Qui était André Masséna (6 mai 1758- 4 avril 1817)
André Masséna
(6 mai 1758- 4 avril 1817)
« L’Enfant chéri de la victoire. »
Napoléon Bonaparte
Duc de Rivoli, Prince d’Essling
« Il était décidé, brave, intrépide, plein d’ambition et d’amour-propre, son caractère distinctif était l’opiniâtreté. Il n’était jamais découragé. Il négligeait la discipline, soignait mal l’administration et, pour cette raison, était peu aimé du soldat. Il faisait assez mal les dispositions d’une attaque. Sa conversation était peu intéressante ; mais au premier coup de canon, au milieu des boulets et des dangers, sa pensée acquérait de la force et de la clarté. » Citation de Napoléon Bonaparte à Saint-Hélène.
Sous l’ancien régime
Naissance et jeunesse
Le jeune Masséna naît à Nice le 6 mai 1758. A cette époque, le comté de Nice est assujetti au Royaume de Sardaigne dont il fait partie intégrante. Né d’un père commerçant, Masséna est très tôt orphelin. Après s’être enrôlé comme mousse dans la marine marchande, il s’engage dès 1775 dans le régiment Royal-Italien cantonné à Toulon ; il a alors 17 ans. Il y restera 14 années sous la houlette de son oncle qui se chargera de son apprentissage. En 1784, à l’âge de 26 ans, il devient adjudant. Un grade d’autant plus prestigieux qu’à l’époque, il faut bien le préciser, pratiquement inaccessible à un roturier.
Dès les premières semaines de la Révolution française, le 3 août 1789, le jeune André est congédié de son régiment. Il part alors s’installer à Antibes où il se marie. Il va y vivre en usant de procédés et d’expédients peu recommandables, comme par exemple la contrebande (d’aucuns parlent même de piraterie).
Révolution française
En 1792 Masséna participe à la première campagne du Piémont. Nommé colonel dans les forces républicaines déployées en Italie, le 29 septembre il entre dans Nice, à la tête des troupes françaises d’occupation du comté de Nice. Il va rapidement faire parler de lui par ses abus et la répression qu’il appliquera contre le mouvement contre-révolutionnaire.
La même année, le 22 août 1793, Masséna est nommé général de brigade, puis le 20 décembre général de division (grade obtenu pour ses actes et sa bravoure au siège de Toulon).
Le 2 mars 1796 (12 ventôse An IV), Napoléon Bonaparte est nommé général en chef de l’Armée d’Italie.
Sous le Directoire
Détaché à l’armée d’Italie, Masséna se fait remarquer en remportant la bataille de Saorgio en avril 1794.
Le 22 novembre 1795, à la bataille de Loano, il commande l’aile droite de l’armée d’Italie. Il se distingue lors du combat et participe activement à la victoire ; ce qui ouvrira à l’armée française les portes de la péninsule.
Campagne d’Italie (1796-1797)
André Masséna n’a toujours pas accepté d’être sous le commandement d’un cadet de promotion (un général plus jeune que lui de onze ans). Cette déception va le stimuler. Pour prouver sa valeur, en avant-garde de l’armée, il va exécuter et accumuler une série de victoires à la tête de ses grenadiers :
– Le 12 avril 1796, il participe à la bataille de Montenotte. (Cet événement marque la première victoire du général Bonaparte pendant la Campagne d’Italie).
– Les 14 et 15 avril 1796, il est victorieux contre les austro-sardes à la batailler de Dego.
– Le 10 mai 1796, Masséna se rue à la tête de sa division, force, traverse et enfonce les défenses autrichiennes sur le pont de Lodi.
– Le 14 mai, il sera le premier à entrer dans Milan, et à Vérone le 3 juin.
– Le 3 août il bat les Autrichiens à Lonato.
– Les 15 et 17 novembre, Masséna est encore décisif à Arcole.
– Le 14 janvier 1797, à Rivoli. Après avoir parcouru 170 kms en deux jours, Masséna arrive à point nommé sur le champ de bataille. Il retourne en sa faveur une situation qui paraissait compromise pour les soldats du corps de Barthélémy-Catherine Joubert, et remporte une victoire décisive. Napoléon le surnommera à cette occasion « l’enfant chéri de la victoire ». D’aucuns transformeront ces paroles en un sobriquet moins avantageux, en le baptisant « l’enfant pourri de la victoire ». Ces derniers faisaient référence aux multiples exactions d’André Masséna concernant les pillages et autres prises systématiques de butin sur les populations lors de la campagne, notamment les saisies effectuées dans les monts-de-piété.
Masséna contribue ensuite à la marche sur Vienne. Cet événement est jalonné par de nombreuses mises à sac des territoires conquis. Ce qui lui vaut le surnom de pillard, une réputation qu’il gardera pour toujours.
Nonobstant, il est nommé par le Directoire, en remplacement du général Louis-Alexandre Berthier, commandant des troupes d’occupation des Etats Pontificaux. La troupe est mécontente, elle n’est plus payée. Une insurrection de soldats contestataires se forme, et Masséna se voit contraint de la réprimer violemment. Une fronde s’élève parmi les officiers qui ne le reconnaissent plus comme leur chef. Cette hostilité va le forcer à abandonner son poste au bout de trois jours et quitter Rome. Il se retrouve sans affectation, et lance des appels à Napoléon qui n’y prête pas attention.
Deuxième coalition
Alors que Napoléon a entrepris la Campagne d’Egypte et emmené avec lui les meilleurs généraux, en Europe la guerre reprend ; la deuxième coalition s’apprête à envahir la France. En février 1798, le Directoire se tourne alors vers André Masséna et lui confie l’armée d’Italie, puis en février 1799, le commandement de l’armée d’Helvétie. A la tête des forces françaises, au total 30 000 hommes, il doit repousser un ennemi autrichien trois fois plus nombreux. Le 4 juin 1799, son armée est d’abord repoussée lors de la première bataille de Zurich. Après avoir été nommé à la tête de l’armée du Danube, Masséna est victorieux à la seconde bataille de Zurich (du 25 au 26 septembre 1799).
La prise de la ville de Zurich, quartier-général d’Alexandre Mikhaïlovitch Rimski-Korsakov, contraint ce dernier à l’abandon d’un important stock de vivres et de matériel. La dispersion de son armée se transforme en une retraite catastrophique. La coalition est rompue, et André Masséna se pose en sauveur de la patrie ; il est glorifié et célébré partout en France.
Sous le consulat
Seconde Campagne d’Italie (1799-1800)
Bonaparte, alors devenu Premier Consul, donne à Masséna le commandement d’une armée d’Italie affaiblie. Assiégé pendant trois mois dans Gênes, où ses troupes sont décimées par la famine et les épidémies, il doit capituler le 15 prairial an VIII (4 juin 1800). Mais sa résistance a permis d’immobiliser une partie des forces autrichiennes du feld-maréchal Michael Friedrich Benedikt von Melas, et à Napoléon de gagner un temps précieux pour la bataille de Marengo qui se déroulera dix jours plus tard. André Masséna contribuera sans nul doute à la victoire. Mais s’étant encore rendu coupable d’exactions et de pillages, Napoléon lui retirera son commandement.
La classe parlementaire ne le juge pas avec la même rigueur, et c’est ainsi qu’il est nommé député au Corps législatif en juillet 1803, où il votera contre le consulat à vie.
Sous l’Empire
Masséna élevé au maréchalat
En 1804, par décret impérial, Masséna fait partie de la première promotion de maréchaux et reçoit le bâton de maréchal d’Empire (18 mai 1804).
Liste des quatorze généraux élevés à la dignité de maréchaux d’Empire.
Sont nommés, par décret impérial, les généraux dont les noms suivent :
Louis-Alexandre Berthier (20 novembre 1753 – 1er juin 1815).
Joachim Murat (25 mars 1767 – 13 octobre 1815).
Bon-Adrien Jeannot de Moncey (31 juillet 1754 – 20 avril 1852).
Jean-Baptiste, comte Jourdan (29 avril 1762 – 23 novembre 1833)
André Masséna (6 mai 1758 – 4 avril 1817).
Charles Pierre François Augereau (21 octobre 1757 – 12 juin 1816).
Jean-Baptiste Bernadotte (26 janvier 1763 – 8 mars 1844).
Jean-de-Dieu Soult (29 mars 1769 – 26 novembre 1851).
Guillaume Marie-Anne Brune (13 mars 1763 – 2 août 1815).
Jean Lannes (10 avril 1769 – 31 mai 1809).
Édouard Mortier (13 février 1768 – 28 juillet 1835).
Michel Ney (10 janvier 1769 – 7 décembre 1815).
Louis Nicolas Davout (10 mai 1770 – 1er juin 1823).
Jean-Baptiste Bessières (6 août 1768 – 1er mai 1813).
Liste des quatre sénateurs élevés à la dignité de maréchaux d’Empire
Pour avoir assumé des commandements en chef, sont nommés par décret impérial les sénateurs :
François Étienne Christophe Kellermann (28 mai 1735 – 13 septembre 1820).
François Joseph Lefebvre (25 octobre 1755 – 14 septembre 1820).
Catherine-Dominique, marquis de Pérignon (31 mai 1754 – 25 décembre 1818).
Jean Mathieu Philibert Sérurier (8 décembre 1742 – 21 décembre 1819).
Fait à Saint-Cloud le 29 floréal an XII.
Distinctions et faits d’armes
Troisième coalition
Le 2 février 1805, André Masséna est fait Grand aigle de la Légion d’Honneur (13 pluviôse an XIII), puis il est de nouveau rappelé à la tête de l’armée d’Italie.
Quatrième coalition
– En 1806, Masséna conquiert le Royaume de Naples, et pacifie les régions de la Calabre et de la Basilicate. Il s’empare de Vérone et place Joseph Bonaparte sur le trône de Naples. Mais il est rattrapé par ses vieux démons et se voit démis de son commandement, une fois de plus pour malversations et pillages.
– En 1807, lors de la Campagne de Pologne, Masséna commande l’aile droite de la Grande Armée.
– Le 24 avril 1808, il obtient le titre de duc de Rivoli et de l’Empire, distinction spécialement créée pour lui par Napoléon Bonaparte.
Aspern-Essling
Un an plus tard, les 21 et 22 mai 1809, lors de la Campagne d’Allemagne, Masséna se couvre de gloire à la bataille d’Aspern-Essling. Après une chute de cheval, sa monture ayant trébuché dans un terrier de lapin, il se voit contraint de diriger le combat depuis une calèche. C’est à ce moment-là qu’il se distingue par un acte héroïque : alors qu’il est chargé par un hussard, il l’abat d’un coup de pistolet à la tête.
A la mi-journée, l’archiduc Charles, à la tête d’une armée de forte de 90 000 hommes, exécute son plan d’attaque. Trois colonnes, sous les ordres de Johann von Hiller, Heinrich-Johann de Bellegarde et Friedrich Franz Xaver von Hohenzollern-Hechingen, s’élancent à assaut du village d’Aspern. Les 130 canons de leur artillerie écrasent les positions françaises de la division du général Gabriel Jean Joseph Molitor. Cette dernière, commandée par André Masséna, contient les assauts de l’ennemi et résiste. Lorsque la nuit tombe, les Autrichiens ne sont pas arrivés à s’emparer de la totalité du village ; celui-ci est toujours tenu par les troupes de Masséna.
Des combats acharnés, sous le bombardement de l’artillerie autrichienne, vont se poursuivre jusqu’à la tête de pont de la rive gauche. Sous la férule d’André Masséna la retraite s’effectue en bon ordre. Lorsque la nuit tombe, la plupart des blessés transportables, les chevaux puis le matériel ont refranchi le fleuve et se trouvent à l’abri sur l’île de Lobau. Vers les cinq heures du matin, Masséna est un des derniers à traverser.
Grâce à sa maîtrise, Masséna parviendra, ce jour-là, à préserver le petit pont encore intact sur la rive gauche du Danube. Cet élément essentiel du dispositif tactique permettra aux troupes françaises isolées, d’être sauvées de l’anéantissement, et de se réfugier sur l’île de Lobau.
Wagram
Lors de la bataille de Wagram (les 5 et 6 juillet 1809), le 4ème corps est commandé par le maréchal d’Empire André Masséna et se positionne à gauche du dispositif, devant les villages d’Aspern et Essling.
Masséna, qui a reçu des renforts, se lance à l’attaque. Il va se trouver en position critique et être confronté seul à la poussée de l’assaut autrichien. Blessé, c’est dans une berline qu’il va parcourir les rangs de ses troupes, où il montrera un étonnant courage et un énorme sang-froid.
Le 31 janvier 1810, il recevra pour ces actes de bravoure le titre de prince d’Essling, assorti d’une dotation de biens fonciers, d’une rente d’un montant de 500 000 francs, et de la donation du château de Thouars (Deux-Sèvres).
Guerre d’Espagne
En 1810, sur le front de la guerre d’Espagne, c’est le statu quo. Napoléon décide d’envoyer André Masséna au Portugal, afin de débloquer la situation militaire qui semble figée face aux alliés Anglais et Portugais. C’est à Salamanque que Masséna prend le commandement de l’armée française. Il a pour mission de reconquérir ce pays vers la fin mai 1810. Cette nation subit ainsi sa troisième invasion, après les revers de Jean-Andoche Junot en 1808 et de Jean-de-Dieu Soult en 1809.
Sur place, Masséna va rencontrer, de la part de ses subordonnés, mésentente et refus d’obtempérer. Michel Ney et Jean-Andoche Junot n’apprécient pas du tout d’être placés sous les ordres du tout récent prince d’Essling. En outre, il se voit confronté à la passivité de l’ambitieux Jean-de-Dieu Soult (qui à un certain moment a rêvé de se faire proclamer roi du Portugal).
– Le 10 juillet 1810, Masséna se rend maître de la forteresse de Ciudad Rodrigo après un siège de deux mois et demi.
– Le 27 septembre 1810, à la bataille de Buçaco, André Masséna contraint les anglo-portugais à se retrancher sur les positions de *Torres Vedras.
Par manque de soutien (Soult ne lui a pas donné les renforts escomptés), il doit renoncer à franchir les lignes de Torres Vedras (octobre 1810).
– Le 5 mars 1811, la bataille de Barrosa ou bataille de Chiclana, près de Cadix, se solde par un engagement mineur d’arrière-garde à l’avantage des anglo-espagnols. Forcé de reculer, avec le Duc de Wellesley sur ses talons, en mars 1811, Masséna repasse la frontière espagnole.
– Du 3 au 5 mai 1811, à la bataille indécise de Fuentes de Oñoro, Masséna affronte les forces alliées du Royaume-Uni, du Royaume d’Espagne et celles du Royaume du Portugal réunies.
Il sera relevé de son commandement et remplacé par Auguste de Marmont. Napoléon, très insatisfait, ne lui donnera pas de commandement durant la Campagne de Russie (1812), ni pendant la campagne d’Allemagne ou campagne de Saxe (1813).
– Après la défaite française de Leipzig, et par décision de l’Empereur, Masséna est envoyé et confiné à la tête de la garnison de Marseille. Poste qu’il conservera jusqu’en mars 1814.
– Lors de la Première Restauration, Masséna sera maintenu dans cette fonction par Louis XVIII, qui le fera commandeur de Saint-Louis.
– Pendant les Cent-Jours, il rejoindra l’Empereur sans engouement. En reconnaissance de ce ralliement, Napoléon le fera Pair de France (mai 1815). Masséna restera malgré tout fidèle à Louis XVIII, et ne prendra aucun commandement pendant les Cent-Jours. Il se bornera à maintenir l’ordre et le calme dans sa garnison de Marseille durant cette période troublée.
– Après Waterloo (18 juin 1815), pendant la Seconde Restauration, Joseph Fouché, devenu président du Conseil provisoire, lui offre le commandement de la Garde Nationale.
– Masséna refusera de participer au conseil de guerre appelé à juger le maréchal Michel Ney.
– Le 20 mars 1815, il est dénoncé, coupable de félonie. Accusation qu’il réfutera et dont il se disculpera.
Atteint de tuberculose, il décède dans son hôtel parisien de la rue de Bourgogne, le 4 avril 1817, à l’âge de 58 ans.
Il repose au cimetière du Père Lachaise, division 28.
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[…] cours de nombreuses campagnes. Il sera l’un des seuls maréchaux de Napoléon, avec Jean Lannes, André Masséna, Louis Nicolas Davout et Louis-Gabriel Suchet, à pouvoir conduire une armée sans l’aide de […]
[…] […]
[…] de l’armée de la République française sous les ordres de Napoléon Bonaparte et d’André Masséna, face aux troupes du Saint Empire commandées par le général Dagobert Sigmund von Wurmser. Jean […]