La bataille de l’Écluse

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

 

Blason du royaume de France

Blason du royaume d’Angleterre

  LA BATAILLE NAVALE DE L’ÉCLUSE

Bataille de l’Écluse le 24 juin 1340

LOCALISATION

L’Écluse (en néerlandais « Sluis », anciennement « Sluys », ce qui signifie « écluse ») est une ville de la province de Zélande (Flandre zélandaise), aux Pays-Bas.

L’Écluse

La ville est située à proximité de la frontière belge et se situe à 20 km de Bruges, 60 km environ de Gand, et à 85 km d’Anvers.

Zélande

Au XIVème siècle L’Écluse était avec Damme un avant-port de Bruges. Elle se trouvait alors à l’embouchure du Zwin, aujourd’hui ensablée.

Zélande

Figure 1Position de L’Écluse (point bleu sur la carte)

UNE GUERRE QUI ALLAIT DURER CENT SEIZE ANS…

CONTEXTE

De nombreuses querelles entre la France et l’Angleterre conduisirent, en 1337, au début de la Guerre de Cent Ans.

Un bon nombre de souverains anglais avaient été contraints de prêter allégeance au roi de France pour leurs domaines et possessions situés sur le sol français de cette époque, ce que l’orgueil d’Édouard III, roi d’Angleterre, ne pouvait supporter.

Mais d’autres revendications le poussèrent à la guerre. Depuis longtemps, la Manche était le théâtre de heurts entre navires anglais et français. Plus insupportable encore pour le roi Édouard, les Français ne cessaient d’inciter et d’aider l’Écosse alors en guerre contre l’Angleterre.

En 1328, le roi de France Charles IV, le Bel mourut sans héritier. Philippe de Valois fut couronné roi de France, et réclama l’allégeance d’Édouard III. Ce dernier avait lui aussi des exigences sur le trône de France, par sa mère Isabelle (fille de Philippe le Bel). Ce fut une bonne occasion pour lui d’engager une guerre qui allait durer 116 ans.

CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS

1328

La crise économique agite le comté de Flandre. Philippe VI vient au secours du comte de Flandre, et défait les milices flamandes à Cassel. Le peuple flamand révolté trouve alors le soutien des Anglais, qui font du commerce de la laine en Flandre.

Bataille de Cassel

1337

L’année 1337 marque le début de la première phase de la Guerre de Cent Ans. Les premières séries de conflits débutent, et pendant 116 ans, vont opposer la France à l’Angleterre. L’intensité des affrontements atteindra son apogée en en 1346, avec une série de sièges et de contre-sièges en Aquitaine.

Le roi de France Philippe VI (1293-1350) s’empare de la Guyenne, alors anglaise. En réponse à cette agression, Édouard III (1312-1377), roi d’Angleterre, lui envoie une lettre de défi qui certifie la rupture officielle entre le royaume de France et celui d’Angleterre.

Le 7 octobre, à l’abbaye de Westminster, le roi d’Angleterre Édouard III lance publiquement un défi à son cousin Philippe VI de Valois : il conteste sa légitimité sur le trône de France et revendique la couronne pour lui-même. C’est le « casus belli » (facteur déclenchant de la guerre de Cent Ans).

Le royaume de France au début de la Guerre de Cent Ans

1338

La population de Gand se soulève contre le comte de Flandre.

Le leader du soulèvement, Jacques van Artevelde, s’allie à Édouard III, qui débarque à Anvers.

1339
Dès la première campagne du monarque anglais, la Thiérache est saccagée. Malgré sa supériorité numérique, le roi de France Philippe n’ose pas engager le combat. En Guyenne, la guerre de siège sur les frontières ne donne aucun résultat probant.

Thiérache : région qui correspond globalement aux contreforts occidentaux du massif ardennais. 

1340

A Gand, Édouard III s’octroie le titre de « roi d’Angleterre et de France ».

Une nouvelle campagne d’été ne donne aucun résultat sur terre, mais sur mer, le 24 juin, la flotte française est vaincue à la bataille de l’Ecluse.

Les deux monarques, dans l’impossibilité de payer la solde de leurs forces armées respectives, sont contraints de signer une trêve, un arrêt des hostilités qui se prolongera jusqu’en 1345.

SOMMAIRE

Le 24 juin 1340, Français et Anglais s’affrontent dans l’une des plus grandes batailles navales de l’histoire. Cette bataille se déroule en aval du port de Bruges, dans la rade de l’Écluse, à proximité de l’estuaire du Zwin (un bras de mer qui menait alors à Bruges). 40 000 hommes vont se livrer une lutte acharnée dans une terrible mêlée, dans un corps à corps meurtrier et dévastateur. Dans le camp français, ce qui sera le premier combat naval de la Guerre de Cent Ans, débutée trois ans plutôt, s’achèvera par un désastre.

NB : Les faits historiques sur cet événement sont très imprécis et en grande partie fournis par des renseignements d’origine anglaise. Bien entendu, ceux-ci ont tout naturellement monté en épingle leur victoire, tout en dissimulant leurs pertes. C’est ainsi que pour un combat qui va s’échelonner sur une journée, les pertes anglaises seront ignorées. Nonobstant, il est fort probable qu’elles devaient être très proches de celles enregistrées par les Français.

L’Écluse

On cite en exemple la bataille d’Arnemuiden (23 septembre 1338), qui s’est déroulée deux ans plus tôt, une victoire navale française sur les Anglais. Ces derniers auraient eu à déplorer la perte de 1000 hommes, et chez les Français victorieux, 900. A cette époque, dans les deux camps, la différence des morts était faible.

L’INVASION DE L’ANGLETERRE, UN PROJET AUDACIEUX…

Tout au long de l’hiver 1340, les Français mettent sur pied un plan d’invasion de l’Angleterre. L’objectif avoué : « sus à l’Anglais », l’ennemi héréditaire, en lui coulant le plus grand nombre de navires. En effet, la marine outre-manche possède une flotte nombreuse et puissante. Ce qui lui permet de transporter impunément jusqu’aux côtes anglaises le sel de Guérande, ou le vin de Bordeaux depuis la Guyenne.

Cette opération devrait, croit-on, affaiblir considérablement la flotte ennemie. Les Français, avec l’appui de leurs alliés Ecossais (qui ne manquent jamais une occasion de chercher querelle à leurs voisins et rivaux anglais), prévoient de dévaster et de piller la côte de la « Perfide Albion », et d’y installer une tête de pont.

Mais ce projet s’appuie essentiellement sur la vitesse et la maniabilité des « galées » françaises (galée: petit bateau de guerre). Or la qualité des navires des deux flottes respectives est sensiblement d’égale valeur. La marine anglaise aligne des nefs aussi performantes que celles de Philippe VI. Au risque de subir une défaite irréversible, l’opération est donc osée et très dangereuse.

C’est ce qui va se passer. Le désastre naval de l’Ecluse va mettre un point final aux prétentions françaises d’un débarquement en terres anglaises.

FORCES EN PRÉSENCE

LA FLOTTE ANGLAISE

Le roi d’Angleterre Édouard III a rassemblé tous les gros navires d’Angleterre et des Cinq-Ports. En tout, une petite armada de 190 bâtiments, transportant 35 000 hommes d’armes et marins, dont 12 000 archers armés du fameux arc long. Les Flamands qui se joignent à cette force navale apportent 50 autres navires de toutes tailles, et 8 000 hommes d’équipage.

La confédération de Cinq-Ports est le nom donné à plusieurs ports de la côte méridionale de l’Angleterre. Au Moyen Âge, ils bénéficient de certains privilèges en échange de la fourniture d’une flotte de guerre et de transport à la Couronne anglaise.

Localisation des Cinq-Ports

Ces Cinq ports sont ceux de Sandwich, Douvres, Hythe, et New Romney dans le Kent, et celui d’Hastings dans le comté du Sussex.

LA FLOTTE FRANÇAISE  

Elle est, quant à elle, un assemblage disparate de navires de commerce et de pêche. 80 de ces navires sont répertoriés par le Clos aux galées (le chantier naval de l’arsenal de Rouen). Ce décompte permet de savoir qu’il y avait au moins 50 nefs, 14 barges, 3 galées et une cogue. La flotte de Philippe VI compte au total 212 bâtiments, dont une quarantaine de galères méditerranéennes. Un clos aux galées existait aussi à Harfleur.

– La nef est un grand navire de haute mer de la fin du Moyen Âge (originaire de la Manche ou de la Baltique), caractérisé par sa coque arrondie. Ses dimensions exactes ne sont pas connues. Elle possède entre un et trois m