La bataille de Marengo
La bataille de Marengo
14 juin 1800 (25 prairial an VIII)
« Les hommes sont comme les chiffres, ils n’acquièrent de la valeur que par leur position.» Napoléon Bonaparte.
Situation.
La bataille de Marengo se déroule près du petit village de Marengo, à 70 kilomètres de Gênes, dans le Piémont (nord de l’Italie). Elle oppose, le 14 juin 1800 (25 prairial an VIII), les armées de Bonaparte aux armées autrichiennes.
Forces en présence.
- Pour les Français : environ 27 000 hommes, 3700 cavaliers et 15 canons, sous le commandement du Premier Consul Napoléon Bonaparte.
- Pour les Autrichiens : environ 30 000 hommes dont 7500 cavaliers, qui disposent de 180 canons, sous les ordres du général Michael Friedrich Benedikt von Melas.
Contexte.
Les propositions de paix du Premier Consul Bonaparte ayant été rejetées par l’Angleterre et l’Autriche, la guerre devient inévitable. Le 23 mai 1800, contraint à se battre à nouveau, Napoléon, à la tête de son armée, franchit les Alpes par le Grand-Saint-Bernard, non sans difficulté. Il croit pouvoir ainsi contenir l’armée autrichienne qui se dirige vers le sud de la France.
Déroulement de la bataille.
- Le 2 juin, Napoléon entre dans Milan.
- Le 4 juin, après un siège très éprouvant, Masséna capitule à Gênes, vaincu par la famine et les épidémies.
- Le 9 juin a lieu un premier affrontement, à Montebello, où Lannes bat le général autrichien Ott.
Napoléon doit éviter à tout prix une jonction des armées britanniques et autrichiennes à Gênes. Pour ce faire, il doit livrer bataille contre Melas, entre Novi et la côte. Le 13 juin, il n’a toujours pas pu repérer l’ennemi, et prend le risque de diviser ses forces pour se lancer à sa recherche. Il envoie la division Lapoype sur la rive gauche du Pô et la division Desaix au sud. Dans la nuit du 13 au 14 juin, après avoir traversé la Bormida, les Autrichiens bivouaquent discrètement face aux français. Pour conserver l’effet de surprise, il leur est interdit de faire du feu.
Le lendemain, le 14 juin, les autrichiens passent à l’attaque. Les Français, surpris, sont dépassés par une armée nettement supérieure en nombre et en matériel. L’ennemi avance sur trois colonnes. Bonaparte, qui ne s’attendait pas à combattre à cet endroit, fait aussitôt ranger en bataille ses 22 000 soldats et ses 15 pièces d’artillerie. Il confie le centre et la gauche de son dispositif à Victor ; Lannes occupera l’aile droite. Après plusieurs attaques et contre-attaques, menées sous un feu violent d’artillerie et de mousqueterie, les charges meurtrières se succèdent. Le plus souvent, les deux infanteries se mitraillent à bout portant ; la bataille est sanglante.
Les boulets de l’artillerie autrichienne font des ravages dans les rangs français, qui manquent cruellement de soutien. Après plusieurs heures d’un combat acharné, la victoire semble pencher en faveur des Autrichiens. Manquant de munitions, le général Victor recule, entraînant dans son mouvement de retraite le général Lannes. Napoléon se voit alors contraint de se précipiter sur le champ de bataille pour rameuter ses troupes. Malgré l’intervention de la cavalerie autrichienne, à midi les Français tiennent toujours Marengo.
Napoléon a envoyé, en urgence, des émissaires porteurs de contre-ordres pour rappeler Desaix et Lapoype en renfort, mais doute qu’ils puissent arriver à temps. Alors que la bataille semble perdue, Napoléon écrit à Desaix : « Je croyais attaquer l’ennemi, c’est lui qui me prévient ; revenez au nom de Dieu si vous le pouvez encore ! »
Retournement de la situation.
C’est alors que se produit un événement qui ne manque pas d’être relaté tant il est crucial. Le maréchal Melas pense tenir la victoire et se voit déjà vainqueur. Sûr de son fait, il transmet son commandement à un subordonné, Anton von Zach, pour poursuivre la bataille qu’il croit déjà gagnée. Melas part donc pour Alessandria, un petit village à 15 kilomètres de Marengo, annoncer la bonne nouvelle à son empereur, François II de Habsbourg. Mais son subalterne va hésiter, et se montrer trop prudent. Il va agir avec lenteur, laissant ainsi un temps providentiel au Premier Consul pour se réorganiser et regrouper ses forces.
Desaix, qui n’a pas attendu le contrordre, a déjà rebroussé chemin ; il a ainsi désobéi aux directives qui lui ont été consignées, et bien lui en a pris. C’est un renfort inespéré de 10 000 hommes qui arrive au secours de Napoléon. Lapoype, lui, ne recevra son message qu’à 22 heures. Vers les cinq heures de l’après-midi, la vigoureuse charge qui s’ensuit voit Desaix se faire tuer d’une balle en plein cœur. Flanquée par la cavalerie de Kellermann, l’armée autrichienne, surprise, est forcée de décrocher du champ de bataille ; c’est une véritable débandade. Paniquée, elle franchit en désordre le pont sur la Bormida, au prix de pertes énormes. Le jour suivant, Melas signe un armistice.
Pertes.
- Pour les français, 6000 morts ou blessés.
- Pour les Autrichiens, 9 400 hommes ont été mis hors de combat et 8 000 faits prisonniers.
Conséquences.
D’après Cambacérès, elles sont considérables, et dépassent tous les pronostics. Bonaparte retire de cette victoire un succès politique sans précédent qu’il va tout de suite mettre à profit. Nul doute que dans cette campagne, il a su prendre des risques et pour sa vie et pour son pouvoir. Son audace va être payante et il sera salué en grand vainqueur, même par ses opposants.
L’événement cité par Madame de Staël.
« Rien n’a l’éclat de Marengo » dira-t-elle, ajoutant, en référence aux énormes risques personnels pris par le Premier Consul pendant les opérations : « Il faut convenir que s’exposer, sa fortune faite, est plus brillant que de s’exposer pour la faire.»
Origine de la recette du veau Marengo.
L’origine de cette préparation est due à Dunand, cuisinier de Bonaparte, qui imagina ce met au lendemain de la victoire de Marengo. Faute de n’avoir pas pu faire son marché à cause de la bataille, et n’ayant que très peu de produits à sa disposition pour élaborer le repas de son chef, il improvisa. Ses maigres provisions étaient constituées de 3 œufs, 4 tomates, 6 écrevisses, un poulet, de l’ail, de l’huile et un peu de cognac prélevé sur la réserve de son général. Après avoir fait frire le poulet dans l’huile d’olive avec des tomates et de l’ail, il le servit avec les œufs frits, les écrevisses et des croûtons de pain dorés. Napoléon, ravi, lui demanda de lui servir le même plat après chaque bataille. Par la suite, Dunand remplaça le poulet par du veau, et conserva la sauce à la tomate à laquelle il donna le nom de « sauce marengo », eu égard à la somptueuse victoire de Bonaparte. Plus tard, les écrevisses furent remplacées par des champignons, les œufs frits cédèrent leur place à des oignons glacés arrosés d’un demi-verre de vin blanc, et le tout fut garni de croûtons dorés.
3 réponses
[…] Bataille de Marengo : 25 prairial an VIII (14 juin 1800), 70 kms au nord de Gênes. Victoire décisive de l’Armée française, sous les ordres de Napoléon Bonaparte, sur celle du Saint Empire commandée par Michael Friedrich Benedikt von Melas. (Lors de la bataille, la cavalerie du général de division Joachim Murat refoulera le Feldmarschallleutnant Andreas O’Reilly von Ballinlough du village de Marengo. Pour son courage lors des combats, il recevra un sabre d’honneur). […]
[…] Bataille de Marengo : 25 prairial an VIII (14 juin 1800), 70 kms au nord de […]
[…] Friedrich Benedikt von Melas, et à Napoléon de gagner un temps précieux pour la bataille de Marengo qui se déroulera dix jours plus tard. André Masséna contribuera sans nul doute à la victoire. […]