Aigues-Mortes, un port royal ! – 1248
AIGUES-MORTES,
UN PORT ROYAL !
(1248)
SEPTIÈME CROISADE
(1248-1254)
« Dieu le veut ! »
Un long chemin vers la terre du Christ
INTRODUCTION
Lire :
1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II
AIGUES-MORTES
(1248)
SITUATION & PROJET
Dès 1240, Saint-Louis désire rompre avec l’influence des marines italiennes pour le transport de troupes et de marchandises en direction de la Terre Sainte. Leur suprématie est grande en Méditerranée où elles tirent des profits considérables avec les Croisades. Les républiques comme Amalfi, Gênes, Pise et Venise sont devenues riches et prospères. Le capétien doit se libérer de cette prépondérance transalpine.
A cette époque là, Marseille est la propriété de son frère Charles d’Anjou, Agde celle du Comte de Toulouse, et Montpellier celle du roi d’Aragon. En avril 1229, le comte Raymond VII de Toulouse a cédé ses fiefs et terres du Languedoc à la couronne par le traité de Meaux-Paris. En même temps, la même année, le royaume s’est agrandi de deux sénéchaussées, celles de Beaucaire et de Carcassonne ; ce qui lui octroie ainsi pour la première fois un débouché sur la Méditerranée.
1240, LA LOCALISATION DU PORT
Pour commercer avec l’orient et s’implanter dans le Midi, Louis IX se met en quête d’un lieu propice à la construction d’un port autonome pour son royaume. Les pays de Narbonne et de Montpellier ne sont pas fiables : le premier reste fidèle à la dynastie comtale de Toulouse et le second, dépendance épiscopale de Maguelonne, est sous emprise aragonaise. Une solution « ex nihilo » semble retenir les faveurs du Capétien. Son intérêt va se porter sur un site doté d’une position stratégique à l’embouchure du Petit- Rhône sur le Grau de la Chèvre ; Aigues-Mortes.
DÉBUT DE LA CONSTRUCTION DU PORT
Dès 1240, des négociations vont être entreprises avec l’abbaye Saint-Pierre de Psalmodi. En 1248, des échanges de terrains permettront au domaine royal de devenir propriétaire d’une large zone du littoral.
La construction par les Bénédictins d’un réseau de voies et chemins en direction de Nîmes avait permis son désenclavement. Bien que cernée d’étangs d’eaux stagnantes et insalubres, et placée sous la menace d’ensablement, la région appartient désormais au domaine royal.
UN SITE PORTUAIRE ET URBAIN « EX NIHILO »
L’émergence de terre d’un ensemble portuaire et urbain neuf nécessite des fonds colossaux. Pour financer le projet, les riches citadins et les communautés religieuses seront largement sollicités. Dès 1241, avec les débuts des travaux, des mesures distinctes sont prises, et des privilèges sont attribués aux transporteurs, charretiers, et convoyeurs… Par exemple, pour l’acheminement des matériaux comme le bois et la pierre en provenance de toutes les régions du royaume, les péages seront supprimés.
En outre, le roi accordera une charte de consulat et de nombreux avantages aux habitants de la nouvelle cité. Ces derniers seront exemptés, durant une période de vingt ans, de taille, de gabelle et de chevauchée.
Depuis son vœu de Croisade en 1244, Louis IX est bien décidé à s’embarquer pour la Terre Sainte, non pas d’un territoire étranger au royaume, mais bien du sol de France. Il veut désormais qu’Aigues-Mortes devienne le point de départ et de passage obligé vers Jérusalem. Aussi n’aura-t-il de cesse de pousser les bâtisseurs à activer les travaux, afin que ceux-ci soient terminés en temps opportun.
L’agencement et l’installation du chantier prévoient deux zones distinctes. Deux ensembles sont définis : l’étang et la lagune.
– L’étang forme un port intérieur ; c’est un abri sûr et protégé autour duquel la ville peut s’étirer et se développer.
– La lagune, située à deux kilomètres, se présente comme un port maritime en eaux profondes qui peut accueillir des bateaux de plus gros tonnage.
En outre, les deux zones sont reliées entre elles par plusieurs canaux, et un entrelacement de voies navigables autorise le transport de marchandises vers l’intérieur des terres.
RICHE ET PROSPÈRE
En 1248, le roi Louis est enchanté de la tournure et de l’avancement des travaux, même s’ils sont inachevés. Le modèle en damier autour duquel s’agencera la cité, l’enceinte provisoire et la grosse tour de Constance, l’éblouissent.
Une route est tracée entre les marais et une tour y est construite : la tour Carbonnière ; elle servira de tour de guet et protègera l’entrée de la cité.
Alors que chevaliers et soldats s’activent aux préparatifs de la Septième Croisade, la cité prend les allures démesurées d’un arsenal où s’affairent une foule d’ouvriers et d’artisans. Dans le port, la nef royale « la Monjoie » et une trentaine de navires attendent, prêts à embarquer. Avec le creusement du chenal du Grau-du-roi, désormais la lagune est reliée directement à la mer. Pour la première fois, le 25 août 1248, un monarque français appareille pour la Terre Sainte depuis son propre port sur la Méditerranée.
En 1266, le pape Clément IV accorde au roi Louis IX de prélever un denier par livre sur les marchandises transitant par Aigues-Mortes. Cet argent servira au financement de la construction des remparts de la ville. Les derniers aménagements et fortifications de la cité portuaire ne seront terminés que sous les règnes de ses descendants, son fils Philippe III le Hardi et son petit-fils Philippe IV le Bel.
Jusqu’au milieu du 14ème siècle commence alors pour Aigues-Mortes et sa région une ère de prospérité. Situés au carrefour des routes entre l’Occident et l’Orient, la ville et le port, tant désirés par Saint-Louis, s’enrichiront avec le commerce des draps et des grains, des épices et de la soie.
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