Les Témoins du Passé – L’Amphithéâtre romain des Trois Gaules

LES TÉMOINS DU PASSÉ

ANTIQUITÉ

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L’AMPHITHÉÂTRE FÉDÉRAL ROMAIN

DES

TROIS GAULES

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800px-Coat_of_Arms_of_Lyon.svgBlason de la ville de Lyon
Blason du RhôneBlason du département du Rhône

 

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ÉDIFICE : amphithéâtre.

STYLE : Gallo-romain.

ÉTAT : vestiges.

LIEU DE CONSTRUCTION : Lugdunum (Lyon).

ÉPOQUE : sous le règne de Tibère. En latin : Tiberius Cæsar Divi Augusti Filius Augustus (42 av J.-C / 37 ap J.-C).

Tibère

Tibère

DATE DE CONSTRUCTION : 1ère tranche de travaux, 19 ap J.-C.

RESTAURATION : 2ème tranche de travaux, vers 130 ap J.-C.

DIMENSIONS EXTERNES :

– 1ère tranche : 81 m/60 m.

– 2ème tranche :105 m/80 m.

DIMENSIONS DE L’ARÈNE : 1ère et 2ème tranches : 67,6 m/42 m.

CAPACITÉ : 1800 places pour la 1ère tranche, et 20 000 places pour la 2ème.

PROTECTION DES VESTIGES : classement sur la liste des Monuments Historiques par arrêté du 27 novembre 1961.

PROPRIÉTÉ : commune de Lyon.

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Légionnaires romains

Légionnaires romains

SOMMAIRE

C’est vers le 1er siècle av J.-C que les amphithéâtres commencent à voir le jour dans l’Empire romain. Construits d’abord en bois, ils sont très vite édifiés en pierre. Ces bâtiments, représentatifs de la société et du savoir-faire romain, vont rapidement proliférer dans tout l’Empire. C’était des centres de réunion populaires où l’on assistait à des jeux et réjouissances diverses (combats de gladiateurs, chasses, ou même quelquefois combats navals).

C’était aussi des endroits de cruauté et de mort, notamment avec les persécutions faites aux Chrétiens que l’on donnait en pâture aux lions. Parmi ces lieux de spectacles on cite le plus connu, le célèbre Colisée de Rome, édifié par Vespasien. De nos jours en France, après avoir traversé les siècles, les arènes de Nîmes et l’amphithéâtre d’Arles figurent parmi les mieux conservés.   

L'amphithéâtre des Trois Gaules

L’amphithéâtre des Trois Gaules

SITUATION

L’amphithéâtre de Lugdunum se trouve au nord de la presqu’île, sur les pentes de la Croix-Rousse ; c’est l’un des plus anciens de Gaule.

L'amphithéâtre des Trois Gaules

L’amphithéâtre des Trois Gaules

Cette portion de territoire (Condate, ou confluence) ne faisait pas officiellement partie de la ville de Lugdunum. La zone la plus peuplée se trouvait sans nul doute au nord-ouest des Terreaux.

L'amphithéâtre des Trois Gaules

L’amphithéâtre des Trois Gaules

Ce quartier de Lyon se tenait à proximité de l’autel du sanctuaire fédéral des Trois Gaules, ainsi que d’une principale route d’échanges et de circulation : la voie du Rhin (actuelle montée des Carmélites).

L'amphithéâtre des Trois Gaules

L’amphithéâtre des Trois Gaules

On estime que la concentration de la population dans ce quartier aurait débuté aux environs de -10 av J.-C : des fouilles ont révélé la présence d’entrepôts, de logements et d’artisanats (poteries).

L'amphithéâtre des Trois Gaules - vestiges

L’amphithéâtre des Trois Gaules

PRÉSENTATION

L’empereur Auguste avait découpé la Gaule en quatre provinces : trois impériales (la Gaule lyonnaise, la Gaule aquitaine et la Gaule belgique) et une sénatoriale

Statue de l'Empereur Auguste - musée de la Turbie du Trophée d'Auguste)

Statue de l’Empereur Auguste – musée de la Turbie « Trophée d’Auguste »

(la Gaule narbonnaise). Lugdunum fut désignée comme étant la capitale des Trois Gaules et le centre névralgique où siégeaient leurs gouverneurs.

Le 1er août de chaque année (date anniversaire de la prise d’Alexandrie par Octave et aussi fête de Lug, dieu solaire gaulois vénéré sur la colline de Fourvière), un rassemblement des représentants des soixante nations gauloises (sanctuaire fédéral des trois Gaules) se tenait à Lugdunum.

L’amphithéâtre des Trois Gaules de Lugdunum (aujourd’hui Lyon) est le nom du site gaulois où une colonie de droit romain fut fondée en 43 av. J.-C. par Lucius Munatius Plancus). L’amphithéâtre est une composante du sanctuaire fédéral des Trois Gaules (la Lyonnaise, la Belgique et l’Aquitaine), dédié aux cultes de Rome et d’Auguste, célébrés par les soixante nations gauloises réunies à Lugdunum.

L’amphithéâtre des Trois Gaules est construit grâce à la générosité du Sacerdos (grand prêtre) Caius Julius Rufus. Il est d’abord destiné aux seuls délégués-prêtres gaulois, venus prier et faire allégeance envers les puissances occupantes. Il a pour mission d’accueillir l’assemblée annuelle des délégués des 60 nations gauloises. La capacité de l’amphithéâtre est alors de plus de 3000 spectateurs.

Cette assemblée de délégués, « le Conseil des Gaules » (concilium Galliarum), réunissait 60 à 64 notables. Les membres étaient élus par le sénat de leur ville parmi la noblesse gauloise respectable.

La fonction du Conseil des Gaules était religieuse : elle devait célébrer un culte aux Dieux de l’Empire, à Rome, et à Auguste « Gaius Octavius Thurinus » (63 av J.-C / 14 ap J.-C) et devait

Auguste

Auguste

chaque année renouveler l’allégeance à Rome.  

Ces célébrations faisaient l’objet de sacrifices, de processions, de jeux, de concours d’éloquence et de poésie. La fonction du Conseil des Gaules avait aussi un rôle administratif et politique. Ses membres avaient le privilège de communiquer avec l’Empereur en personne, et lui faisaient part des souhaits et des plaintes des populations gauloises. Le Conseil tentait aussi parfois de trouver une solution à l’amiable avec l’Empereur. Cette réunion annuelle annonce un premier signe d’unité gauloise.

CARACTÉRISTIQUES

L’amphithéâtre est encore visible sur les 2/3 de sa superficie ; il est constitué d’une arène centrale elliptique dans laquelle se déroulaient les spectacles et les combats. Cette piste est cernée par un caniveau et par une cavea, composée de gradins aux noms des 60 peuples gaulois qui y siégeaient. Dans l’axe principal, on distingue les vestiges d’une galerie d’accès possédant un large corridor central, bordé des deux côtés par deux couloirs latéraux plus étroits. Au sud-ouest se dressait la tribune d’honneur, et en dessous, plusieurs pièces à destinations variées : vestibules, vestiaire, salle de garde, sanctuaire pour les gladiateurs… 

HISTORIQUE

Une inscription, gravée sur des blocs trouvés sur place en 1957, a permis de le rattacher au sanctuaire de Rome et d’Auguste, et d’identifier son origine :

[…] E TI(beris) CAESARIS AVG(vsti) AMPHITHEATR […] ODIO C IVL C[?] RVFVS SACERDOS ROM(ae) ET AVG(vsti) […] FILII F. ET NEPOS [-]X CIVITATE SANTON. D(e) S(ua). P(ecunia). FECERVNT

Qui peut être complété ainsi :

[… Pro salvt] /e Ti(beri) Caesaris Avg(vsti) amphitheatr [-…] / [……… cvm] pod/io C(aivs) Ivl(ivs) C(aii) f(ilivs) Rvfvs sacerdos Romae et Avg(vsti) / […… C(aivs) Ivlivs C(aii) ?] filii f(ilivs) et nepos ex civitate Santon(orvm) d(e) s(va) p(ecvnia) fecervnt.

Et traduite par :

Pour le salut de Tibère César Auguste, C. Julius Rufus, citoyen de la cité des Santons, prêtre de Rome et d’Auguste [et Caius Julius ?…]. Son fils et son petit-fils ont construit à leurs frais cet amphithéâtre et son podium.

Inscription gravée

Inscription gravée

An début du IIème siècle de notre ère, l’amphithéâtre est agrandi par l’Empereur Hadrien. Grâce à une participation financière du procurateur Caius Julius Celsus, il devient un des plus grands de toute la Gaule. Deux galeries sont rajoutées, portant ainsi ses dimensions à 143,3 m de long pour 117,4 m de large, et lui permettant de recevoir plus de 20 000 spectateurs.

Dorénavant les habitants de Lyon, ainsi que des peuples de la quatrième Gaule (la Narbonnaise), se pressent sur sa cavéa ; peu à peu l’amphithéâtre perdra son affectation d’origine.

Dans la Rome antique, la cavea (en latin : « creux ») désigne la partie d’un théâtre romain ou d’un amphithéâtre où se trouvent les gradins sur lesquels viennent s’assoir les spectateurs.

Son histoire est jalonnée par des événements tragiques. Les historiens situent ici, durant l’été 177 apr. J.-C, le supplice de six Martyrs de Lyon (sur 47) dont Sainte Blandine et Saint Pothin.

En 177 de notre ère, sous le règne de l’Empereur Marc-Aurèle, c’est dans ce lieu que furent martyrisés les premiers Chrétiens. Parmi un groupe de 47 adeptes de la foi chrétienne persécutés, on cite l’évêque Pothin, originaire de Syrie, et une esclave répondant au nom de Blandine. Les Chrétiens sont soumis à de terribles supplices pour qu’ils abjurent leur foi envers leur Dieu. Après plusieurs semaines d’interrogatoires et de tortures, certains sont livrés en public aux fauves affamés ; d’autres sont suppliciés et décapités, ou meurent dans d’horribles tourments.

Sur les photos ci-dessus, on peut apercevoir le poteau contre lequel les suppliciés étaient attachés.

Cet événement est rapporté dans une des lettres d’Eusèbe de Césarée (des Églises de Lyon et de Vienne aux Églises d’Asie et de Phrygie), et mentionné comme fondateur du christianisme en Gaule romaine.

L’AMPHITHÉÂTRE REDÉCOUVERT

D’après les découvertes faites sur le site, on sait que l’amphithéâtre n’était plus utilisé à la fin du IIIème siècle de notre ère. L’édifice, outrageusement dépouillé depuis l’Antiquité, se résume à la fin du XIIIème siècle à un large terrain recouvert de vignes. Nonobstant, l’amphithéâtre ressort sur les anciens plans de Lyon du XVIIème siècle (celui de 1767 ou de 1789). On décèle la présence de trois arches (certainement des substructions), un chemin incurvé et un large vide (l’arène) dit « Corbeille de la Déserte ».

Substruction : construction servant de base à une autre construction.

Entre 1818 et 1820, les premières fouilles mettent à jour le pourtour de l’arène.

En 1820, pour des questions d’urbanisme, on comble les vestiges. Puis au XIXème siècle, les aménagements de la ville finissent de démolir la zone sud du site.

Dans les années 1860, la partie est de l’amphithéâtre est détruite par les travaux de la construction du funiculaire de la rue Terme.

Dès 1956, une campagne de fouilles est entreprise. Elle sera suivie par d’autres recherches en 1966-1967, 1971-1972 et 1976-1978. Les quelques vestiges mis à jour (des murs de soutien pour la moitié du périmètre de l’édifice, les soubassements de deux à trois gradins du podium, les murs latéraux d’une vaste entrée nord et les murs d’un vomitoire à l’ouest), seront incorporés au jardin des plantes et ouverts à la visite.

Les vomitoires : du latin vomitere, sortir. Couloirs et galeries qui permettaient accès aux gradins.

En 1965, l’archéologue Amable Audin reprend les fouilles et met à jour la partie sud de l’amphithéâtre, sous la rue Sportisse. Il préconise de garder ces vestiges en leur état, mais son souhait ne sera pas suivi.

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