Les murailles romaines de Barcelone, « Barcino »

LES TÉMOINS DU PASSÉ

Armoiries de la Catalogne

LES MURAILLES ROMAINES

ET LES

TOURS DE DÉFENSE DE BARCELONE « BARCINO »

 

Murailles du quartier gothique de Barcelone

 

Drapeau de la ville de Barcelona

ÉDIFICE : murailles et tours de défense.

STYLE : romain.

ÉTAT : vestiges.

LIEU DE CONSTRUCTION : « Barcino » (Barcelone), Catalogne (Espagne).

Barcino fut une colonie romaine sur laquelle s’est établie la ville de Barcelone. Le nom complet de la colonie était « Iulia Augusta Faventia Paterna Barcino ».

DEBUT DE CONSTRUCTION : IIème siècle.

PÉRIODE : sous le règne de la dynastie des « cinq bons empereurs ».  

ÉPOQUE :

Dynastie des Antonins :

Les Antonins sont une dynastie d’empereurs romains qui ont régné entre 96 et 192 apr. J.-C. Les cinq premiers empereurs du siècle d’or des Antonins entrent dans l’histoire sous le nom des « Cinq bons empereurs » : Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, et Marc Aurèle.

FIN DE CONSTRUCTION : fin du IVème siècle.

ÉPOQUE :

Dynasties des :

– Constantiniens (régnèrent de 306 à 364).

– Valentiniens (régnèrent de 364 à 392).

– Théodosiens (régnèrent de 379 à 455).

DESTINATION INITIALE : fortification d’agglomération.

DIMENSIONS : La muraille du IVème siècle avait une forme intermédiaire entre un rectangle et un octogone.

Elle atteignait une hauteur de 9 m, avait une épaisseur moyenne de 4 m, et un périmètre compris entre 1 220 et 1 350 m. Elle possédait 76 tours de 18 mètres de haut, espacées de 6 à 8 m.

PROTECTION : Monument Historique.

HISTORIQUE

EN BREF

La ville de Barcino, fondée en l’an 15 avant notre ère, était ceinturée par des remparts. Un deuxième rempart sera élevé aux IIème et IVème siècles. Enfin, aux XIIIème et XIVème siècles une troisième muraille verra le jour. Ces trois fortifications seront détruites au XIXème siècle.

BARCINO

La cité de Barcino a certainement été habitée par des Ibères (depuis le IVème avant J.-C., ou plus probablement le IIIème siècle avant J.-C.), qui s’étaient établis à la périphérie du Montjuïc (montagne de 200 m de hauteur), dont le nom est issu du latin Mons Jovis (Mont de Jupiter).

Toutefois, d’après les recherches archéologiques sur le Montjuïc, on ne peut pas parler d’un oppidum ibérique agencé, ni d’une ville organisée sur les plans urbanistique, politique et économique.

C’est en 218 avant J.-C. que les Romains s’établissent dans la région de l’actuel territoire catalan.

DEUXIÈME GUERRE PUNIQUE

En 218 av J.-C, Cnaeus Cornelius Scipio Calvus (256-211 av J.-C.), l’oncle de Scipion l’Africain, débarque à la tête d’une armée à Emporiae, au Nord de la Catalogne actuelle. Il a pour objectif de transformer la cité grecque d’Emporiae en base logistique militaire, pour aider Rome face à Carthage.

Ier siècle av J.-C.

Lorsque les Romains arrivent à Barcino, entre 15 et 13 avant J.-C., c’est pour restructurer le territoire Cantabre et créer « ex nihilo » une colonie. Celle-ci sera située entre Emporiae, sur la côte Nord, et Tarraco (Tarragone), sur la côte Sud.

Cette base sera utilisée comme lieu de retraite pour les soldats vétérans. La cité n’avait pas d’intérêt commercial : elle assurait la sécurité du trafic entre les deux ports de commerce importants qu’étaient alors, Emporiae et Tarraco.

La cité de Barcino va se développer jusqu’à la mort d’Auguste, en 14 après J.-C. Comme toute ville romaine, Barcino possède alors une enceinte rectangulaire de type castrum, qui a été fortifiée après le raid barbare de 262 après J.-C. Les nouveaux remparts et sa position stratégique donneront à Barcino un rôle prééminent qui lui permettra de rivaliser avec Tarraco (Tarragone).

LA MURAILLE & LA « PAX ROMANA »

A toutes époques, depuis sa fondation romaine au 1er siècle avant J.-C, Barcelone s’est toujours protégée derrière des hauts murs. Ces murailles étaient au départ de dimensions modestes.

Auguste

Cela s’explique car Barcino jouissait, comme dans tout l’Empire, de la « Pax Romana » établie par l’empereur Octave Auguste. Il n’était donc pas nécessaire à l’époque de construire des hauts murs défensifs.

Ce rempart primitif suffisait à assurer la protection de la ville, soit une surface d’environ 13 hectares. Il mesurait 9 m de hauteur et entre 2 et 3,5 m d’épaisseur, et fut construit selon la technique de l’opus quadratum (pierre de taille et adobe).

 

 

L’opus quadratum (appareil rectangulaire ou appareil orthogonal) est la technique de construction murale qui utilise des blocs de pierre parallélépipédiques (pour le grand appareil de 70 × 40 × 40 cm) en assise horizontale, sans mortier.

Les assises de pierres de taille ou de marbre étaient parfois reliées entre elles par de gros goujons de fer, de bronze ou même de bois, et les blocs entre eux par des crampons ou des queues d’aronde.

L’adobe est une technique ancestrale de brique en terre crue moulée à la main, pouvant être employée comme parement décoratif. C’est un mélange de terre argileuse, de paille et d’eau, malaxée et moulée dans un cadre en bois pour former des briques ensuite séchées au soleil.

Le rempart ne possédait que des tours de défense situées aux quatre portes de la ville, au bout des deux rues principales (le « cardo maximus » et le « decumanus »).

Le decumanus est un axe est-ouest dans une ville romaine.

Le cardo maximus est la voie d’axe nord-sud la plus importante d’une ville romaine.

On peut observer les vestiges de la seconde muraille à la maison de l´Ardiaca, où se trouvent également les arcades des aqueducs, et au patio Llimona, où se trouve une porte d’entrée dans la ville par la seconde muraille. La place Nova, près du pla de la Seu, affiche les restes de l’une des portes d’entrée dans la ville. On peut y voir deux tours et deux portions de la seconde muraille, ainsi que des fragments des aqueducs. Une autre entrée dans la ville se trouve au patio Llimona, et juste derrière, dans la rue del Correu Vell, on peut découvrir d’autres vestiges de la muraille et les restes de deux tours quadrangulaires.

Une autre partie de cette deuxième muraille est conservée (ainsi que les tours quadrangulaires de défense) sur la place de Ramon Berenguer el Gran, qui jouxte la Via Laietana.

Toutes ces fortifications cloîtraient la cité et empêchaient son développement. La ville ne pouvant plus s’étendre, au XIXème siècle, ces murailles seront détruites.

Les portes de la muraille étaient flanquées de tours cylindriques ; l’espace qui les séparait pouvait atteindre 10 mètres (comme on peut le voir au Portal del Bisbe de la plaça Nova).

Plaça Nova, Porta Pretòria i Bisbat.

Ces portes avaient trois ouvertures: une centrale (plus large, pour le trafic des voitures), et deux latérales (plus étroites, pour le passage des piétons).

Des tours cylindriques se trouvaient aux angles de la muraille. On ignore si ces tours se trouvaient aux quatre sommets du rectangle, ou bien s’il y en avait à chaque angle secondaire (ce qui aurait fait huit tours cylindriques, plus les huit autres qui flanquaient les entrées), deux par portes.

L’antique Bàrcino (avant le IIIe siècle) superposée au plan actuel du barri Gòtic

C’est cette profusion de tours situées tout autour de la muraille qui a valu à Barcelone le surnom de « la cité couronnée ».

ET PUIS VINRENT LES INVASIONS BARBARES…

Les choses se compliquent au IIIème siècle. Les invasions des peuples barbares s’intensifient dans tout l’Empire ; et elles arrivent jusqu’en Hispanie.

En 270, Barcino est attaqué par les Francs. C’est ce qui décide les autorités de la cité à élever des murailles beaucoup plus solides. Ces nouvelles fortifications étaient plus hautes (environ 12 mètres de hauteur) et bien sûr plus épaisses (la largeur pouvant atteindre 6 mètres dans certaines portions du mur).

Pour ériger cette fortification, un mur extérieur a été ajouté au mur précédent. Il a été construit selon la technique de l’« Opus Caementicium » (maçonnerie de blocage constituée par un mélange de mortier et de pierres tout venant).

L’espace situé entre les deux murs a été rempli de toutes sortes de décombres et de vestiges. Il fallait le construire dans l’urgence, et n’importe quoi faisait l’affaire. C’est pour cette raison que des fragments de pierres tombales ont été trouvés avec des inscriptions, des statues, des chapiteaux, des morceaux de colonnes, etc. Soixante-seize tours furent érigées tout autour de la cité de Barcino. C’est sans aucun doute ce qui a rendu la muraille redoutable.

Ces tours mesuraient 18 mètres de hauteur et se trouvaient très près les unes des autres. Le but était d’empêcher les catapultes ennemies de détruire les portions de rempart (courtines) qui les reliaient.

On ne pouvait donc entrer dans cette enceinte que par les quatre portes des rues principales (le « cardo maximus » et le « decumanus »).

Les tours situées aux extrémités du « Decumanus » possédaient 3 entrées. Les deux latérales étaient utilisées par les piétons, et la centrale par les voitures et les chevaux. Ces accès étaient fermés par des portes en bois recouvertes de plaques de bronze, afin de les rendre résistantes au feu en cas d’attaque.

DES EFFORTS PAYANTS !

C’est certainement grâce à tous ces travaux que Barcino, à l’époque, se développa.

LE HAUT MOYEN ÂGE

Lorsque les invasions barbares ont déferlé en Hispanie, les paysans étaient sans protection. Ce fut alors l’exode d’un grand nombre de réfugiés. Et c’est tout naturellement que, cherchant un abri, ils se sont tournés vers Barcelone, attirés par les hautes murailles impressionnantes de la cité fortifiée.

Ainsi, au cours des années qui ont précédé la chute de l’Empire romain, la population de Barcelone avait déjà considérablement augmenté.

Des siècles plus tard, ces remparts sont sûrement la raison pour laquelle Charlemagne a donné à Barcelone une priorité militaire sur les autres villes catalanes.

Ces murailles du IIIème siècle ont été inexpugnables pendant plusieurs siècles. C’est pourquoi on peut affirmer que Barcelone n’a pas été occupée par la force en 720, lorsqu’elle a capitulé devant les sarrasins, ni en 801, face à la conquête des Francs.

On s’accorde à dire que la seule fois où les murailles de Barcino n’ont pas résisté à l’envahisseur, c’était lors du raid d’Al-Mansur, en 985. Aujourd’hui, cet événement est controversé. Il semblerait selon certains que, peut-être, les portes de la ville aient été ouvertes de l’intérieur pour laisser la voie libre à l’invasion sarrasine.

En Europe, durant le Moyen Âge, le mot « Sarrasins » ou « Sarrazins » était employé pour dénommer les peuples de confession musulmane. On les appelait aussi « Mahométans », « Arabes », « Ismaélites », ou bien « Agarènes ». Quant au terme « Maures », il faisait allusion aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête des Omeyades. Les mots « Islam » et « Musulmans » n’existaient pas encore en Occident médiéval. En français, le mot « Musulman » est cité pour la première fois en 1551 ; « Islam » en 1697. Avant ces dates on utilisait, pour définir la religion des peuples musulmans, l’expression « loi de Mahomet », ou « loi des Sarrasins ».

L’attaque d’Al-Mansur a été suffisamment importante pour que l’on décide de renforcer la muraille.

Certaines tours de défense romaines ont été utilisées pour construire des châteaux sur chacune des portes. Le plus important de ces châteaux fut celui du Portal Major, érigé sur la porte nord-est. L’édifice deviendra plus tard le Castell Vell, la résidence du Vicomte de Barcelone.

Athaulf

Entre les années 410 et 415 de notre ère (qui marquent la fin de l’Empire romain d’Occident), Athaulf, le roi des Wisigoths, s’y installe avec son épouse Galla Placidia. Celle-ci est la fille de l’Empereur romain Théodose (379-395), qui était captive des Wisigoths depuis le sac de Rome en 410 après J.-C.

Pour une courte durée, Athaulf fera de Barcino son siège impérial. Il sera assassiné en 415, et sa Cour sera transférée en Aquitaine.

Malgré tout, l’étroite relation entre Barcino et les rois Goths perdurera jusqu’à la fin du VIIIème siècle. La cité deviendra la plus puissante de Catalogne, notamment en raison du déclin de Tarraco (Tarragone), pillée et rasée par les Vandales.

L’essor du christianisme va laisser son empreinte sur l’architecture de la ville.

Au Vème siècle de notre ère, la première basilique chrétienne est construite.

Au VIIIème siècle après J.-C., les Musulmans s’emparent de la cité mais ils en resteront maîtres seulement jusqu’au début du IXème siècle après J.-C.

En 801, ce sont les Carolingiens qui conquièrent la ville. Ils la transformeront en capitale du Comté de Barcelone (le territoire de la Catalogne actuelle).

En 856, Barcino est à nouveau occupée par les Sarrasins. Puis, en 859, la ville sera pillée par les Vikings.

Progressivement, le Comté acquiert son indépendance face à la dynastie carolingienne.

En 985, la ville passe sous la domination du calife de Cordoue

Au Xème siècle, le Comté de Barcelone devient indépendant.

Sources :

Mes photos

Photos publiques Facebook

Panneaux explicatifs affichés sur le site à l’attention des visiteurs

https://guiesdecatalunya.com/les-remparts-romains-de-barcino/?lang=fr

https://fr.wikipedia.org/wiki/Muraille_romaine_de_Barcelone

https://www.catalunya.com/rempart-romain-de-barcelone-17-16003-361?language=fr

https://eduscol.education.fr/odysseum/barcino-colonie-romaine-strategique

 

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