Les Témoins du Passé – L’abbaye de Gellone
LES TÉMOINS DU PASSÉ
ABBAYE DE GELLONE
A
SAINT-GUILHEM-LE-DESERT
DIOCÈSE : diocèse de Lodève.
STYLE : roman médiéval.
FONDATION : en 804, par Saint Guillaume de Gellone (né vers 742 – mort vers 812).
PÉRIODES DE CONSTRUCTION : XIème, XIIème, XIIIème, XVIIème et XVIIIème siècles.
CULTE : catholique.
TYPE : abbaye.
PROTECTION :
Par classement sur la liste des Monuments Historiques :
– L’église : 1840.
– Le cloître : 1889.
– Les autres bâtiments : 1987.
Par inscription aux Monuments Historiques : l’église : 1986.
Depuis 1998, l’abbaye est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.
PROPRIÉTAIRE : propriété privée, propriété d’une association.
SITUATION :
L’abbaye de Gellone est une ancienne abbaye bénédictine, située dans l’actuelle commune de Saint-Guilhem-le-Désert, dans l’Hérault.
Saint-Guilhem-le-Désert est une commune située dans le département de l’Hérault en Languedoc-Roussillon, en région Occitanie. Elle se trouve en bordure du Massif Central, dans la moyenne vallée de l’Hérault, au nord du département du même nom.
La ville de Ganges se situe à 35 km au nord-est, Montpellier à 35 km au sud-est, Gignac à 15 km au sud, Saint-André-de-Sangonis à 12 km au sud-sud-ouest, et Lodève (par l’A75, Gignac et Aniane) à 35 km à l’ouest.
Guillaume de Gellone (Guilhem en langue d’Oc) ou d’Aquitaine, surnommé le Grand, naît entre 750 et 755, et meurt entre le 28 mai 812 et le 21 mai 815. Il est le fils du Comte Thierry et d’Aude, fille de Charles Martel. Il fut l’une des figures importantes du Royaume d’Aquitaine de la période carolingienne. Comte de Toulouse en 788, duc d’Aquitaine et Marquis de Septimanie dans les années 790, il se rendit célèbre dans la guerre contre les Sarrazins d’Espagne. Ce qui lui valut de devenir le héros des chansons de gestes sous le nom de Guillaume d’Orange. En 804 il fonde l’abbaye de Gellone. Il s’y retirera et achèvera sa vie sous l’habit monastique le 28 mai 812. Il sera rapidement vénéré comme un Saint. Dès lors, son tombeau attirera de nombreux pèlerins. L’abbaye de Gellone deviendra alors célèbre, et au XIIème siècle, elle prendra le nom de Saint-Guilhem. La majeure partie des reliques du Saint a disparu lors de la terrible inondation de 1817. Seuls quelques fragments de ses os sont conservés à l’abri dans un reliquaire, et sont l’objet de la vénération des fidèles.
L’ABBAYE
PRÉSENTATION
L’abbaye de Gellone, un joyau de l’art roman médiéval.
Ce chef d’œuvre de l’art roman est un vaisseau de pierre qui nous vient directement du Moyen-Âge. Ce sanctuaire conserve les traces d’un passé historique et religieux grandiose. Gellone est aujourd’hui une des plus belles abbayes de l’Hérault. Blottie au creux du village de Saint-Guilhem-le-Désert (un des plus beaux villages de France), dans une oasis de sérénité, elle représente le point d’orgue de notre visite.
HISTORIQUE
MOYEN-ÂGE
La période est subdivisée entre le haut Moyen Âge (du Vème au Xème siècle), le Moyen Âge central (du XIème au XIIIème siècle) et le Moyen Âge tardif (du XIVème au XVème siècle).
En 804, Guillaume (ou Guilhèm en occitan), cousin de Charlemagne et comte de Toulouse, fonde, sous l’influence de Benoît d’Aniane (ou Saint Benoît d’Aniane), un établissement à Gellone. Il s’y retire en 806 ; il y mourra six ans plus tard. Il sera inhumé dans la partie occidentale de l’église, près de la cellule où il vécut. Le corps de Saint Guilhem, vénéré par les moines, deviendra au Xème siècle l’objet d’un culte.
Vers l’an mil, Afin d’accueillir un nombre sans cesse croissant de pèlerins, l’on procède au transfert de sa tombe sous le chœur de l’abbatiale carolingienne. Les pèlerins sont d’autant plus nombreux qu’à cette époque, l’abbaye abrite des reliques précieuses. Hormis le corps de Guillaume (devenu Saint Guillaume en 1066), on y trouve le morceau de la Sainte Croix offert par Charlemagne à Guillaume, et des fragments de linge de la Sainte Vierge.
Avec l’engouement des pèlerinages les foules de fidèles affluent, et l’abbaye devient une étape très importante sur le « chemin d’Arles », un des parcours vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
En 1138, on exécute une nouvelle élévation du corps de Guilhem pour le placer dans le chœur principal de l’abbatiale.
Dans le même temps apparaît la « chanson geste de Guillaume d’Orange ». Il y est dépeint comme un personnage impétueux, engagé dans des combats acharnés contre les Sarrasins.
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C’est une légende homérique en langue d’oïl, révélée aux XIIème et XIIIème siècles. Elle glorifie un Guilhem très éloigné du personnage historique, mais qui ressemble malgré tout à Guillaume de Gellone. Elle participera fortement à la renommée de l’abbaye, qui prendra définitivement le nom de son fondateur au XIIème siècle.
GUERRES DE RELIGION
En 1568, l’abbaye est mise à sac par les Protestants.
ANCIEN RÉGIME
En 1624, malgré les réparations, le site (les bâtiments conventuels, le réfectoire, le dortoir et les cellules) est en état de ruines. Les seize moines restants ne suivent plus la vie communautaire et n’habitent plus au monastère.
En 1644, lorsque la Congrégation de Saint-Maur en prend possession, le sanctuaire est à l’abandon. Ses adeptes, les Mauristes, se lancent alors dans d’importantes restaurations et sauveront l’essentiel.
RÉVOLUTION FRANÇAISE
Lors de la période tourmentée de la Révolution, il ne reste plus que six moines logeant à Saint-Guilhem.
L’abbaye est alors réquisitionnée et vendue au titre de « bien national ». L’église devient l’église paroissiale du village.
Le monastère est transformé en filature de coton, puis en tannerie. Le cloître est racheté par un maçon et devient une carrière de pierres. Le site est dévalisé de ses riches sculptures, qui sont démontées et rachetées par un juge d’Aniane vers 1830. Par la suite, elles changeront encore de propriétaires : son fils les vendra à des antiquaires, qui les cèderont à leur tour à George Grey Barnard (un collectionneur américain).
En 1840, l’abbaye est prise en charge par les Monuments Historiques. De nombreuses restaurations consécutives vont restituer aux bâtiments rescapés de la démolition, tout leur lustre d’antan.
LES EXTÉRIEURS
LE CLOCHER-PORCHE (1)
Le clocher-porche se compose de deux parties distinctes : le vestibule, aussi nommé « gimel », attesté en 1199, et la tour érigée au-dessus au milieu du XVème siècle.
LE PORTAIL D’ENTRÉE
L’accès à l’église est marqué par un grand portail bâti en petit appareil de pierre froide. En saillie, sa forme en plein cintre est mise en valeur par une archivolte à décor de dents d’engrenage.
LES COLONNES & LES CHAPITEAUX
Les voussures toriques reposent sur des colonnes à chapiteaux sculptés de motifs végétaux.
Les plus extérieures sont en marbre blanc de remploi, d’origine romaine, comme les reliefs encastrés dans les écoinçons supérieurs du portail, représentant des bustes féminins.
LES FAÇADES
LE CHEVET
L’INTÉRIEUR
LE PORCHE D’ENTRÉE : « LE GIMEL » (A)
Il est couvert d’une voûte d’ogives reposant sur des chapiteaux à décor floral et animalier. Selon une légende, « gimel » viendrait des gémissements des hérétiques qui, depuis le Concile de Lombers de 1165, s’étaient vus assigner ce lieu en attente de leur entrée dans la vraie foi.
DALLAGE DU PORCHE D’ENTRÉE
Le sol du « gimel » affiche de nombreuses et anciennes dalles funéraires des XVIIème et XVIIIème siècles provenant du cimetière.
LE PLAN
LA NEF (2)
Elle a été érigée au cours de la première moitié du XIème siècle, et possède des dimensions imposantes.
Avec 40 mètres de longueur au total et 18 mètres de hauteur, elle est de type basilical à trois vaisseaux. Caractéristique du premier âge roman méridional, la voûte en berceau plein cintre est bâtie dans le tuf local.
La nef repose sur de puissants piliers cruciformes et des arcs doubleaux taillés dans du calcaire.
LES ORGUES (B)
Au-dessus de la porte, les orgues sont supportés, à partir du XVIIème siècle, par une tribune en bois réduite aux dimensions actuelles.
Construits en partie par le facteur d’orgues Jean Pierre Cavaillé avant la Révolution Française, ces trois orgues sont considérés comme l’une des « Sept Merveilles organistiques de l’Hérault ».
LES FONTS BAPTISMAUX
A l’angle nord-ouest du collatéral nord (C), près d’une ancienne porte aujourd’hui murée, on peut admirer les fonts baptismaux provenant d’une des anciennes églises paroissiales du village, Saint Barthélémy.
Le collatéral sud (D) accueille l’escalier en bois qui conduit à la tribune des orgues et au clocher, ainsi que les portes d’accès aux galeries supérieures du cloître (disparues de nos jours).
LE TRANSEPT (3)
Il est très saillant et mesure 27 mètres de longueur. L’extrémité de ses bras est occupée par une tribune.
Au nord, un escalier en bois débouche sur une porte (E), ouverte au XIXème siècle pour permettre un accès plus direct aux paroissiens de la partie basse du village.
Au sud, il existe une autre porte (F), dite « des Infirmes » ; elle était réservée aux moines malades qui pouvaient assister aux offices tout en étant proches de l’infirmerie.
Dans les puissants piliers qui délimitent le transept, des niches ont été ménagées pour accueillir des autels secondaires. De nos jours, on y distingue au nord la chasse reliquaire de Saint Guilhem (G), fondateur du monastère, et au sud, le reliquaire de la Vraie Croix (H). Tous deux ont été réalisés et consacrés au XIXème siècle.
LE CHEVET (4)
A l’est du transept s’élève un chevet, composé d’une abside centrale flanquée de deux absidioles (nord et sud) abritant des autels.
Le chœur est dominé par de petites ouvertures évoquant le soleil de part et d’autre d’une croix.
Composé de trois absides semi-circulaires, il a été construit au cours de la seconde moitié du XIème siècle. L’imposante largeur de l’abside centrale (10 m) s’explique par la présence de la crypte. En 1139, les religieux y déposèrent les reliques du saint fondateur dans un sarcophage.
L’abside accueille depuis 1699 un maître autel baroque en marbre, éclairé par trois fenêtres, élargies à l’Époque moderne et fermées par des vitraux réalisés en 1978.
Après plusieurs années de restauration, l’autel du Saint Sauveur, dit de « Saint Guilhem », daté de la fin du XIIème siècle, prend place au centre de l’abside. Cette pièce exceptionnelle en marbre blanc incrustée de plaques de verres colorées, est décorée d’une représentation du Christ en majesté et de la scène de la Crucifixion.
LA CHAPELLE SAINT JOSEPH
Elle est directement fondée sur le rocher et sa paroi est animée par trois niches. Elle était auparavant consacrée à la Vierge (Cora de Nostra-Dona). Elle accueillait jusqu’en 1983 « la chapelle des antiquités », qui rassemblait des éléments lapidaires sauvés par l’abbé Léon Vinas (1810-1875). Aujourd’hui, ils sont exposés dans le musée installé dans l’ancien réfectoire.
Jusqu’au XVIIème siècle, l’absidiole sud était dédiée à Saint Pierre. Depuis, placée sous le vocable de Marie, elle sert d’écrin à une statue provenant de l’ermitage Notre-Dame du Lieu Plaisant, et à un tableau du XVIIIème siècle représentant Saint Benoît de Nursie et Saint Benoît d’Aniane.
LA CRYPTE
Elle est accessible par deux escaliers.
D’époque carolingienne, la crypte présente un plan rectangulaire aux murs épais. Bâtie en tuf et divisée en deux vaisseaux séparés par des piliers, elle était à l’origine voûtée, et correspondait à la partie enterrée de l’église préromane dont le chœur et la nef ont été démolis au XIème siècle.
Au fond à droite, la banquette atteste de l’ancien emplacement du tombeau de Guilhem, qui y fut déposé à la fin du Xème siècle. En 1139, ses reliques furent transférées dans le chœur, et placées dans un sarcophage de marbre.
LE CLOÎTRE (5)
Érige au sud de l’abbatiale, le cloître se présente autour du jardin central sous la forme d’un quadrilatère irrégulier. A la fin du Moyen Âge, il s’élevait sur deux niveaux, afin de faciliter la circulation des religieux entre les différents bâtiments monastiques. Il a en effet été construit en plusieurs campagnes : les galeries encore en place (nord et ouest) datent du XIème siècle ; les ailes est et sud du rez-de-chaussée et est et nord de l’étage, au riche décor sculpté, ont été réalisées par plusieurs ateliers autour de 1200. Enfin, les deux dernières claires-voies supérieures (ouest et sud) datent des alentours de 1300.
La galerie sud (I) borde le vivier (J) et le lavabo (K), daté de la deuxième moitié du XIIème siècle. Le bassin est alimenté par une fontaine couverte d’une voûte sur croisées d’ogives. Au-dessus se trouvait la bibliothèque.
Avec ses voûtes en arêtes et une voûte sur croisées d’ogives datée du XVème siècle, la galerie ouest (L) abrite quelques traces de peintures murales, rappelant que ces ensembles étaient majoritairement décorés de sculptures et peints.
Sur un arc, on distingue encore une scène représentant un Christ entouré des apôtres Pierre et Paul (fin XIIème début XIIIème siècle). Contre le mur sud une sainte, entourée de personnages en prière la vénérant, pourrait avoir été peinte au XVème siècle.
Sur la galerie orientale (M) s’ouvrait, au rez-de-chaussée, la salle capitulaire où se réunissait quotidiennement la communauté religieuse.
Elle était abondamment éclairée par des fenêtres géminées dont on voit encore les traces.
A l’étage se trouvait notamment le dortoir, relié à l’église par le niveau supérieur du cloître.
Le réfectoire a été bâti en tuf au XIVème ou XVème siècle. Il possède de larges contreforts et est éclairé par des fenêtres étroites et une rose gothique. Cette grande salle est surélevée au nord pour accueillir un cellier. Ses murs Est et Ouest sont longés d’une banquette maçonnée. Au sud, la cuisine (N) communiquait avec le réfectoire par un passe-plat et desservait d’autres bâtiments, notamment la boulangerie.
Après la Révolution, plusieurs maisons et appartements y auraient été aménagés, détruits seulement dans les années 1970. Devenu lieu de conservation des vestiges lapidaires, le réfectoire a fait l’objet d’une nouvelle présentation des collections en 2009, accueillant l’actuel musée du site.
Diverses constructions conventuelles (O), datant des XVIIème et XVIIIème siècles, s’ouvraient au sud du cloître. Aujourd’hui elles accueillent le presbytère, une librairie, et la communauté du Carmel de Saint-Joseph.
Sources :
Cet article repose en grande partie sur les détails et les explications affichés à l’intérieur de l’abbaye, à l’intention du public.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Saint-Guilhem-le-D%C3%A9sert
https://www.escapadeslr.com/site-abbaye-de-gellone-saint-guilhem-le-desert-herault-63.html
http://www.cheminscompostelle-patrimoinemondial.fr/fr/composantes/ancienne-abbaye-de-gellone-65
https://monumentum.fr/ancienne-abbaye-gellone-pa00103690.html
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