Le château du Barroux
LES TÉMOINS DU PASSÉ
LE CHÂTEAU DU BARROUX
Blason de la ville de Le Barroux
TYPE : château fort.
STYLE : Roman et Renaissance.
NOM COURANT : Château Le Barroux.
ÉPOQUES : Moyen Âge et Renaissance.
PÉRIODES DE CONSTRUCTION : XIIème XVIème et XVIIIème siècles.
PROPRIÉTAIRES SUCCESSIFS : familles des Baux, de Peyre, de Rovigliasc, de Joannis, et de Moret.
DESTINATION INITIALE : défensive. (Le château fut à l’origine un puissant donjon qui protégeait la région contre les invasions sarrasines et italiennes).
PROPRIÉTÉ : privé.
ÉTAT DE CONSERVATION : très bon.
PROTECTION :
– classé sur la liste des Monuments Historiques le 27 mai 1963.
– inscrit par arrêté sur la liste des Monuments Historiques le 9 décembre 1920.
COMMUNE : Le Barroux
DÉPARTEMENT : Vaucluse.
RÉGION : Provence-Alpes-Côte d’Azur
LE BARROUX
Le Barroux est une commune française située dans le département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Elle se trouve à 21,6 kilomètres de Vaison-la-Romaine et à environ 13 kilomètres de Carpentras (sources Google Maps).
Ses habitants sont appelés les Barrouxiers et les Barrouxières.
LE CHÂTEAU
PRÉSENTATION
La forteresse est établie sur les derniers contreforts des Alpes comtadines, à 360 mètres d’altitude. Elle domine sous ses remparts, les anciennes maisons du village médiéval du Barroux. Cet édifice féodal fut, du XIIème au XVIIIème siècle, la propriété des familles des Baux, de Peyre, de Cardaillac, de Rovigliasc, de Pelletier de Gigondas, de Joannis et de Moret.
HISTORIQUE
MOYEN ÂGE
LES PREMIÈRES TRACES ÉCRITES DU BARROUX
Le Barroux est mentionné en 1133 sous le nom d’Albaruffum, et va se développer autour d’un château-fort. Les seigneurs de Baux construisent ce château avec certainement des seigneurs locaux qui y vivent et le défendent. En latin, Albaruffum peut se traduire par « blanc en arrière-plan » ; ce qui est une constante géologique des sommets environnants. Le nom de « Ventoux » serait issu du langage celtique « Ven Top », que l’on peut traduire par « montagne blanche ».
Le château faisait partie à l’origine de la principauté d’Orange, et ensuite des comtes de Toulouse. Après la fin de la Croisade des Albigeois (traité de Meaux 1229), la région est rattachée au Comtat Venaissin (1274) sous l’autorité du Saint Siège de Rome. Le château devient alors un fief du Comtat Venaissin.
Carte du Comtat Venaissin dans ses limites du XVIIIème siècle et les communes et départements actuels. Le territoire du Marquisat de Provence, situé à l’est du Rhône, est quant à lui légué à l’autorité pontificale de Rome. (Jusqu’à la Révolution française, il portera le nom de Comtat-Venaissin).
A ses débuts, l’édifice n’existait que sou la forme d’un donjon, cerné de remparts.
En 1536, en règlement d’une dette, le château devient la propriété de la famille des Rovigliasc, comtes de la Celle en Piémont. Il est alors rebâti, transformé, embelli, et devient une des plus belles des demeures à vivre de la région.
Au XVIème siècle, le château s’imprègne du style renaissance : on voit l’apparition de tours d’angle et de fenêtres à meneaux.
GUERRES DE RELIGION
Durant la période des troubles occasionnés par les Guerres de Religion, en 1563, le château fut livré sans combattre par Barthélémy Bellon aux Huguenots (Protestants). Puis il sera repris la même année par les Catholiques. Au cours de ces luttes fratricides, le château, fort heureusement, ne subira aucun préjudice important.
A la fin du XVIIIème siècle, l’édifice est encore en bon état, ainsi que le « ravelin » (ouvrage défensif en forme de V) et le sanctuaire de Notre-Dame de la Brune.
De 1680 à 1690, la forteresse est agrandie. Une cour intérieure est créée, ainsi que la construction de remparts selon les techniques de Vauban.
Le château, comme en attestent les différentes pierres sculptées, conserve un côté raffiné, malgré les apports à caractères défensifs (apparitions de multiples bouches à feu dans les murailles).
La forteresse, qui peut se prévaloir de posséder sept pièces d’artillerie de bronze à cette époque, est prête à supporter d’éventuels sièges.
RÉVOLUTION FRANÇAISE
En 1791, les révolutionnaires, après avoir brûlé les effets du seigneur sur la place publique, occupent le château et lui font subir de multiples dégâts.
Par la suite le bâtiment sera abandonné, et utilisé pendant 150 ans comme carrière de pierre (comme bien souvent à cette époque-là).
XXème siècle
En 1929, André Vayson de Pradenne rachète les ruines et entreprend la reconstruction du château avec ses propres fonds. Hélas, en 1939 il mourra accidentellement sans terminer les travaux.
Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le château est occupé par l’envahisseur allemand qui l’utilise comme poste d’observation.
Pendant plus de quinze années, les travaux de restauration seront reportés. Ses portes seront murées, par précaution et sécurité. Les vastes salles, aux murs carbonisés et prêts à s’effondrer, semblent destinées une fois de plus à la destruction.
Dans les années 1959/1960, le docteur madame Mouliérac-Lamoureux entreprend la restauration des préjudices dus à l’incendie, toujours sur fonds privés (elle disait : « mon plus grand malade, c’est lui »).
En 1983, une association, les Amis du Château du Barroux, prend le relais pour la sauvegarde de ce patrimoine.
En 2020, la famille Vayson de Pradenne lance un projet de réhabilitation du site.
Aujourd’hui, le château est ouvert aux visiteurs et accueille diverses manifestations culturelles et artistiques.
LE CHÂTEAU
Le Château du Barroux se découvre au fil des salles, restaurées pour la plupart, et dont certaines (salle des Audiences) sont abondamment commentées. Notre imagination est sans limite au fur et à mesure que l’on s’avance dans ces vastes salles. Elles nous chuchotent leur histoire ; une histoire faite d’un riche passé. On est alors suspendu dans le temps et dans l’espace, et la visite de ces lieux centenaires s’effectue comme une balade. On déambule de pièce en pièce, en suivant un parcours fléché jusqu’au cœur de la forteresse.
Le grand escalier nous emmène sur les terrasses qui surplombent les toits du village médiéval du Barroux, avec en fond de tableau une vue extraordinaire sur les dentelles de Montmirail, le mont Ventoux, et le comtat Venaissin.
L’ENTRÉE
Elle se fait dès la sortie de la petite pièce de l’accueil/boutique. La personne présente à la réception nous a gentiment fourni tous les précieux renseignements pour notre visite.
Muni de mon appareil photo en bandoulière, j’arpente avec ma compagne, le tunnel d’accès à la cour d’Honneur. Quelques vestiges y sont entreposés (lavabo, lavoir…).
LA COUR D’HONNEUR
On débouche dans une grande cour, d’où l’on peut observer l’architecture composite de l’édifice. Elle est l’aboutissement des différents travaux d’agrandissement, d’embellissement et de restauration.
On s’aperçoit que la tradition défensive médiévale est toujours présente (donjon carré et tours d’angles). Il est vrai que ces ouvrages d’un autre temps ont, avant tout, des vocations ornementales.
Observons le système de défense du château, et portons notre attention sur les restes du chemin de ronde. Il partait de la petite porte du premier étage de la tour des gardes, et longeait la saillie du mur (les corbeaux qui soutenaient le chemin de ronde sont encore visibles). Puis il passait devant le mâchicoulis pour rejoindre la tour nord-ouest.
Sous le dallage de la cour, une grande citerne (d’une contenance de plus de 100 mètres cubes) recueillait les eaux de pluie et permettait de constituer une réserve dans l’enceinte fortifiée du château.
LE GRAND ESCALIER
Il n’est pas d’époque : il date de 1930. Il aura fallu deux ans de travail pour le tailler (d’octobre 1932 à octobre 1934). C’est Laurent Monchieri, un ouvrier italien du village, qui l’a construit.
Il s’est inspiré du seul escalier restant, celui de la tour des gardes, puisque, comme les cheminées, l’escalier d’origine fut démonté et pillé pendant la Révolution.
Tout en haut, sur son sommet, au bout de 77 marches, l’escalier se termine par une coupole sur laquelle Monchieri a apposé ses initiales. Bien que récent, cet ouvrage assemblé entièrement en pierre de taille est remarquable.
LA GALERIE DES SEIGNEURS
Dans cette salle, on aperçoit la seule cheminée qui ait subsisté dans le château. Les autres ont été démontées au cours de la Révolution. On y découvre, placardés sur les murs, des panneaux relatant l’historique du monument. Dans le fond de la pièce, on distingue la porte qui donne sur la fameuse salle des Audiences. En la franchissant, on remarque un élégant ensemble architectural en pierre de taille : une belle concordance des trois marches et des trois arcs qui les surmontent.
LA SALLE DES AUDIENCES
C’est la première salle à avoir été restaurée après l’incendie de 1944. Il faut s’imaginer les pièces entièrement noircies par le feu et les fumées, les sols jonchés de gravats, sans portes, ni fenêtres, ni plafonds. Les murs affichent encore quelques stigmates des flammes destructrices.
Dans un recoin, on aperçoit l’emplacement des anciennes latrines.
Au fond de la salle des Audiences se trouvent deux petites portes. L’une d’elle permet d’accéder à la loggia. C’est une pièce imaginée par le propriétaire dans les années 1930, en rapport avec les arcades de la cour.
LA SALLE DE LA GARENNE
LA SALLE DU PARLEMENT
C’est la plus vaste salle du château. Elle était utilisée autrefois (et encore aujourd’hui) pour les grandes réceptions.
Le dallage de cette salle a été détérioré par les grenades incendiaires lancées à cet endroit, et qui ont mis le feu au château en 1944. Il a été nécessaire de remplacer une partie de ces dalles, comme on peut le constater.
En nous dirigeant dans la tour au fond de la salle, on a une vue exceptionnelle sur la chapelle castrale et le village.
LA CHAPELLE NOTRE DAME DE LA BRUNE
L’ancienne chapelle du château fut érigée par les Rovigliasc, à la fin du XVIème siècle. Il est probable qu’il s’agissait à l’origine d’une chapelle castrale (comme en atteste l’entrée primitive de l’édifice qui se situe au nord, en face de la porte du château) qui était insérée dans l’enceinte de celui-ci.
Cette petite bâtisse qui prend appui sur le rocher est construite au-dessus d’un logis et d’une écurie. Elle est de dimensions modestes ; sa nef comporte trois travées, et possède un choeur en cul-de-four.
Un « prix-fait » (devis) daté de 1608 fait mention de travaux exécutés à l’abside et à la toiture (suite aux dommages provoqués lors des Guerres de Religion par les Protestants), et d’un rallongement du bâtiment.
Vendue comme « bien national » à la Révolution, elle change plusieurs fois de propriétaires avant d’être rachetée, en même temps que le château, par M Vayson de Pradenne.
La chapelle abrite des peintures murales classées depuis 1963. Ces fresques ont été réalisées entre les XVIIème et XIXème siècles ; elles représentent des scènes de la vie de la Vierge.
Le vocable de la chapelle provient du fait qu’elle a renfermé une statue de la Vierge noire. Ces « brunes madones » se rencontrent particulièrement, pour la France, dans le Massif Central, mais aussi dans les Pyrénées orientales, la Provence et la vallée du Rhône.
On pense aujourd’hui que leur apparition daterait de l’époque gauloise, sans doute à Marseille, ville soumise tôt aux influences gréco-romaines. L’existence des Vierges serait en effet le résultat d’une réunion de plusieurs doctrines, se situant entre la tradition celtique et la mythologie gréco-romaine. L’ancienneté de ces cultes explique que le Christianisme en garde la trace.
Abbaye Saint Victor – La Vierge noire
Lire : L’abbaye Saint Victor de Marseille .
En Provence, on compte une vingtaine de Vierges noires. Figure maternelle, la Vierge Noire représentait la source de vie, la fécondité, et on l’invoquait dans nos régions surtout en cas de sècheresse.
La légende rapporte que lorsque les Protestants s’emparèrent du Barroux, en 1563, ils jetèrent la pieuse statue dans le feu, mais miraculeusement celle-ci ne brûla pas.
L’anecdote reflète la haine des Huguenots envers ce type de statues, qui seront très souvent détruites au cours des Guerres de Religion. La réforme protestante reniait toute glorification de la Vierge et toutes superstitions liées à la vénération de ces statues si particulières.
Des pèlerinages auront lieu au XVIIème siècle à la chapelle Notre Dame de la Brune du Barroux.
LA TERRASSE SUPÉRIEURE
Empruntons l’escalier de la Tour des Gardes pour accéder à la terrasse supérieure du château. Depuis ce poste d’observation, on a une vue imprenable sur le paysage alentour. Au bout de la terrasse, au niveau du treuil, on surplombe une des façades du château qui faisait partie de l’ancienne enceinte. Elle fut détruite à la Révolution, et rebâtie entre 1929 et 1939 avec son mâchicoulis. Ce dispositif permettait de se défendre en lançant des pierres tout en restant protégé. De part et d’autre du mâchicoulis on distingue des meurtrières.
En observant la cour en contrebas, on aperçoit des fortifications plus récentes qui complètent le système défensif du château. C’est une construction qui date de la fin du XVIIème siècle, réalisée suivant les techniques Vauban.
En quittant le château, il est important d’aller voir les casemates situées dans les pointes avancées des fortifications. De par leur position, elles permettaient de diriger les tirs sous les façades pour que l’on ne puisse pas poser des échelles, et de protéger les remparts (voir les photos des extérieurs ci-dessous).
LA SALLE PAUL VAYSON
LES SALLES BASSES
La visite est presque terminée. En prenant l’escalier en colimaçon de la Tour nord-ouest, on pénètre dans l’entrée inférieure du château. Cette salle fait partie d’un ensemble de trois pièces, le plus ancien de la forteresse. Cet ensemble a résisté depuis le XIIIème siècle sans subir de dommages. Il était utilisé pour entreposer les victuailles et servait de logement pour la garnison. Aujourd’hui, ces salles sont destinées à l’élevage des whiskys du château du Barroux.
LES EXTÉRIEURS
LE PANORAMA
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Fascicule explicatif offert au public avec le droit d’entrée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_du_Barroux
https://www.baladesetpatrimoine.com/item/le-chateau-de-barroux/
https://monumentum.fr/chateau-barroux-pa00081957.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Barroux
https://www.chateaudubarroux.fr/nos-visites/visite-libre/
