Les Témoins du Passé – La collégiale de Saint-Bonnet-le-Château
LES TÉMOINS DU PASSE
LA COLLÉGIALE
DE
SAINT-BONNET-LE-CHÂTEAU
CULTE : catholique romain.
TYPE : église paroissiale.
RATTACHEMENT : diocèse de Saint-Étienne.
DÉBUT DE CONSTRUCTION : 13ème siècle.
FIN DE CONSTRUCTION : 17ème siècle.
STYLE : gothique.
PROTECTION : classée sur la liste des Monuments Historiques de 1922.
SITUATION
La collégiale de Saint-Bonnet est une église située à Saint-Bonnet-le-Château, dans le département de la Loire, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
PRÉSENTATION
La collégiale fut construite au 15ème siècle en style gothique flamboyant, sur une ancienne église du 12ème siècle. (Cette dernière avait elle-même été modifiée au 13ème siècle). Elle est bâtie selon le
type basilical (type de plan d’église qui se développe en longueur), et comprend une nef de quatre travées à trois vaisseaux. Pour rattraper la pente du terrain vers l’Est, les bâtisseurs ont construit un soubassement. Ces fondations, installées sous le chœur, contiennent une chapelle dédiée à la Vierge Marie et à Saint Michel. Elle est célèbre pour y abriter de somptueuses peintures murales du 15ème siècle.
HISTORIQUE
Dès 1225, il est mentionné l’existence d’une chapelle. Ce lieu de prières est alors servi par un prêtre attaché à l’église paroissiale de Saint-Nizier-de Fornas. Ce sanctuaire devait probablement être utilisé au château, disparu de nos jours. On situe l’emplacement de la chapelle sur celui de la collégiale. On peut en trouver quelques vestiges dans les chapelles latérales nord.
Entre 1351 et 1361 est créée la paroisse de Saint-Bonnet-le-Chastel. Celle-ci comprend un collège de prêtre sociétaires, dont les règles seront renouvelées en 1520.
Dès 1372, des donations permettent la construction d’une nouvelle église. C’est grâce à un don important d’un drapier de Saint-Bonnet-le-Château, Guillaume Taillefer, établi dans son testament du 18 juin 1399, que le chœur de la nouvelle église peut être poursuivi.
Le 8 mai 1400 a dû être probablement posée la première pierre de l’actuelle collégiale. Une date en témoigne sur une inscription peinte dans la chapelle inférieure.
En 1418, la plus grande partie de l’édifice est terminée. Le financement a été octroyé par Bonnet Grayset, un riche habitant de Saint-Bonnet, mort en 1418. On peut apercevoir sa sépulture dans la chapelle basse.
Cette chapelle basse était utilisée comme lieu de prière par la Comtesse du Forez, Anne Dauphine (1358-1417) ; c’est peut-être pour cette raison que l’oratoire fut décoré de magnifiques fresques murales du 15ème siècle. On a retrouvé dans les archives de Saint-Bonnet le nom du peintre : Louis Vobis. Ce dernier était à l’époque employé par Anne Dauphine.
En 1450, l’armorial de Guillaume de Revel atteste de l’existence de la collégiale à l’intérieur des remparts de la ville de Saint-Bonnet.
En 1468 sont bâtis le porche nord et les trois chapelles sud. Puis les collatéraux sont rallongés des deux côtés des travées du chœur. Enfin, sans doute au 16ème siècle, une sacristie est ajoutée contre le prolongement du collatéral sud.
Par la suite, l’église sera agrandie de deux travées vers l’ouest : les voûtes du collatéral nord et la partie inférieure du portail, puis le voûtement des deux autres vaisseaux et l’achèvement du portail.
La pente du terrain a obligé les bâtisseurs à construire un perron au-dessus de la rue, et deux escaliers pour accéder au portail. C’est pour cette raison que les deux tours sont en retrait par rapport à la façade occidentale.
Au 16ème siècle est construite la chapelle Saint André, entre le porche nord et le portail ouest.
Au milieu du 16ème siècle est érigé la chapelle Sainte-Cécile sur le collatéral sud, et à côté, au 17ème siècle, celle de Saint-François. C’est à cette époque que la chapelle Saint André est terminée.
En 1672, la congrégation de Saint-Eloi, qui rassemblait les serruriers de la cité, réalisa le retable de la 2ème chapelle sud.
Sur une stèle funéraire on peut lire une inscription : « Ici repose Pierre Maisonneuve, capitaine perpétuel de la Confrérie de Saint-Éloi ». Il serait à l’origine de la naissance de la serrurerie à Saint-Bonnet-le-Château.
LA BIBLIOTHÈQUE
En 1716, une bibliothèque est construite, adossée au côté nord de la nef. Elle réunit tous les manuscrits incunables et les éditions que se sont procurés les prêtres depuis le 16ème siècle. Il est précisé dans l’acte de constitution de 1717 que les livres sont aussi la propriété des habitants de la ville, mais qu’ils doivent cependant demeurer dans le local qui vient d’être terminé.
Le premier don fait à la communauté des prêtres sociétaires (ou desserviteurs) remonte à 1379. C’est à cette époque que Mathieu Bolle lui cède son grand bréviaire, à la condition formelle qu’il ne soit ni vendu ni engagé. Depuis, la bibliothèque s’est peu à peu garnie au fil du temps.
En plus du service paroissial, les prêtres sociétaires enseignaient dans les écoles de Saint-Bonnet, réputées dans la région. Pour assurer l’enseignement des élèves, ils devaient posséder de nombreux livres et ouvrages.
On note un legs important de Jean Dubesset (1635-1717), prêtre à Saint-Bonnet de 1707 à 1727. Il commença la construction de la bibliothèque de la Société en rassemblant tous les livres éparpillés.
Vers la même époque, une redevance est instaurée pour permettre son entretien. Cet argent devra être payé par chaque prêtre sociétaire, le jour de son entrée dans la communauté.
Entre 1716 et 1717, on construit une bâtisse, mitoyenne au collatéral nord du chœur de la collégiale. Elle doit y recevoir les collections de livres. Cet édifice abritera entre autres la plus prestigieuse des collections, celle des 36 incunables : des ouvrages imprimés avant 1500 (dont le plus ancien, la Biblila Latina, première bible éditée en France, qui date de 1477). On y trouve aussi les chroniques de Froissard, antérieures à 1558, de nombreux livres pieux, et de nombreuses archives d’avant la Révolution.
A la Révolution, la bibliothèque totalisait plus de 2000 livres. Les événements tragiques de cette époque, ajoutés au manque d’entretien et de gardiennage, lui ont fait subir maintes dégradations. Elle fut utilisée aussi comme sacristie.
En 1857, on commença à sauvegarder les ouvrages qui avaient subsisté et qui pouvaient être sauvés. En 1859, l’on procède à la restauration des étagères. Le catalogue est achevé en 1916. De nos jours, elle conserve plusieurs incunables et contient 2250 volumes. Tous les ouvrages portent la marque d’appartenance manuscrite « Ex libris ecclesiae sambonitensis ».
EXTÉRIEURS
FAÇADES EXTÉRIEURES & CONTREFORTS
PORCHE DE LA CHAPELLE BASSE
Le porche sud, qui permet l’accès à la chapelle basse, est bien conservé. Il comprend deux accolades flanquées de pinacles.
ROSACE EXTÉRIEURE
TOURS ET CLOCHER
Les deux tours de part et d’autre de la façade d’origine ne sont pas identiques et affichent quelques différences. La tour nord, qui est plus élevée que la tour sud, est renforcée par des contreforts sur toute sa hauteur et affiche des ouvertures (baies) sur un seul étage.
La tour sud, elle, dispose de fenêtres (baies) sur deux étages, et ses contreforts sont moins hauts. Chaque tour était à l’origine coiffée d’une flèche ; de nos jours une seule est encore dressée, celle de la tour sud. Cependant, un élément de construction reste commun aux deux donjons : c’est un escalier qui permet d’accéder jusqu’à la coursière à l’assise de la flèche, les deux bases culminant à la même altitude.
Tour sud
A l’intérieur de la tour sud, on distingue un rez-de-chaussée voûté qui correspond à la première travée du collatéral. A l’étage se trouve un premier palier, couvert par un plancher. Les deux suivants, définis par les deux niveaux de baies, délimitent l’espace occupé par un grand beffroi qui supportait onze cloches avant la Révolution Française.
Tour nord
Son rez-de-chaussée, comme pour la tour sud, correspond à la première travée du collatéral. Toutefois, une différence remarquable est visible dans la voûte : alors qu’ici on distingue une croisée d’ogives simple, sur celle du sud on a construit un oculus pour le passage des cloches.
Un Comble de voûte est l’espace d’une construction situé sous la toiture et le dernier plancher.
Le 2ème étage est chapeauté par un berceau en arc segmentaire et dispose d’une cheminée d’angle. L’étage du dessus débouche sur la terrasse qui relie les deux tours. Enfin, le niveau du dessus renferme les deux grosses cloches de la collégiale.
LE CHŒUR
LE PORTAIL D’ENTRÉE & LES SCULPTURES
COLONNADES & SCULPTURES
La façade ouest date du 16ème siècle. Elle comprend un portail muni d’un trumeau, et surmonté d’une rosace entourée de part et d’autre de deux piliers, qui sont utilisés comme des contreforts. Il est encadré de chaque côté par quatre niches vides surplombées d’un dais.
INTÉRIEUR
ABSIDE ET AUTEL
Le maître autel en marbre date de 1815.
NEF
VOÛTE DE LA NEF
STALLES
CHAIRE
COLLATÉRAUX
CHAPELLES DU COLLATÉRAL DROIT
CHAPELLES DU COLLATÉRAL GAUCHE
FRESQUES DE LA CHAPELLE BASSE
La crypte, ou chapelle basse, nommée « l’oratoire de la duchesse Anne-Dauphine », Dame de Saint-Bonnet, est consacrée à la Vierge et à Saint-Michel. Elle est décorée de sept fresques
représentant des scènes telles que « l’Annonce faite aux bergers », « l’Enfer », « le Couronnement de la Vierge », « la Mise au tombeau », « la Crucifixion », « l’Apparition de Jésus à Magdeleine », « l’Annonciation », « la Nativité », « l’Adoration des Mages », « les Quatre Évangélistes ». Sur le plafond de la voûte on peut admirer « l’assomption » et les « Anges musiciens », ainsi que les bannières de l’ordre de la « ceinture d’espérance » (devise du duc Louis II de Bourbon en 1370). On ne sait à quand remontent précisément les peintures de la chapelle basse. Elles furent probablement exécutées par des peintres italiens entre 1400 et 1420. L’œuvre a été restaurée en 1878 par Lucien Bégule (1848-1935), et par les Beaux-Arts en 1959.
CHEMIN DE CROIX
CLEFS DE VOÛTE DÉCORÉES
CAVEAU DES MOMIES
L’église de Saint-Bonnet-le-Château, autrefois lieu de sépulture pour les prêtres et les notables bienfaiteurs, abrite une vingtaine de caveaux.
En 1837, lors de réparations, une macabre découverte fut mise à jour. Dans le caveau de la dernière chapelle de droite furent trouvées une quarantaine de momies. Ces dépouilles sont en fait des squelettes parfaitement conservés, grâce à la composition chimique du sol qui contient de l’alun et de l’arsenic. On ne sait absolument rien quant à la provenance ou à l’identité de ces sépultures, ni pourquoi elles étaient là, ni même depuis quand elles séjournaient dans le sol de la chapelle.
La légende rapporte que ces gens furent victimes des guerres de religion et du terrible baron des Adrets. Ces malheureuses personnes auraient été enfermées vivantes dans la crypte en août 1562, alors que le baron des Adrets s’était emparé de Montbrison, et qu’un de ses chefs huguenots, le lieutenant Blacon, se rendait maître de Saint-Bonnet. Malgré la résistance des habitants, il saccagea la cité et sa collégiale, en détruit les archives, pilla, brûla et massacra la population.
Des recherches approfondies au carbone 14 ont révélé que ces momies dataient des 15ème, 16ème, et 17ème siècles. Il s’agirait en fait du caveau d’une famille de notables de la région.
MOBILIER & STATUES
DALLAGE & PLAQUES FUNÉRAIRES
VITRAUX & ROSACE
Les vitraux ont été détruits pendant la Révolution. Ils seront remplacés en 1885.
PANORAMA