allégeance à Charlemagne.

Sur la partie nord des Pyrénées, les régions de la « Marche d’Espagne », ainsi que celles de Septimanie, sont repeuplées et ré-administrées. Des villes fortifiées et des châteaux sont construits ; ces ouvrages défensifs vont désormais constituer une solide barrière.

Alphonse II (dit « Alphonse le chaste »), le roi chrétien des Asturies (région qui se situe à l’autre extrémité des Pyrénées), qui n’a plus rien à craindre lui non plus des Sarrasins d’Espagne, se rallie aux roi des Francs.

LA LUTTE CONTRE LES SARRASINS

Sur ce vitrail, on observe deux chevaliers s’affrontant en une joute équestre. À gauche, un chevalier franc sur un cheval blanc, avec son écu et un heaume plat. À droite, un chevalier sarrasin à casque pointu et bouclier rond. Il est monté sur un cheval brun corail, et coiffé d’une couronne (signe d’une dignité royale). Les deux chevaux sont lancés en plein galop, et les deux lances viennent de frapper les boucliers de l’adversaire. La lance du roi sarrasin s’est brisée sous le choc.

Vitrail de Charlemagne, 13ème siècle, Cathédrale de Chartres.

Un tel combat « à la lance couchée » contre un roi sarrasin, illustré par ce vitrail, n‘est présent ni dans la « Chanson de Roland », ni dans la « chronique du pseudo-Turpin », où des combats singuliers ont parfois lieu à cheval, mais dans ce cas toujours à l’épée.

Chronique du « pseudo-Turpin » : texte français du XIème ou XIIème siècle relatant les exploits de Charlemagne, dont l’auteur est inconnu.

En effet, la joute équestre (tournoi) n’apparut en France qu’au XIIème siècle. L’image était donc familière pour les spectateurs du XIIIème siècle, mais une pratique inconnue pour les auteurs de ces deux chansons de geste.


SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

https://fr.vikidia.org/wiki/Arm%C3%A9e_carolingienne

https://fr.wikipedia.org/wiki/Roland

 

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