Bataille de la Moskowa ou bataille de Borodino

aigleaigleBataille de la Moskowa,
ou bataille de Borodino (Russie)

(7 septembre 1812)

 

Le 6 septembre, la veille de la bataille de Borodino, Napoléon fait une proclamation à l’armée :
« Soldats, voilà la bataille que vous avez tant désirée ! Désormais la victoire dépend de vous : elle nous est nécessaire. Elle nous donnera l’abondance, de bons quartiers d’hiver et un prompt retour dans la patrie ! Conduisez-vous comme à Austerlitz, à Friedland, à Vitebsk, à Smolensk, et que la postérité la plus reculée cite avec orgueil votre conduite dans cette journée ; que l’on dise de vous : il était à cette grande bataille sous les murs de Moscou ! »

Bataille de la Moskowa ou bataille de Borodino.

Le 7 septembre, le jour de la bataille, Napoléon 1er fait une nouvelle proclamation : « Soldats, le jour que vous avez tant désiré est arrivé. L’armée ennemie qui fuyait se trouve maintenant en face de vous. Rappelez-vous que vous êtes des soldats français. »


Campagne de Russie (1812)

Bataille de la sixième coalition

Situation.
La bataille se déroule près du village de Borodino et de la ville de Mojaïsk, à 125 kilomètres de Moscou. Le nom de Moskova, choisi par Napoléon, fait référence à la rivière qui coule à proximité du théâtre des combats, et non à la situation géographique. C’est un choc sanglant et de première importance de la Campagne de Russie. 250 000 soldats vont s’affronter avec des pertes considérables estimées à 70 000 hommes ; elle sera qualifiée de « Bataille des Géants ».

Issue.
Victoire française de la Grande Armée, renforcée du Duché de Varsovie, du Royaume d’Italie et de la Confédération du Rhin, sous les ordres de Napoléon 1er, Michel Ney, Joachim Murat et Eugène de Beauharnais, qui bat l’armée de l’Empire russe commandée par Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov, le prince Piotr Ivanovitch Bagration, et le prince Michel Barclay de Tolly.
Louis-Nicolas Davout est à la tête du 1er corps ; il sera blessé lors de la bataille.
Le prince Piotr Ivanovitch Bagration sera blessé au cours de la bataille ; il décèdera des suites de ses blessures le 24 septembre ; il avait 47 ans.

Piotr Ivanovitch Bagration

Forces en présence.
Pour les Français : environ 130 000 hommes et 587 canons.
Pour les Russes : environ 125 000 hommes et 640 canons.

Événements qui ont précédé la bataille.
– Du 24 au 25 juin : la Grande Armée franchit le Niémen. Napoléon dispose de 450 000 hommes pour envahir la Russie.
– 28 juin : Napoléon entre à Wilno (l’actuelle Vilnius).
– 29 juin : le général Matveï Ivanovitch Platov abandonne Grodno.
– 30 juin : entrée de Jérôme Bonaparte à Grodno.
– 8 juillet : Louis Nicolas Davout s’empare de Minsk.
– 9 juillet : prise de Borissow par Louis Nicolas Davout.

– 10 juillet : bataille de Mir (Biélorussie).
Combat mineur entre les Cosaques russes et les lanciers polonais. Victoire des troupes de l’Empire russe sous les ordres de Matveï Ivanovitch Platov, face à un corps polonais du Duché de Varsovie commandé par Aleksander Antoni Jan Rożniecki.

Aleksander Antoni Jan Rożniecki

Matveï Ivanovitch Platov

– 18 juillet : signature d’un traité anglo-russe par l’entremise de Jean-Baptiste Jules Bernadotte.
– 23 juillet : bataille de Moguilev (Mogilev ou Mohilev) ou bataille de Saltanovka (Biélorussie).
Combats indécis entre l’armée du maréchal Louis-Nicolas Davout et les forces russes sous les ordres du prince Piotr Ivanovitch Bagration.

Bataille de Moguilev (Mogilev ou Mohilev) ou bataille de Saltanovka (Biélorussie).

– Du 25 au 27 juillet : bataille d’Ostrovno (Biélorussie).
Victoire des forces françaises sous les ordres du maréchal Michel Ney, du prince Eugène de Beauharnais et de la cavalerie de Joachim Murat, sur les troupes russes commandées par le lieutenant général comte Alexandre Ivanovitch Ostermann-Tolstoï.

Eugène de Beauharnais.

Alexandre Ivanovitch Ostermann-Tolstoï.

 

– 28 juillet : entrée de Napoléon à Vitebsk.
– 29 juillet : combat de Jakoubovo.
Victoire des forces françaises commandées par le maréchal d’Empire Nicolas-Charles Oudinot, sur les troupes russes placées sous les ordres du prince Pierre Wittgenstein.

– Du 30 juillet au 1er août : bataille de bataille de Kliastitsy (Biélorussie) appelée par les français bataille de la Drissa.

Bataille de bataille de Kliastitsy (Biélorussie)

Affrontement mineur qui voit la victoire des escadrons de Hussards et de Cosaques sous les ordres du prince Pierre Wittgenstein, sur les forces françaises commandées par le maréchal d’Empire Nicolas-Charles Oudinot.

Pierre Wittgenstein

Nicolas-Charles Oudinot

– 14 août : bataille de Krasnoï.
Assauts français victorieux des maréchaux d’Empire Michel Ney et Joachim Murat contre l’arrière-garde russe du général Neverovski, Dmitri Petrovitch, à l’ouest de Smolensk (près de l’actuelle frontière russo-biélorusse).
– Le 14 août, les troupes françaises traversent le fleuve Dniepr à Rassna, sur des ponts qui ont été construits pendant la nuit. Ces forces sont placées sous les commandements respectifs de Louis-Nicolas Davout, qui est à la tête du 1er corps, de Joachim Murat et de Michel Ney.
– Les 16 et 17 août : Bataille de Smolensk sur le fleuve Dniepr (Russie).
Victoire de l’armée française sous les ordres de Napoléon Bonaparte, qui bat l’armée russe commandée par Pierre de Bagration.

Bataille de Smolensk.

– 17 août : abandon de Smolensk par l’armée du tsar Alexandre 1er de Russie.
– 18 août : entrée de la Grande Armée à Smolensk.
– Les 17 et 18 août : 1ère bataille de Polotsk (Biélorussie).
Victoire des troupes françaises sous les ordres de Nicolas-Charles Oudinot, sur les forces russes de Pierre Wittgenstein.

Bataille de Polotsk (Biélorussie).

C’est le lendemain, le 19 août, que le fidèle général de division César Charles Étienne Gudin de la Sablonnière sera tué le lors de la bataille de Valoutino, les deux jambes arrachées par un boulet de canon.
– 19 août : bataille de Valoutino, appelée aussi bataille de Valentina-Gora, près de Smolensk (Russie).
Victoire des troupes françaises commandées par le maréchal Michel Ney, sur l’arrière garde russe placée sous les ordres du prince Michel Barclay de Tolly.

Michel Barclay de Tolly.

– 29 août : nomination d’Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov comme commandant en chef de l’armée russe.
– 30 août : signature d’une alliance entre la Russie et la Suède.
– 1er septembre : appel par anticipation, en France, de la classe 1813 (soit 137 000 hommes).

Contexte.

Depuis qu’il a franchi le Niémen au mois de juin, Napoléon cherche à engager la bataille décisive. Mais face à un ennemi qui ne cesse de s’enfuir, sans vouloir se battre dans un choc frontal, la Grande Armée se trouve finalement aux portes de Moscou, sous la pression et les harcèlements constants des Cosaques. L’Empereur des Français a besoin d’une victoire éclatante : il sait que c’est la seule alternative pour faire plier son adversaire, le tsar Alexandre 1er de Russie. Ce dernier vient de nommer Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov commandant en chef de ses armées. Napoléon doit forcer son ennemi à demander la paix, et à signer un nouveau traité d’alliance, qui le conforterait dans sa stratégie du Blocus Continental. Acculée devant Moscou, l’armée russe se décide enfin à fortifier ses lignes de défense pour livrer bataille. Les travaux de terrassement débutent le 3 septembre. La redoute Raïevski renforcera le centre droit russe, et les « flèches » de Pierre de Bagration (ouvrages défensifs en forme de V) se dresseront sur la gauche du dispositif.

Déroulement.

Bataille de la Moskova.


La redoute de Chevardino

Au début septembre, la Grande Armée avance sur la route de Smolensk où se trouve la gauche du dispositif russe, dressé sur une butte : c’est la redoute de Chevardino. A proximité du village du même nom, les troupes françaises se positionnent au sud et à l’ouest, et vont tenter de transpercer la ligne de défense russe. L’engagement sanglant qui va suivre est un avant-goût de la grande bataille qui s’annonce.
Le 5 septembre, lors d’une violente mêlée, la cavalerie française sous les ordres de Joachim Murat bat celle du comte russe Piotr Petrovitch Konovnitsyne. Voyant leur flanc gauche menacé, les Russes battent en retraite. Le lendemain, le 4ème corps commandé par Eugène de Beauharnais vient renforcer la cavalerie de Murat. Un nouvel engagement force Piotr Petrovitch Konovnitsyne à reculer et à se réfugier sur la redoute de Chevardino, où se trouve le général Andreï Ivanovitch Gortchakov avec ses 11 000 hommes et ses 46 canons.

Piotr Petrovitch Konovnitsyne.

C’est alors que Joachim Murat envoie à l’assaut de la redoute, les 1er et 2ème corps d’Étienne Marie Antoine Champion de Nansouty et de Louis-Pierre de Montbrun. L’attaque est soutenue par le 1er corps d’infanterie de Louis Nicolas Davout et la division Jean Dominique Compans. Dans le même temps, Józef Antoni Poniatowski, à la tête du 5ème corps d’’infanterie polonais, donne l’assaut des défenses russes par le sud. Après des combats acharnés de part et d’autre, les Français prennent la redoute. L’armée russe est en pleine débâcle, son flanc gauche est enfoncé : elle se voit contrainte à reculer sur une nouvelle position, le village d’Outitsa.

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Prince Joseph Poniatowski


La redoute Raïevski

La redoute Raïevski.

Le 7 septembre, à 6 heures du matin, commence la préparation d’artillerie ; 102 canons pilonnent le centre du dispositif russe. Napoléon veut une manœuvre de diversion pour dissimuler l’assaut frontal sur les redoutes. L’opération réussit, et permet au prince Eugène de Beauharnais, beau-fils de Napoléon, d’occuper le village de Borodino.

Napoléon près de Borodino.

Les flèches de Bagration feront l’objet d’affrontements sanglants. Elles seront prises et reprises par les deux belligérants. Louis Nicolas Davout aura son cheval fauché par un boulet de canon. Sous le choc, il perdra un moment connaissance et sera laissé pour mort. Mais Davout se ressaisira et repartira de plus belle à l’attaque, à la tête de ses troupes. Les généraux Jean Dominique Compans et Joseph Marie Dessaix seront blessés lors de l’assaut des redoutes. Du côté russe, le prince Pierre de Bagration est mortellement touché. Il décèdera des suites de ses blessures le 24 septembre suivant ; il avait 47 ans.
Il est 7 heures lorsque, pour venir en aide à Davout, Napoléon envoie les corps de Michel Ney et Jean-Andoche Junot. Vers les 10 heures la victoire paraît acquise aux Français. L’attaque est frontale et se centralise sur la redoute Raïevski ; l’assaut est général. Vers les 11 heures 30 les positions ennemies sont définitivement conquises. Plus tard, pour sa conduite héroïque à la tête du 3ème corps, Michel Ney recevra le titre de prince de la Moskova.
Malgré les demandes pressantes de ses maréchaux Michel Ney, Joachim Murat et Louis Nicolas Davout, qui veulent porter l’estocade finale à l’armée russe, Napoléon n’engagera pas la Garde impériale, et les forces russes ne seront pas détruites.
A la tombée de la nuit, l’armée de Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov se retire du champ de bataille, en bon ordre, en abandonnant à leur triste sort un grand nombre de blessés. Les Français sont victorieux, la route de Moscou est grande ouverte.

Pertes.
Napoléon, est victorieux. La bataille de Borodino ou Moskova, sera l’une des plus sanglantes du 19ème siècle. Il reste seul maître du terrain, et son ennemi est en fuite. Mais c’est une victoire chèrement payée ; les historiens contemporains la considèrent comme une « victoire à la Pyrrhus ».
Dans les deux cas, les sources concernant les pertes des deux camps sont très variables.

Pour la Grande Armée : 30 000 hommes hors de combat.
Pour l’armée russe : environ 45 000 soldats tués ou blessés.
Dans les jours qui vont suivre la bataille, en raison de l’étirement des lignes de convois d’approvisionnement, un grand nombre de blessés mourront par négligence, par manque de soins immédiats, et aussi de faim.

Conséquences.
– Le 8 septembre, l’armée battue de Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov se replie sur Moscou.
– Le 13 septembre, Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov abandonne Moscou.
– Le 14 septembre, la Grande Armée entre dans Moscou.
– Du 14 septembre au 23 octobre, la Grande Armée occupe Moscou. Dès le premier soir, les Russes incendient leur ville ; elle brûlera jusqu’au 20 septembre. La cité sera presque totalement détruite, et privera les soldats de Napoléon de quartiers d’hiver.
– Le 18 octobre, les Français sont contraints de quitter Moscou et commencent leur catastrophique « retraite de Russie ».

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