Les Témoins du Passé – Le Fort Saint-André de Villeneuve lès Avignon

LES TÉMOINS DU PASSE

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LE FORT SAINT ANDRÉ

DE

VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON

« Sentinelle du Royaume »

 Le Châtelet d'entrée (3)

Villeneuve-lès-Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Gard

Blason du Gard

Blason du Gard

STYLE : médiéval.

ÉPOQUE : Moyen Âge.

DÉBUT DE CONSTRUCTION : 14ème siècle.

FIN DE CONSTRUCTION : 14ème siècle.

ARCHITECTE : Jean du Louvres, dit « de Loubières ».

PROPRIÉTAIRE INITIAL : Royaume de France.

DESTINATION INITIALE : protection de l’État pontifical d’Avignon.

PROTECTION : 1903, 1906, 1925, 1926, 1927, 1947.

Le Fort Saint André est classé au titre des Monuments Historiques par arrêtés du 25 avril 1903 et du 14 novembre 1925.

L’enceinte du fort dans sa totalité, avec l’ensemble des ouvrages de défense, est classée par arrêté du 22 janvier 1906.

Les parcelles de terrain dans le voisinage du fort sont classées par décrets du 22 janvier 1926, du 4 mars 1926, du 13 juillet 1926, du 20 août 1926, du 8 novembre 1939, et par arrêtés du 12 mai 1927 et du 28 mai 1927.

Les parcelles de terrain situées à l’intérieur de l’enceinte, ainsi que l’ancienne abbaye Saint André, sont classées par arrêté du 19 décembre 1947.

 

SITUATION

La ville de Villeneuve-lès-Avignon (ou Villeneuve-lez-Avignon) est une commune française qui se situe dans le département du Gard, en région Occitanie. Ses habitants sont appelés les Villeneuvois.

PRÉSENTATION

Le Fort Saint-André est une enceinte fortifiée située sur le Mont-Andaon : un éperon rocheux surplombant la commune de Villeneuve-lez-Avignon, qui s’élève 50 m au-dessus de la plaine du Rhône.

Placé face au rocher des Doms d’Avignon, le Mont Andaon (ou Puy Andaon) représentait une position stratégique. La colline est flanquée du côté Est par le Rhône et du côté Ouest par des pentes raides, ce qui en fait un endroit sécurisé. Les eaux du Rhône couleront au pied est du Mont-Andaon jusqu’au 18ème siècle. Aujourd’hui, il s’étire beaucoup plus à l’Est de Villeneuve, son lit s’étant retiré de plus de 800 mètres, dégageant ainsi la riche plaine alluvionnaire de l’abbaye.

Le Fort Saint-André enclavait une abbaye, la chapelle romane Notre-Dame-de-Belvézet, et un bourg dont il ne reste presque rien. Il fut érigé au 14ème siècle par Jean le Bon et Charles V. Les tours jumelles du châtelet d’entrée représentent un magnifique exemple de forteresse médiévale. Du haut des tours, on peut découvrir un admirable panorama sur le Mont Ventoux, Avignon et le Palais des Papes.

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

UN PEU D’HISTOIRE

UN SYMBOLE DE RIVALITÉ

Comme je l’ai écrit précédemment, la position surélevée du Mont Andaon, dominant un pont romain, fait de lui un lieu propice pour le guet. Au 10ème siècle, il est occupé par le bourg et l’abbaye Saint André. De l’autre côté, sur l’autre rive, grâce au pont Avignon prend son essor. 

Cependant, au 12ème siècle, les rois de France veulent agrandir leur royaume vers le sud ; le Rhône devient alors une frontière. Louis VIII (1187-1226) signe avec l’abbé de Saint André un acte de pariage (l’acte de pariage définit les droits de possession ainsi que les modes de gestion de la seigneurie), et s’engage à construire une fortification sur le mont. L’abbé se libère ainsi de la tutelle de l’évêque d’Avignon. Désormais, les deux rives du Rhône se font face, française à l’Ouest, et provençale à l’Est.

Traité de Meaux ou traité de Paris (12 avril 1229).

Par cet accord, qui met un terme à la Croisade contre les Albigeois, toutes les terres situées à l’ouest du Rhône et contrôlées par les armées du Roy, deviennent partie intégrante du domaine des Capétiens. Le territoire du Marquisat de Provence, situé à l’est du Rhône, est quant à lui légué à l’autorité pontificale de Rome (jusqu’à la Révolution française, il portera le nom de Comtat-Venaissin). Sur les régions rattachées au trône de France, Louis IX fondera un port artificiel connu sous le nom d’Aigues-Mortes, duquel, le 25 août 1248, il s’embarquera pour la 7ème croisade.

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

UN SYMBOLE DU POUVOIR ROYAL

Villeneuve-lès-Avignon, ville frontière de l’État capétien

En 1290, Philippe IV le Bel échange le Maine et l’Anjou contre une part de seigneurie en Avignon.

En 1293, afin de rivaliser avec Avignon, Philippe IV le Bel (1268-1314) décide de fonder une ville neuve sur la rive Ouest (Villeneuve-lès-Avignon), lui permettant ainsi de conserver un emplacement stratégique à la frontière du Royaume de France.

En 1292, à la suite de l’acte de pariage, il cosigne la charte de fondation avec l’Abbé Saint-André. Ce contrat implique la fortification de l’accès au Pont d’Avignon. Travaux qu’il réalisera de 1300 à 1307 en construisant sur la rive ouest le Châtelet, appelé tour Philippe le Bel.

En 1302, le roi remet en question la propriété du Rhône et du port avignonnais. Cette décision, alors qu’Avignon devient cité pontificale, va attiser la rivalité et les tensions entre les deux rives. Les querelles se perpétueront jusqu’à la Révolution.

Nul doute que cette volonté de Philippe IV le Bel de fortifier la rive droite du Rhône avait pour but de concurrencer un jour la puissante cité papale, en établissant une ville neuve au pied du mont.

Jean II le Bon (1319-1364) débute les fortifications du Mont Andaon en pleine période trouble et d’insécurité de la Guerre de Cent Ans, alors que les papes résident en Avignon.

En 1481, lorsque la Provence est rattachée au Royaume de France, le fort perd son rôle stratégique.

Vers 1770, sa destination protectrice s’aggrave lorsque le Rhône déplace et éloigne son lit à 900 mètres du mont.

Jusqu’en 1792, la forteresse est gérée et entretenue par l’administration militaire.

Le fort est classé Monument Historique en 1906.

Villeneuve-lès-Avignon, villégiature pontificale

De 1305 à 1376, les dignitaires de la cour pontificale font de la rive droite, plus bucolique, leur lieu de résidence. Le pape Clément VI y possède une grande propriété.

Gisant de Clément VI 6 à La Chaise- Dieu

Gisant de Clément VI à la Chaise Dieu

Au milieu du 14ème siècle, 12 cardinaux y ont leur habitation avec jardins et vergers, dont celle du futur pape Étienne Aubert, sise sur le flanc du Mont Andaon. Devenu pape sous le nom d’Innocent VI, ce dernier fonde en 1356 la Chartreuse du Val Bénédiction

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

LE FORT SAINT-ANDRÉ

« Sentinelle du Royaume »

 Les remparts et le Châtelet d'entrée

LE CHÂTELET D’ENTRÉE

Nommé plus communément château royal ou « tours jumelles », il a été construit en plusieurs étapes. Sa masse imposante affiche à la fois sa puissance et son pouvoir défensif. Sa position surélevée offre un large panorama du Mont Ventoux jusqu’aux Alpilles.  Il porte encore de nos jours une ceinture de mâchicoulis. Il assure la liaison du chemin de ronde situé au sommet des courtines. Le Châtelet d’entrée était le lieu de résidence du châtelain et du viguier.  

Le Viguier était, dans le sud de la France, un officier royal d’administration et de justice.

 

Le long passage de l’entrée était séparé par deux herses successives, renfermant un sas contrôlé par un assommoir vertical et des archères latérales. A l’extérieur, entre les tours jumelles, on peut apercevoir un blason qui a été démoli à la masse. Il arborait les armes du roi et de l’abbé de Saint-André. Il représentait l’acte de pariage négocié avec ce dernier afin d’ériger le fort.

LES REMPARTS ET LE SYSTÈME DÉFENSIF

L’enceinte fortifiée, d’une longueur de 750 mètres, avait un double système défensif datant du 14ème siècle. Au niveau du sol, il possédait des archères protégées par des niches, et, au sommet des remparts, des merlons pourvus d’archères, qui défendaient ainsi le chemin de ronde. Sur le front ouest, au cours de l’édification du fort, ces aménagements seront réduits par de simples courtines dotées d’archères. Sur le front sud, côté plus facile d’accès donc plus fragile, le projet défensif primaire ne sera pas touché. On remarque, chose rare pour l’époque, que les bâtisseurs ont prévu de rendre ces lieux austères malgré tout confortables, en y installant des latrines et des cheminées dans le Châtelet, ainsi que des guérites sur le chemin de ronde.

 

RUE EN CALADE

LE BOURG SAINT ANDRÉ

L’enceinte fortifiée cerne une large surface de plus de 3 hectares. Au rez-de-chaussée des « tours jumelles », la salle de l’accueil, ainsi que celle du bâtiment voisin, étaient utilisées au 18ème siècle comme pièces de commandement militaire et de logement de la garnison.

Au 17ème siècle, le périmètre de la forteresse contenait 190 habitations ; il subsiste encore une maison style Renaissance. Au fond de la rue en calade, on peut apercevoir les anciens marais comblés, asséchés, puis mis en culture.  

Une Calade est une rue en pente pavée de galets du Rhône.

 

LA CHAPELLE DE BELVEZET

Chapelle de Belvezet

Chapelle de Belvezet

La chapelle de Belvezet est un exemple du style discret et dépouillé de la 2ème moitié du 12ème siècle de l’architecture du Bas Rhône. Ce petit sanctuaire a été utilisé jusqu’au 14ème siècle comme chapelle paroissiale. A l’extérieur, on distingue sur son abside polygonale des décorations de bandes lombardes aux élégantes moulures.

En entrant sur la gauche se trouve l’escalier de la tribune, dépourvu de noyau central.

LA TOUR DES MASQUES

La Tour des Masques tire son nom du provençal masco, « sorcier, magicien », supposé attirer le mauvais œil en ce lieu afin de protéger le reste de l’édifice.

La Tour des Masques

La Tour des Masques

La tour contient une seule salle qui se situe en hauteur en raison du dénivelé du terrain. On y observe de nombreuses marques des tâcherons sur les murs, ainsi qu’une multitude de graffitis gravés par les soldats et les prisonniers.

On peut encore trouver des traces d’incrustations de « jeu de merelle » au sol, et des croix de Templiers à gauche de l’archère de droite, en entrant.

Merelle : jeu de pions à deux participants, qui était très prisé au 14ème siècle. Le but consistait à aligner des séries de 3 pions sur 24 proposés.

Marques des tâcherons : Sur de nombreuses pierres taillées, on peut découvrir des signes et des initiales gravées. Ces marques incrustées nous rappellent que dans la construction de l’édifice par les ouvriers bâtisseurs, des tailleurs de pierre marquaient les blocs pour pouvoir se faire payer à la pièce.

L’escalier donne sur une terrasse qui rejoint le chemin de ronde.

LES TERRASSES DU CHÂTELET D’ENTRÉE

Des terrasses on aperçoit à droite la tour Philippe le Bel, construite entre 1292 et 1304.

En face on peut admirer la silhouette du Palais des Papes, édifié en 1335. Les tours du Châtelet, elles, comportent deux étages.

LE PRÉAU DES PRISONNIERS

Il se situe au 1er étage, et comporte une voûte en berceau. Une panoplie variée de graffitis jonche le sol de la salle. Tous ces dessins, gravés dans la pierre par les prisonniers des 18ème et 19ème siècles, sont protégés par des plaques de verre, et s’exposent à notre regard intrigué. On peut distinguer ainsi des noms, des signes, et des dessins énigmatiques.

SALLE DES HERSES

Cette pièce contenait les treuils qui permettaient de manœuvrer les herses. On peut encore apercevoir les anneaux d’accrochage

RÉSERVE A MUNITIONS

LA SALLE DU FOUR A PAIN

Son aménagement date probablement de 1629, lors d’une quarantaine imposée par une épidémie de peste. On distingue encore les arrachements d’une ancienne cheminée et un imposant four à pain. Une petite pièce mitoyenne, au dallage préservé, a probablement servi de réserve à vivres. Elle affiche cependant de nombreux graffitis de prisonniers.

RÉSERVE A VIVRES

LA SALLE DU VIGUIER

La salle est voûtée d’ogives. C’était le siège de la cour de justice. On peut apercevoir les armes royales sur une clef de voûte.

Cette grande salle comporte une grande cheminée flanquée de consoles pour recevoir des luminaires.

Les ouvertures de cette grande salle sont munies de fenêtres à coussièges, afin de pouvoir s’assoir tout en profitant de la lumière du soleil les jours d’hiver. Le châtelain résidait dans l’autre tour jumelle, qui est fermée à la visite.

Un coussiège est un banc ménagé dans l’embrasure d’une fenêtre par un ressaut de la baie. Forme courante dans les constructions médiévales, il est souvent en pierre, intégré à la maçonnerie, revêtu de bois, de coussins. …

Blason de la ville de Villeneuve lès Avignon

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