Charlemagne précurseur de la monnaie unique en Europe
LES CAROLINGIENS
CHARLEMAGNE PRÉCURSEUR DE LA
MONNAIE UNIQUE EN EUROPE
Les monarques francs et mérovingiens essaient bon gré mal gré de remplacer l’ancienne monnaie romaine (de plus en plus abandonnée au profit du troc). C’est avec l’avènement de Charlemagne que l’Occident va désormais retrouver une monnaie forte.
Les Germains utilisaient le système monétaire romain avec le sou d’or (c’est-à-dire le solidus d’or) créé par l’Empereur Constantin.
Mais l’or est rare en Europe occidentale. Jusqu’à présent, c’était en Orient que les Francs se le procuraient.
Au VIIème siècle, avec les invasions omeyyades, l’approvisionnement du précieux métal jaune devient pratiquement impossible. Vers la fin du VIIème siècle, le sou d’or n’est presque plus frappé en Europe, et tout le système de la monnaie « or/argent » s’effondre. La situation économique va se dégrader progressivement jusqu’à l’arrivée de Charlemagne au pouvoir.
Le droit de monnayage n’est d’abord qu’un droit royal ; puis les églises et les particuliers se le sont approprié. Seul demeure en circulation le denier d’argent (au VIIème siècle, il faut 40 deniers d’argent pour un sou d’or). La raréfaction des pièces de monnaie contraint les populations à faire du troc : contre du grain, des chevaux, du bétail et des volailles. Dans certaines contrées, on utilise, pour calculer les petites valeurs, des grains de poivre !
« Avoir maille à partir » est une vieille expression signifiant avoir une petite querelle d’argent, un différend pécuniaire. Sous les premiers Capétiens, la maille était une monnaie de cuivre de faible valeur, équivalente à un demi denier, ce qui correspondait à la plus faible unité de compte (maille est dérivé du latin « medius », demi, par l’intermédiaire du latin médiéval « medialia », et a donné médaille). Au Moyen Âge, la maille était la plus petite pièce en circulation : elle valait un demi denier, lui-même égal au douzième du sou, qui valait un vingtième de livre. « N’avoir ni sou, ni maille », c’était être dans le dénuement, sans aucun argent. « Partir » vient de « départir » et signifiait séparer, partager, diviser. Avoir maille à partir, c’était d’abord se partager une monnaie de rien du tout, et donc se quereller à propos d’une vétille, d’une chose sans importance. S’ajoute un jeu de mot, parce que « le parti » était aussi une monnaie équivalente à une demi-maille. Au XVIIème siècle, l’expression était encore « avoir maille à départir ».
CHARLEMAGNE IMPOSE UNE MONNAIE UNIQUE EN ARGENT
Le roi des Francs, une fois son pouvoir affirmé et après avoir fédéré son royaume, restreint la frappe de monnaie à l’utilisation royale. En 781, il ordonne une monnaie uniquement composée d’argent. Cette directive permet de régler le problème de la pénurie du précieux métal jaune.
Par la même occasion, le roi va modifier l’aspect des pièces : d’un côté apparaît son monogramme, entouré du nom de la ville où la monnaie a été conçue, et de l’autre son titre « Carolus rex » (puis imperator), avec une croix en son centre.
CHARLEMAGNE ET LE DENIER « LOURD »
Pépin le Bref utilisait la livre de 491, 179 grammes (ce poids était d’usage chez les moines du Mont Cassin pour peser le pain) dans laquelle il avait taillé et frappé 264 pièces.
Son fils, Charlemagne, va se servir de cette même livre et y tailler et frapper 240 pièces, 24 de moins. Ce qui portait la valeur du denier à 1/240ème de la livre. Ces deux monnaies, qui vont s’éteindre petit à petit (la livre comme le sou), perdureront en tant que monnaie de compte.
Cependant, pour faciliter les échanges les plus courants (il faut payer le sel en monnaie et non plus en grains de poivre), le roi prescrit le demi denier (qui sera appelé « obole »), et aussi des quarts de denier (encore nommés « pistes »).
Afin d’obtenir de la monnaie pour (comme le veut la tradition) partager aux pauvres, le roi est contraint de vendre ses manuscrits les plus inestimables.
En contrepartie, on trouve de l’argent en grande quantité. Les mines d’argent de la montagne du Harz (en Allemagne) produisent ce minerai qui est fondu et moulé sur place.
A cela il faut rajouter, après la victoire des Francs sur les Avars en 795, le trésor qui fut spolié à ces derniers. (L’empire des Avars s’étendait sur une partie de l’actuelle Hongrie et de l’Autriche).
Dès lors, la monnaie se trouve en grande quantité, et unique. Mais a-t-elle été acceptée par tous ? On ne pourra jamais savoir comment le peuple a supporté cette réforme monétaire.
A cela il y a plusieurs raisons ; le monarque a donné ses directives strictes : interdiction d’utiliser les anciens deniers. Dans tout l’Empire, les habitants sont contraints de se servir des nouvelles pièces. Ces deniers doivent être acceptés par tous, où que ce soit, dans n’importe quelle ville et n’importe quel marché.
Les contrevenants devront s’acquitter d’une amende de quinze sous. Les esclaves transgresseurs seront dépossédés de leur marchandise et fouettés nus face au peuple. Si l’esclave a agi par ordre de son maître, celui-ci devra payer l’amende de quinze sous.
Une seule exception fait abstraction à la règle de l’argent métal : les pièces d’or frappées à Uzès (cette monnaie était si belle et si rare qu’on a longtemps considéré les pièces comme des médailles).
Le peuple des Avars était établi dans la Hongrie actuelle. Lors de deux expéditions, l’armée franque, dirigée par Charlemagne, s’emparera de leur fameux trésor. En 795, Pépin son fils et héritier, dirige les manœuvres en profitant des querelles de clans de l’ennemi. Dans un premier temps, il se rend maître de la forteresse appelée Ring, ainsi qu’une partie du trésor qu’il expédie à Charlemagne. Celui-ci, dès lors, partage le butin entre le pape, ses alliés, ses prélats, et ses Comtes. Plus tard, en 796, Pépin, une fois devenu roi d’Italie, et après avoir décimé les groupes de pillards, s’emparera du reste du trésor des Avars. Il le fera transporter, entassé dans quinze charriots tractés chacun par quatre bœufs (cette manne représentant la somme de trois siècles de butin, or, argent, et étoffes précieuses). Cet apport financier considérable permettra à Charlemagne de régler une fois pour toutes sa réforme monétaire.
Charlemagne peut être considéré comme le restaurateur de l’Empire romain d’Occident. En effet, le 25 décembre 800, à Saint-Pierre de Rome, il est couronné par le pape Léon III, ce qui représente une distinction unique pour l’époque. Franco-allemand, Charlemagne fut le premier souverain à créer une unité européenne et à poser les fondations de la société féodale, qui donnera naissance à notre culture occidentale. En 814, à sa mort, il laisse un empire immense. En 843, lors du traité de Verdun, son héritier, Louis le Pieux, partagera le territoire entre ses trois fils (Charles II, dit « le Chauve », Louis II, dit « le Germanique », et Lothaire 1er) morcelant alors cette unification de provinces européennes, si chère à Charlemagne.
SARCOPHAGES CAROLINGIENS
– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole
En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.
Lire : Cornillon-Confoux
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne
https://fr.vikidia.org/wiki/Arm%C3%A9e_carolingienne
https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/4530-charlemagne-et-son-administration.html