La Croisade des Albigeois – Dominique de Guzman
LA CROISADE DES ALBIGEOIS
(1208-1244)
DOMINIQUE DE GUZMAN
(1170-1221)
GRANDES FIGURES DE LA CROISADE DES ALBIGEOIS
Albigeois : nom donné au 12ème siècle aux cathares du Languedoc.
PROLOGUE
LE CATHARISME, UNE MENACE POUR L’ÉGLISE ET POUR LE ROI
Vers le milieu du 12ème siècle, alors que l’Europe est dominée par une profonde et ardente foi catholique, le Midi toulousain est gagné par une hérésie toute aussi enflammée, le Catharisme. Cette nouvelle religion, qui apparaît vers le 12ème siècle dans les Balkans, s’appuie essentiellement sur une dualité. Ses disciples, « les Parfaits », croient en deux principes divins opposés : d’une part un monde spirituel avec un Dieu bon, celui de l’Évangile, et de l’autre un monde matériel et corrompu avec un prince du mal et des ténèbres, Dieu de l’Ancien Testament. Les valeurs morales et l’austérité de ses adeptes contrastent avec l’opulence et le relâchement des représentants de l’Église catholique. Les cathares rejettent les sacrements, les indulgences, le purgatoire et le culte des saints. Ils ne glorifient point le sacrifice de la croix, et ne reconnaissent pas le pape comme le successeur légal des apôtres. Refusant le concept de propriété et condamnant le serment, ils sont considérés comme subversifs par la société féodale et par la royauté. Les fondations du christianisme vont chanceler, au point de décider le pape Innocent III à déclarer les « Bons Hommes » et les « Bonnes Dames », hérétiques.
En France, lorsque les croyances cathares apparaissent, la chrétienté est partagée au sein de l’Église et une grande divergence d’idées demeure entre les Français du Nord et les gens du Midi. Alors que ceux du Nord admettent la foi catholique romaine, dans les régions du Sud l’on a adopté l’« arianisme » depuis les premières heures du christianisme. Cette disparité va opposer le Languedoc à l’autorité de Rome, et faire de lui un foyer où les hérésies et les schismes vont se développer sans contrainte.
L’ÉTINCELLE
C’est vers le début du 13ème siècle, en 1204, que le pape Innocent III demande au roi Philippe Auguste (Philippe II) de mener une croisade contre les hérétiques cathares du Languedoc. Pour mener à bien la lutte contre cette nouvelle religion qui fait vaciller les dogmes de l’église catholique, le pape nomme dans cette région les légats apostoliques Pierre de Castelnau et Arnaud Amaury. Le sud de la France va alors s’embraser dans une guerre fratricide, qui opposera ses habitants et ses seigneurs aux forces de l’Eglise Catholique qui ont pris la Croix. Plus connue sous le nom de Croisade des Albigeois, cette guerre dévastera le midi et durera plus de 30 ans. La région sera dévastée, pillée et ruinée. Les années de destructions et de combats vont plonger le pays dans la famine et l’appauvrissement. Avec autant de morts et de désolation, peut-on parler de génocide ? Même de nos jours, il est difficile de faire ressortir un véritable coupable de cette triste page de notre histoire.
PREMIER APPEL A LA CROISADE
L’expédition porte officiellement le nom d’«Affaire de la Paix et de la Foi» (en latin, negotium pacis et fidei).
Innocent III promet les mêmes indulgences que pour un pèlerinage à Jérusalem. Philippe II refuse la proposition ; il est trop occupé dans son combat avec les Plantagenêt et ne prend pas part à la croisade contre l’hérésie cathare. Il préfère se tenir en retrait, ne voulant pas écorner son image en guerroyant contre des gens qui sont ses sujets. Il n’est pas d’accord avec le pape qui s’apprête à s’investir dans une affaire intérieure au pays, et il le lui fait savoir. Mais il accorde néanmoins sa bénédiction à ses vassaux et ne s’oppose pas à ce que l’abbé Guy des Vaux-de-Cernay recrute parmi les barons du nord.
Le légat pontifical Pierre de Castelnau essaie alors de se tourner vers Raymond VI de Toulouse, afin que celui-ci prenne la tête d’une force armée destinée à soumettre l’hérésie cathare. Mais le comte de Toulouse, descendant du notoire Raymond IV de Saint-Gilles, chef de la Première Croisade en terre sainte, réfute l’offre du pape, arguant qu’il ne veut pas combattre ses propres sujets. Jugé trop complaisant envers les ennemis de l’Église, il sera excommunié. Fait inédit dans l’Histoire, pour la première fois une croisade est dirigée contre des disciples du Christ. Cet événement ne semble pas troubler les contemporains de cette époque ; il est vrai que l’hérésie cathare ne peut être tolérée.
Le choix d’Innocent III va se porter sur Simon de Montfort, un petit seigneur d’Île-de-France. Ce dernier va mettre le Languedoc à feu et à sang.
– Avril 1202 : départ de Venise de la 4ème croisade.
– 12 avril 1204 : prise de Constantinople.
– Avril 1204 : fondation de l’Empire latin d’Orient.
Prise de Constantinople
Quelques dates :
– 5 février 1205 : Folquet de Marseille (1155-1231) devient évêque de Toulouse.
Folquet de Marseille
– 1206 : Dominique de Guzman, futur « Saint Dominique » (né en 1170 à Caleruega, non loin de Silos en Castille, mort à Bologne le 6 août 1221) s’établit à Notre-Dame de Prouilhe, à Fangeaux, dont il deviendra le curé en 1214. Il ouvrira un refuge destiné à recevoir les femmes cathares après leur conversion.
1207
– Printemps 1207 : lors d’une rencontre avec des Cathares, Dominique parvient à les convertir.
– 29 mai 1207 : Accusé d’être complaisant à l’égard des Cathares, Raymond VI de Toulouse est excommunié par Pierre de Castelnau, légat du pape Innocent III ; ce dernier jette l’interdit sur ses terres.
– mai 1207 : Innocent III confirme par lettre la sentence d’excommunication de Raymond VI de Toulouse.
LA CROISADE DES BARONS DU NORD
1208
– janvier : Raymond VI requiert vainement le pardon de l’Église.
– 14 janvier : alors qu’il traverse le Rhône près de Saint-Gilles, à Trinquetailles, le légat Pierre de Castelnau est assassiné par un homme à la solde du comte de Toulouse. Cet événement est considéré comme le déclencheur de la Croisade des Albigeois.
– 10 mars : Pierre de Castelnau est canonisé. (Bulle d’Innocent III contre les assassins de Pierre de Castelnau). Toutes les tentatives du pape pour ramener les hérétiques au sein de l’Eglise catholique ont échoué. A la cour de France comme à Rome, on est décidé à mettre un terme aux ambitions d’indépendance du Languedoc.
LES CROISES SUR LES ROUTES DU LANGUEDOC
RUINE ET DÉVASTATION DU MIDI
1209
– 22 juillet : prise de Béziers. La population est massacrée. On dénombrera entre 20 000 et 30 000 morts.
– 1er août : début du siège de Carcassonne. Tentative de médiation, sans succès, de Pierre d’Aragon entre Raimond-Roger Trencavel et les croisés d’Arnaud Amaury.
– 15 août : capitulation de Carcassonne privée d’eau. Raimond-Roger Trencavel est fait prisonnier, et enfermé dans une de ses propres basses-fosses.
– fin août : à l’instigation d’Arnaud Amaury, Simon de Montfort prend la tête de la croisade. Il devient le nouveau vicomte de Carcassonne, Béziers, Albi et Razès.
– 10 novembre : Raymond-Roger Trencavel meurt au fond de son cachot, probablement de soif et de dysenterie (Simon de Montfort sera accusé plus tard de l’avoir fait empoisonner).
1210
En 1210, Innocent III donne son approbation à Saint François d’Assise pour la création de l’ordre des « frères mineurs ». Cette fondation sera une des rares satisfactions de son règne.
1212
– Guy des Vaux de Cernay devient évêque de Carcassonne.
– Arrivée dans le Languedoc de Pierre des Vaux de Cernay (chroniqueur de la Croisade des Albigeois). Il a participé à la 4ème croisade (1202-1204) ; il est le neveu de Guy des Vaux de Cernay.
– Retour d’Arnaud Amaury comme archevêque de Narbonne.
– A Pamiers, Montfort décrète l’abrogation des coutumes du pays d’oc au profit de celles du nord de la France.
– Décembre à Pamiers : Simon IV de Montfort fait rédiger une charte, « les statuts de Pamiers ». C’est une abrogation des coutumes civiles et religieuses des régions annexées dans le Midi, au profit de celles du nord de la France.
1215
– 8 janvier : le Concile de Montpellier attribue provisoirement les biens de Raymond VI de Toulouse à Simon IV de Montfort.
– Dominique de Guzman, futur « Saint Dominique », chargé par le pape d’extirper définitivement l’hérésie cathare, fonde l’Ordre des dominicains.
– Toulouse accueille le premier contingent de frères prêcheurs, fondé par le futur Saint Dominique.
– 11 novembre : ouverture du 4ème Concile de Latran.
– Appel du pape à la 5ème croisade vers l’Égypte (1217-1221).
– 30 novembre : clôture du 4ème Concile de Latran.
– 15 décembre : à l’issue du Concile de Latran, le pape Innocent III lègue définitivement le comté de Toulouse, le duché de Narbonne, les vicomtés de Carcassonne et de Béziers à Simon IV de Montfort. Le marquisat de Provence est donné à Raymond VII de Toulouse, le fils de Raymond VI de Toulouse.
1221
– 6 août : mort de Dominique de Guzman (Saint Dominique).
Dominique de Guzmán
(1170-1221)
FAMILLE
Domingo de Guzman, castillan, est issu de la vieille famille espagnole des Guzman.
ORIGINES ET JEUNESSE
Dominique de Guzman, futur « Saint Dominique », naît en 1170 à Caleruega, non loin de Silos en Castille, dans la province de Burgos et meurt à Bologne le 6 août 1221.
Dès son plus jeune âge, il va se montrer d’une dévotion irréprochable. En 1198, il commence à voyager. Il devient chanoine régulier du chapitre réformé de l’évêque d’Osma, Diego d’Azevedo. Vers 1203-1204, il accompagne ce dernier dans une mission auprès du roi de France, et c’est lorsqu’il traverse le Languedoc qu’il constate avec stupeur la poussée de l’hérésie cathare. Dès lors il n’aura de cesse de la combattre.
LUTTE CONTRE L’HÉRÉSIE CATHARE
Dès 1206, avec l’autorisation du pape Innocent III, Dominique de Guzman va entreprendre la conversion des hérétiques par l’exemple et la parole. Après avoir mesuré et étudié les causes de cette croyance, il commence à prêcher la conversion à la religion romaine. Pour se faire, il parcourt le Languedoc, et mène une vie pauvre et irréprochable. Il y obtiendra de faibles avantages.
Nonobstant, en 1206, à Fangeaux, au beau milieu des bastions cathares, Dominique de Guzman fonde le monastère de Notre-Dame de Prouilhe (c’était à l’origine un couvent de femmes), dont il deviendra le curé en 1214. Il y ouvrira un refuge destiné à recevoir les dames cathares après leur conversion.
En 1215, Innocent III, préférant les méthodes de Dominique, soutiendra les actions des ordres mendiants tels que Dominicains et Franciscains, convaincu de leur efficacité en opposition à la violence des armées. Chargé par le pape d’extirper définitivement l’hérésie cathare, Dominique de Guzman fonde l’Ordre des Dominicains auquel sera confiée, plus tard, la charge de l’Inquisition.
Lors de la Croisade contre les Albigeois, à laquelle il ne prendra aucune part, Dominique de Guzman poursuivra, envers et contre tout, ses prédications au milieu d’obstacles et de dangers stupéfiants.
Durant l’année 1215, avec l’accord de l’évêque de Toulouse, la ville accueille le premier contingent de missionnaires, point de départ de l’ « Ordre des Frères Prêcheurs »fondé par le futur Saint Dominique.
En 1216, il se rend à Rome et obtient du pape l’officialisation de l’Ordre. Il poursuivra sa mission de prédicateur en France et en Espagne jusqu’à sa mort, en 1221.
Dominique de Guzman sera canonisé en 1234.
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[…] fut bâti par l’Ordre des Prêcheurs, un ordre mendiant fondée en 1215 à Toulouse par Dominique de Guzmán, le futur saint Dominique (ceci afin de prôner l’Évangile et de lutter contre […]