Les Témoins du passé – La bibliothèque de Celsus à Éphèse

LES TÉMOINS DU PASSÉ

 

ÉPHÈSE

ET

LA BIBLIOTHÈQUE DE CELSUS

 Bibliothèque de Celsus

 

BIBLIOTHÈQUE DE CELSUS :

STYLE ARCHITECTURAL : classique antique.

FONCTION/UTILISATION : bibliothèque.

DÉBUTS DES TRAVAUX : 114.

FIN DES TRAVAUX : 125.

MATÉRIAU : structure en maçonnerie.

ÉTAT ACTUEL : ruines.

LOCALISATION : Éphèse, Izmir, Turquie.

DIMENSIONS : largeur : 21,05 mètres, longueur : 17 mètres.

 

ÉPHÈSE

Éphèse est l’une des plus anciennes et des plus importantes cités grecques d’Asie Mineure, la première des douze cités de la confédération, dans la région historique de l’Ionie. La ville était, dans l’Antiquité et encore à l’époque byzantine, l’un des ports les plus énergiques de la Mer Égée. La cité est située non loin de l’embouchure du grand fleuve anatolien, Caystre (Caïstre), dans une fertile plaine d’alluvions, au débouché de la Lydie.

L’Ionie est une ancienne contrée historique du monde grec antique, située à l’Ouest de l’Asie Mineure. Elle s’étend le long de la Mer Égée, entre Phocée au Nord, et Milet au Sud. Elle englobe un territoire compris dans un rayon de 170 km autour de l’actuelle ville d’Izmir. Cette région tire son nom de Ion, un ancêtre légendaire des peuplades de cette terre. Les Ioniens, venus de l’Attique, s’y installèrent vers 1100 av. J.C., et y fondèrent une confédération de 12 villes : Phocée, Éphèse, Colophon, Lébédos, Téos, Clazomène, Myonte, Priène, Erythres, Milet, Samos et Chios.

Smyrne fut ensuite rattachée à cette Confédération qui avait pour sanctuaire religieux un temple dédié à Poséidon, érigé dans un bois sacré, sur le promontoire de Mycale, appelé Panionium.

Il se dit que le nom primitif d’Éphèse était Smyrne ou Samorna ; on cite encore ceux de Trecheia, Ortygia, Pletea, Alope et Morges. On raconte qu’il viendrait aussi du héros éponyme Ephesus ou Ephesos, fils de Caystre.

L’Artémision, le grand temple voué à Artémis, la déesse tutélaire de la cité, était à l’origine près du rivage. L’imposant sanctuaire, qui était répertorié parmi les Sept merveilles du Monde, apportait à Éphèse une grande part de sa renommée. Ses vestiges se trouvent de nos jours à près de sept kilomètres à l’intérieur des terres, près des villes de Selçuk et Kusadasi, dans l’Ouest de l’actuelle Turquie.

Un tel bouleversement géologique est dû au travail des sédiments charriés par le Caystre, aux changements climatiques, et probablement à des secousses sismiques (tremblement de terre de 614). Tous ces facteurs expliquent le lent déplacement de la côte vers l’ouest, l’ensablement par la suite des ports de la cité, et leur abandon.

Reconstitution du Temple d'Artémis

Reconstitution du Temple d’Artémis

Les ruines de la cité d’Éphèse sont restées ensevelies par la végétation jusqu’au 19ème siècle. Au nord, le Caïstre est à sec depuis le Moyen Âge ; les limons ont entièrement enlisé le port. Les

Artemis

Artémis

alluvions du fleuve ont également submergé de nombreux vestiges. Au fil des siècles, le Temple d’Artémis a été utilisé comme carrière de pierres, et il n’en reste presque rien. Le site est pratiquement désert…

Ce n’est qu’à partir de 1863 que John Turtle Wood (1821-1890), après avoir fouillé les ruines d’Éphèse, découvre un stade (un grand théâtre d’environ 24 000 places), un Odéon, plusieurs gymnases et, en 1870, il met à jour l’Artémisium, dont quelques débris ont été transportés au British Muséum. Les fouilles se prolongeront jusqu’en 1874.

En 1904, D.G.H. Hogarth et A.E. Henderson font de nouvelles recherches sur l’Artémisium.

Depuis la fin du 19ème siècle, des travaux de fouilles importants sont effectués sur le site. Ils vont durer jusqu’au début de la Première Guerre Mondiale, et seront ensuite repris de 1926 à 1935.

D’autres projets de fouilles auront lieu après la Seconde Guerre Mondiale. Ces travaux permettront de découvrir tous les magnifiques monuments qui font aujourd’hui d’Éphèse une destination incontournable du tourisme en Turquie.

HISTORIQUE DE LA CITE

 

Vue d'ensemble de la cité

Vue d’ensemble de la cité

– Du 5ème au 2ème millénaire av J.C.

Aux dires d’historiens, l’ancienne Éphèse aurait été bâtie sur la colline d’Ayasuluk. Elle s’appelait Apasa, elle était la capitale du royaume d’Arzawa. Les fouilles de 1992 ont permis de mettre à jour un tumulus situé près de la porte de Magnésie, ainsi que des armes variées, telles que lames et pointes de flèches.

– Au 14ème siècle av J.C.

Découverte d’une tombe mycénienne. Défaite des Hittites en 1320 av J.C.

– Au 13ème siècle av J.C.

En 1200, défaite des Mycéniens. Le pays est colonisé par les Ioniens et les Eoliens. Ils s’y établiront jusqu’en 1050 av J.C.

– Au 10ème siècle av J.C.

Éphèse est colonisée. La cité est occupée par les Lélèges et les Cariens.

– Au 7ème siècle av J.C.

En 675, Éphèse est pillée par les Cimmériens, venus de la Mer Noire, et dirigés par le roi Lygdamis.

– Au 6ème siècle av J.C.

En 560, Crésus, roi de Lydie, se rend maître d’Éphèse et s’y installe. Il effectuera de nombreux travaux d’embellissement.

En 547, la ville passe sous le contrôle des Perses.

Au 5ème siècle av J.C.

En 449, Éphèse se décharge de la protection des Perses, pour être de nouveau sous leur tutelle en 404.

– Au 4ème siècle av J.C.

Fin de la domination Perse. En 334, Alexandre le Grand entre dans Éphèse. A sa mort en 323, à Babylone, ses généraux se partagent son empire. Lysimaque, roi de Thrace, devient le maître des villes d’Ionie, de Lydie, de Carie et de Lycie. Une nouvelle ville voit le jour sur les pentes du mont Pion.

-Au 3ème siècle av J.C.

En 281, la ville est dirigée par Séleucos, fils d’Anthiochos. Elle passe ensuite sous contrôle des Ptolémée d’Égypte, puis retourne sous la domination des Séleucides.

– Au 2ème siècle après J.C.

En 188, Éphèse est intégrée au royaume de Pergame.

En 129, elle devient la capitale romaine de la province d’Asie Mineure.

– Au 3ème siècle après J.C.

Plusieurs catastrophes frappent la cité, comme d’ailleurs une grande partie du pays. Un violent séisme détruit Éphèse dans sa presque totalité.

En 262, elle fait l’objet d’attaques des Ostrogoths et de pirates Hérules (peuples de barbares d’origine germanique).

En 284, avec l’avènement de l’empereur Dioclétien, la cité meurtrie commence à se redresser. Débute alors une période de prospérité retrouvée pour plusieurs siècles.

– Au 4ème siècle Après J.C.

Avec la conversion de l’empereur romain Constantin 1er, l’Eglise chrétienne commence à s’implanter. Constantin 1er est vénéré comme Saint par l’Église orthodoxe.

Une période d’abondance s’installe, des établissements bancaires fleurissent un peu partout. Éphèse est devenue riche !

PRINCIPAUX VESTIGES

Le site se décompose en deux parties : la partie haute (quartiers administratifs), et la partie basse, directement liée avec le port et les équipements sportifs et de loisir.

LA PARTIE HAUTE

L’AGORA SUPÉRIEURE

Dès l’entrée sur le site, elle se présente comme une vaste place de 160 mètres de long sur 56 de large. Elle était le centre politique de la ville.  On y découvre les restes d’un temple (temple d’Isis ou d’Auguste). Sous le sol de l’Agora, on a retrouvé des sépultures datant de -550 av J.C. (probablement l’ancienne nécropole de la cité).

Dans la Grèce antique, l’Agora était un lieu de rassemblement social, politique et commercial de la cité.

LA BASILIQUE DU MARCHE

Elle fut construite par Sextilius Pollio dans les années 20 après J.C. Elle s’étend sur toute la partie nord de l’Agora et était constituée de trois nefs. Aujourd’hui, il ne reste que quelques colonnes. A l’origine, ces colonnes étaient décorées de têtes de taureaux qui seront plus tard changées en colonnes corinthiennes.

 

L’ODÉON

L’Odéon, ou Bouleuterion, fut érigé en 150 par Vedius Antoninus. Il est adossé à une colline, et prend la forme d’un petit théâtre avec la cavéa et la scène. Ses gradins sont semi-circulaires et pouvaient contenir 1500 personnes. L’édifice était recouvert d’un toit à charpente de bois. Il était utilisé pour les concerts, et pour les réunions d’une des deux assemblées du conseil de la cité, la Boulé  (composée de 300 membres, représentants de la ville).

Dans la Rome antique, la cavéa (en latin : « creux ») désigne la partie d’un théâtre romain ou d’un amphithéâtre où se trouvent les gradins sur lesquels viennent s’assoir les spectateurs.

 

 LES THERMES DE VARIUS

Ils furent construits par Asklepios au 2ème siècle après J.C. Seule une partie a été mise à jour.

Les murs nord et les bâtiments d’origine ont été taillés dans la roche naturelle. Plusieurs restaurations au cours des siècles ont donné cet aspect unique avec l’ajout d’un corridor couvert de mosaïques remontant au 5ème siècle. Les Bains de Varius comptaient plusieurs salles différentes, des pièces séparées pour l’eau froide, tiède et chaude, ainsi que des chambres privées pour les riches.

Les Romains donnaient une grande importance à l’hygiène corporelle. Ces lieux représentaient donc un endroit privilégié de l’ancienne Éphèse. Si la plupart des zones ont été fouillées, à ce jour aucune restauration n’a été accomplie. Certaines parties de l’édifice sont en bon état.

LE PRYTANÉE

L’Agora Administrative, l’Odéon et le Prytanée constituent le quartier administratif de la cité. Il

Stèles décorées

Stèles décorées

 

servait aux réunions des magistrats de la ville et aux principales cérémonies religieuses. Le Prytanée a été édifié au 3ème siècle av J.C. et reconstruit sous l’Empereur Auguste, au 1er siècle après J.C.

Il abritait le sanctuaire de Hestia et Boulaia, qui symbolisait le feu sacré protecteur d’Éphèse. La flamme était constamment entretenue par des prêtres ; le feu ne devait jamais s’éteindre… Cet édifice accueillait les hôtes de la ville ainsi que des notables.

DANS LE VALLON

LA RUE DES COURETES

Elle relie les parties hautes aux parties basses de la ville. Cette grande avenue débute place de Domitien et descend jusqu’à la Bibliothèque de Celsus. C’est une allée en forte pente de la voie sacrée. Elle reliait, en contournant le mont Pion, les deux portes principales de la cité : celle de Coressos, située en bas de la pente, et celle de Magnésie, en haut. Les Courètes, d’abord au nombre de 6 puis de 9, sont à l’origine des prêtres d’Artémis. Cette rue, qui date de la fondation de la ville, est dallée de marbre et bordée de portiques surmontés de statues.

Le long de la voie, des trottoirs décorés de mosaïques permettaient un accès facile aux boutiques. Sur le parcours, on découvre de nombreux piédestaux, actuellement nus, qui soutenaient jadis les statues de bienfaiteurs ou de personnalités. De chaque côté de la rue des Courètes, se dressaient les maisons des notables aisés (« maisons en terrasse » sur le mont Coressos).

 

LA PORTE D’HÉRACLÈS

La porte d’Hercule ou des Héracleides permettait de fluidifier le trafic entre la rue des Courètes et l’Agora supérieure. Bâtie en forme de voûte, elle fut érigée au 4ème siècle après J.C. Son arc était surmonté d’une architrave qui comprenait six colonnes. Les deux centrales, à l’effigie d’Hercule, ont été réédifiées à proximité.

La porte d'Héracles

La porte d’Héraclès

LE TEMPLE DE DOMITIEN

Érige au 1er siècle après J.C, il fut le premier à être dédié à un empereur. Il est complètement en ruine aujourd’hui. Au pied de sa terrasse se trouvaient des magasins et des entrepôts. Ce temple était un témoignage d’amitié à Rome et à son empereur.

Domitien s’était fait proclamer « souverain de Dieu ». Détesté de tous, il fut assassiné par un esclave sur ordre de sa propre femme. Dès l’annonce de sa mort, les Éphésiens détruisirent le monument qui, par la suite, sera dédié à son père, Vespasien. Deux colonnes seulement ont été redressées. D’autre part, des fouilles ont mis à jour les restes d’un autel imposant, relié au temple de Domitien.

LA DÉESSE NIKE

Dans la mythologie grecque, Niké est une déesse personnifiant la victoire. Fille du Titan Pallas et de Styx, elle est la sœur de Cratos (qui symbolise la puissance), de Bia (la force) et de Zélos (l’ardeur). Elle fait partie des proches de Zeus.

La déesse est représentée par une femme à deux ailes, en vol, brandissant une couronne de laurier, emblème de la victoire qu’elle doit remettre au vainqueur.

LE MONUMENT DE MEMMIUS

Le monument de Caius Memmius (1er siècle après J.C) est attenant à l’Agora haute. Il représente un hommage fait par les citoyens romains d’Éphèse au petit fils du général Sylla, vainqueur de Mythridate. Le monument repose sur une base constituée de blocs. Il affiche sur sa partie supérieure (l’attique) des hauts-reliefs, tandis que les piliers sont décorés de statues. Vers le 4ème siècle, une fontaine est dressée et ajoutée sur la façade nord-ouest. L’édifice primaire avait à l’origine la forme d’un baldaquin, orné d’une grande arcade sur chaque face. Les bas-reliefs retrouvés dans les fouilles ont été replacés sur les ruines du monument ; ils représentent de jeunes romains.

LA FONTAINE DE TRAJAN

Cette fontaine, qui date du 2ème siècle après J.C, fut érigée par Aristion en l’honneur de l’empereur Trajan. Elle était constituée de deux étages atteignant 12 mètres de hauteur et entourait un bassin rectangulaire. Chaque étage était pourvu de 6 colonnes en façade.

La puissance de Rome s’affirmait notamment dans la maîtrise de l’eau. Le précieux liquide arrivait par un premier bassin, circulait sous la statue de l’empereur et alimentait un second bassin. Chacun pouvait alors l’utiliser ou s’abreuver.

LE TEMPLE D’ADRIEN

Il fut érigé au début du 2ème siècle, dans le style corinthien, en hommage à l’empereur Adrien. Le temple est constitué d’un vestibule, avec deux colonnes et deux piliers d’angle surmontés d’un fronton triangulaire. On y découvre un arc richement décoré. Dans son centre, se dessine une arcade. La clé de voûte de cette arcade représente Tyché, déesse de la fortune et de la ville. On y distingue aussi Androclos, le fondateur de la ville, et Héracles combattant Thésée, ainsi que des Amazones avec Dionysos et sa suite. Dans la petite pièce carrée (cella) trônait la statue de l’empereur Adrien. Le vestibule est décoré d’une frise représentant la fondation de la ville par Androclos, des Amazones, Artémis, et Athéna, etc… Enfin les quatre assises placées devant les colonnes portaient les statues des Tétrarques.

LES LATRINES PUBLIQUES

Tout près de la maison close, on peut voir les latrines publiques. Elles sont adossées au mur d’une petite cour à ciel ouvert, augmentée d’un bassin central cerné par un portique. La banquette des latrines est en marbre ; une rigole perpétuellement alimentée en eau assurait l’évacuation des eaux usées et la salubrité de cet endroit d’aisance. Ces latrines étaient surhaussées d’un toit en bois. Mais aucune cloison ne venait séparer les utilisateurs des lieux. Ce manque d’intimité donnait l’occasion d’entretenir des conversations !

LES THERMES DE SCHOLASTIKIA

L’ensemble est étendu ; il date du 1er siècle après J.C. Il comprend des latrines publiques et une maison de tolérance. L’ensemble sera restauré et agrandi au 4ème siècle après J.C. Il comprenait à l’origine quatre salles :

1 – En pénétrant dans la première pièce, on découvre une statue sans tête et une fontaine.

2 – Dans le frigidarium se trouve une piscine.

3 – Le tépidarium servait de salle de repos

4 – Enfin le caldarium se reconnaissait par son système de chauffage à hypocauste.

Dans la Rome antique, le frigidarium (du latin frigidus, « froid ») était, dans les thermes, le lieu où l’on pouvait prendre des bains d’eau froide.

C’était la première salle de bains des thermes. Elle précédait le tépidarium et le caldarium, qui étaient successivement les bains tièdes et les bains chauds.

L’hypocauste était le nom donné au système de chauffage par le sol utilisé à l’époque romaine et gallo-romaine, surtout dans les thermes romains.

Les thermes de Scholastikia

Les thermes de Scholastikia

LES MAISONS EN TERRASSES

A l’époque, ces demeures étaient réservées aux riches. Elles furent habitées du 1er au 7ème siècle de notre ère. Ces maisons de plusieurs étages étaient construites sur cinq terrasses successives. Les murs étaient ornés de nombreuses fresques, représentant des scènes de la nature et des décors mythologiques.

 

Maisons en terrasse

Maisons en terrasse

 

LA PARTIE BASSE

 

LA BIBLIOTHÈQUE DE CELSUS

On la découvre à l’extrémité de la rue des Courettes. Les travaux commencèrent en 177 après J.C, ils s’achèveront vers 120 après J.C. L’édifice avait été commandé par le consul Tibérius Julius Aquila pour servir de mausolée à son père, le proconsul Julius Celsus Polemaenus (gouverneur de la province romaine d’Asie) et aussi de bibliothèque.

Julius Celsus Polemaenus décèdera avant la fin des travaux. Il lèguera une somme de 25 000 deniers pour l’achat des livres. Ses héritiers achèveront son œuvre.

Bibliothèque de Celsus

Bibliothèque de Celsus

La bibliothèque se situe à l’intersection des deux rues principales d’Ephèse : la rue des Courettes et la rue de Marbre.

L’édifice est imposant par ses dimensions : sa façade, de 8 mètres de haut, s’élève sur deux étages. Julius Aquila souhaitait que le mausolée puisse se voir dès l’entrée. Le premier étage, consacré à la lecture, comprend une salle de 16,72 mètres de long sur 10,92 de large. On dit qu’elle pouvait contenir plus de 12 000 rouleaux de papyrus. Ces précieux écrits étaient conservés dans des placards en bois encastrés dans les murs (ce qui explique qu’elle ait été détruite par un incendie). Un vide sanitaire destiné à les protéger de l’humidité avait été creusé derrière les niches.

Le niveau inférieur s’appuie sur une tribune légèrement courbe d’une longueur de 21 mètres, précédée de neuf marches. Il est composé de colonnes corinthiennes doubles qui se dressent devant les trois portes du bâtiment. Celle du centre est plus haute et plus large que les autres. Les quatre niches qui encadrent les portes abritent des copies de statues aujourd’hui conservées au musée de Vienne en Autriche.

La bibliothèque de Celsus et les portes de Mazeus et de Mithridate

La bibliothèque de Celsus et les portes de Mazeus et de Mithridate

La bibliothèque de Celsus occupait le troisième rang des plus grandes bibliothèques du monde, derrière celles d’Alexandrie et de Pergame.

Les quatre niches qui entourent les trois portes abritent les statues de la Sagesse (Sophia), de la

Tiberius Iulius Celsus Polemaeanus

Tiberius Iulius Celsus Polemaeanus

Science (Epistémé), de la Fortune (Ennoia), et de la Vertu (Arété). A l’intérieur, d’autres niches creusées dans les murs permettaient de recevoir les rouleaux d’écritures.

Les parois de la grande salle de lecture étaient recouvertes de marbres décoratifs. La tombe de Celsus se situait dans l’abside du mur occidental, où devait probablement se trouver la statue à l’effigie de Celsus. Découverte au cours des fouilles, elle est exposée aujourd’hui au musée archéologique d’Istanbul.

L’intérieur de la bibliothèque fut ravagé par les flammes lors de l’invasion des Goths en 262. Tout ce qu’elle renfermait fut détruit, mais la façade ne subit aucune dégradation.

La bibliothèque sera restaurée au 5ème siècle, tout comme de nombreux bâtiments d’Éphèse.

Devant la façade en ruines, les Éphésiens installèrent des plaques de marbre pour construire une petite fontaine. Celle-ci fut aménagée près des escaliers qui permettaient l’accès au podium de la façade. Elle était décorée de reliefs prélevés sur le monument commémoratif de la guerre contre les Parthes. Au 10ème siècle, un tremblement de terre détruira tout l’ensemble.

Entre 115 et 263, la ville d’Éphèse subit plusieurs séismes et raz de marées. Le tremblement de terre de 115 après J.C dévasta tout le nord de l’ancienne Syrie, et l’empereur Trajan faillit perdre la vie. Ce cataclysme ravagea également tout l’ouest du Moyen-Orient Romain, dont Éphèse, atteignant aussi sérieusement Alexandrie en Afrique du Nord.

La façade actuellement en place est le résultat de huit années de travaux suivant la technique de l’anastylose. Entre 1970 et 1978, les chercheurs F. Hueber (un architecte) et V. M. Strocka (un archéologue) œuvrèrent presque exclusivement au relèvement de celle-ci.

L’anastylose est un terme archéologique qui désigne la technique de reconstruction d’un monument en ruine. C’est grâce à une étude méthodologique de l’ajustement des différents éléments qui constituent l’architecture de l’édifice, que la reconstruction peut se faire. On utilise, pour cela, les fragments découverts sur place dans les ruines, avec l’emploi de matériaux modernes, de couleur et de qualités différentes.

Cette méthode permet de distinguer à l’œil nu l’ancien du moderne, et de préserver les pierres antiques de la dégradation (par exemple en utilisant des matériaux légers). Nonobstant, cette technique doit être utilisée avec prudence car elle se base sur des hypothèses. L’anastylose doit donc obéir au principe de réversibilité, c’est-à-dire que l’ensemble puis être démonté en cas d’erreur.

 

LA PORTE DE MAZEUS ET MITHRIDATE

C’était la porte sud de l’Agora commerciale. Elle donnait accès à la bibliothèque de Celsus.

Elle fut érigée en l’an 4 ou l’an 3 av J.C. en l’honneur de l’empereur Auguste, de son épouse Livia, de son gendre défunt Agrippa, et de leur fille Julia.

Cette porte doit son nom à deux esclaves perses, Mazée et Mithridate, qui furent affranchis par la famille impériale et qui la payèrent sur leurs deniers.

Lire le : Trophée d’Auguste.

L’AGORA MARCHANDE

Au nord de la porte de Mazéus et Mithridate se trouvait le centre commercial de la cité. Le lieu accueillait de nombreuses boutiques. On y vendait de la nourriture, des épices, des cuirs, des étoffes… L’Agora se présente sous la forme d’un carré de 111 mètres de côté.

 

LA RUE DE MARBRE

Cette rue doit son nom au pavement de marbre du 5ème siècle qui la recouvre. Elle est séparée du côté ouest de l’Agora par un portique dorique. Une multitude de vestiges et de bas-reliefs a été entreposée sur cette voie.

L’ARCADIANE

C’est une voie qui mesure 11 mètres de largeur, et qui reliait le théâtre au port. Tracée au 1er siècle av J.C, elle fut restaurée par l’empereur Arcadius (d’où le nom de la voie). Au nord se trouvaient le gymnase du port et la Palestre de Verulanus. De nos jours, il ne subsiste que des socles et des colonnes.

 

LE THÉÂTRE

Il fut construit dans un amphithéâtre naturel, adossé au flanc ouest du mont Pion, faisant face au port. Il se situait à l’extrémité de la Voie du Port et au début de la Voie de Marbre.

Il pouvait contenir 24 000 places, disposait d’une cavea de 154 mètres, composée de 66 rangs de gradins répartis en trois sections. Une rangée formée de colonnades surmontait l’édifice, ce qui permettait l’installation d’une toiture de toile. Le dernier gradin se trouvait perché à 38 mètres de haut. La scène se dressait sur trois niveaux, d’une hauteur totale de 18 mètres. Le mur de scène a pratiquement disparu.

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