Charlemagne a-t-il inventé l’école ?

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

CHARLEMAGNE A-T-IL INVENTE L’ÉCOLE ?

Charlemagne

 

Depuis des siècles, l’école est un sanctuaire, un lieu privilégié où les enfants et les jeunes adultes peuvent apprendre le savoir et les connaissances nécessaires pour réussir dans la vie.

Mais une question se pose : à quand remonte l’école ? qui est à l’origine de la création de l’école ? on a chanté dans les années 60 que « c’est ce sacré Charlemagne ! ».

Est-ce bien le grand Carolingien qui en est le précurseur ? Rien n’est moins sûr ! Alors : mythe ou réalité ?

Contrairement aux idées reçues, les écoles existaient déjà dans de nombreuses régions du monde, y compris en Europe occidentale. Et cela, bien avant l’avènement de l’illustre roi des Francs ; vraisemblablement depuis l’apparition de l’écriture.

UN MAUVAIS ÉLÈVE ?

Beaucoup se souviennent sans doute de cette chanson, interprétée par France Gall en 1964 : « Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école ? c’est ce sacré Charlemagne, sacré Charlemagne ! ».

Charlemagne félicite l’élève méritant et sermonne l’élève paresseux. Gravure d’après Karl von Blaas, XIXe siècle.

Ironie de l’histoire, le mythe de Charlemagne comme père fondateur de l’école fut diffusé dès le IXème siècle par un moine, Notker de Saint-Gall, ou « Notker le Bègue » (né vers 840 et mort en 912), qui portait le même patronyme que la chanteuse. Musicien, mais également écrivain et poète, il est considéré comme étant l’auteur de la « Gesta Karoli Magni » (un recueil d’anecdotes sur la vie de Charlemagne), dans lequel est abordée la question de l’école.

Notker le Bègue

Il y a bien longtemps que nos enseignants ne racontent plus à leurs élèves que Charlemagne a inventé l’école. Pourtant, ce mythe s’est prolongé et a perduré jusqu’à nous.

D’après les historiens, Charlemagne était illettré mais pas analphabète. En effet, il ne savait pas écrire, et apprit à lire tardivement. Cependant il parlait plusieurs langues (sa langue maternelle était le vieux-francique ; il parlait également latin et grec).

Cela s’explique par le fait qu’il reçut dès son plus jeune âge une éducation militaire, inculquée par un père guerroyant loin de son fils dans ses conquêtes territoriales.

Ce que l’on sait par les sources contemporaines de l’époque, c’est que Charlemagne a fondé une école dans son Palais d’Aix-la-Chapelle. Il voulait éduquer un corps de fonctionnaires rigoureux parmi l’élite aristocratique, avec laquelle il souhaitait administrer son colossal empire.

Vers 789, Charlemagne décide d’ouvrir des écoles dans tout le royaume. Il est le père fondateur d’un type d’école (et non de l’école, née bien avant lui) où seuls les religieux sont éduqués.

Il faudra attendre le XIXème siècle et un autre grand homme, Jules Ferry, l’instigateur des lois de 1881-82 sur l’école laïque, gratuite et obligatoire. Ces lois ont fondé le système scolaire tel qu’il existe encore aujourd’hui en France.

LES ÉCOLES DE CHARLEMAGNE

Charlemagne

L’illustre roi des Francs, à la tête d’un vaste empire unifié par le Christianisme, s’attèle à mettre en place le pouvoir et l’administration de ses territoires. Favorisant autant l’exercice que l’enseignement, il promeut toutes les disciplines du savoir et organise des écoles où seront éduqués les futurs administrateurs.

Le monarque carolingien est passionné par la culture. Son souhait, c’est de faire connaître à son peuple les vérités chrétiennes, et d’unifier son empire par l’intermédiaire des institutions franques. Dans cet objectif, il va orienter tous ses efforts sur l’enseignement.

Les nobles francs sont de farouches guerriers, mais sont ignorants des choses intellectuelles. Ils croient plus en la force des armes que dans celle de l’esprit et des livres…

Il est à noter que les évêques ne sont pas plus érudits, et que le bas-clergé est pratiquement illettré.

DES ÉCOLES POUR TOUS LES ENFANTS DU ROYAUME…

Sous la férule d’Alcuin, un moine d’origine anglo-saxonne qui est son principal conseiller, Charlemagne  organise une vaste réforme spirituelle et scolaire.  Elle aura pour tâche celle de former de bons Chrétiens.

Alcuin naît dans le Yorkshire vers 735 ; il meurt à Tours le 19 mai 804. C’était un poète, savant et théologien anglais qui écrivait en langue latine médiévale. Il fut le principal ami et conseiller de Charlemagne.

Alcuin

Alcuin dirigera la plus grande école de l’Empire carolingien, l’école palatine à Aix-la-Chapelle. Principal artisan de la Renaissance carolingienne, Alcuin fut selon Éginhard, « l’homme le plus savant de son temps ».


Le roi Charles écrit à l’abbé de Fulde : « nous vous exhortons, non seulement de ne pas négliger l’étude des lettres, mais à les cultiver avec une humilité égale à Dieu afin que vous puissiez pénétrer plus facilement et plus justement les mystères des Écritures divines ».

Le roi ne tient pas à ce que l’enseignement soit le privilège uniquement des nantis et des privilégiés, destinés à entrer dans les Ordres ou à faire une carrière dans l’administration.

En 789, un édit ordonne au clergé « d’ouvrir des écoles et d’y admettre non seulement les enfants de serfs mais encore ceux des hommes libres ».

Il donne l’exemple en installant, dans son palais et ses dépendances, les premières écoles. Il y accueille de jeunes nobles, mais aussi des enfants très méritants du petit peuple.

Le paysan, dicte une adresse à un jeune garçon.

Les capitulaires (ordonnances du roi) sont directifs : « que des écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants… Que chacun envoie son fils apprendre les lettres et qu’il demeure là, entouré de toute la sollicitude, jusqu’à ce qu’il soit convenablement instruit ».

Désormais, des écoles élémentaires ouvrent dans les villages, et les écoliers y entrent dès l’âge de sept ans.

Les premières années, l’on y enseigne oralement le calcul, le latin et la grammaire. Les élèves les plus doués sont admis dans des établissements supérieurs placés sous l’autorité des monastères. Ils y apprennent la lecture, l’écriture, puis s’instruisent à la rhétorique, la dialectique, l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie.

L’un des grands gestionnaires de Charlemagne, Théodulfe le Goth, se charge de faire appliquer rigoureusement les instructions du roi. Il fonde une école épiscopale à Sainte Croix d’Orléans, et des écoles monastiques dans toutes les abbayes qui dépendent directement de son autorité.

Théodulfe le Goth commande aux prêtres de son diocèse « de tenir des écoles dans les villages et les bourgs, de ne jamais refuser d’y accueillir les petits enfants, mais de les instruire sans exiger de leurs parents aucune redevance, sauf à prendre ce que, dans un zèle charitable, ceux-ci pourraient offrir volontairement ».

LE RENOUVEAU CAROLINGIEN

Moines copistes

LA « MINUSCULE CAROLINE » 

Désormais, les centres religieux tels que les évêchés et les abbayes disposent de leurs propres bibliothèques. La « minuscule caroline », écriture qui deviendra plus tard « l’écriture française », devient l’écriture de référence pour la rédaction des textes, des édits, et des manuscrits. Dans les abbayes, des moines copieurs se chargent de reproduire à la main les Ecritures qu’ils diffusent grâce à de multiples copies. C’est ainsi que des textes d’auteurs de l’Antiquité classique seront sauvés, grâce à ces clercs qui les dupliqueront avec beaucoup de soin.

L’Académie palatine (installée dans le palais d’Aix-la-Chapelle, que le roi a fait ériger sur le modèle de celui de Latran, à Rome) est fréquentée régulièrement par les grands esprits éclairés européens de l’époque (tels Paul Diacre ou Théodulf). Non loin se trouve l’école d’Aix-la-Chapelle, administrée par Alcuin en personne.

Avec le recul nécessaire, on se rend compte que l’action du roi Charles en matière d’instruction est fondamentale. Et cela même si l’enseignement distribué aux écoliers ne s’applique alors qu’à un petit groupe social.

Avec l’arrivée du Moyen Âge, la détermination du futur Empereur d’adapter son peuple au savoir va permettre à la Renaissance carolingienne de naître.  Ce qui favorisera en Occident l’éclosion d’un mouvement culturel grandiose, à l’image de la volonté du grand roi des Francs.

CHARLEMAGNE, UN ROI ILLETTRÉ

Charlemagne

Contrairement à son père Pépin le Bref, Charlemagne a reçu une éducation sommaire et très rudimentaire. Pourtant, le monarque est vivement intéressé par le calcul et l’astronomie. Grand passionné de grammaire, sa langue habituelle est le francique. Il connait le grec et parle couramment le latin.

Toutefois, le roi a un grand regret (il a fait ses débuts alors qu’il était déjà âgé) : il ne saura jamais écrire. Le souverain n’appose que rarement sa signature sur les documents officiels. Il choisit comme paraphe d’utiliser son monogramme (un entrelacs de lettres signifiant son nom en latin : Carolus).

Signature et monogramme de Charlemagne


SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

https://www.letudiant.fr/college/methodologie-college/article/est-ce-que-charlemagne-a-invente-l-ecole.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alcuin

https://lespourquoises.com/charlemagne-le-roi-des-francs-en-10-faits-marquants/?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR2GDIrnwnyD247QIWthH3ZdRD-oiEjneuhRhxHVuGwr51MYLehLlu6hO9g_aem_Abhvr1YCfelWGFgqwLhooQoc5p0rzVXyrtXuThaooVv_DKyRfJe6XAsUHpMb2NoWnPIskLTeeCfqAsxG4cfmnLSz

 

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1 réponse

  1. Albertcamus dit :

    Il est crucial de distinguer entre la création d’un type d’école et l’invention de l’éducation en général.
    Albertcamus Articles récents…Comparatif des différents types de lits pour enfantsMy Profile

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