Le Sacre
Le Sacre
(2 décembre 1804)
« Il n’y a qu’un secret pour mener le monde, c’est d’être fort, parce qu’il y a dans la force ni erreur, ni illusion ; c’est le vrai, mis à nu.»
Napoléon Bonaparte
« Je ne tiens pas la couronne de mes pères mais de la volonté de la nation qui me l’a donnée.»
Napoléon Bonaparte
Contexte.
Le 4 mai 1804 (14 floréal an XII), un sénatus-consulte est promulgué, et proclame Napoléon Bonaparte, alors Consul à vie, Empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er.
Plébiscite.
Le 18 mai 1804 (28 floréal an XII), Napoléon Bonaparte reçoit la dignité impériale. La décision est ratifiée par un plébiscite qui lui accorde 3,5 millions de oui contre 2579 non.
La cérémonie du sacre.
Il fait très froid en ce 2 décembre 1804 (11 frimaire an XIII). L’assistance, constituée de 12 000 invités, qui se presse à l’intérieur de Notre-Dame de Paris, est frigorifiée. Ce sont les dames qui en souffrent le plus, eu égard à la légèreté de leurs tenues vestimentaires. En effet, le protocole leur interdit de se couvrir les épaules d’un châle, comme elles le font habituellement par de pareilles températures. Même les messieurs, la plupart guindés dans leurs beaux uniformes de parade, sont raidis par le froid glacial qui règne dans le colossal édifice. Dans le chœur de la cathédrale, Sa Sainteté le Pape Pie VII a entonné le « Veni Creator ». Tout autour de la scène se réunissent les cardinaux, les ambassadeurs, les grands dignitaires de l’Empire, de la cour et de l’armée ; tous transis de froid. On chante le « Te Deum » ; la cérémonie va durer cinq heures.
L’intronisation.
Le futur couple impérial est accueilli vers midi à l’entrée de Notre-Dame par le cardinal du Belloy. Après leur avoir offert l’eau bénite et s’être signés, Napoléon et Joséphine entrent dans la cathédrale et avancent vers l’autel alors que l’on joue « la Marche triomphale », de Lesueur.
La traîne du manteau de Joséphine est maintenue par les princesses Julie Clary (épouse de Joseph Bonaparte), Hortense de Beauharnais (épouse de Louis Bonaparte), et les sœurs de Napoléon, Elisa, Pauline et Caroline. Le maréchal Murat, grand amiral d’Empire, a la charge de porter la couronne de Joséphine. Les officiers de la maison impériale soutiennent, à leur tour, les traînes des manteaux desdites princesses. L’Empereur porte le lourd et enveloppant manteau d’hermine, qui dissimule sa petite taille. Il tient dans ses mains le sceptre et la main de justice, et sa tête est ceinte d’une simple couronne de lauriers.
Le Saint-Père reçoit alors la profession de foi de Napoléon. Puis le couple impérial se dirige vers l’autel pour être oint du Saint Chrême par le Pape. Les 500 instrumentistes et choristes entament alors le motet Unxerunt Salomonem.
Puis vient la messe. Les chœurs entonnent alors des chants grégoriens, puis le Kyrie, et le Gloria de la messe écrite par Paisiello. S’ensuit la bénédiction de l’épée, du manteau, de l’anneau, des couronnes et du globe. Le couple impérial peut alors se parer des ornements bénis.
Couronnement.
La couronne étant placée sur l’autel, Napoléon la prend et se la pose lui-même sur la tête. Puis il saisit celle de Joséphine, la présente au-dessus de son crâne et couronne l’impératrice agenouillée à ses pieds.
Pie VII procède ensuite à la bénédiction de Napoléon et prononce ces paroles : « Que Dieu vous affermisse sur ce trône… » Et lui donne l’accolade sur la joue. Se tournant vers l’assemblée réunie devant lui, il s’écrie à haute voix : « Vivat Imperator in aeternum !» Puis la chorale entonne le Vivat de l’abbé Roze. Enfin la messe se termine, le Pape se retire et Napoléon prononce son serment.
« J’ai trouvé une couronne dans le ruisseau, j’ai essuyé la boue qui la couvrait, je l’ai mise sur ma tête.» Napoléon, cité par Stendhal.
Serment Constitutionnel.
La main posée sur les Evangiles il dit :
« Je jure de maintenir l’intégrité du territoire de la République, de respecter les lois du Concordat et de la liberté des cultes ; de respecter et de faire respecter l’égalité des droits, la liberté politique et civile, l’irrévocabilité des ventes des biens nationaux ; de ne lever aucun impôt, de n’établir aucune taxe qu’en vertu de la loi ; de maintenir l’institution de la Légion d’honneur ; de gouverner dans la seule vue de l’intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français. »
Pour clôturer la cérémonie, le héraut d’armes s’empresse de déclarer :
« Le très glorieux et très auguste empereur Napoléon, empereur des Français, est couronné et intronisé empereur. Vive l’Empereur ! »
C’est sous les cris de « Vive l’Empereur ! » que la foule accompagne le couple impérial vers la sortie de Notre Dame, alors que retentit une salve de cent coups de canons.