Charlemagne contrôle l’Église d’Occident

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

CHARLEMAGNE CONTRÔLE L’ÉGLISE D’OCCIDENT

Mosaïque de la basilique Saint-Jean-de-Latran de Rome présentant sur la droite le pape Léon III et Charlemagne,

Armoiries imaginaires attribuées à Charlemagne telles qu’on peut les voir dans Les écus armoriés des Neuf Preux. Paris, Bibliothèque nationale de France

Situation en Europe occidentale vers l’an 800

 

A la fin du VIIIème siècle, l’empire franc représente à peu près tout l’Occident chrétien. Il s’étend à l’Est jusqu’à l’Elbe et au Danube, au sud-est jusqu’à Bénévent (en Campanie, Italie), et au sud-ouest jusqu’à l’Èbre (fleuve d’Espagne).

Seuls quelques petit royaumes anglo-saxons et espagnols n’ont pas été intégrés. Ils représentent une infime quantité. D’ailleurs, ces petites monarchies se révèlent amicales, et affichent envers le roi des Francs une vraie reconnaissance pour sa protection.

Donc, la suprématie de Charlemagne s’applique à tous les pays, et à tous les hommes qui admettent le pape de Rome comme autorité centrale de l’Église.

Au-delà, c’est le monde barbare du paganisme, ou le monde infidèle de l’Islam, ou enfin le vieil Empire d’Orient byzantin (celui-ci est Chrétien, certes, mais montre une orthodoxie bien incertaine et, de plus en plus, les Byzantins se groupent autour du patriarche de Constantinople, ostracisant ainsi le pape de Rome).

Situation dans l’Empire byzantin

Irène l’Athénienne. Un solidus à son l’effigie.

Depuis 792, l’Empire Byzantin est dirigé par Irène, la mère de l’empereur Constantin VI. En 797, elle assume officiellement le titre de « basileus » (titre des empereurs byzantins dans l’Empire romain d’Orient), ce qui, dans la société de l’époque, est un peu inconvenant. A plus forte raison que son fils est mort peu après avoir eu les yeux crevés sur son ordre. Les milieux carolingiens considèrent que le titre impérial byzantin n’est pas légitimement porté.

TOUT CONTRÔLER !

Charlemagne

Charlemagne veut fonder un empire chrétien d’Occident. Il a pour projet d’instaurer dans son immense empire une même foi chrétienne à tous ses sujets. Après avoir été déclaré chef religieux, avec l’assentiment et le soutien de l’église, il promulgue des lois sur tous les fonctionnements de la vie monacale.

En 813, dans l’euphorie générale, les évêques, rassemblés à Mayence, font consensus et envoient une lettre élogieuse à Charlemagne. Ce message dithyrambique confie au souverain des Francs un grand programme de réformes religieuses, établi par cinq conciles : « Aussi pieux, aussi dévoué au service de Dieu et qui, faisant jaillir la source de la sagesse sacrée, dispense avec une telle constance la Sainte Nourriture aux brebis du Christ pour les former aux enseignements divins, un chef qui s’efforce par un labeur inlassable d’accroître le peuple chrétien, qui honore dans l’allégresse les églises du Christ. » 

LA RELIGION AU SECOURS DU POUVOIR…

Enluminure représentant Charlemagne, XIIème siècle.

Normalement, le religieux est du ressort du pape et des évêques francs. Pourtant, au début du IXème siècle, ni le Saint Père Léon III ni les évêques ne font objection à la mainmise du roi des Francs sur l’église. Bien au contraire, c’est ce qu’ils désirent ! Charlemagne repose son pouvoir sur l’église, qu’il maintient sous sa dépendance.

Charlemagne couronné empereur d’Occident par le pape Léon III

En fait, le roi Charles Ier dispose des pleins pouvoirs ; nul ne saurait lui en contester le droit. S’il se charge d’évangéliser les régions païennes soumises par les armes, il n’accepte pas en revanche que l’église intervienne dans la société civile ; exigence tout à fait consentie par le pape.

Charlemagne participe aux assemblée d’ecclésiastiques (synodes), et toutes les décisions lui appartiennent. Seul maître à bord, il fait connaître ses sentences par ses capitulaires ; la pensée spirituelle est présente dans tous les détails de son action (le religieux est présent dans toute la société, l’économie, l’administration, la monarchie). Il lui a voué l’essentiel de ses lois. Tout manquement à la foi ou aux dogmes de l’église est interprété comme une offense personnelle envers le monarque et le royaume franc.

Charlemagne nomme les évêques qui, dans un État où temporel et spirituel sont strictement liés, se révèlent l’un des outils les plus efficaces de sa politique réunificatrice et centralisatrice.

ROI OU EMPEREUR ?

A la fin des années 790, l’idée même d’empire, d’« imperium », s’affiche de plus en plus dans les esprits de plusieurs grands personnages, notamment chez Alcuin.

Alcuin : poète, savant et théologien anglais qui écrivait en langue latine médiévale. L’un des principaux amis et conseillers de Charlemagne, il dirigea la plus grande école de l’Empire carolingien, l’école palatine à Aix-la-Chapelle.

Alcuin

« De plus, le souverain de cette immense monarchie est à la fois l’obligé et le protecteur de l’Église. Sa foi est aussi solide que son zèle pour la religion est ardent ».

Le terme latin d’« imperium » (commandement) désignait, sous la Rome antique, le pouvoir suprême détenu par le roi, puis attribué à certains magistrats. Le titre d’« imperium » permettait à son possesseur d’avoir deux formes de pouvoirs, le pouvoir militaire hors de Rome (« imperium militiæ »), et le pouvoir civil à Rome (« imperium domi »).


APPRENDRE LES PRIÈRES…

Le capitulaire Admonitio generalis est signé par Charlemagne le 23 mars 789.

Un capitulaire de 802 précise « que les évêques, abbés, abbesses aient des préposés tels que le veut la Sainte Loi, et qu’ils l’observent tout à fait, en ne s’éloignant pas de la norme canonique ou monastique, parce qu’ils s’éloigneraient ainsi d’avantage de nous ».

Charlemagne est au faîte de la pyramide religieuse. Autour de l’évêque, il met sur pied le corps des clercs temporels, qui détiennent dorénavant le monopole des offices et des prières. Le fidèle, qui avant prenait une part active au culte, devient un simple spectateur.

L’Empereur des Francs insiste pour faire savoir à chaque catégorie d’ecclésiastiques ses désirs quant à la sélection des textes, au ton de la lecture, à l’harmonie et à la qualité des chants. Il souhaite enseigner le respect aux Chrétiens, qui, jusqu’alors, considéraient l’église comme leur maison, y discutant, y traitant du commerce…

Mais les populations sont plus défiantes à s’y rendre ! Afin de transformer le culte, Charlemagne va prendre le modèle du rituel de la cour pontificale, et accentuer la louange à la gloire divine. Les ouailles doivent maîtriser au moins deux prières. Le roi insistera par dix fois sur cette obligation ! Toute l’organisation des offices tourne autour du chant, sous la responsabilité de spécialistes, les chantres.

LA RÈGLE DE LA COMMUNAUTÉ RELIGIEUSE SIMPLIFIÉE

Charlemagne

Pour uniformiser la règle conventuelle, Charlemagne va prendre exemple sur l’abbaye du Mont-Cassin, en Italie. Cette règle bénédictine met l’accent sur des activités intellectuelles dont doivent profiter à la fois la communauté monastique, mais aussi tous ceux de l’extérieur qui le désirent. Enluminure, copie, artisanat, soins médicaux et charité ouvrent en grand leurs monastères. Ceux-ci deviennent de véritables centres de rayonnement d’une culture enseignée par les écoles et les bibliothèques.

Tout est revu, codifié, unifié, du baptême au dernier sacrement, de la messe au plus petit office. Sont ainsi définis la qualité, les fréquences, et les destinataires des prières.

Charlemagne supervise le culte des reliques, ainsi que les tombeaux des saints. De nombreuses églises sont construites ; elles s’agrandissent, et se dotent d’une multitude de chapelles.

Le roi Charles Ier devient un véritable chef de l’église franque en lui traçant une ligne nouvelle, tant sur le plan de la discipline que sur celui du culte et du dogme.

LÉON III RECONNAISSANT… ET PROSTERNÉ

Léon III, détail d’une mosaïque du triclinium leoninum de l’ancien palais du Latran. Vers 799. Rome

Léon III, successeur du pape Hadrien Ier, centralise tous les ressentiments de l’aristocratie romaine.

En 799, il est capturé par Paschalis (le neveu d’Adrien Ier) et isolé dans le monastère de Saint-Érasme (il est frappé et jeté à terre. On essaie de lui couper la langue et de lui crever les yeux).

Il parvient à s’échapper, se réfugie auprès de Charlemagne, et sollicite du roi des Francs justice et protection.

De retour à Rome, le pape Léon est replacé provisoirement sur son siège pontifical, mais seul un empereur lui semble être en capacité de restaurer son autorité. 

Le jour de Noël 800, à Rome, Léon III couronne Charlemagne Empereur. Pour le Saint Père, cet événement représente son entière et totale réhabilitation.

25 décembre 800 Charlemagne est couronné empereur d’Occident

Désormais, le Saint Siège sera tout prédisposé à ce que Charlemagne domine entièrement l’église franque ; les réformes vont pouvoir commencer…


SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

 

Donnez votre avis sur l'article

commentaire(s)

Ecrit par le .

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge