Les Témoins du passé – Le château de Bouthéon
LES TÉMOINS DU PASSÉ
LE CHÂTEAU
DE BOUTHEON
Andrézieux-Bouthéon,
Loire
TYPE : Château.
PÉRIODE OU STYLE : Gothique, Renaissance, Néogothique.
DÉBUT DE LA CONSTRUCTION : 13ème siècle.
FIN DES TRAVAUX : 19ème siècle.
PROPRIÉTAIRE ACTUEL : ville d’Andrézieux-Bouthéon.
PRÉSENTATION
Ce magnifique monument, un des principaux sites du département de la Loire, surplombe la plaine du Forez. Sa majestueuse stature s’élève sur un promontoire situé sur la commune d’Andrézieux-Bouthéon, au seuil du Forez. A l’origine place forte médiévale, il se transforme en château de plaisance, puis en résidence Renaissance, en habitation bourgeoise, pour enfin devenir de nos jours un ensemble culturel et touristique. Bouthéon figure parmi l’un des premiers prestigieux châteaux à se dresser sur le parcours du grand fleuve de la Loire.
Bouthéon a été la propriété d’illustres personnages de l’Histoire. Au cours des siècles, il a successivement appartenu à des familles telles que les La Fayette, les Bourbons, et les Gadagne. Depuis 1995, le monument est la propriété de la ville d’Andrézieux-Bouthéon. La commune l’a restauré, l’a embelli et y a créé un site culturel et touristique. On peut y admirer un musée, un aquarium, un parc animalier et botanique. En outre, des salles pour séminaires d’entreprises y ont été aménagées. En 2015, Bouthéon est devenu la 2ème curiosité touristique du département de la Loire ; il est aussi le 4ème château de la région.
HISTORIQUE
AU MOYEN ÂGE
Il faut remonter au 13ème siècle pour découvrir les premiers signes de l’existence du château de Bouthéon. A cette époque, il était la propriété des Comtes du Forez, et l’ensemble ne se bornait pas seulement à la construction d’un unique donjon. Cette forteresse servait de lieu d’observation et de surveillance du fleuve Loire, de la plaine et des monts du Forez, des monts du Lyonnais et enfin du Pilat.
On sait que l’édifice, entre le 13ème et le 15ème siècle, a appartenu à différents propriétaires, tels que les Comtes du Forez.
– En 1322, Gaudemar de Reveux et ses héritiers, seigneurs du Fay, seront les maîtres des lieux.
– En 1386, il devient la possession de Robert de Chalus, puis en 1420 celle de Louis de Joyeuse. Durant cette période l’architecture de la bâtisse va se transformer, et fortement évoluer. Le donjon sera agrandi. Cette mutation va donner naissance à un bâtiment qui correspond à peu près à la partie de l’aile sud, c’est-à-dire l’endroit où se trouvent aujourd’hui l’accueil et le Centre d’interprétation du Forez.
– Le 15 janvier 1423, c’est au château de Bouthéon que le maréchal Gilbert III Motier de La Fayette (1380-1464), compagnon de Jeanne d’Arc, épouse Jeanne de Joyeuse qui apporte, avec ce mariage, le château en guise de dot.
L’héritage sera disputé entre les descendants. Le second fils du couple, Antoine (1426-1480), est désigné légalement « seigneur de Bouthéon », mais le titre sera aussi revendiqué par son cousin, le vicomte Tanneguy de Joyeuse (1420-1480).
La discorde ne sera résolue que vers 1479-1480. Le fils cadet de Tanneguy, Louis de Joyeuse, aura gain de cause et pourra transmettre les terres de Bouthéon à son fils François et à sa petite-fille Jeanne de Joyeuse.
– En 1462, Jean II, Duc de Bourbon (1426-1488) et Comte du Forez, acquiert le château et y installe une de ses conquêtes féminines, Marguerite de Bruant. Cette dernière lui donnera un fils : Mathieu de Bourbon (1462-1505).
– En 1486, Jean II, Duc de Bourbon, donne le château à son fils naturel, Mathieu de Bourbon, dénommé le « Grand Bâtard ». Ce dernier en sera le propriétaire de 1486 jusqu’à sa mort, en 1505. En raison de l’évolution des exigences et du standing de l’époque, il décide d’y apporter quelques aménagements. En effet, l’édifice ne correspondant plus aux nécessités de son temps, Mathieu fait rajouter ses appartements privés dans l’aile nord actuelle, ainsi que son décor à l’effigie des Ducs de Bourbon, de la reine Anne de Bretagne et des rois Charles VIII et Louis XII. En outre, il aurait embelli la cour en y rajoutant une galerie à l’Est (qui n’existe plus de nos jours), ce qui permettait de relier les deux édifices. Enfin, une autre bâtisse est érigée à l’Ouest. Avec toutes les modifications de Mathieu de Bourbon, le château de Bouthéon transforme l’ancienne forteresse en une demeure de la Première Renaissance.
ÉPOQUE RENAISSANCE
– En 1505, à la mort de Mathieu, célibataire et sans descendance, le château échoit à sa cousine, la duchesse Suzanne de Bourbon.
– En 1519, Suzanne de Bourbon revend son bien à Jean II de Saint Chamond.
– Son fils et héritier, Claude de Saint Chamond, épouse Jeanne de Joyeuse, l’héritière des terres de Bouthéon (Bothéon à l’époque).
Le connétable Charles III de Bourbon. Antoine de Chabannes, évêque du Puy. Jacques Hurault de Cheverny, évêque d’Autun. Hector d’Angeray, seigneur de Saint Bonnet. Jean de Poitiers, seigneur de Saint Vallier (le père de Diane de Poitiers).
– En 1561, le sénéchal de Lyon, Guillaume de Gadagne (1531-1601), achète le château de Bouthéon à Gaspard de Montmorin-Saint-Hérem. Celui-ci est le fils né d’un second mariage de Jeanne de Joyeuse avec François de Montmorin-Saint-Hérem.
Le château devient donc la résidence principale de Guillaume de Gadagne. En compagnie de son épouse, Jeanne de Sugny, il y reçoit des artistes et des hommes de lettres. Il poursuit l’œuvre de Mathieu de Bourbon en construisant, notamment, une véritable cour d’honneur. Pour cela, il détruit la galerie à l’Est, fait ériger un portique d’entrée et un puits majestueux. Enfin, il fait réaliser une façade d’architecture italienne, afin de dissimuler le château médiéval.
– Le 19 mai 1704, le Marquis Gabriel-Alphonse de Sassenage se marie au château de Bouthéon avec Catherine Ferdinande d’Hostun de La Baume, fille du maréchal Camille d’Hostunduc d’Hostunet, comte de Tallard.
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Le château restera dans la famille Gadagne d’Hostun jusqu’à la fin du 18ème siècle. A cette époque, le comte de Pons, héritier des Gadagne d’Hostun, vend le patrimoine de Bouthéon à un rubanier de Lyon, Claude Antoine Praire de Neysieux. Ce dernier sera fusillé en 1793, lors du siège de Lyon. Par la suite, en 1803, le château est revendu à Grailhe, futur baron de Montaima. Les dépendances et terres du domaine seront alors éparpillées et partagées entre différents acheteurs.
– A la fin du 19ème siècle, en 1878, Claude Coignet, riche rubanier stéphanois (Maison Gerentet & Coignet), rachète le château. On lui doit l’aménagement des toitures néogothiques, l’édification de la chapelle dans la tour nord-est, et l’agencement du petit salon. En outre, l’aile Nord reçoit un escalier d’honneur, de la mosaïque sur le sol, mais aussi des boiseries et des poutres finement décorées.
– Durant la 1ère Guerre Mondiale, du 1er septembre 1914 au 31 décembre 1915, le château se transforme en hôpital bénévole (HB 27 bis). Suivant la volonté de François Calemard, le petit-fils de Claude Coignet, 32 lits sont installés pour recevoir et soigner des blessés convalescents.
– En 1938, la famille Coignet Calemard Allimant revend le domaine aux Hospices civils de Saint-Etienne. La ville souhaite le transformer en hôpital psychiatrique. Mais la Seconde Guerre mondiale va changer ce projet puisque, dès 1940, le château recueillera des réfugiés lorrains.
– En 1961, le château est acheté par M. Paul Grousset, un industriel de Saint-Just-sur-Loire.
– En 1995, la Commune d’Andrézieux-Bouthéon devient propriétaire du Château de Bouthéon et procède à sa restauration, pour enfin le destiner aux visiteurs dès les années 2006-2007.
Un public varié peut dès lors apprécier un bijou d’architecture rénové avec soin. Divers thèmes sont exposés, tels que le Forez, le fleuve Loire, la faune et la flore.
Parcourant les siècles, l’Histoire du château s’inscrit dans la volonté de ses propriétaires consécutifs d’embellir ce bijou d’architecture. Ils l’ont façonné suivant leurs aspirations, suivant la mode du temps, et selon leurs besoins. Désormais, tout un chacun peut se rendre compte de la longue mutation de la bâtisse qui s’offre à notre regard avisé…
VISITE DU CHÂTEAU
LA BÂTISSE
Le château est constitué de deux grands corps de bâtiments parallèles, disposés de part et d’autre d’une grande cour d’honneur.
– La bâtisse nord se présente tout en longueur et se termine par deux hautes tours.
– L’édifice sud est se termine d’un côté par une serre et de l’autre par la tour d’accueil.
LA GALERIE DES PORTRAITS
Dans une des salles du château, on découvre une maquette réduite du château et les portraits de Mathieu de Bourbon, Guillaume de Gadagne et Claude Coignet… Ces portraits sont en fait des vidéos et par conversation interposée, les personnages s’animent et offrent aux visiteurs une petite leçon d’histoire et d’architecture…
LE BELVÉDÈRE & LE PARC
Du haut des 17 mètres de la Tour Nord-Ouest du Château de Bouthéon, on peut admirer le Forez sur 360 ° !
LA CHAPELLE
Elle date du 19ème siècle. Lorsqu’en 1879, Claude Coignet se rend acquéreur du château, la tour nord-est, qui remonte au 15ème siècle, est presque en totalité détruite. Il décide alors de la rebâtir. Une nouvelle construction de style néo-gothique voit le jour : c’est une chapelle. Coignet y fait ériger sa tribune personnelle. (A l’origine, l’ancienne chapelle se situait dans la tour sud-ouest, à l’endroit de l’actuelle serre.)
LA SALLE AUX IMAGES
Le Centre d’interprétation du Forez explique aux visiteurs le patrimoine local de la culture forézienne.
LES MÉTIERS
Dans la cour basse du château (côté sud), la visite se poursuit avec des représentations de métiers (sellerie, forge, abris pour chariot, calèche, batteuse, alambic). On y découvre aussi des espaces techniques (box de rangement, local chaufferie, etc…).
LES CAVES DE L’HISTOIRE
C’est un endroit à la fois étonnant et fascinant. Une foule d’outils hétéroclites, vestiges d’un passé si présent, s’offre à notre regard interrogateur. Ces « Caves » donnent une seconde vie à tous les objets qui représentent un symbole du savoir-faire typique des anciens et du Forez. Dès l’entrée du souterrain, le visiteur est invité à découvrir la multitude de machines et d’outils entassés dans ces « Caves ».
LA PASSEMENTERIE
Installée au 15ème siècle, la rubanerie était florissante dans la région. Au 19ème siècle, elle prend forme autour du précepte de la « Fabrique ». C’est alors une époque prospère, durant laquelle les riches rubaniers créent les rubans qui sont tissés ensuite par les passementiers. La demande en rubans est sans cesse croissante, prenant de l’ampleur au gré des caprices de la mode. C’est à Saint-Etienne que se concentre tout le corps de la profession. La ville devient alors la capitale du ruban. Mais la cité forézienne, attachée aux métiers à tisser Jacquard, connaîtra en alternance des périodes de prospérité et de sérieuses crises dans la profession. Afin d’y remédier, certains abandonneront le ruban pour se diriger dans la confection des « tresses et lacets ».
LA SALLE DES MAQUETTES
LA CUISINE
La visite de la cuisine est originale : en effet, une vidéo projette sur un mur le visage d’une femme qui, d’un ton directif, demande au visiteur de lui prêter main forte pour élaborer trois recettes typiquement foréziennes : le patia, le pissou et la râpée.
L’AQUARIUM
C’est un véritable musée dédié au fleuve Loire, où l’on peut découvrir les espèces de poissons vivant dans son cours. Tous évoluent dans des aquariums et des décors représentant leur milieu naturel. Au fur et à mesure du parcours, d’un bassin à l’autre, une authentique mise en scène met en valeur tous les écosystèmes du fleuve : poissons vivants, reproductions d’oiseaux et de mammifères. La Loire, elle-même, raconte son histoire sur un périple d’un millier de kilomètres.
LA TERRASSE DU DONJON, LES JARDINS ET LE PARC
Le Parc animalier et botanique du Château de Bouthéon s’étend sur 12 hectares, offrant ainsi un espace de détente et de balades en plein cœur du verdoyant département de la Loire. On y trouve près de 40 espèces de races domestiques : chevaux de trait auxois, chèvres Angora, moutons Noir-du-Velay, poules cou-nu du forez, dindes et ânes du Bourbonnais… Une faune et une flore surprenantes par leur variété et leur richesse. Sur votre chemin vous y trouverez les jardins à la française, le potager, la roseraie, les plantes aromatiques et médicinales, l’arboretum, les étangs, la ferme forézienne… C’est probablement l’un des plus beaux jardins botaniques de la Loire qui s’offre à vos yeux !