L’abbaye d’Alet-les-Bains
LES TÉMOINS DU PASSÉ
L’ABBAYE D’ALET-LES-BAINS
TYPE : abbaye, ancienne cathédrale.
CULTE : catholique.
ÉPOQUE : Moyen Âge.
FONDATION : par un acte de 813, par le comte de Barcelone et son épouse.
PÉRIODE DE CONSTRUCTION : IXème siècle.
STYLE : roman et gothique.
ÉTAT DE CONSERVATION : vestiges.
LIEU : Alet-les-Bains, département de l’Aude (Occitanie).
PROPRIÉTÉ : de la commune.
PROTECTION :
– La cathédrale Notre-Dame, en ruine, fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques par la liste de 1862.
– La porte d’entrée fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis le 18 février 1922.
– La salle capitulaire, la chapelle polygonale et les murs du cloître (avec trois baies) font l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis le 25 mars 1922.
ALET-LES-BAINS
Alet-les-Bains est une commune française située dans le département de l’Aude, en région Occitanie. Alet-les-Bains est connue pour sa source d’eau minérale (l’eau d’Alet).
PRÉSENTATION
L’abbaye bénédictine Notre-Dame d’Alet, érigée au Xème siècle, est située sur la commune d’Alet-les-Bains, dans l’Aude, à 35 kilomètres au sud de Carcassonne. Elle devient cathédrale entre 1318 et 1801. Siège de l’évêché d’Alet, au préalable sous le vocable de cathédrale Notre-Dame, elle prendra le nom de cathédrale Saint-Benoît à la destruction de l’abbatiale, lors des Guerres de Religion.
HISTORIQUE
Alet-les-Bains est située dans l’ancien comté du Razès (région historique du Moyen Âge, dépendante de l’archevêché de Narbonne). La cité fut probablement construite sur un territoire ayant été envahi par les Sarrazins.
Charlemagne y établira ce comté qui s’étend sur une grande partie des Corbières, et placera à sa tête un de ses fidèles compagnons, Guillaume de Gellone.
Selon plusieurs légendes, il existait auparavant un monastère primitif sur le territoire d’Alet. Une charte datant de 813 atteste que le comte de Razès, Berà, et son épouse Romella, choisirent de transformer ce monastère en abbaye. Dédiée à Notre-Dame afin de glorifier Dieu, l’abbaye adoptera la règle des Bénédictins.
Dès lors, l’abbaye est fastueusement gratifiée, ce qui va entraîner la jalousie et la convoitise des seigneurs locaux, notamment ceux de Couiza et de Limoux.
Depuis les années 1970, l’on estime que la charte de 813 est un faux, écrit au XIème siècle. C’est probablement vers la fin du Xème siècle, avec en 970 Benoît, son premier abbé connu, que l’abbaye est attestée.
L’abbaye est saccagée vers 1058 par le comte de Carcassonne, au cours d’une guerre entre l’archevêque Guifred de Narbonne et le vicomte de Narbonne Bérenger.
Vers le XIIème siècle, l’abbé Pons Amiel (1167-1197) fait fortifier l’abbaye et le bourg limitrophe en édifiant un mur d’enceinte. L’abbaye ainsi protégée devient alors l’une des plus puissantes et une des plus influentes de la région.
Abbatiale : Une abbatiale, ou église abbatiale, est une église spécialement construite pour une abbaye.
LA CROISADE DES ALBIGEOIS
Au début du XIIIème siècle, l’abbaye subit, comme dans toute la région, les tourments et les affres liés à la Croisade contre les Cathares.
Lire : la croisade des Albigeois
Lors de cette croisade, les habitants de la région décident de rester fidèles à leurs seigneurs. Ils se rallient aux vicomtes Trencavel de Béziers et de Carcassonne, contre l’armée des barons du Nord commandés par Simon de Montfort.
Les moines d’Alet, qui se sont ralliés aux Trencavel, se retrouvent donc excommuniés au même titre que leurs suzerains.
Les armées victorieuses de Simon de Montfort ravagent le Languedoc. Désemparés, les moines de l’abbaye implorent la protection du comte Raymond Roger de Foix.
Beaucoup plus tard après la guerre, les rescapés du collège des moines d’Alet défendront leur cause, et seront autorisés à retourner dans leur abbaye. Nonobstant, ces moine insurgés et rebelles seront toujours des suspects.
En 1268, on ne sait pourquoi, l’abbé d’Alet, Raimon II, à la tête d’une force armée, prend et incendie le château de Fa, décime la garnison et détruit notamment la tour carrée. (La commune de Fa se situe au Nord du château de Quillan, et à l’Ouest de la ville de Couiza).
Raimon II sera excommunié par Maurin, l’archevêque de Narbonne, et condamné à reconstruire la tour dans son état originel.
LES GUERRES DE RELIGION
Au cours de cette terrible période des Guerres de Religion, de toutes parts en Europe de l’Ouest, Catholiques et Protestants se livrent une lutte sans partage « au nom de Dieu ». Les contrées touchées par ce fléau sont dévastées par les atrocités commises dans les deux camps.
L’abbatiale romane, qui a été épargnée des pillages causés par la Croisade des Albigeois, ne peut échapper aux sacs des Protestants calvinistes.
Le 6 janvier 1577, les huguenots s’emparent d’Alet.
Dans leur folie destructrice, les Protestants dépouillent la cathédrale de ses richesses, renversent les autels et détruisent les vitraux. La ville est saccagée, le palais épiscopal démoli, et la splendide cathédrale Sainte-Marie détruite. Alet devient une cité calviniste et connaîtra par la suite plusieurs assauts (sept ou huit selon les historiens). En 1577, au cours d’une de ces attaques, un boulet de canon hasardeux provoquera l’effondrement du toit de la cathédrale. Dès lors, le site servira de carrière de pierres pour redresser les remparts de la cité.
Vers 1600, la cathédrale Notre-Dame sera délaissée au profit d’une cathédrale improvisée et placée dans les vestiges des bâtiments conventuels (la cathédrale Saint-Benoît). La région sortira dévastée et ruinée par la succession de conflits destructeurs et meurtriers. La toiture ne sera jamais restaurée et finira par s’effondrer complètement.
L’ABBAYE D’ALET-LES-BAINS
En 970, l’abbé Benoît, qui est aussi l’abbé de Saint-Hilaire et de Lézat, administre la communauté de moines qui vivent à Alet-les-Bains.
L’ABBATIALE
L’abbatiale romane, dont les vestiges datent des XIème et XIIème siècles, affiche une taille impressionnante. Elle présente une nef centrale pourvue de deux collatéraux (deux autres nefs plus étroites qui la flanquent de chaque côté).
LE CLIN D’ŒIL
Sur la gauche, les piliers de la nef centrale sont encore debout, alors qu’en face, de l’autre côté à droite, ils ont été arasés ; on distingue toujours leurs assises.
LE CHŒUR GOTHIQUE
Le chœur gothique est lui aussi magistral et imposant. Il était doté de cinq chapelles rayonnantes, qui s’étalaient largement sur l’actuelle rue et les maisons qui la bordent.
Son style est étonnant, car c’est celui de l’Île-de-France. Comme à Narbonne ou Carcassonne, mais à l’inverse des pratiques régionales qui utilisent, jusqu’au XVIème siècle, un gothique appelé « languedocien ».
LE CHŒUR ROMAN
Tout au bout se trouve le gigantesque chœur roman, par où l’on arrive. Il faut s’imaginer une voûte en berceau, ses épais murs noyés dans une semi-obscurité.
Le colossal chœur roman n’était pas visible depuis la nef au XIVème siècle. L’on devait, pour y accéder, passer par un collatéral. On pouvait alors apercevoir la lumière à travers les vitraux et contempler l’abside romane éclairée.
Ce qui a attiré Mérimée (le premier inspecteur général des Monuments Historiques, en 1834), au point de demander aussitôt le classement de ces vestiges au patrimoine national, c’est la qualité du décor du chœur roman. On y découvre un chapiteau d’une magistrale beauté : une copie sans égale d’un chapiteau corinthien. On y apercevait aussi un décor de stuc polychrome, bleu, rouge, vert.
Il semblerait que plusieurs sculpteurs différents de talent se soient penchés sur toutes les merveilles exprimées ici. Il faut aller à Arles, ou à Saint-Gilles du Gard, pour trouver une imitation du style romain de la facture de celui d’Alet.
Qui sont-ils ? Quelle est leur culture, où ont-ils appris ?
Comment se fait-il qu’entre la Catalogne et ici, qu’entre la Provence et ici, des maîtres dotés d’un tel talent n’aient laissé aucune trace ? Sont-ils venus ici tout exprès ?
LE CLIN D’ŒIL
Lire : Les Croisades
DES VESTIGES SAISISSANTS !
LA SALLE CAPITULAIRE, OU SALLE DU CHAPITRE
Cette belle salle voûtée d’ogives affiche de splendides baies, décorées de chapiteaux enjolivés. On y découvre un travail soigné et délicat.
LES CHAPITEAUX HISTORIES
LE CLIN D’ŒIL
LA SALLE VOÛTÉE D’OGIVES
Comme dans tous les monastères, on accédait à l’entrée de la salle capitulaire par une galerie du cloître. De ce fait, le mur qui la longe n’existait donc pas.
Dans le prolongement de la salle capitulaire se trouvait le réfectoire, et probablement le dortoir à l’étage.
En suivant le mur, au bout, on arrive à une porte fortifiée somptueusement décorée : une entrée qui servait à l’abbé et aux hôtes de marques.
LE PORTAIL MONUMENTAL
Pour le trouver, nous devons sortir de l’abbaye, longer la rue sur la droite et pénétrer dans le cimetière. Le spectacle est saisissant ; c’est le point de vue du site le plus photographié. Sous cet angle, on a la meilleure idée de l’ampleur et de l’éclat de ces splendides ruines.
Les vestiges du portail roman s’affichent, majestueux. On y découvre un lion ailé, peut-être un centaure, des motifs floraux, et une petite fenêtre aux décors orientaux…
Hormis ses dimensions exceptionnelles, Sainte-Marie-d’Alet possède un ensemble décoratif unique. Pour construire un monument d’une telle qualité, il fallut des moyens considérables, et aussi une détermination politique. Ce sont les abbés qui donnèrent l’impulsion, manifestant ainsi leur puissance et leur désir.
Sources :
Fascicule explicatif offert au public avec le droit d’entrée.
Mes photos
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_d%27Alet-les-Bains
https://www.france-voyage.com/villes-villages/alet-les-bains-534/abbaye-alet-bains-13791.htm
https://monumentum.fr/ancienne-abbaye-notre-dame-pa00102514.html