Le Zeppelin, a Stairway to hell !
Le Zeppelin, a Stairway to hell !
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n 1914, alors que débute la Grande Guerre, les Alliés, contrairement aux Allemands, n’accordent que très peu d’importance aux dirigeables. La France, qui a inventé le procédé, ne dispose que de cinq aérostats : trois Clément-Bayard, un Astra, et un du type Chalais-Meudon. Ces machines sont classées lentes, coûteuses, encombrantes, et sont utilisées uniquement pour des vols de reconnaissance.
En août 1914, la Grande Bretagne ne dispose que de quatre dirigeables : un modèle français, un Astra-Torrès, un Parseval acheté aux Allemands, et deux de fabrication britannique, un type Alpha et un type Béta.
L’Allemagne de Guillaume II est convaincue de pouvoir s’imposer avec ses Zeppelins de construction innovante, robuste, et de qualité très supérieure à celle des pays ennemis. L’Etat-Major du Kaiser mise sur ces machines, redoutables par leur rapidité et leur rayon d’action pratiquement infini. Ces ballons, dotés de structures rigides en aluminium, de conception exceptionnelle, sont supérieurs en nombre. L’Allemagne est certaine de pouvoir écraser les forces aériennes alliées au sol et sur mers.
Le 1er août 1914, elle dispose d’une flotte colossale de douze mastodontes militaires, dont neuf Zeppelins géants à structures rigides. Ceux de l’armée portent un LZ (Luftschiff Zeppelin) suivi d’un numéro, et ceux de la marine impériale, un L (Luftschiff) suivi d’un numéro. Ces engins vont semer la terreur partout sur le théâtre de la guerre, et saper le moral des populations civiles. L’impact psychologique est énorme et suscite bien des questions aux Etats-Majors alliés. Les performances aéronautiques des avions de l’époque sont très inférieures à celles de ces dirigeables, qui évoluent à des milliers de mètres d’altitude. Ils se déplacent aussi vite (80 km/h en 1914), ont une plus grande charge utile de bombes (9 tonnes en 1914), une autonomie, une résistance et un armement très supérieurs. Ce qui rend toute interception quasi impossible ; aucun aéroplane, à cette époque, ne peut voler aussi haut. Les Alliés vont devoir attendre et trouver rapidement des solutions ; le temps presse !
1915
Nuit du 31 mai au 1er juin, 1er bombardement de Londres par le LZ 37.
Le LZ 38 ne parvient pas à jeter ses bombes et sera forcé de faire demi-tour.
Nuit du 17 au 18 août, raid de quatre zeppelins de la marine sur la capitale : les L10, L11, L13, L14.
Seul le L10 atteint la ville, les trois autres ne trouvent pas leur cible et rebroussent chemin.
Dans la nuit du 7 au 8 septembre, raid de trois dirigeables.
Le LZ 74 et le SL 2 larguent leurs bombes sur Londres. Le LZ 77 n’atteint pas son objectif.
Dans la nuit du 8 au 9 septembre a lieu le bombardement le plus dévastateur causé par le zeppelin L13.
Les L14 et L9 ne trouvent pas Londres.
La nuit du 13 au 14 octobre connaît le plus important raid de l’année par le nombre de dirigeables engagés: L11, L13, L14, L15 et L16.
Trois larguent leurs bombes, les L11 et L16 n’atteignent pas leur objectif.
1916
Dans la nuit du 24 au 25 août a lieu un important raid de neuf dirigeables: les L13, L14, L16, L21, L23, L31, L32, SL8 et SL9.
Un seul atteint Londres, le L31. Trois autres, les L16, L21, L32, atteignent l’Angleterre mais pas la capitale et lâchent leurs bombes sur d’autres localités. Quant aux cinq derniers, les L13, L14, L23, SL8 et SL9, ils font demi-tour avant d’atteindre leur cible.
Dans la nuit du 2 au 3 septembre, 16 dirigeables, 5 de l’armée et 11 de la marine attaquent l’Angleterre.
Seul le SL11 de l’armée bombarde Londres. Il est détruit par un chasseur britannique 30 kilomètres plus au nord, au-dessus de Cuffley. Treize autres ne parviennent pas à trouver Londres : les L11, L13, L14, L16, L21, L22, L23, L24, L30, L32, SL8, LZ90 et LZ98. Les L17 et LZ97 rebroussent chemin avant d’atteindre l’Angleterre.
Dans la nuit du 23 au 24 septembre arrive un important raid de 12 dirigeables de la marine.
Seuls les L31 et L33 réussissent à bombarder Londres. Huit atteignent l’Angleterre : les L13, L14, L17, L21, L22, L23, L30, L32. Quant aux L16 et L24, ils font demi-tour.
1917
Dans la nuit du 19 au 20 octobre apparaît un raid de 11 dirigeables de la marine.
L’objectif principal de l’attaque n’est pas Londres, mais les villes industrielles du nord. Aucun zeppelin ne trouve sa cible. Ils sont tous déroutés vers le sud par de violents vents du nord. Si le L45 largue ses bombes sur la capitale, les autres dirigeables, les L41, L44, L46, L49, L50, L52 et le L53 lâcheront leurs bombes au hasard sur des agglomérations britanniques. Les L54 et L55 feront demi-tour avant d’atteindre l’Angleterre. Ce raid se terminera en un véritable désastre. Toujours poussés par les vents du nord, ils s’orienteront vers la France et seront forcés de se poser ou abattus. Cinq zeppelins seront détruits.
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Après un an de guerre, les Etats-Majors alliés s’interrogent sur les plans de l’aéronautique ennemie. Toutes les inquiétudes se portent sur l’utilisation que font les Allemands de leurs dirigeables. De toute évidence, les raids effectués ne sont pas voués à des fins militaires. Ni les grands ports, les arsenaux, les aérodromes, les usines d’armement, les casernements, ni les lignes de front et autres ouvrages militaires et industriels ne sont visés. L’objectif consiste à semer la panique et la terreur sur les populations civiles, pour contraindre les Anglais à se révolter contre leur gouvernement. Mais c’est mal connaître la détermination du peuple britannique qui ne sera jamais aussi solidaire avec ses dirigeants.


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