L’abbaye Sainte-Marie de Villelongue
LES TÉMOINS DU PASSÉ
L’ABBAYE SAINTE-MARIE
DE VILLELONGUE
ORIGINE RELIGIEUSE :
1 – Ordre de Saint-Benoît.
2 – Ordre Cistercien depuis 1145.
CONGRÉGATION : Ordre Cistercien.
Vers le 12ème siècle, l’ordre monastique clunisien est à son apogée, et se manifeste ostensiblement par sa puissance, sa gloire, et sa richesse. Un moine, du nom de Robert de Molesme, décide alors de revenir à la règle stricte de Saint Benoît, écrite en 534. Celle-là même qui prône l’humilité, l’obéissance, la pauvreté, et le juste équilibre entre le travail et la prière. En 1098, Robert de Molesme fonde le monastère de Cîteaux, près de Dijon, qui donnera son nom au nouvel ordre (Cistercien). A partir de 1109, Étienne Harding codifie la règle cistercienne.
CULTE : catholique.
TYPE : Abbaye.
ABBAYE MÈRE : Bonnefont.
VOCABLE : Sainte-Marie.
STYLE : roman, gothique méridional.
ÉTAT DE CONSERVATION : vestiges.
RATTACHEMENT : Diocèse de Carcassonne.
DÉBUT DE CONSTRUCTION : XIIème siècle.
FIN DE CONSTRUCTION : XIVème siècle.
FONDATION : 1180.
PROTECTION DU SITE : Classé Monuments Historiques le 14/08/1916.
PROPRIETAIRE : Propriété privée.
SITUATION :
Commune : Saint-Martin-le-Vieil.
Département : Aude.
Région : Occitanie.
LOCALISATION
Saint-Martin-le-Vieil est une commune française située dans le département de l’Aude, en région Occitanie. Ses habitants sont appelés les Saint-Martinois.
HISTORIQUE
Sainte-Marie de Villelongue a été fondée en 1149. Douze moines cisterciens, venus du monastère de Bonnefont en Comminges (Haute-Garonne), s’installent au lieu-dit « Compagnes », au Nord de Saissac, à Sainte-Marie de Compagne. Mais dans ce lieu, les conditions de vie sont dures.
Les novices de toutes nationalités affluent à Cîteaux, qui doit créer des filiales. Les Allemands sont nombreux à Morimond (Haute-Marne) dont le premier abbé, Arnold, est originaire de Cologne.
Le 16 mai 1149, trois donations sont faites à Guillaume de Compania par le seigneur de Saissac et des seigneurs voisins, de tous les biens qu’ils possèdent sur le site de Compania. Deux nouvelles donations de dîmes et de terres seront faites les jours suivants.
Vers 1150, Guillaume de Compania est remplacé. Arnaud, prieur de Bonnefont, est envoyé par l’abbaye de Bonnefont, et se voit nommé prieur de Compania.
En 1151, le prieuré est érigé en abbaye et Arnaud Ier devient le premier abbé.
En 1152, il reçoit de Bernard de Castillon et de son fils, des terres entre Saint-Martin-le-Vieil et Montolieu, la métairie Saint-Jean de Villelongue, dans la basse vallée de la Bernassonne. Ce site, qui est d’abord une simple obédience, va rapidement grandir.
Jusqu’en 1159, Arnaud Ier apparaîtra dans les actes de donation ou de vente.
Mais dans ce lieu, les conditions de vie sont dures. En 1165, la communauté cherche un endroit plus clément, et transfère le monastère au hameau de Villelongue (le site actuel), plus favorable à sa prospérité.
L’abbé suivant, Guillaume Ier Arnaud, apparaît dans les actes en 1165 (il est appelé abbé de Compania et abbé de Saint-Jean de Villelongue).
L’abbé qui lui succède, Pierre Ier, prendra la direction des deux abbayes en 1171 jusqu’en 1177.
Après cette date, l’abbaye de Compania ne sera plus citée. Il n’y aura plus que des abbés de Villelongue.
En 1177, Guillaume II Raimond est abbé de Villelongue. Il reçoit un don de Raimonde, fille d’Engilbert de Villelongue.
En 1178, une querelle éclate au sujet des limites des terres de l’abbaye.
En 1180, Othon, évêque de Carcassonne (1170-1201), octroie à Guillaume II Raimond, l’église Saint-Jean-et-Sainte-Marie de Villelongue, et le dégage de toutes redevances.
Vers 1190, Guillaume II Raimond gère les domaines de l’abbaye de Rieunette. Il apparaîtra encore en 1196 et 1202. À cette date, il érige le monastère.
Arnaud II apparaît dans une charte de 1205.
En 1208, il reçoit le château de Saint-Martin-le-Vieil.
En 1209 débute la Croisade contre les Albigeois. Sainte-Marie de Villelongue participe activement à la lutte contre l’hérésie cathare. En récompense, en 1212, le château de Saint-Martin-le-Vieil lui sera définitivement cédé par Simon de Montfort (le chef de la Croisade contre les Albigeois).
Lire : La Croisade contre les Albigeois.
Protégée par le roi, car alliée des Montfort, l’abbaye s’agrandit et devient florissante ; elle va accueillir jusqu’à 30 moines de chœur.
En 1220, Bernard-Raimond de Roquefort (l’ancien évêque de Carcassonne) lui donne la moitié des dîmes de Saint-Martin pour subvenir à la reconstruction de l’église (d’esprit cistercien) et des bâtiments claustraux. Cette donation est attestée par le chapitre de la cathédrale Saint-Nazaire et par une bulle du pape Clément IV.
En juin 1220, le village de Carlipa (Aude) est vendu à l’abbaye de Villelongue, avec l’accord d’Amaury de Montfort.
Le déclin de l’abbaye s’amorce au XIVème siècle avec les épidémies de peste. Puis, lors de la Guerre de Cent Ans, le sanctuaire sera ravagé par Édouard de Woodstock, dit le « Prince Noir ».
La déchéance se poursuit aux siècles suivants avec les Guerres de Religion, et d’importantes difficultés financières se rajouteront au XVIIème siècle.
En 1568, l’abbaye est mise à sac par les Protestants, mais ne sera pas détruite.
A la Révolution, on ne compte plus que deux ou trois moines vivant dans des bâtiments en ruine. Nonobstant, les vestiges subsisteront à la razzia de la fureur révolutionnaire, et la plupart des sculptures resteront intactes.
En 1791, l’abbaye est vendue comme bien national à un riche médecin de Saissac, Guillaume Boussac, qui la transformera en exploitation agricole.
Les ruines sont classés Monuments Historiques en 1916.
De 1952 à 1955, le service des Monuments historiques entreprend des travaux de consolidation de l’église.
Aujourd’hui, le site se partage en deux parties : une partie de l’abbaye est ouverte à la visite, et l’autre est un ensemble d’habitations (location de Chambres d’hôtes).
L’abbaye appartient à la famille Eloffe depuis 1965.
L’ABBAYE SAINTE-MARIE
DE VILLELONGUE
LE PLAN
L’ENTRÉE & L’ACCUEIL
Par les réformes du siècle précédent, la papauté a acquis une autorité morale généralement admise. Parallèlement aux circuits commerciaux, il existe des circuits monastiques qui empruntent les mêmes voies et diffusent la même pensée religieuse. Les ecclésiastiques servent souvent d’agents diplomatiques.
LE RÉFECTOIRE
Il a été édifié dès la fin du XIIème siècle. Sa voûte sur croisée d’ogive date du début du XIIIème siècle. Une profonde restauration, entreprise en 1989, lui a restitué son volume et sa configuration d’antan, à l’exception de la chaire du lecteur dont on voit quelques traces dans le mur ouest, à droite de la salle d’accueil.
Dans la partie sud du cloître, il y avait une accumulation de bâtiments (dont l’utilisation reste encore inexpliquée) pour la plupart détruits, et remplacés par la suite en écuries. Il est possible qu’en cet endroit devaient se trouver le réfectoire des moines, les cuisines et quelques dépendances.
On trouve aussi une grande salle constituée de trois travées et divisée par des murs, mais qui à l’origine devait être d’un seul ensemble. Cette salle, au vu de sa disposition, pouvait être le réfectoire des religieux.
LE CLOÎTRE
Du cloître originel, qui date des XIIIème et XIVème siècles, il ne subsiste que la galerie méridionale, elle-même constituée de quatorze arcades en plein cintre, soutenues par de délicates colonnettes géminées.
Tout le côté ouest dit cloître, en bordure de l’allée, est occupé par une longue construction bien conservée qui servait autrefois de remise dans le bas et de grenier à foin au premier étage. Le rez-de-chaussée est divisé en cinq travées séparées par des arcs diaphragmes, en anse de panier, soutenant l’étage supérieur.
C’était le cellier des moines. Au-dessus se trouvait le logis des convers ou frères serviteurs. Un escalier extérieur, dont il existe des traces, permettait à ceux-ci de gagner l’église par le jardin longeant le côté nord du cloître.
Plus tard, cet escalier débouchera dans la nef de l’église terminée.
LES CHAPITEAUX DU CLOÎTRE
Cette galerie est unique en son genre par la qualité prodigieuse de ses chapiteaux. Ils sont d’une facture exceptionnelle, ornés de sculptures caractéristiques du gothique méridional languedocien. Mais le plus important provient des chapiteaux eux-mêmes : en effet, on peut y voir des sculptures (anthropomorphes et zoomorphes) de forme humaine ou animale (ce qui, selon la règle de Saint Benoît, était interdit afin de ne pas troubler les moines dans leurs prières).
On y aperçoit des têtes humaines, des chouettes, des coqs des griffons ailés, choses rares dans une abbaye cistercienne.
Le remarquable pilier central de la galerie est constitué de cinq colonnettes soutenant cinq chapiteaux feuillagés. Il contient, en partie cachés, une chouette supposée tenir un coq dans son bec, un visage de moine ayant dans sa bouche fermée deux queues de griffons ailés, un visage à crinière tenant dans sa gueule deux autres queues de griffons ailés (créature légendaire mi-aigle, mi-lion) dont un à tête de moine, et enfin, un visage radieux portant une couronne de fleurs.
On distingue également une tête de diable dans un des coins du cloître, et une autre au-dessus de l’escalier menant au clocher.
LA SALLE CAPITULAIRE
La salle capitulaire, réalisée vers 1170, est située sous le dortoir des moines. Elle s’ouvre sur deux gros piliers qui soutiennent sa voûte. Elle est divisée en deux collatéraux de trois travées voûtées d’ogives datant du XIIIème siècle. Les chapiteaux sont décorés de feuilles lisses recourbées.
On distingue, accolé à ce corps de bâtiment avec le corps de l’église, un enfeu gothique en forme de pignon très aigu, garni d’un assemblage de pierres trilobées, protégeant un corps de sarcophage inséré dans la construction, à la verticale du mur.
Juste à côté, entre l’enfeu et la porte de l’église, le mur abrite une niche rectangulaire, terminée par un pignon très aigu et décoré.
LE CELLIER
Tout le côté occidental en bordure de l’allée est occupé par un long bâtiment bien conservé. Il servait jadis de remise dans le bas et de grenier à foin au premier étage.
Le rez-de-chaussée est divisé en cinq travées, séparées par des arcs en anse de panier supportant l’étage supérieur. Cette construction était le cellier des moines.
A l’étage au-dessus se trouvait les logements des convers. Un escalier extérieur (dont il existe encore des traces) leur permettait de rejoindre l’église par le jardin qui longe le côté nord du cloître. Par la suite, une fois l’église achevée, cet escalier aboutissait dans la nef. Le cellier ne possède aucune ouverture sur le cloître.
L’ABBATIALE
Elle affiche de très belles chapelles à chevet plat. Il ne subsiste que la dernière travée de la nef et des collatéraux, le transept et le chœur. Celui-ci date pour sa partie inférieure de la fin du XIIème siècle, début du XIIIème. La partie supérieure a été surélevée au XIVème siècle, date de la construction de la rosace et des fenêtres qui l’entourent.
L’ENTRÉE
LES CHAPELLES
LES VOÛTES
LES ENFEUX & NICHES
VESTIGES DE LA NEF
LE CHŒUR
La partie supérieure a été surélevée au XIVème siècle, date de la construction de la rosace et des fenêtres qui l’entourent. Le chœur de l’église abbatiale se présente avec son triplet de style roman et la grande rosace.
DÉTAIL DES CHAPITEAUX
Des masques et des têtes décoratives ornent certains culots.
Ces chapiteaux emblématiques arborent exclusivement des têtes d’hommes.
Ci-dessus deux têtes, bouche fermée par un ruban, ce qui pourrait faire référence au symbole du silence.
Ici un groupe de trois têtes aux sourires énigmatiques, dont une tête à gauche est tonsurée.
L’ESCALIER DES MATINES
Au fond du croisillon sud se trouve l’escalier des « matînes », dont les marches témoignent de l’usure provoquée par les pas des moines qui l’ont emprunté pendant des siècles, pour venir chanter l’office de nuit.
LA SALLE DU TRÉSOR
L’extrémité du bras gauche du transept communique par une porte en bois du XVème siècle, assez bien conservée, avec la salle du trésor, voûtée en plein-cintre. Les parois des murs sont ornées de fresques polychromes.
LA SACRISTIE
La sacristie se trouve au sud de l’église ; c’est une petite salle de plan rectangulaire. On y pénètre aujourd’hui par une porte plein cintre. Autrefois il en existait une autre qui donnait sur le cloître. Cette ouverture a été fermée pour bâtir l’enfeu gothique.
La sacristie est voûtée en berceau plein cintre. Sur son mur est, on distingue une unique baie rectangulaire. Le dallage se présente sous la forme de carreaux vernissés du XVème siècle, aux motifs géométriques. Des vestiges de fresques murales polychromes, datant du XIVème siècle, subsistent sur le mur ouest.
LE JARDIN
Le mur d’enceinte, encore visible de nos jours, est un des vestiges très rares dans les abbayes de l’Ordre de Cîteaux.
Sur le côté opposé au cloître, une porte donne accès au jardin qui abrite une intrigante table en pierre.
Cette table, d’une épaisseur de 0,18 m, mesure 2,90 m x 1,28 m. Elle est portée par quatre colonnettes avec chapiteaux à feuillages. C’était le maître-autel de l’église.
Dans ce jardin on remarque un pigeonnier, un vivier et son système d’alimentation. Le pigeonnier, de plan carré, est percé de deux baies carrées superposées ; il fut intégré au mur d’enceinte datant du XIVème siècle.
Le vivier (ainsi que son système d’alimentation d’origine médiévale) fonctionne toujours. Il est alimenté par l’eau de la Vernassonne. Ce grand bassin de forme rectangulaire était destiné à l’élevage des tanches et des carpes.
Ce jardin médiéval dégage une certaine sérénité, un charme apprécié par les nombreux visiteurs qui viennent y chercher le calme et le recueillement. Il nous invite à la déambulation. Planté de fleurs et d’arbres fruitiers, il affiche également de nombreuses courges et potirons aux couleurs chatoyantes.
Il y pousse aussi, parmi les vieilles pierres, des plantes utilisées au Moyen-âge pour leurs vertus médicinales ou tinctoriales (relatives aux couleurs des pigments végétaux). Certains objets anciens donnent à ce jardin un décor varié, hétéroclite et surprenant.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Fascicule explicatif offert au public avec le droit d’entrée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Sainte-Marie_de_Villelongue
https://monumentum.fr/abbaye-villelongue-restes-ancienne–pa00102886.html
http://www.abbaye-de-villelongue.com/visite-abbaye-villelongue.php
https://www.payscathare.org/les-sites/abbaye-de-villelongue
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