Les Témoins du passé – l’Abbaye de la Chaise-Dieu
LES TÉMOINS DU PASSÉ
ABBATIALE
SAINT-ROBERT
DE LA
CHAISE-DIEU
Commune de la Chaise-Dieu
Haute Loire, Auvergne
L’ABBAYE
TYPE : abbatiale.
CULTE : catholique romain.
STYLE : gothique.
RATTACHEMENT : Saint-Siège.
CLASSEMENT& PROTECTION : le site est inscrit sur la liste des monuments historiques de 1941.
DÉBUT DE LA CONSTRUCTION : 1043
FIN DES TRAVAUX : 1400
L’ABBATIALE
TYPE : église
C’est l’église de l’Abbaye de la Chaise-Dieu.
DÉBUT DE LA CONSTRUCTION : 1344.
FIN DES TRAVAUX : 1352.
CLASSEMENT& PROTECTION :
Le site est classé sur la liste des Monuments historiques de 1840.
PROPRIÉTAIRE : la commune de la Chaise-Dieu.
DÉPARTEMENT : Haute-Loire.
RÉGION : Auvergne.
La « Casa Dei »
« Un rude plateau de pâtures et de bois, encerclé par la rivière Senouire, où gisent les ruines d’une chapelle édifiée au 5ème siècle » : voici le cliché que l’on peut attribuer à ce qui n’est pas encore La Chaise-Dieu…
HISTORIQUE & FONDATION
C’est lors de son retour de pèlerinage au Mont Cassin qu’un chanoine du chapitre de Brioude, Robert de Turlande, décide de s’installer dans cette contrée sauvage. C’est à cet endroit qu’il pose les bases des fondations de ce qui va devenir la plus haute abbaye-mère de France. Fidèle aux préceptes de la règle de Saint-Benoît dans toute sa force première, le futur Saint-Robert crée un monastère qui va rapidement se développer dans toute l’Auvergne, puis dans une grande partie de l’Europe de l’ouest. Dépeinte par les hommes de cette époque médiévale comme le « miroir de la perfection monastique», la congrégation bénédictine de La Chaise-Dieu obtient ses lettres de noblesse en devenant l’un des plus grands ordres religieux du Moyen-Âge. Dès lors, son influence rivalisera avec les Frères des abbayes de Cluny ou de Cîteaux.
Dès le 16ème siècle, le régime de la « commende » (attribution d’un bénéfice ecclésiastique à un clerc ou à un laïc nommé par le roi), autorise le roi de nommer lui-même les évêques et les abbés. Cette charge, décernée à de hauts dignitaires de l’Église non résidants, constitue avant tout une source de revenus. C’est ainsi que certains personnages illustres de l’Histoire de France seront nommés abbés de La Chaise-Dieu, comme Richelieu, Mazarin, ou bien le Cardinal de Rohan…
Mais c’est surtout à un novice de La Chaise-Dieu, un certain Pierre Roger, devenu pape sous le nom de Clément VI, que l’on attribue l’essor de l’abbaye.
Dès 1344, Clément VI décide de faire reconstruire l’abbatiale de La Chaise-Dieu, lieu où il a passé sa jeunesse, et choisit d’y installer son tombeau.
Exerçant alors sa fonction de pape depuis Avignon, il va ordonner et financer, sur ses deniers personnels, la démolition de l’ancienne église romane. Le nouveau bâtiment, qui voit le jour en lieu et place de l’actuelle abbatiale, ne sera terminé que vingt ans après sa mort par son neveu, le pape Grégoire XI. C’est un chef d’œuvre d’architecture austère et majestueuse. Avec les cathédrales de Clermont-Ferrand et de Saint-Flour, l’abbatiale de La Chaise-Dieu, « La casa Dei », demeure de nos jours le plus grand ensemble gothique d’Auvergne. Cet ensemble grandiose force l’admiration…
De concert, autour de la « clôture » monastique, une ville prend naissance.
Protégée derrière des remparts, la cité comprend trois églises paroissiales : l’église Saint-Martin au nord, l’église Notre-Dame de Layre au sud, et l’église dédiée aux Saints Vital et Agricol. Une véritable vie sociale et d’échange s’instaure entre les commerçants, les artisans, les bourgeois, les moines, les voyageurs itinérants, et les pèlerins. La ville sera cependant ravagée, pillée et incendiée durant les Guerres de Religions, et la cité va lentement se transformer…
Avec l’avènement de la Révolution Française, les moines bénédictins sont chassés, et une page est tournée. Il faudra attendre l’apparition du chemin de fer, au 20ème siècle, pour que la ville, tombée en sommeil, sorte de sa léthargie et voit arriver une foule de touristes en quête d’air pur et de forêts.
De nos jours, la création d’un festival de musique par le pianiste hongrois Georges Cziffra, lui a donné une renommée internationale ; celle qui était la sienne au Moyen-Âge…
UN PEU D’HISTOIRE
QUELQUES DATES :
1043
Robert de Turlande, ancien moine de Brioude, fait le choix de vie de se retirer dans un lieu désert du Livradois. Cet endroit ne porte pas encore le nom de Chaise-Dieu.
1052
Les moines se regroupent autour de Robert de Turlande et deviennent de plus en plus nombreux. Le premier monastère roman se transforme alors en « Casa Dei » (« La Maison de Dieu »).
1070
Robert de Turlande est canonisé Saint Robert trois ans seulement après sa mort.
1348
Le pape Clément VI, qui est aussi à l’origine du nouveau Palais des Papes d’Avignon et du rattachement du Dauphiné à la couronne de France, décide de faire de La Chaise-Dieu le siège de sa sépulture auprès de celle de Saint Robert.
1376
La façade, ses tours et la tour Clémentine sont achevées par un autre pape, Grégoire XI, neveu du précédent, dans un style alliant art religieux et architecture défensive.
1640
Le cardinal de Richelieu impose le relèvement des congrégations bénédictines dans tout le royaume, et confie la tâche aux moines de Saint-Maur : la Chaise-Dieu devient l’une des premières abbayes réformées.
1790
L’Abbaye est saisie comme bien national, l’ensemble abbatial est en grande partie dissocié et les moines dispersés et chassés.
1820
Création de la paroisse de la Chaise-Dieu.
1966
Création du premier festival de musique de la Chaise-Dieu, porté à l’initiative du pianiste hongrois Georges Cziffra.
1984
Installation des frères de Saint Jean.
1987
Première exposition Picasso.
De 2010 à 2018
Restauration et réhabilitation de l’ensemble abbatial, couvert par le syndicat Mixte du « Projet Chaise-Dieu ».
DIMENSIONS
L’église abbatiale est un vaste édifice en granit ; elle mesure 75 m de long, 24 m de large et 18 m de haut.
EXTÉRIEURS
LA FAÇADE
Elle est imposante et austère. Pour la soutenir, le recours à des contreforts et non à des arcs-boutants comme le veut la tradition du gothique méridional, lui confère une impression de citadelle.
LE GRAND ESCALIER
Il a été érigé afin de rattraper le dénivelé, puis endommagé pendant les guerres de religion. Il fut reconstruit au 18ème siècle.
LE CLOÎTRE
De style gothique flamboyant, voulu par Saint Robert, il a été probablement construit à l’emplacement du cloître roman, entre la fin du 14ème et le début du 16ème siècle. Il fut achevé par l’abbé Jacques de Saint-Nectaire au 16ème siècle ; il ne reste aujourd’hui que les galeries nord et ouest.
LA TOUR CLÉMENTINE
D’abord nommée «tour du vestiaire» ou «tour de la Trésorerie», cette imposante construction défensive est imbriquée dans l’abside de l’abbatiale. Elle prendra son nom de « tour Clémentine » bien plus tard, en hommage à Clément VI. Edifiée au 14ème siècle par la volonté de Jean de Chandorat, abbé de la Chaise-Dieu, elle verra ses travaux cesser faute d’argent. C’est le nouveau Pape Grégoire XI, neveu de Clément VI, qui achèvera l’ouvrage.
Cet imposant édifice défensif est doté de créneaux et de mâchicoulis, comme le serait un château fort médiéval. Son assise est stabilisée par de solides contreforts et des arcs-boutants. Cette tour avait plusieurs utilités : elle servait de donjon, de grenier, mais aussi pour sauvegarder le trésor des reliques et comme refuge pour les moines. Lors des violentes attaques huguenotes de 1562, les religieux s’y réfugièrent pour se mettre à l’abri et purent ainsi résister aux assauts. Autrefois, cette tour possédait un puits dont l’eau était renommée pour calmer les fièvres. A l’intérieur, un escalier en colimaçon de 147 marches dessert les étages.
L’INTÉRIEUR
L’abbatiale Saint Robert se compose singulièrement de trois nefs distinctes et de hauteur égale, particularité qui donne à l’édifice un volume intérieur impressionnant. Cette caractéristique est propre au gothique méridional. La lumière pénètre ainsi uniquement par les nefs latérales, ce qui a contraint l’architecte à construire des baies exceptionnellement hautes, et à refouler au plus haut les arcs séparant les nefs.
LE JUBÉ
Il a été construit au 15ème siècle. Il sépare l’église en deux parties distinctes, et masque toute la portion avant de l’église. Il marque la séparation entre le périmètre réservé aux moines, et la nef où les pèlerins venaient se prosterner sur le tombeau de Saint Robert. Les moines y accédaient par la porte du cloître, les pénitents par le grand escalier.
LE CHŒUR DES MOINES & LES STALLES
Le chœur de l’église abbatiale est constitué de 144 stalles richement sculptées, qui cernent le tombeau de Clément VI. Après le décès de ce dernier le 6 décembre 1352 à Avignon, sa dépouille, selon ses vœux, est déposée le 8 avril 1353 au centre du chœur des moines.
LE TOMBEAU DE CLÉMENT VI
Celui-ci a choisi ce lieu comme dernière demeure, et y a fait placer sa sépulture constituée d’un gisant de marbre blanc. Il est entouré de 55 personnages, représentant sa famille ainsi que l’archevêque d’Arles. L’œuvre est imposante. Son exécution a demandé pas moins de cinq années, de 1346 à 1351. Mais l’ensemble a subi d’importants dommages au cours des guerres de religions de 1562. Quelques fragments sont conservés au musée Crozatier au Puy-en-Velay.
LA DANSE MACABRE
A la Chaise-Dieu, la mort n’est pas représentée sous la forme d’un squelette, mais plutôt sous celle de transis n’ayant que la peau sur les os. Ces personnages, tout en dansant, paraissent irréels et semblent s’adonner à des farces burlesques. On compte 24 vivants, répartis sur 3 tableaux : il y a les puissants, les bourgeois et le peuple.
Cette Danse Macabre présente quelques singularités qui en font une représentation unique ; on y découvre, par exemple, la présence de deux femmes.
Sur le premier panneau : le Pape, l’Empereur, le Légat, le Roi, le Cardinal, le Connétable, l’Abbé mitré, et le Chevalier.
Sur le second panneau : le Moine bénédictin, le Bourgeois, la Chanoinesse, le Marchand, la Moniale, le Sergent à verges, et le Chartreux.
Sur le troisième panneau : l’amoureux, le Médecin, le Clerc théologien, le Laboureur, le Cistercien, l’Enfant, et le novice.
Cette fresque transmet le message de l’Église aux Chrétiens, en sollicitant ses fidèles à la prière, à la repentance et à la pénitence. Nul n’est à l’abri. Chacun doit s’apprêter à mourir ; c’est la loi de Dieu et lui seul décide et connaît l’heure. Aujourd’hui on ne peut découvrir ce chef d’œuvre qu’en arrivant du chœur. Il décore les 3ème, 4ème et 5ème travées. La fresque se présente en trois panneaux séparés par deux piliers, ce qui lui confère l’aspect d’un triptyque.
LES TAPISSERIES DU CHŒUR
L’AUTEL
LE BUFFET D’ORGUE
Il est situé au-dessus de la porte d’entrée, et s’étend sur toute la largeur de la nef. Bâti en bois de pin, il date de 1683. Selon une légende locale, ce buffet d’orgue aurait été sculpté par un moine de l’abbaye dénommé Cox. Quant à l’orgue, il a été construit par Martin Carouge, facteur d’orgue à Paris en 1736-1737. L’instrument subira de lourds dommages durant la Révolution, seul le buffet sera épargné.
Quatre atlantes soutiennent le bâti. L’ensemble est décoré de têtes de lions aux gueules béantes, d’où jaillissent des chapelets de fleurs et de fruits. On découvre sur le balcon des anges musiciens, ainsi que des enfants conduits par Sainte Cécile et le roi David. On aperçoit aussi les insignes de Hyacinthe Serroni, abbé des lieux de 1672 à 1687. Il semblerait que ce dernier ait été le commanditaire de l’instrument. Depuis, l’orgue a subi une importante restauration.
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