La tapisserie de la Dame à la Licorne

CHRONIQUES MÉDIÉVALES

LA TAPISSERIE DE LA DAME A LA LICORNE,

UNE ÉNIGME DE LA FIN DU MOYEN ÂGE

La Dame à la Licorne, l’ouïe

PRÉSENTATION

La mystérieuse tenture dite de la « Dame à la Licorne » est un ensemble de six tapisseries réalisées entre 1484 et 1538. Ce bijou des débuts de la Renaissance française est exposé au musée du Moyen Âge, à l’Hôtel de Cluny, à Paris.

UN CHEF D’ŒUVRE BIEN CACHE

Château de Boussac – Creuse

C’est au château de Boussac, dans la Creuse, que « La Dame à la Licorne » a été redécouverte en 1844, par la romancière George Sand.  L’écrivaine a joué un rôle majeur et aura contribué à la faire connaître au grand public.

La romancière de Nohant séjournait régulièrement dans des propriétés de l’Indre et de la Creuse. L’une de ses favorites était sa chambre sise au château de Boussac.

George Sand

Dès 1835, George Sand y séjourna à plusieurs reprises. Sans qu’elle le sache, sa chambre était toute proche des pièces où se trouvait le trésor dissimulé (le logement et le bureau du sous-préfet). C’est elle qui découvrit les tapisseries de « La Dame à la Licorne », cachées derrière des panneaux de bois qui en recouvraient les murs.

Maison de George Sand à Nohant

Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques depuis le 7 mai 1834, et amant éphémère de l’écrivaine en 1833, joua lui aussi un rôle important dans la mise en valeur de ce prestigieux trésor. Il fut prévenu par George Sand au cours de sa tournée dans la Creuse en juillet 1844.

Séduit par la beauté, et par la valeur inestimable de ces tentures, il les classa au titre des Monuments Historiques.

Cette œuvre (composée de six tapisseries) a fait l’objet de maintes affabulations. Les imaginations se sont embrasées quant à définir leur origine, et ont suscité maintes suppositions, des plus érudites aux plus romanesques, jusqu’aux plus farfelues. Réalisé à la fin du XIVème ou au début du XVème siècle, le somptueux ouvrage conserve toujours sa part de mystère. Nonobstant, cette galerie de fresques moyenâgeuses exhale un certain charme qui, n’en doutons pas, a certainement dû ravir le roi Louis XII et sa Cour…

LA TAPISSERIE AU MOYEN ÂGE

La Dame à la Licorne, la vue

Au Moyen Âge, la tapisserie a une fonction bien distincte. Ses formes sont fraîches et se rapportent à des lois propres, qui lui concèdent un charme et un écho poétique particuliers.

On l’utilise la plupart du temps pour réchauffer et embellir les intérieurs glacés et sombres. On peut aussi destiner ce produit (en raison de la valeur des matériaux employés pour leur réalisation, et de la somme de travail que certaines pièces demandent) à faire des présents ou réaliser un « placement ».

Lire : Le seigneur et son château.

Dès le XVème siècle, bien que d’inégale qualité, certaines tapisseries connaissent un réel succès. Des types et des modes s’affirment, comme par exemple un groupe de tapisseries dit « mille fleurs » ou « verdures ». Sur un fond généralement bleu ou rouge sont brodés des bouquets de fleurs, parmi lesquels on trouve des animaux divers et quelques arbustes.

Ainsi, les six tentures de « La Dame à la Licorne » sont de véritables chefs-d’œuvre. Elles sont d’une surprenante diversité. Elles mettent en scène un lion et une licorne, et une Dame dans un décor féérique garni d’une multitude d’animaux et de motifs exquis. L’éclat de cet ensemble est renforcé par le choix des couleurs et la finesse du tissage.

UN RÊVE PRINCIER

Au XIXème siècle, certains se sont mis à rêver en découvrant tant de finesse et d’éclat. D’aucuns ont pensé que la tapisserie de « la Dame à a Licorne » aurait été tissée pour un prince oriental. Demeuré de longues années en prison, celui-ci aurait voulu perpétuer le souvenir de sa bien-aimée (ce qui expliquerait la présence de la Dame sur les six pièces de l’œuvre).

DU RÊVE A LA RÉALITÉ

En 1883, les armoiries sont identifiées ; le rêve est caduc. Le blason qui est tissé sur chacune des tentures est celui de Jean Le Viste, grand administrateur du royaume. Il est orné « de gueules à la bande d’azur chargée de trois croissants montants d’argent ».

Blason de Jean Le Viste

Mais les suppositions vont bon train, et le rêve repart… L’affaire connaît de nouveaux rebondissements !

On décèle dans l’attitude romantique de la jeune femme, et avec la mystérieuse inscription de la sixième pièce (« A mon seul désir »), le signe d’un cadeau (celui que Jean Le Viste doit offrir à sa jeune fiancée à l’occasion de son mariage).

Normalement, lorsqu’il s’agit d’un présent de mariage, les armes de la Dame doivent s’afficher aux côtés de celles de son époux. Ici, elles n’apparaissent pas. Dans le cas présent, l’héraldique vient brutalement désavouer l’interprétation d’une belle histoire d’amour.

Cette tapisserie est donc destinée à célébrer, comme dans la plupart des blasons, la gloire du seigneur, dont les armes sont représentées par le lion et la licorne qui apparaissent sur chacune des toiles.

LES CINQ SENS ET, A « MON SEUL DÉSIR » !

Les cinq premières pièces illustrent les cinq sens :

LA VUE

La jeune dame est richement habillée d’une robe de brocart. Elle tend un miroir qui reflète la tête de la licorne : c’est la vue.

Dame à la licorne, la vue

L’OUÏE

L’ouïe est représentée par l’image de la jeune femme actionnant un instrument musical (un orgue).

L’ODORAT

L’odorat est symbolisé par les fleurs qu’elle tresse et à l’œillet que sent le petit singe qui se tient à ses côtés.

LE GOÛT

La dame se sert dans un « drageoir » (coupe, vase où l’on mettait des dragées, des sucreries, des épices) que lui tend sa servante, et l’offre à un oiseau ; il s’agit du goût.

LE TOUCHER

Quant au toucher, il est représenté délicatement par la main de la jeune dame posée sur la corne de l’animal fabuleux, tandis que de l’autre elle arbore résolument la lance des armoiries.

La Dame licorne le toucher

« A MON SEUL DÉSIR »

La sixième tapisserie est la conclusion de l’œuvre iconographique de la « Dame à la Licorne ». La jeune femme pose doucement le collier qu’elle a porté jusqu’alors.

Sur le faîte de la tente dans laquelle elle se trouve est inscrit : « A mon seul désir ». Cette phrase dénote l’équivalent du « liber arbitrium » (le libre arbitre) des philosophes grecs ; c’est-à-dire, « selon ma seule volonté ». Celle qui permet de contrôler ses passions, de se soustraire à toute soumission à ses sens afin de maîtriser sa capacité à « vouloir bien faire ». C’est donc une leçon de morale. Cette tapisserie est un hommage à la sagesse de Jean Le Viste.

« À Mon seul désir »

Bien des mystères ont donc été expliqués au contact de cette œuvre. Il reste néanmoins à résoudre celui que chacun ressent lorsqu’il se présente seul face à cette pièce, les sens toujours en éveil…

LE CASSE TÊTE DES CHERCHEURS !

De toutes les énigmes qui entouraient le « Dame à la Licorne », deux au moins subsistent… L’artiste qui a conçu la maquette de cette tenture demeure inconnu. On ne connaît ni le créateur, ni l’atelier de tissage qui a réalisé la tapisserie.  

Sans trop vouloir s’avancer, on peut noter que son style rappelle l’œuvre d’un maquettiste français. A l’étude des qualités de ce travail, on peut penser à un atelier de tissage d’une ville du Nord spécialisée dans cette technique. De toute évidence, la « Dame à la Licorne », réalisée à la fin du XVème siècle, « veut » faire durer le mystère pour longtemps encore…

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dame_%C3%A0_la_licorne

https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Sand

https://www.legendart.fr/george-sand-et-la-dame-a-la-licorne/

 

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1 réponse

  1. Jacky LORETTE dit :

    Je vous invite à consulter mes sites suivants :
    https://dame-licorne.pagesperso-orange.fr/
    https://www.youtube.com/channel/UCsmmWl5cQ0_3Py7FVZcoGDQ
    En souhaitant que vous trouverez réponses à vos questions.

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