Chypre : un petit « Royaume de France » – 1248-1249

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LES CROISADES

(1095 – 1291)

 

SEPTIÈME CROISADE

« Croisade d’Égypte »

(1248-1254)

 

CHYPRE

(1248-1249)

Un petit

« Royaume de France »

Armoiries Lusignan Chypre

Armoiries Lusignan Chypre

« Dieu le veut ! »

Croisé

Croisé

 

Un long chemin vers la terre du Christ

 

Lire :

1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II

2 – La Première Croisade

3 – La Deuxième Croisade

4 – La Troisième Croisade

5 – La Quatrième Croisade

6 – La Cinquième Croisade

7 – La Sixième Croisade

8 – La Septième Croisade

 

INTRODUCTION

Prêchées et bénies par les papes successifs, dirigées par les souverains des royaumes et des Empires de la vieille Europe, ces expéditions se devaient d’être les ambassadrices de tout ce que l’esprit de la chevalerie médiévale portait de bon en lui. Nonobstant, les Croisades furent, mise à part la 1ère, un échec militaire, mais sur le plan culturel et économique, l’Occident chrétien en ressortira enrichi. En effet, au sortir de cette aventure, l’Europe en sera bénéficiaire ; elle était en retard sur le mode de vie d’un Orient qui commence alors à décliner. On retiendra sur le plan géopolitique, la création des États latins d’Orient : les Comtés d’Edesse et de Tripoli, la Principauté d’Antioche, et le Royaume de Jérusalem. De pair, cette période engendrera le développement et la prospérité des républiques italiennes comme Amalfi, Gênes, Pise et Venise, qui tireront des profits considérables de cette aventure.

La Septième Croisade, souhaitée par le pape Innocent IV, est la première des deux expéditions projetées et dirigées par le roi de France Louis IX en Terre Sainte. Lancée par ce dernier en 1244, elle se met en route quatre ans plus tard et accoste en Égypte en 1249. Lors de la Sixième Croisade (1228-1229), les négociations de Frédéric II de Hohenstaufen avaient permis de récupérer Jérusalem sans coup férir (traité de Jaffa, 11 février 1229). En 1248, le sultan d’Égypte reprend la ville sainte et décime l’armée chrétienne. Le roi de France veut donc attaquer les musulmans au cœur de l’Égypte, et les obliger ainsi à restituer les territoires occupés. Cependant, au 13ème siècle, la ferveur religieuse n’est plus la même que pour la Première Croisade (1095-1099) ; elle s’est émoussée au fil du temps et des échecs. Saint Louis, qui prend la route avec son épouse Marguerite de Provence et ses deux frères, Robert d’Artois et Charles d’Anjou, s’est vu contraint d’obliger nombre de ses seigneurs à se croiser avec lui. Le 28 août 1248, le roi et sa suite embarquent à Aigues-Mortes. Construit à l’initiative de Louis IX, ce nouveau port permet d’avoir un débouché sur la méditerranée et de se libérer de la domination des marines italiennes concernant le transport de troupes par mer. Ils accostent sur l’île de Chypre le 17 septembre 1248 pour y passer l’hiver. Louis et sa suite débarquent ensuite près de Damiette et prennent la ville le 5 juin 1249. Puis les Francs font route vers le Caire, où ils sont assaillis et subissent un harcèlement permanent des troupes musulmanes de l’émir Fakhr-ad-Din Yusuf. A la bataille de Mansourah, le 9 février 1250, l’armée croisée, affaiblie, décimée, doit, malgré la victoire, céder le terrain et faire retraite. Robert d’Artois, le frère du roi, est tué avec une grande partie de sa chevalerie. Louis sera même fait prisonnier lors de la débâcle. Le roi sera libéré contre une forte rançon (un million de dinars), acquittée essentiellement par les Templiers. Le 6 mai 1250, Damiette est rendue aux musulmans. Louis IX passera les quatre années suivantes à réorganiser les défenses des principautés franques afin qu’elles puissent se prémunir des attaques mamelouks. En avril 1254, Louis IX quitte la Terre Sainte.

 

 

Aigues Mortes vue des remparts

Aigues Mortes vue des remparts

QUELQUES REPÈRES :

 

ABBASSIDES : dynastie arabe qui règne sur le Califat abbassides (750-1258), centrée sur Bagdad de 762 à 1055 (prise de la ville par les Mongols). Son fondateur, Abû al-`Abbâs surnommé As-Saffâh, est un descendant de ‘Abbas ibn ‘Abd al-Muttalib, le plus jeune oncle du prophète Mahomet.

 

FATIMIDES : dynastie du califat shiite positionnée sur l’Égypte (909-1171). Ses membres reconnaissent leurs origines comme descendants de Mahomet par sa fille Fatima.

OMEYYADES ou UMAYYADES : dynastie arabe de califes positionnée sur Damas de 661 à 750, puis sur Cordoue (756-1030). Les Omeyyades gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. A son apogée leur empire s’étend de l’Inde et de l’Asie centrale à l’Atlantique ; leur tentative de conquête de l’Europe occidentale s’achève avec leur défaite à Poitiers en 732, face à Charles Martel.

SELDJOUKIDES : membres de la plus importante des tribus turques qui ont émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran. Islamisé et organisé militairement, ce peuple conquiert un immense empire autant sur l’Empire Byzantin (prise de Constantinople en 1453) que sur les différents califats arabo-musulmans.

AYYOUBIDES : la dynastie musulmane des Ayyoubides est une famille arabe d’origine Kurde. Elle descend d’un officier kurde, Najm ad-Din Ayyub, lui-même père de Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193).

 

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Combats entre Chrétiens et Musulmans

 

CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS

1242

Languedoc : croisade contre les albigeois

 

– 28 mai : massacre des inquisiteurs à Avignonet par un groupe de gens partis de Montségur.

– 2ème excommunication de Raymond VII.

 1243

Languedoc : croisade contre les albigeois


– mai : nouveau siège de Montségur effectué par le représentant du roi Louis IX, le sénéchal de Carcassonne (Hugues des Arcis).

Le Concile catholique de Béziers veut châtier les responsables du massacre des inquisiteurs à Avignonet. Il admet qu’aucune action ou représailles ne seraient efficaces sans avoir obtenu tout d’abord la reddition de la forteresse de Montségur. Afin d’intensifier la lutte contre les hérétiques, le synode confie les combats à venir au sénéchal de Carcassonne, Hugues des Arcis.

– hiver : premiers succès à Montségur ; les coups de force et frappes pour faire tomber la citadelle sont encourageants. Les Français (croisés) gagnent du terrain.

Orient

– 12 juin : Balian d’Ibelin s’empare de Tyr alors aux mains des alliés de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250).

1244

Languedoc : croisade contre les albigeois

– 1er mars : Raymond de Pareille et Pierre Roger de Mirepoix, qui dirigent la défense du château de Montségur, obtiennent une trêve de deux semaines pour organiser l’évacuation de la citadelle. Avec le consentement de l’évêque cathare Bertrand Marty, ils décident de négocier la reddition de la forteresse.

– 16 mars : le château de Montségur capitule. 210 Cathares refusant d’abjurer sont conduits au bûcher. L’ost du roi s’empare de la place forte.

 

Château de Montségur

Château de Montségur

Orient

– 23 août : les Khwarezmiens prennent Jérusalem aux Croisés.

Les Khwarezmiens, aussi appelés Chorasmiens, Kharezmiens ou Korasmiens. Cet ancien royaume de Khwarezm, iranien, situé entre la mer Caspienne et la mer d’Aral, existe depuis l’Antiquité. Au Moyen Âge, il est islamisé et subit l’influence turque. Aux 12ème et 13ème siècle, il se positionne en Asie centrale comme une puissance de premier plan. C’est à partir de 1221 qu’il s’efface sous les coups des Mongols gengiskhanides. Le shah du Kharezm et les débris de son armée vont errer durant plusieurs années entre l’Iran, l’Inde et le Proche-Orient. En 1244, ils se rendent maître de Jérusalem et saccagent la ville sainte. Ils combattront aux côtés des ayyoubides contre les armées franques, et seront finalement exterminés par leurs propres alliés, qui se retourneront contre eux. L’expédition des Khwarezmiens fragilisera les Etats latins d’Orient, mais aussi les Ayyoubides.

– 17 Octobre : Louis IX fait le vœu de partir en Croisade.

-18 octobre : défaite des Francs à la bataille de La Forbie, au nord-est de Gaza.

1245

 

Languedoc : croisade contre les albigeois

Pourchassés, sans abris et désormais sans refuges, les Cathares fuient à l’étranger, en particulier en Lombardie.

Orient

 

Mort d’Armand de Périgord, seizième Grand Maître de l’Ordre du Temple. Richard de Bures lui succède.

Armoiries Armand de Périgord

Armoiries Armand de Périgord

1246

 

Mort de Geoffroy II de Villehardouin (1195-1246), prince de Morée ou d’Achaïe. Son frère Guillaume II de Villehardouin (1211-1278) lui succède.

Armoiries d'Achaïe ou de Morée (1205-1432)

Armoiries d’Achaïe ou de Morée (1205-1432)

1247

 

Languedoc : croisade contre les albigeois

Raymond II Trencavel se soumet définitivement à Paris.

 

Orient

 

– 5 ou 9 mai : mort de Richard de Bures, Grand Maître de l’Ordre du Temple. Guillaume de Sonnac lui succède.

–  17 juin : en Galilée, les Khwarezmiens s’emparent de Tibériade, tenue par les Francs.

– 4 septembre : mort de Balian d’Ibelin, seigneur de Beyrouth. Son fils Jean d’Ibelin lui succède.

– 15 octobre : les Khwarezmiens reprennent Ascalon, tenue par les Croisés.

– Le pape Innocent IV place le royaume de Chypre sous la tutelle du Saint Siège et le décharge de tout hommage vis-à-vis du Saint-Empire.

Pape Innocent IV

Pape Innocent IV

 

1248

– 12 juin : Louis IX et la Septième Croisade partent de Saint Denis.

Départ de Saint-Louis pour la Croisade

Départ de Saint-Louis pour la Croisade

– 25 août : Saint-Louis et de la Septième Croisade embarquent à Aigues-Mortes.

– 7 septembre : Saint-Louis et la Septième Croisade arrivent à Chypre.

Péninsule Ibérique, Reconquista

Le 23 novembre, Ferdinand III de Castille s’empare de Séville.

1249

Languedoc : croisade contre les albigeois

Le 27 septembre Raymond VII meurt à Millau. Le roi et l’Église ayant réussi à l’empêcher de se remarier, il décède sans descendance. Son gendre Alphonse de Poitiers et de France lui succède.

 

Orient

– 30 mai : Saint-Louis et la Septième Croisade quittent Chypre et s’embarquent pour Damiette.

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

– 5 juin : Saint-Louis et la Septième Croisade accostent à Damiette.

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

– 6 juin : Prise de Damiette par les Croisés.

 

QUELQUES REPÈRES :

CALIFE : chef temporel et spirituel dans les États musulmans. Titre porté par les successeurs du prophète Mahomet.

CALIFAT : comprend le territoire et la population musulmane qui y vit sous l’autorité d’un Calife. Trois Califats revendiqueront le rôle suprême du point de vue temporel et spirituel : Abbassides (Bagdad), Omeyyades (Damas puis Cordoue en Espagne) et Fatimides (Le Caire).

VIZIR : haut fonctionnaire, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dignitaires musulmans.

ATABEG : titre de noblesse turc. Sous l’hégémonie de la dynastie seldjoukide, il s’agissait d’un dignitaire qui avait le rôle de protecteur d’un jeune prince. A la mort de ce dernier, un Atabeg était désigné pour défendre les biens des héritiers.

EMIR : titre de noblesse d’un dignitaire musulman ; en arabe c’est celui qui commande, qui donne des ordres.

 

SULTAN : titre porté par des souverains de différents états musulmans, à partir du 11ème siècle (Seldjoukides). Il est donné par le calife à ceux à qui il confère ce pouvoir. Le territoire géré par un sultan est un « sultanat ».

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CHYPRE :

un petit « Royaume de France »

(1248-1249)

 

 

En 1191, l’île, alors sous domination byzantine, fut conquise par le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion. Depuis lors, Chypre est utilisée comme point d’appui aux expéditions menées en Terre Sainte. Dotée d’une situation géographique de premier choix, elle est proche à la fois des côtes de Turquie, de Syrie, de Palestine et d’Égypte ; elle dispose donc d’une position stratégique idéale. L’île devient ainsi une base de ravitaillement vitale, et un centre de transit essentiel pour les campagnes militaires Chrétiennes. Chypre s’affirme aussi comme un pôle où l’on rassemble les renseignements en provenance d’Orient. C’est ici qu’en 1248, Louis IX accueille une ambassade mongole, dépêchée par le représentant du grand Khan en Iran, Güyük, petit-fils du terrible Gengis Khan. En outre, à Chypre, où l’on parle le Français, règnent les Lusignan. L’île avait été conférée par Richard Cœur de Lion à Gui de Lusignan, dont le fils, le jeune Henri 1er, est sur le trône depuis 1246. Les Lusignan, comme leurs vassaux, sont issus pour la plupart des grandes familles seigneuriales du royaume de France. Louis IX, qui est donc leur suzerain, jouit d’une certaine autorité sur ses sujets, y compris jusque dans ce petit royaume insulaire d’Orient.

 

Arrivée de Saint-Louis à Nicosie

Arrivée de Saint-Louis à Nicosie

 

1248, ESCALE A CHYPRE

Le 18 septembre, Louis IX, sa flotte et son armée accostent à Limassol, sur l’île latine de Chypre. Embarqués le 25 août 1248 d’Aigues-Mortes avec une grande partie de la noblesse française, ils ont prévu d’y faire escale pour y passer l’hiver. Pourtant, les Croisés de la Septième Croisade vont y être immobilisés et y séjourner pendant huit mois. Ils ne reprendront la mer en direction de l’Égypte que le 13 mai 1249. L’expédition est constituée presque essentiellement de nobles et de chevaliers venus de France. On y trouve aussi un grand nombre d’artisans et de paysans recrutés pour la circonstance ; l’objectif est de coloniser l’Égypte.

PRÉPARATIFS

Dans l’île méditerranéenne de Chypre, les préparatifs vont bon train. Depuis près de trois ans, l’on y accumule des provisions et du matériel afin d’anticiper la venue de l’armée chrétienne. Après une traversée de vingt jours, le roi Louis et son armée sont satisfaits et rassurés ; le ravitaillement, méticuleusement préparé et entassé, est bien là et disponible.

Le sénéchal de Champagne Jean de Joinville louera plus tard « la grande foison de la pourvéance, (soutenance ou vivre) du roi », citera « les montagnes de blé, d’orges et de froments, le vin entreposé dans de grands celliers au milieu des champs et les tonneaux entassés sur le rivage ».

Il est presque certains que les vivres ne feront pas défaut à l’armée croisée. La préparation matérielle de l’expédition paraît avoir été réussie, au moins sur ce point-là. Confortés par cette abondance, le roi, les évêques et les barons prennent possession du palais royal et des hôtels seigneuriaux de Nicosie. Sise au centre de Chypre, la capitale de l’île latine se trouve à une douzaine de kilomètres de Limassol. Afin d’éviter de prendre la mer en hiver et de subir les périlleuses conditions de navigation, Saint-Louis a prévu de repartir pour la Terre Sainte au mois de février. En outre, ce laps de temps doit permettre d’attendre la venue des navires vénitiens et génois équipés par le roi Louis. Le Capétien veut en profiter pour parachever sa stratégie et choisir soigneusement l’endroit du débarquement. Tout paraît se dérouler à la perfection ; le roi n’a-t-il pas tout prévu ? Pourtant, l’intermède chypriote ne durera pas quatre, mais huit mois. Cette prolongation du séjour dans l’île sera lourde de conséquences.

Le transport des forces croisées est tributaire de Gênes et des Génois. Or, plutôt qu’à Chypre, leurs navires et leurs équipages hivernent en sécurité dans les ports de Syrie. Contre toute attente, voilà qu’éclate, à Acre, un conflit armé et inattendu entre Génois et Pisans. Cette querelle dégénère en un combat qui va durer plus de trois semaines. Il faudra toute la diplomatie de Louis IX, et une médiation coordonnée des barons d’Acre, des religieux des Ordres du Temple et de l’Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem, pour que les deux partis consentent à cesser leur conflit et fassent la paix. Cet épisode guerrier se terminant le 19 mars 1249, l’appareillage vers l’Égypte prévu pour février est reporté en avril.

DES MORTS PAR CENTAINES

Cet ajournement va engendrer de multiples conséquences fâcheuses. Les moins aisés parmi les riches, simples bacheliers, chevaliers bannerets et petits barons, voient leurs finances s’étioler au fur et à mesure que le temps passe. Leurs moyens, déjà bien restreints par leur équipement et leur implication dans la Croisade, vont fondre au fil des mois et les laisser démunis.

Bachelier : Jeune gentilhomme aspirant à devenir chevalier et qui servait sous l’étendard d’un seigneur pour y apprendre le métier des armes.

 

Chevalier banneret : seigneur banneret, ou banneret. Désigne celui qui, possédant un nombre requis de vassaux, a le droit de lever bannière, plus exactement de former avec ces derniers une compagnie en vue du combat.

 

Baron : seigneur relevant directement du roi ou d’un grand feudataire et exerçant des droits régaliens sur sa terre. Noble possesseur d’une baronnie. En France, ce titre se situe au-dessous de celui du vicomte.

 

Le roi Louis IX se doit d’éviter l’appauvrissement de ses vassaux qui se trouvent dans le plus grand dénuement. Le roi se voit contraint de prêter de l’argent aux seigneurs de Coucy, de Chacenay et de Dampierre. Jean de Joinville, qui a sous son autorité l’entretien de dix chevaliers, est tributaire des mêmes difficultés.

« Ils me mandèrent que, si je ne me pourvoyais pas de deniers, ils me laisseraient », souligne-t-il.

 

Le roi prendra à sa charge ses vassaux désargentés, parvenant ainsi à conserver la cohésion de son armée.

Un malheur n’arrivant jamais seul, le puissant monarque ne peut rien contre les épidémies qui prolifèrent en Méditerranée. Sur l’île de Chypre, ces dernières vont sévèrement affecter les rangs de l’armée croisée. On dénombrera quelques 250 chevaliers et sergents qui périront durant ces longs mois d’hiver. Parmi les morts, on compte le sire de Bourbon, le comte de Vendôme et le jeune Jean, fils d’Amaury de Montfort. Bien entendu, ces pertes sont compensées par les renforts qui arrivent au fur et à mesure que l’escale se prolonge. Des contingents nouveaux arrivent en soutien, comme celui de Guillaume de Villehardouin, puissamment affrété et composé de 24 navires et 400 chevaliers. Mais le retard ne pourra être rattrapé, le départ n’aura pas lieu, non plus, en avril…

Il faudra attendre le 13 mai 1249, pour que l’expédition puisse enfin appareiller. Mais pour quelle destination ? La Palestine ou  l’Égypte ?

Louis IX a ordonné le secret ; c’est sa stratégie.

Jean de Joinville rapporte : « Il envoya à chaque commandant de navire des lettres closes et leur interdit de les lire avant d’être sortis du port. Et quand ils furent partis, chacun brisa les sceaux de la lettre du roi ».

Ce sera finalement l’Égypte et Damiette.

 

 

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