Charles Martel. Poitiers, 732.

CHARLES MARTEL.

POITIERS, 732.

Charles Martel

LES PIPPINIDES

Les Pippinides désignent les membres d’une dynastie de la noblesse franque d’Austrasie dont plusieurs ont été nommés « Pépin ». Ce nom est une création contemporaine, car les grandes familles du haut Moyen Âge n’avaient pas de patronyme. Il est issu du nom de Pépin, en latin « Pippinus ».

Le terme de Pippinides désigne au sens strict les membres de la famille de Pépin de Landen en ligne agnatique, c’est-à-dire issus de ce dernier par les hommes.

Cognatique : Se dit d’un mode de descendance ou filiation qui se transmet aussi bien par les hommes que par les femmes.

Lire :

L’inexorable ascension des maires du palais.

Pépin de Herstal

Pendant la période mérovingienne, les Maires du Palais étaient les plus hauts dignitaires des royaumes francs après les rois. Ces royaumes occupaient alors l’essentiel de la France, de l’Allemagne et du Benelux actuels.

Il y avait autant de maires du palais qu’il y avait de royaumes, avec un maire du palais pour le royaume de Neustrie, un autre pour le royaume d’Austrasie, et un troisième pour le royaume de Bourgogne.

CHARLES MARTEL

ARRÊTE LES OMMEYADES A POITIERS

Charles Martel défait les Sarrasins aujourd’hui à Poitiers en 732

Lire :

Charles Martel

Charles Martel, seul successeur de Pépin de Herstal

Charles Martel, réunificateur de l’État franc

SOMMAIRE

En 732, les Omeyyades ont envahi une large partie de la Méditerranée : l’Egypte, la Syrie, l’Afrique du Nord (l’actuel Maghreb), et la péninsule ibérique.

Parti de Pampelune, le gouverneur musulman d’Espagne Abd al-Rahman entreprend une invasion au-delà des Pyrénées. Les populations sont terrifiées. Une horde de cavaliers, ravageant tout sur leur passage, dévastent les campagnes en Aquitaine, égorgent et décapitent, avec leurs cimeterres, les infidèles chrétiens.

Eudes d’Aquitaine constate que la situation est quasi désespérée : les Arabes sont partout et exercent de réelles menaces sur le royaume franc. Pris dans la tourmente, il appelle alors à l’aide le brillant maire du palais, l’homme le plus prestigieux du moment : Charles Martel.

EVENEMENTS ANTÉRIEURS

Charles Martel

RAPPEL

L’Austrasie : l’Est de la France actuelle, l’Est de la Belgique actuelle et les régions rhénanes.

La Neustrie : le Nord-Ouest de la France actuelle (sans la Bretagne).

La Bourgogne : l’ancienne Burgondie, c’est-à-dire l’actuelle Bourgogne, le Nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).

Empire franc en 481

Charles Martel est maire d’Austrasie (France de l’Est). Il a soumis les deux autres maires (de Neustrie et de Burgondie). Il s’est déjà montré un grand guerrier, et a réuni autour de lui presque tous les pouvoirs politiques.

En 718-720, il vainc les Saxons (peuple germanique).

Les Saxons représentent un peuple germanique appartenant au rameau occidental. Ils sont mentionnés pour la première fois au IIème siècle par le grec Ptolémée sur la carte Germania Magna. Il les situe alors au sud-ouest du Jutland, ce qui correspond à peu près à l’actuel Holstein, d’où ils semblent s’être dispersés au sud et à l’ouest.

En 719, il soumet les Frisons (un autre peuple germanique).

Les Frisons représentent un peuple germanique appartenant au « rameau westique ». Ils forment la plus grande des trois branches de la famille des langues germaniques, incluant notamment l’allemand, l’anglais et le néerlandais, mais également l’afrikaans, les langues frisonnes, et le yiddish.

Charles Martel

720

Les forces musulmanes arabes et berbères (Omeyyades) ont envahi la péninsule ibérique (711-726), franchi les Pyrénées (720) et conquis la Gaule narbonnaise, qui était un territoire majeur des Wisigoths (721-725). Après des heurts sporadiques, sous la direction d’Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi, wali d’al-Andalus, elles pénètrent en Gaule et se dirigent sur Tours, « la ville sainte de la Gaule ».

Gaule narbonnaise

– Les Sarrazins assiègent Toulouse. La menace musulmane force Eudes, duc d’Aquitaine, à faire allégeance à Charles Martel, qui reconnait Chilpéric II comme roi des Francs.

– les Sarrazins accentuent leur pression, multiplient les incursions au nord des Pyrénées, conquièrent Narbonne, et s’implantent solidement au sud de la Loire.

En Europe, durant le Moyen Âge, le mot « Sarrasins » ou « Sarrazins » était employé pour dénommer les peuples de confession musulmane. On les appelait aussi « Mahométans », « Arabes », « Ismaélites », ou bien « Agarènes ». Quant au terme « Maures », il faisait allusion aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête des Omeyades. Les mots « Islam » et « Musulmans » n’existaient pas encore en Occident médiéval. En français, le mot « Musulman » est cité pour la première fois en 1551 ; « Islam » en 1697. Avant ces dates on utilisait, pour définir la religion des peuples musulmans, l’expression « loi de Mahomet », ou « loi des Sarrasins »

721

– Les forces musulmanes sont battues à Toulouse par les troupes aquitaines.

725

Charles doit se préparer uniquement à combattre un ennemi beaucoup plus redoutable venant du sud.

– Sous le commandement d’Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi (nouveau gouverneur de l’Espagne), les Sarrazins s’emparent de Carcassonne et de Nîmes, ravagent Avignon, Valence, Vienne et Lyon, et se dirigent vers le nord jusqu’à Besançon et Dijon.

Al-Haytham ibn Ubayd al-Kilabi devient gouverneur d’al-Andalus en 714, après l’achèvement de la conquête omeyyade de la péninsule ibérique.

Al-Andalus vers 732.

En représailles, il envoie son armée contre le gouverneur de la Catalogne, Munuza Utaman Abu Nâsar (chef berbère de la frontière des Pyrénées). Celui-ci avait refusé de participer à une expédition contre la Gaule car il avait conclu une trêve avec son beau-père le duc Eudes d’Aquitaine. Munuza sera vaincu et tué dans son château de Llívia, et son épouse Lampegia sera envoyée captive au calife de Damas.

– Le 21 août 725, Autun est prise et pillée par les troupes musulmanes. Le monastère de Luxeuil est dévasté.

730

Charles Martel attaque et bat les Alamans.

Les Alamans (ou Alémans) représentaient une alliance de tribus germaniques essentiellement suèves, qui s’installèrent d’abord sur le cours moyen et inférieur de l’Elbe, puis le long du Main.

En 213, ils apparaissent pour la première fois dans les écrits romains.

En 260, ils conquirent les Champs Décumates, puis essaimèrent une zone couvrant une partie de l’Helvétie (la Suisse), la Décumanie (le pays de Bade), et une partie de la Séquanaise (l’Alsace). Ils participèrent à la germanisation de ces territoires, auparavant romanisés.

En 496, les Alamans furent vaincus par les Francs de Clovis. Ce dernier annexa leur territoire à son royaume.

Traité de Verdun 843

Après le traité de Verdun (août 843), ces territoires firent partie de la Francie orientale avant de composer le duché de Souabe, du Xème au XIIIème siècle.

Charles Martel

Les forces sarrasines s’emparent d’Avignon.

– Les flottes musulmanes attaquent la Sicile.

C’est donc contre un homme auréolé de gloire que s’apprêtent à combattre les Arabes.

LE MONDE ARABE EN 732

Depuis 632, date de la mort de Mahomet (le prophète fondateur de l’Islam), le monde arabe n’a eu de cesse de s’agrandir. En un siècle, l’Égypte, la Syrie, la Perse, l’Afrique du Nord et l’Espagne ont été envahies par les hordes omeyyades.

Carte de l’expansion de l’islam. Le rouge sombre indique les conquêtes de 622 à 632, l’orange celles de 632 à 661 et le jaune celles de 661 à 750

Mais un tel succès entraîne forcément des revers ; et des divisions politiques internes naissent. En 732, ce qui freine la marche en avant des Arabes est beaucoup plus complexe que la bataille de Poitiers. Des guerres civiles meurtrières voient le jour. Elles apparaissent entre Arabes venus d’Afrique et Arabes venus de Syrie en Espagne. A celles-ci s’ajoute la révolte des Berbères d’Afrique du Nord. Tous ces conflits vont immobiliser un nombre considérable de troupes.

Bataille de Poitiers 732

En 732, après cent ans d’une progression démesurée, le monde arabe se fissure, se morcelle et commence à faiblir. Vers 740, le Califat omeyyade entre en crise.

OMEYYADES ou UMAYYADES : dynastie arabe de califes positionnée sur Damas de 661 à 750, puis sur Cordoue (756-1030). Les Omeyyades gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. A son apogée, leur empire s’étend de l’Inde et de l’Asie centrale à l’Atlantique ; leur tentative de conquête de l’Europe occidentale s’achève avec leur défaite à Poitiers, en 732, face à Charles Martel.

Un denier Charles Martel frappé à Troyes

POITIERS, 732.

CHARLES MARTEL, SEUL REMPART DE LA CHRÉTIENTÉ.

Charles Martel

Son surnom de « Martel » (le marteau) vient de l’énergie qu’il développe pour imposer sa puissance et sa politique.

2 MARS

Les Sarrazins, menés par l’émir d’Espagne Abd-al-Rahmân, amorcent une campagne militaire contre les Francs. Partis de Pampelune, ils franchissent le col de Roncevaux et marchent sur la Vasconie. Ils écrasent le duc Eudes d’Aquitaine devant Bordeaux, qu’ils pillent, puis ravagent Saintes, Périgueux, Agen, et Angoulême.

Prise de bordeaux (732)

En remontant vers le nord, les armées musulmanes menacent la riche abbaye de Saint-Martin-de-Tours. Eudes d’Aquitaine, vaincu, part se réfugier aux côtés de Charles Martel pour lui demander de lui venir en aide.

LA BATAILLE DE POITIERS

Bataille de Poitiers 732

La bataille de Poitiers (ou bataille de Tours pour les Anglo-Saxons) est appelée dans des sources arabes « bataille du Pavé des Martyrs ». Elle oppose d’une part, les armées chrétiennes (Franques et Burgondes) commandées par Charles Martel, alliées au forces aquitaines dirigées par Eudes d’Aquitaine, et d’autre part, une armée omeyyade menée par Abd al-Rahman, gouverneur général d’al-Andalus.

La bataille est sujette à controverse (nombreux sont ceux qui ne peuvent être sûrs ni du lieu, ni de la date de la bataille).

Les historiens débattent encore sur le lieu de la bataille. Certains avis divergent et la situent entre les villes de Poitiers et de Tours, au nord de l’Aquitaine, près du village de Vouneuil-sur-Vienne. D’aucuns la situent très proche de Tours (l’emplacement de la bataille jouxterait alors la frontière entre le Royaume franc et celui d’Aquitaine, alors indépendant), ou encore non loin de Poitiers.

DES MORTS PAR « CENTAINES DE MILLIERS » !

Charles Martel arrêtant les Sarrasins à Poitiers en 732

Charles Martel accourt immédiatement sur les bords de la Loire pour protéger le monastère de Saint-Martin-de-Tours. Une fois celui-ci préservé des infidèles musulmans, il se précipite vers le sud.

Son armée est venue de toutes les contrées du royaume franc pour affronter cet audacieux envahisseur. La rencontre doit se livrer près de Poitiers. Il devient alors vital de refouler les troupes du général arabe Abd-al-Rahman, le gouverneur d’Espagne.

Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi

Pour se battre contre les hordes sarrasines, Charles Martel a équipé chacun de ses soldats d’une épée, d’un haubert, ainsi que d’une longue lance. Dans l’urgence, il a fait réaliser des casques surmontés de quatre feuilles de fer triangulaires, fixées par des rivets.

L’armée franque ainsi pourvue attend de pied ferme le choc avec les envahisseurs. L’attente dure sept jours. Des escarmouches ont lieu à la frontière du Poitou et de la Touraine. L’affrontement décisif va se dérouler sur deux jours.

Lorsque les Arabes lancent leur attaque, ils viennent se heurter vainement contre le mur de fer immobile des « phalanges » (formations organisées en palissade) franques.

Charles Martel défait les Sarrasins à Poitiers 732

Il semble que l’image donnée sur la solidité du mur franc soit assez juste, car c’est bien cette robustesse armée qui a impressionné les forces arabo-berbères.

Le choc est violent, la mêlée est engagée. Les forces franques réussissent à repousser leurs ennemis. Ceux-ci ne pourront pas renouveler leur assaut furieux, car les Vascons, commandés par Eudes d’Aquitaine, foncent et se ruent sur les arrières des troupes sarrasines.

Charles Martel

Surpris par la tournure des événements, les soldats musulmans, croyant leur butin et leurs familles en péril, font demi-tour et refluent vers leurs bases arrières.

Les combats cessent à la tombée de la nuit. Le lendemain matin, Charles Martel constate que son ennemi a abandonné le champ de bataille.

Selon la légende, 375 000 Arabes seraient morts ce jour-là dans la bataille. Cette victoire des Francs sur les « infidèles » musulmans était censée apporter « la preuve de la supériorité du Christ sur Mahomet ». Pour preuve, le général arabe Abd-al-Rahman est tué au milieu de ses soldats morts.

Cette bataille de Poitiers met fin aux tentatives d’incursion des Sarrazins dans le royaume franc pour plus d’un siècle.

Sources : Les rois de France des Éditions Atlas (Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers).

Les survivants, obligés de regagner le Sud des Pyrénées, seront harcelés par les Vascons jusqu’au passage des cols.

D’après une légende locale de la région du Haut Quercy, le général arabe Abd el-Rahman n’aurait pas trouvé la mort sur le champ de bataille de Poitiers. Il aurait tout simplement fui vers Narbonne. Pourchassé par les soldats Francs, il aurait été tué et son armée décimée lors d’une bataille qui a eu lieu à Louchaps, dans le Lot, en 733.

Charles Martel

CHARLES MARTEL LE SAUVEUR…

Charles Martel

Après la victoire de Poitiers, Charles Martel apparaît comme le sauveur de la Chrétienté. Il se réconcilie et rétablit ses relations avec le pape. Lorsque l’indépendance du Saint Siège sera menacée par les invasions des Lombards, il s’engagera à le protéger militairement.

CONSÉQUENCES

Cette victoire marque le point limite de l’expansion sarrasine vers le Nord.

En répondant à l’appel à l’aide du duc Eudes d’Aquitaine, Charles a profité de la présence des troupes musulmanes en territoire franc pour intervenir dans une région qui refusait de se soumettre à son autorité.

Charles Martel

Après l’affrontement décisif, Charles prend Bordeaux et entre en Aquitaine. Nonobstant, les forces musulmanes ne sont pas boutées hors de la Gaule. En 737, allié aux Lombards, il devra se battre à nouveau, cette fois en Provence et en Septimanie).

La Septimanie en 537 (en marron).

Après la bataille de Poitiers, Yusuf ibn Abd al-Rahman est nommé gouverneur de Narbonne, selon la Chronique des abbés de Moissac, où il commande les opérations militaires. Pendant quatre ans, il aurait attaqué et pillé le Bas-Rhône, et pris Arles en 735. La Chronique des abbés de Moissac fut écrite par Aymeric de Peyrac (abbé de Moissac de 1377 à 1406). Elle raconte l’histoire des Papes, des Rois de France, des abbés de Moissac et des comtes de Toulouse.

En 737, Charles Martel soumet le patrice Mauronte (duc ou patrice de Provence dans les premières années du VIIIème siècle) qui, allié des Sarrazins, avait mis sur pied une rébellion dirigée contre lui.

Charles Martel

Charles bat le commandant omeyyade Umar ibn Ḫālid lors de la bataille de la Berre, au sud de Narbonne.

Si l’invasion musulmane est arrêtée, notamment dans le sud-ouest, les forces sarrasines ne sont pas parties pour autant (après l’échec du siège de Narbonne, la cité restera aux mains des Omeyyades jusqu’en 759). Les raids des Musulmans vont se poursuivre sur plusieurs décennies.

Vers 800, Charlemagne sera victorieux lors de la bataille du bois des Héros (en Saintonge). Ce combat de faible importance opposera, entre Saintes et Taillebourg, les Francs à une armée sarrasine qui ravageait le pays.

Il faudra attendre 973 et la victoire du comte Guillaume de Provence (955-993) à la bataille de Tourtour. Celle-ci marquera l’expulsion définitive des Omeyyades hors du territoire franc et mettra un terme à plus de deux siècles de présence musulmane.

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Martel

https://guyderambaud.wikia.org/fr/wiki/Charles_Martel

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Poitiers_(732)

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens

 

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