Dred Scott

                                                                                      

 

LA GUERRE DE SÉCESSION

 (1861-1865)

LES GRANDES FIGURES DE L’ESCLAVAGE

DRED SCOTT

1799-1858

Dred Scott

SOMMAIRE

Dred Scott est un esclave afro-américain. Il naît entre 1795 et 1800 dans le comté de Southampton, en Virginie. Il meurt le 17 septembre 1858 à Saint-Louis, dans le Missouri. C’est une figure majeure de l’antiesclavagisme aux États-Unis.

JEUNESSE

Dred Scott est né en esclavage, de parents eux-mêmes esclaves. Il n’est pas certain que Dred soit son véritable prénom. C’est peut-être une forme abrégée d’Etheldred.

Au cours de sa jeunesse, Scott connaît plusieurs propriétaires dont un chirurgien de l’armée, le docteur John Emerson. Celui-ci est amené à se déplacer au gré de ses différentes affectations, et la plupart du temps, Scott le suit. Ainsi, en 1833, il va du Missouri (état esclavagiste) à l’Illinois (état non esclavagiste), puis dans le Territoire du Wisconsin (abolitionniste).

Emerson achète une autre esclave nommée Harriet à un officier en poste avec lui. Scott et Harriet se marieront avec le consentement d’Emerson.

Dred Scott et Hariett

De cette union naîtront deux filles, Eliza et Lizzie.

Eliza et Lizzie Scott

L’esclavage n’existant ni dans l’Etat de l’Illinois, ni dans le territoire du Wisconsin, il devient alors possible aux deux époux de quitter le service de leur propriétaire, le docteur Emerson.

De 1834 à 1836, Scott séjourne dans l’état de l’Illinois, puis jusqu’en 1838 à Fort Snelling (dans ce qui est alors le Territoire du Wisconsin, aujourd’hui dans l’État du Minnesota). Puis Emerson revient avec Scott (alors tout jeune marié) dans le Missouri, à Saint Louis.

En février 1838, Emerson rencontre et épouse Eliza Irène Sanford, en Louisiane.

En 1843, Emerson décède. Les Scott deviennent, par la loi, la propriété de la veuve Irène Emerson.

L’AFFAIRE DRED SCOTT

LE VAIN COMBAT DU « POT DE TERRE CONTRE LE POT DE FER »

Trois ans plus tard, Scott demande à la veuve Irène Emerson de lui racheter sa liberté. C’est un accord strictement privé dont le propriétaire est le seul arbitre, mais d’après Scott, la veuve aurait refusé sa proposition. Scott défend alors sa cause devant les tribunaux du Missouri, et attaque Irène Emerson en justice pour « séquestration et violence ». Il a la conviction que sa période passée dans l’Illinois et dans le Wisconsin a fait de lui un homme libre. Il en est sûr, la veuve Emerson le détient en esclavage illégalement.

Dans son premier arrêt, la Cour suprême du Missouri lui donne raison. Mais en 1857, c’est la Cours suprême des Etats-Unis qui est saisie. Cette dernière se réunit le 6 mars 1857. Elle se compose de cinq juges du Sud et de quatre du Nord.

Le président, Roger Taney (un ancien propriétaire d’esclaves originaire du Maryland) assure que « les esclaves et les descendants d’esclaves libérés ne sont pas des citoyens car, lorsque la Constitution fut adoptée en 1787, les Noirs avaient été considérés depuis plus d’un siècle comme des êtres inférieurs ».

Cela veut dire que Dred Scott, comme tous les esclaves qui sont nés dans un Etat esclavagiste, ne peut être émancipé par le seul fait d’avoir vécu dans un Etat libre. Il est donc établi que l’Etat d’origine décide de la condition d’une personne. Sur un quorum des neuf magistrats de la Cour, l’avis de Taney est approuvé par six autres juges (quatre sudistes et deux nordistes). Seuls les juges Benjamin R. Curtis, et McLean votent contre. Ce verdict déclenchera de vives protestations dans les milieux abolitionnistes du Nord. En revanche, pour les esclavagistes du Sud, cette sentence sera perçue comme une victoire.

Le palais de justice où l’esclave Dred Scott s’est battu pour sa liberté

Cette seconde décision ordonne de remettre en esclavage Dred Scott et sa famille.

Après ce verdict, la veuve Emerson quitte le Missouri, et cède à son frère John F.A. Sanford les biens de son mari (y compris les Scott).

Sanford étant de l’État de New York et non du Missouri, les avocats de Dred Scott peuvent porter l’affaire au niveau fédéral.

En 1853, Scott intente de nouveau une action en justice pour sa liberté; cette fois en vertu de la loi fédérale (John FA Sanford est un résident et citoyen de New York, tandis que Scott, s’il était libre, serait un citoyen du Missouri).

L’affaire progresse jusqu’à la Cour suprême des États-Unis, qui rend en 1857 la décision « Scott v. Sandford ». Elle y atteste qu’un Noir (dont les ancêtres ont été amenés aux États-Unis et vendus comme esclaves), qu’il soit réduit en esclavage ou libre, ne peut être un citoyen américain et ne peut pas exercer une action en justice devant les tribunaux fédéraux. D’autre part, le gouvernement fédéral n’a pas le pouvoir de réglementer l’esclavage dans les territoires acquis après la création des États-Unis.

L’opinion du juge en chef Roger Brooke Taney, loin de solutionner le dilemme, ne servit qu’à accroître les passions.

Dorénavant, le Sud était en mesure d’appliquer son mode de vie économique et social sur une décision provenant des plus hautes instances du système juridique des États-Unis.

En outre, l’unité nationale, qui était déjà extrêmement précaire, risquait maintenant de se briser à tout jamais. Le Sud était convaincu maintenant que les États avaient le droit de se retirer de l’Union si jamais ils se sentaient menacés.

En clair, si les États antiesclavagistes ne respectaient pas une décision provenant de la Cour suprême, ils pouvaient également refuser de reconnaître et de respecter le mode de vie des gens du Sud.

Si tel était le cas, la sécession s’affirmait comme la seule réponse honorable et possible. A la veille de la Guerre Civile, l’esclavage n’était donc pas le seul facteur pourrissant les relations entre le Nord et le Sud. Le droit des États, c’est à dire le droit de pouvoir quitter ou non l’Union librement, était devenu aussi important, sinon plus.

Dred Scott est malgré tout parvenu à obtenir sa liberté en dépit de la décision de la Cour suprême des États-Unis. Le docteur Calvin Chaffee (le nouveau mari d’Irène Emerson), un abolitionniste, découvrant que sa femme possède des esclaves, les cède à Taylor Blow, de Saint Louis, afin qu’il les affranchisse.

Le 26 mai 1857, Dred et Harriett Scott obtiennent ainsi officiellement leur liberté.

Dred Scott travaillera ensuite comme porteur dans un hôtel de Saint Louis.

SA MORT

Dred Scott

Scott meurt de la tuberculose le 17 septembre 1858. Il est initialement enterré au cimetière Wesleyan, à Saint-Louis. Lorsque ce cimetière est fermé neuf ans plus tard, Taylor Blow transfére le cercueil de Scott sur un terrain non identifié, dans le cimetière catholique voisin de Saint Louis (celui-ci permet l’inhumation d’esclaves non catholiques par des propriétaires catholiques).

Une tradition locale consistera plus tard à placer des centimes de Lincoln sur la pierre tombale de Scott en guise de « bonne chance ».

Harriett Scott survivra à son mari pendant 18 ans. Elle mourra le 17 juin 1876. Elle sera enterrée dans le cimetière « Greenwood » à Hillsdale, Missouri.

L’affaire judiciaire Dred Scott peut être vue comme une victoire des États du Sud concernant le maintien de l’esclavage. Elle a aussi contribué à maintenir les États divisés sur cette question, l’une des causes de la guerre de Sécession.

Dans sa décision majoritaire, le juge en chef Roger Taney déclara que « toutes les personnes d’ascendance africaine, libres ou réduites en esclavage, n’étaient pas des citoyens des États-Unis et n’avaient donc pas le droit d’intenter des poursuites devant un tribunal fédéral ».

Un buste du juge en chef Roger Taney est exposé dans l’ancienne salle de la Cour suprême du Capitole des États-Unis à Washington

Taney déclara en outre que les Noirs étaient « tellement inférieurs aux Blancs qu’ils ne possédaient nul droit qu’un Blanc serait tenu de respecter ; et que le nègre peut, en bonne justice et très légalement, être réduit en esclavage pour le bénéfice du Blanc. »


DE NOS JOURS

A Washington, la Chambre a approuvé un projet de loi visant à retirer des statues de Robert E. Lee et d’autres dirigeants confédérés du Capitole des États-Unis, ainsi qu’un buste du juge en chef Roger Brooke Taney (l’auteur de l’arrêt Dred Scott de 1857 qui déclarait que les Afro-américains ne pouvaient pas être citoyens).

En plus de Taney, le projet de loi a ordonné à l’architecte du Capitole d’identifier et de retirer du « Statuary Hall » au moins 10 statues honorant les officiels confédérés, dont Lee (le général commandant de l’armée confédérée), et Jefferson Davis (le président confédéré). Trois statues honorant les suprématistes blancs, dont l’ancien vice-président américain John C. Calhoun, de Caroline du Sud, seraient aussi immédiatement retirées.

Le leader de la majorité à la Chambre, Steny Hoyer, a déclaré lors d’une conférence de presse au Capitole avant le vote à la Chambre : « Les défenseurs et les pourvoyeurs de la sédition, de l’esclavage, de la ségrégation et de la suprématie blanche, n’ont pas leur place dans ce temple de la liberté ».

Fers

Sources :

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Photos publiques Facebook

Black History Mini Docs

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dred_Scott

https://en-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Dred_Scott?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://www.medarus.org/NM/NMPersonnages/NM_10_06_Biog_Blacks/nm_10_06_dred_scott.htm

 

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